Benoît XVI de A à Z

Corruption

2005



24 avril 2005 - Homélie Messe Intronisation
En ce moment, je me souviens du 22 octobre 1978, quand le Pape Jean-Paul II commença son ministère ici, sur la Place Saint-Pierre. Les paroles qu'il prononça alors résonnent encore et continuellement à mes oreilles: «N'ayez pas peur, au contraire, ouvrez tout grand les portes au Christ». Le Pape parlait aux forts, aux puissants du monde, qui avaient peur que le Christ les dépossède d'une part de leur pouvoir, s'ils l'avaient laissé entrer et s'ils avaient concédé la liberté à la foi. Oui, il les aurait certainement dépossédés de quelque chose: de la domination de la corruption, du détournement du droit, de l'arbitraire. Mais il ne les aurait nullement dépossédés de ce qui appartient à la liberté de l'homme, à sa dignité, à l'édification d'une société juste.



2006



9 avril 2006 - Homélie de la Messe des Rameaux
Une personne peut être matériellement pauvre, mais avoir le cœur rempli de convoitise de richesse matérielle et du pouvoir qui dérive de la richesse. Le fait précisément qu'elle vive dans l'envie et dans l'avidité prouve qu'au plus profond de son cœur, elle appartient au monde des riches. Elle souhaite renverser la répartition des biens, mais pour arriver à être elle-même dans la situation des riches d'avant. La pauvreté dans le sens où Jésus l'entend - et dans le sens des prophètes - suppose surtout la liberté intérieure par rapport à l'avidité de possession et la soif de pouvoir. Il s'agit d'une réalité plus grande qu'une simple répartition différente des biens, qui resterait toutefois dans le domaine matériel, en rendant même les cœurs plus durs. Il s'agit avant tout de la purification du cœur, grâce à laquelle on reconnaît la possession comme responsabilité, comme devoir envers les autres, en se plaçant sous le regard de Dieu et en se laissant guider par le Christ qui, étant riche, est devenu pauvre pour nous (cf. 2 Co 8, 9). La liberté intérieure est la condition nécessaire pour dépasser la corruption et l'avidité qui désormais dévastent le monde ; cette liberté ne peut être trouvée que si Dieu devient notre richesse ; elle ne peut être trouvée que dans la patience des sacrifices quotidiens, dans lesquels elle se développe comme une véritable liberté.



15 avril 2006 - Homélie Messe Nuit de Pâques
À Pâques, nous nous réjouissons parce que le Christ n'est pas resté dans le tombeau, son corps n'a pas connu la corruption; il appartient au monde des vivants, non à celui des morts.-…

La Résurrection n'est pas passée, la Résurrection nous a rejoints et saisis. Nous nous accrochons à elle, c'est-à-dire au Christ ressuscité, et nous savons que Lui nous tient solidement, même quand nos mains faiblissent. Nous nous accrochons à sa main, et ainsi nous nous tenons la main les uns des autres, nous devenons un unique sujet, et pas seulement une seule chose. C'est moi, mais ce n'est plus moi: voilà la formule de l'existence chrétienne fondée sur le Baptême, la formule de la Résurrection à l'intérieur du temps. C'est moi, mais ce n'est plus moi: si nous vivons de cette manière, nous transformons le monde. C'est la formule qui contredit toutes les idéologies de la violence, et c'est le programme qui s'oppose à la corruption et à l'aspiration au pouvoir et à l'avoir.



14 décembre 2006 - A de nouveaux Ambassadeurs près le Saint-Siège
Il est en effet du devoir des Responsables de la société de ne pas créer ni d'entretenir dans un pays ou dans une région des situations d'insatisfactions graves, sur le plan politique, économique ou social, qui laisseraient penser aux personnes qu'elles sont mises à l'écart de la société, des lieux de décision et de gestion, et qu'elles n'ont pas le droit de bénéficier des fruits du produit national. De telles injustices ne peuvent qu'être source de désordres et engendrer une sorte d'escalade de la violence. La recherche de la paix, de la justice et de la bonne entente entre tous doit être un des objectifs prioritaires, exigeant des personnes qui exercent des responsabilités d'être attentif aux réalités concrètes du pays, s'attachant à supprimer tout ce qui s'oppose à l'équité et à la solidarité, notamment la corruption et le manque de partage des ressources.



14 décembre 2006 - Au nouvel Ambassadeur du Mozambique
La paix est plus qu'une simple absence de guerre. La paix contient une vérité intrinsèque et invincible qui provient d'un ordre préparé et voulu par Dieu (cf. ibid., n. 3). Ainsi, pour atteindre ce but, l'exercice des plus hautes responsabilités à tous les niveaux est nécessaire. Il revient à tous les citoyens - en particulier aux Autorités civiles, politiques et religieuses -, de contribuer par tous les moyens possibles au respect de la personne humaine et à la promotion de la justice et de l'égalité, afin que les personnes et les communautés puissent croître, libérées de la menace de l'oppression et de la corruption et de l'offense de la pauvreté, de la dette ou de la discrimination.



2007



8 janvier 2007 - Au Corps Diplomatique
Un autre élément important dans l'effort commun pour l'éradication de la misère requiert non seulement une assistance, dont on ne peut que souhaiter l'expansion, mais aussi la prise de conscience de l'importance de la lutte contre la corruption et la promotion de la bonne gouvernance…

L'amélioration de certains indices économiques, l'engagement dans la lutte contre le trafic de drogue et contre la corruption, les divers processus d'intégration, les efforts pour améliorer l'accès à l'éducation, pour combattre le chômage et pour réduire les inégalités dans la distribution des revenus, constituent des indices à relever avec satisfaction



20 janvier 2007 - Au nouvel Ambassadeur de Roumanie près le Saint-Siège
J'encourage les responsables politiques à veiller avec attention aux exigences d'une solidarité active entre toutes les couches de la population, afin d'éviter qu'à l'heure de la mondialisation ne se creuse un fossé grandissant entre les citoyens qui accèdent légitimement aux bienfaits du développement économique et ceux qui se trouvent progressivement marginalisés, voire exclus de ce processus, comme on l'observe, hélas, dans beaucoup de sociétés modernes. Il importe également de garantir à tous l'accès équitable à une justice indépendante et transparente, capable de lutter efficacement contre ceux qui ne respectent pas le bien commun et qui détournent les lois à leur profit. Dans cette perspective, je souhaite aussi une attention renouvelée aux familles les plus pauvres, afin qu'elles puissent élever leurs enfants dans la dignité.



1er avril 2007 - Homélie Messe des Rameaux - XXIIème JMJ
Celui qui "a les mains innocentes et le cœur pur" peut se tenir dans le lieu saint. Des mains innocentes - ce sont des mains qui ne sont pas utilisées pour des actes de violence. Ce sont des mains qui ne se sont pas salies par la corruption, les pots-de-vin. Un cœur pur - quand le cœur est-il pur? Un cœur est pur lors qu'il ne fait pas semblant, lorsqu'il ne se tache pas avec le mensonge et l'hypocrisie. C'est un cœur qui reste transparent comme l'eau d'une source, car il ne connait pas la duplicité. Un cœur est pur lorsqu'il ne se laisse pas troubler par l'ivresse du plaisir; c'est un cœur dont l'amour est véritable et pas seulement la passion d'un moment. Des mains innocentes et un cœur pur: si nous marchons avec Jésus, nous montons et nous trouvons les purifications qui nous conduisent vraiment à cette hauteur à laquelle l'homme est destiné: l'amitié avec Dieu lui-même.



10 mai 2007 - Avec les jeunes, au Brésil
Le Pape souhaite que les jeunes sachent être les protagonistes d'une société plus juste et plus fraternelle, en remplissant leurs devoirs à l'égard de l'Etat: en respectant ses lois; en ne se laissant pas emporter par la haine et par la violence; en tentant d'être des exemples de conduite chrétienne dans leur milieu professionnel et social, en se distinguant par l'honnêteté dans les rapports sociaux et professionnels. Qu'ils se souviennent que l'ambition démesurée de richesse et de pouvoir conduit à la corruption de soi et des autres; il n'y a pas de raisons valables qui justifient la tentative de faire prévaloir ses propres aspirations humaines, qu'elles soient économiques ou politiques, à travers la fraude et la tromperie.



5 juillet 2007 - Aux Évêques de la République Dominicaine en Visite Ad Limina
Dans votre ministère épiscopal, un grand nombre de ces défis pastoraux sont étroitement liés à l'évangélisation de la culture, qui doit promouvoir les valeurs humaines et évangéliques, dans toute leur intégrité. Le domaine de la culture est l'un des "aréopages modernes", dans lesquels l'on doit manifester l'Evangile avec toute sa force (cf. Redemptoris missio, n. 37). Dans ce devoir, on ne peut faire abstraction des communications sociales: radio, programmes télévisés, vidéo et réseaux informatiques peuvent être d'une grande utilité pour une ample diffusion de l'Evangile.

Il s'agit d'un engagement qui concerne en particulier les laïcs, car le propre de leur mission est d'"assumer comme leur tâche propre le renouvellement de l'ordre temporel. Eclairés par la lumière de l'Evangile, conduits par l'Esprit de l'Eglise, entraînés par la charité chrétienne, ils doivent en ce domaine agir par eux-mêmes et d'une manière bien déterminée" (Apostolicam actuositatem, n. 7). C'est pourquoi il est nécessaire de leur offrir une formation religieuse adéquate, qui les rende capables d'affronter les nombreux défis de la société actuelle. C'est à eux qu'il revient de promouvoir les valeurs humaines et chrétiennes, afin qu'elles illuminent la réalité politique, économique et culturelle du pays, en vue d'instaurer un ordre social plus juste et équitable, selon la Doctrine sociale de l'Eglise. Dans le même temps, conformément aux normes éthiques et morales, ils doivent être un exemple d'honnêteté et de transparence dans la gestion de leurs activités publiques, face à la plaie insidieuse et diffuse de la corruption qui atteint parfois également les milieux du pouvoir politique et économique, outre les domaines publics et sociaux.



21 octobre 2007 - Homélie Messe à Naples
Intérieurement illuminés par la Parole de Dieu, regardons la réalité de votre ville, où ne manquent pas des énergies saines, des personnes bonnes, culturellement préparées et possédant un grand sens de la famille. Cependant, pour de nombreuses personnes, il n'est pas simple de vivre: il y a tant de situations de pauvreté, de carence de logements, de chômage ou de sous-emploi, de manque de perspectives d'avenir. La violence tend malheureusement à devenir une mentalité courante, s'insinuant dans les plis de la vie sociale, dans les quartiers historiques du centre et dans les banlieues nouvelles et anonymes, avec le risque d'attirer en particulier la jeunesse, qui grandit dans des milieux dans lesquels prospère l'illégalité, le manque de transparence et l'art de s'arranger. Comme il est alors important d'intensifier les efforts pour établir une stratégie sérieuse de prévention, en s'appuyant sur l'école, sur le travail et sur une aide aux jeunes pour gérer leur temps libre. Une intervention est nécessaire, qui interpelle chacun dans la lutte contre toute forme de violence, à partir de la formation des consciences et en transformant les mentalités, les attitudes, les comportements de tous les jours. J'adresse cette invitation à chaque homme et femme de bonne volonté.



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