Benoît XVI de A à Z

Ciel - Paradis - Eternité - Vie Eternelle

Ciel – Paradis – Eternité - Vie Eternelle

dans l'enseignement de Benoit XVI

 

 

1er novembre 2005 – Angelus Solennité de Toussaint

     Nous célébrons aujourd'hui la solennité de Tous les Saints, qui nous fait goûter la joie d'appartenir à la grande famille des amis de Dieu, ou, comme l'écrit saint Paul, de "partager le sort des saints dans la lumière" (Col 1, 12). La liturgie repropose l'expression remplie d'émerveillement de l'Apôtre Jean:  "Voyez quelle manifestation d'amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes!" (1 Jn 3, 1). Oui, devenir saints signifie réaliser pleinement ce que nous sommes déjà, ayant été élevés, en Jésus Christ, à la dignité de fils adoptifs de Dieu (cf. Ep 1, 5; Rm 8, 14-17). A travers l'incarnation de son Fils, sa mort et sa résurrection, Dieu a voulu réconcilier l'humanité avec Lui et l'ouvrir à la participation à sa propre vie. Celui qui croit dans le Christ Fils de Dieu renaît "d'en-haut", il est comme régénéré par l'oeuvre de l'Esprit Saint (cf. Jn 3, 1-8). Ce mystère se réalise dans le sacrement du Baptême, à travers lequel la mère Eglise donne le jour à ses "saints".

     La vie nouvelle, reçue dans le Baptême, n'est pas sujette à la corruption et au pouvoir de la mort. Pour celui qui vit dans le Christ, la mort est le passage du pèlerinage terrestre à la patrie du Ciel, où le Père accueille tous ses fils, "de toute nation, race, peuple et langue", comme nous le lisons aujourd'hui dans le Livre de l'Apocalypse (7, 9). C'est pourquoi, il est particulièrement significatif et approprié qu'après la fête de Tous les Saints, la liturgie nous fasse célébrer demain la Commémoration de tous les fidèles défunts. La "communion des saints", que nous professons dans le Credo, est une réalité qui se construit ici-bas, mais qui se manifestera pleinement quand nous verrons Dieu "tel qu'il est" (1 Jn 3, 2). C'est la réalité d'une famille liée par de profonds liens de solidarité spirituelle, qui unit les fidèles défunts à ceux qui sont en pèlerinage dans le monde. Un lien mystérieux mais réel, alimenté par la prière et par la participation au Sacrement de l'Eucharistie. Dans le Corps mystique du Christ, les âmes des fidèles se rencontrent en franchissant la barrière de la mort; elles prient les unes pour les autres, elles réalisent dans la charité un intime échange de dons. Dans cette dimension de foi est également comprise la pratique d'offrir des prières d'intention pour les défunts, en particulier le Sacrifice eucharistique, mémorial de la Pâque du Christ, qui a ouvert aux croyants le passage vers la vie éternelle.

 

 

 

1er novembre 2005 – A l’issue de l’Angelus Solennité de Toussaint, aux francophones

          Je vous invite à rendre grâce pour tous les saints, qui nous sont donnés comme autant de frères aînés, pour marcher dans la voie de la sainteté et pour transmettre aux jeunes le désir de suivre le Christ, source de bonheur éternel.

 

 

 

31 décembre 2005  - Méditation lors du Te Deum dans la Basilique Saint-Pierre

     Nous demandons au Seigneur de la vie de soulager par sa grâce les peines provoquées par le mal, et de continuer à soutenir notre existence terrestre, en nous donnant le Pain et le Vin du salut, pour accompagner notre chemin vers la patrie du Ciel….

       Nous demandons à Marie d'intercéder pour nous. Que sa protection maternelle nous accompagne aujourd'hui et toujours, pour que le Christ nous accueille un jour dans sa gloire, dans l'assemblée des saints: Aeterna fac cum sanctis tuis in gloria numerari.

 

 

 

 

 

2006

 

 

 

8 janvier 2006 – Homélie Messe Baptêmes – Chapelle Sixtine

    Que se passe-t-il lors du Baptême ? Qu'attend-on du Baptême ? Vous avez donné une réponse au seuil de cette Chapelle : nous attendons pour nos enfants la vie éternelle. Tel est le but du Baptême. Mais comment peut-il être réalisé ? Comment le Baptême peut-il donner la vie éternelle ? Qu'est-ce que la vie éternelle ?
 

    Dans le Baptême chaque enfant est introduit dans une compagnie d'amis qui ne l'abandonnera jamais dans la vie ni dans la mort, parce que cette compagnie d'amis est la famille de Dieu, qui porte en elle la promesse de l'éternité. Cette compagnie d'amis, cette famille de Dieu, dans laquelle à présent l'enfant est introduit, l'accompagnera toujours même aux jours de la souffrance, dans les nuits obscures de la vie ; elle lui donnera consolation, réconfort, lumière. Cette compagnie, cette famille lui donnera la parole de vie éternelle. Paroles de lumière qui répondent aux grands défis de la vie et donnent l'indication juste sur la route à prendre. Cette compagnie offre à l'enfant consolation et réconfort, l'amour de Dieu même au seuil de la mort, dans la vallée obscure de la mort. Elle lui donnera l'amitié, elle lui donnera la vie. Et cette compagnie, absolument fiable, ne disparaîtra jamais. Personne d'entre nous ne sait ce qui adviendra sur notre planète, dans notre Europe, dans les cinquante, soixante, soixante-dix années à venir. Mais nous sommes sûrs d'une chose : la famille de Dieu sera toujours présente et celui qui appartient à cette famille ne sera jamais seul, il aura toujours l'amitié sûre de Celui qui est la vie.

      Cette famille de Dieu, cette compagnie d'amis est éternelle, parce qu'elle est communion avec Celui qui a vaincu la mort, qui a entre les mains les clés de la vie. Etre dans la compagnie, dans la famille de Dieu, signifie être en communion avec le Christ, qui est vie et donne l'amour éternel au-delà de la mort. Et si nous pouvons dire qu'amour et vérité sont source de vie, qu'ils sont la vie - et une vie sans amour n'est pas la vie - nous pouvons dire que cette compagnie avec Celui qui est réellement la vie, avec Celui qui est le Sacrement de la vie, répondra à votre attente, à votre espérance.
 

 

    Le Baptême - comme nous l'avons vu - est un don ; le don de la vie. Mais un don doit être accueilli, doit être vécu. Un don d'amitié implique un « oui » à l'ami et implique un « non » à ce qui n'est pas compatible avec cette amitié, à ce qui est incompatible avec la vie de la famille de Dieu, avec la vraie vie dans le Christ. Et ainsi, dans ce second dialogue, sont prononcés trois « non » et trois « oui ». On dit « non » et on renonce aux tentations, au péché, au diable. Ces choses, nous les connaissons bien, mais peut-être justement pour les avoir entendues trop souvent, ces paroles ne nous disent pas grand chose. Alors, nous devons un peu approfondir les contenus de ces « non ». A quoi disons-nous « non » ? C'est le seul moyen de comprendre à quoi nous voulons dire « oui ».

     Dans l'Eglise antique, ces « non» étaient résumés en une parole qui pour les hommes de ce temps était bien compréhensible : on renonce - disait-on - à la « pompa diabuli », c'est-à-dire à la promesse de vie en abondance, à cette apparence de vie qui semblait venir du monde païen, de ses libertés, de sa manière de vivre uniquement selon son bon plaisir. C'était donc un « non » à une culture apparemment d'abondance de la vie, mais qui en réalité était une « anticulture » de la mort. C'était un « non » à ces spectacles où la mort, la cruauté, la violence étaient devenus divertissement. Pensons à ce qui était organisé au Colisée ou ici, dans les jardins de Néron, où les hommes étaient brûlés comme des torches vivantes. La cruauté et la violence étaient devenues un motif de divertissement, une vraie perversion de la joie, du vrai sens de la vie. Cette « pompa diabuli », cette « anticulture » de la mort était une perversion de la joie, était amour du mensonge, de la tromperie, était un abus du corps comme marchandise et comme commerce.

     Et si nous réfléchissons à présent, nous pouvons dire qu'à notre époque aussi il est nécessaire de dire « non » à la culture largement dominante de la mort. Une « anticulture » qui se manifeste, par exemple, dans la drogue, dans la fuite de la réalité au profit de l'illusion, dans un bonheur faux qui s'exprime dans le mensonge, dans la tromperie, dans l'injustice, dans le mépris de l'autre, de la solidarité, de la responsabilité envers les pauvres et les personnes qui souffrent; qui s'exprime dans une sexualité qui devient un pur divertissement sans responsabilité, qui devient une « chosification » - pour ainsi dire - de l'homme, qui n'est plus considéré comme une personne, digne d'un amour personnel qui exige fidélité, mais devient une marchandise, un simple objet. A cette promesse de bonheur apparent, à cette « pompa » d'une vie apparente qui en réalité est seulement un instrument de mort, à cette « anticulture », nous disons « non », pour cultiver la culture de la vie. C'est pourquoi le « oui » chrétien, des temps antiques jusqu'à aujourd'hui, est un grand « oui » à la vie. C'est notre « oui » au Christ, le « oui » au vainqueur de la mort et le « oui » à la vie dans le temps et dans l'éternité.

 

     Comme dans ce dialogue baptismal, le « non » est articulé autour de trois renonciations, de même le « oui » s'articule autour de trois adhésions: « oui » au Dieu vivant, c'est-à-dire au Dieu créateur, à une raison créatrice qui donne sens au cosmos et à notre vie; « oui » au Christ, c'est-à-dire à un Dieu qui n'est pas resté caché mais qui a un nom, qui a des paroles, qui est fait de corps et de sang; à un Dieu concret qui nous donne la vie et nous montre le chemin de la vie; « oui » à la communion de l'Eglise, dans laquelle le Christ est le Dieu vivant, qui entre dans notre temps, entre dans notre profession, entre dans la vie de chaque jour.
 

     Prions pour nos enfants, pour qu'ils aient réellement la vie, la vraie vie, la vie éternelle.

 

 

5 février 2006 – Homélie Messe

     Là où est accomplie la volonté de Dieu le ciel est déjà présent, sur la terre commence aussi un peu du ciel .

 

 

12 février 2006 – Angelus

     La maladie est un trait typique de la condition humaine, qui peut devenir une métaphore réaliste de celle-ci, comme l'exprime saint Augustin dans l'une de ses prières:  "Seigneur, ayez pitié de moi! Hélas! Voilà mes blessures, je ne les cache pas. Vous êtes le médecin, je suis le malade; vous êtes miséricordieux, je suis un misérable". (Conf. Livre X, n. 39).

     Le Christ est le vrai "médecin" de l'humanité, que le Père céleste a envoyé dans le monde pour guérir l'homme, marqué dans son corps et son esprit par le péché et ses conséquences. L'Evangile de Marc nous présente Jésus qui, au début de son ministère public se consacre tout entier à la prédication et à la guérison des malades dans les villages de Galilée. Les innombrables signes prodigieux qu'il accomplit sur les malades confirment la "bonne nouvelle" du Royaume de Dieu. L'Evangile raconte la guérison d'un lépreux et exprime avec une grande force l'intensité de la relation entre Dieu et l'homme, résumée dans un merveilleux dialogue:  "Si tu le veux, tu peux me purifier", dit le lépreux. "Je le veux, sois purifié", répond Jésus, le touchant de la main et le libérant de la lèpre (Mc 1, 40-42). Nous voyons ici en quelque sorte concentrée toute l'histoire du salut:  ce geste de Jésus qui tend la main et touche le corps couvert de plaies de la personne qui l'invoque, manifeste parfaitement la volonté de Dieu de guérir sa créature déchue, en lui redonnant la vie "en abondance" (Jn 10, 10), la vie éternelle, pleine, heureuse. Le Christ est "la main" de Dieu tendue à l'humanité pour qu'elle puisse sortir des sables mouvants de la maladie et de la mort et se remettre debout sur le roc solide de l'amour divin (cf. Ps 39, 2-3).

 

 

Message Carême 2006

     C'est justement à ce salut intégral que le Carême veut nous conduire en vue de la victoire du Christ sur tout mal qui opprime l'homme. En nous tournant vers le divin Maître, en nous convertissant à Lui, en faisant l'expérience de sa miséricorde grâce au sacrement de la Réconciliation, nous découvrirons un «regard» qui nous scrute dans les profondeurs et qui peut animer de nouveau les foules et chacun d'entre nous. Ce «regard» redonne confiance à ceux qui ne se renferment pas dans le scepticisme, en leur ouvrant la perspective de l'éternité bienheureuse. En fait, déjà dans l'histoire, même lorsque la haine semble dominer, le Seigneur ne manque jamais de manifester le témoignage lumineux de son amour.

 

 

2 mars 2006 – Avec les prêtres du Diocèse de Rome

      Nouveau et Ancien Testament vont de pair. Dans la première Lecture du Deutéronome, la réponse de Dieu est: "Si tu écoutes les commandements de Yahvé ton Dieu, que je te prescris aujourd'hui, et que tu aimes Yahvé ton Dieu, que tu marches dans ses voies, que tu gardes ses commandements, ses lois et ses coutumes, tu vivras" (30, 16). A première vue, cela ne nous plaît pas, mais telle est la voie: l'option pour la vie et l'option pour Dieu sont identiques. Le Seigneur le dit dans l'Evangile de saint Jean: "La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent" (Jn 17, 3).

 

25 mars 2006 - Homélie de la Messe Solennité de l’Annonciation et Consistoire

      En ce monde, tout passe. Dans l'éternité, seul l'Amour demeure.

 

3 avril 2006 – Homélie de la Messe 1 an de la mort de Jean Paul II

     Dans le Livre de la Sagesse, il nous a été rappelé quel est le destin final des justes : un destin de bonheur surabondant, qui récompense sans limite pour les souffrances et les épreuves affrontées au cours de la vie. « Dieu les a mis à l'épreuve - affirme l'auteur sacré - et il les a trouvés dignes de lui ; comme l'or au creuset, il les a éprouvés, comme un parfait holocauste, il les a agréés » (3, 5-6). Le terme d'« holocauste » fait référence au sacrifice au cours duquel la victime était entièrement brûlée, consumée par le feu ; il s'agissait donc d'un signe de don total à Dieu.

 

15 avril 2006 – Homélie Messe Nuit de Pâques

     Par amour, Jésus pouvait se laisser tuer, mais c'est précisément ainsi qu'il a rompu le caractère définitif de la mort, parce qu'en lui était présent le caractère définitif de la vie. Il était un avec la vie indestructible, de telle manière que celle-là, à travers la mort, jaillisse d'une manière nouvelle. Nous pouvons exprimer encore une fois la même chose en partant d'un autre point de vue. Sa mort fut un acte d'amour. Au cours de la dernière Cène, Il a anticipé sa mort et Il l'a transformée en don de soi. Sa communion existentielle avec Dieu était concrètement une communion existentielle avec l'amour de Dieu, et cet amour est la vraie puissance contre la mort, il est plus fort que la mort. La résurrection fut comme une explosion de lumière, une explosion de l'amour, qui a délié le lien jusqu'alors indissoluble du «meurs et deviens». Elle a inauguré une nouvelle dimension de l'être, de la vie, dans laquelle la matière a aussi été intégrée, d'une manière transformée, et à travers laquelle surgit un monde nouveau…

    Il est clair que cet événement n'est pas un quelconque miracle du passé, dont l'existence pourrait nous être, en définitive, indifférente. Il s'agit d'un saut qualitatif dans l'histoire de l'évolution et de la vie en général, vers une vie future nouvelle, vers un monde nouveau qui, en partant du Christ, pénètre déjà continuellement dans notre monde, le transforme et l'attire à lui. Mais comment cela se produit-il ? Comment cet événement peut-il effectivement m'arriver et attirer ma vie vers lui et vers le haut ? Dans un premier temps, la réponse pourrait sembler surprenante, mais elle est tout à fait réelle: un tel événement me rejoint à travers la foi et le Baptême. ..Le Baptême signifie précisément ceci, qu'il ne s'agit pas d'un événement du passé, mais qu'un saut qualitatif de l'histoire universelle vient à moi, me saisissant pour m'attirer. Le Baptême est quelque chose de bien différent qu'un acte de socialisation ecclésiale, qu'un rite un peu démodé et compliqué pour accueillir les personnes dans l'Église. Il est encore bien plus que le simple fait d'être lavé, qu'une sorte de purification et d'embellissement de l'âme. Il est vraiment mort et résurrection, renaissance, transformation en une vie nouvelle.

    Comment pouvons-nous le comprendre ? Je pense que ce qui advient au Baptême s'éclaire plus facilement pour nous si nous regardons la partie finale de la petite autobiographie spirituelle que saint Paul nous a laissée dans sa Lettre aux Galates. Elle se conclut par les mots qui contiennent aussi le noyau de cette biographie: «Je vis, mais ce n'est plus moi, c'est le Christ qui vit en moi» (Ga 2, 20). Je vis, mais ce n'est plus moi. Le moi lui-même, l'identité essentielle de l'homme - de cet homme, Paul - a été changée. Il existe encore et il n'existe plus. Il a traversé une négation et il se trouve continuellement dans cette négation: c'est moi, mais ce n'est plus moi. Par ces mots, Paul ne décrit pas une quelconque expérience mystique, qui pouvait peut-être lui avoir été donnée et qui pourrait sans doute nous intéresser du point de vue historique. Non, cette phrase exprime ce qui s'est passé au Baptême. Mon propre moi m'est enlevé et il s'incorpore à un sujet nouveau, plus grand. Alors mon moi existe de nouveau, mais précisément transformé, renouvelé, ouvert par l'incorporation dans l'autre, dans lequel il acquiert son nouvel espace d'existence. De nouveau, Paul nous explique la même chose, sous un autre aspect, quand, dans le troisième chapitre de la Lettre aux Galates, il parle de la «promesse», disant qu'elle a été donnée au singulier - à un seul: au Christ. C'est lui seul qui porte en lui toute la «promesse». Mais alors qu'advient-il pour nous ? Paul répond: «Vous ne faites plus qu'un dans le Christ» (Ga 3, 28). Non pas une seule chose, mais un, un unique, un unique sujet nouveau. Cette libération de notre moi de son isolement, le fait de se trouver dans un nouveau sujet, revient à se trouver dans l'immensité de Dieu et à être entraînés dans une vie qui est dès maintenant sortie du contexte du «meurs et deviens». La grande explosion de la Résurrection nous a saisis dans le Baptême pour nous attirer. Ainsi nous sommes associés à une nouvelle dimension de la vie dans laquelle nous sommes déjà en quelque sorte introduits, au milieu des tribulations de notre temps. Vivre sa vie comme une entrée continuelle dans cet espace ouvert : telle est la signification essentielle de l'être baptisé, de l'être chrétien. Telle est la joie de la Veillée pascale. La Résurrection n'est pas passée, la Résurrection nous a rejoints et saisis. Nous nous accrochons à elle, c'est-à-dire au Christ ressuscité, et nous savons que Lui nous tient solidement, même quand nos mains faiblissent. Nous nous accrochons à sa main, et ainsi nous nous tenons la main les uns des autres, nous devenons un unique sujet, et pas seulement une seule chose. C'est moi, mais ce n'est plus moi: voilà la formule de l'existence chrétienne fondée sur le Baptême, la formule de la Résurrection à l'intérieur du temps. C'est moi, mais ce n'est plus moi: si nous vivons de cette manière, nous transformons le monde. C'est la formule qui contredit toutes les idéologies de la violence, et c'est le programme qui s'oppose à la corruption et à l'aspiration au pouvoir et à l'avoir.

«Je vis et, vous aussi, vous vivrez», dit Jésus à ses disciples, c'est-à-dire à nous, dans l'Évangile de Jean (14, 19). Nous vivrons par la communion existentielle avec Lui, par le fait d'être incorporés en Lui qui est la vie même. La vie éternelle, l'immortalité bienheureuse, nous ne l'avons pas de nous-mêmes et nous ne l'avons pas en nous-mêmes, mais au contraire par une relation - par la communion existentielle avec Celui qui est la Vérité et l'Amour, et qui est donc éternel, qui est Dieu lui-même. Par elle-même, la simple indestructibilité de l'âme ne pourrait pas donner un sens à une vie éternelle, elle ne pourrait pas en faire une vraie vie. La vie nous vient du fait d'être aimés par Celui qui est la Vie; elle nous vient du fait de vivre-avec Lui et d'aimer-avec Lui. C'est moi, mais ce n'est plus moi: tel est le chemin de la croix, le chemin qui crucifie une existence renfermée seulement sur le moi, ouvrant par-là la route à la joie véritable et durable…

     … La Résurrection est un avènement cosmique, qui comprend le ciel et la terre, et qui les lie l'un à l'autre

 

15 avril 2006 - Message de Pâques Urbi et Orbi

     «Il n'est pas ici... il est ressuscité». Les messagers célestes communiquent avant tout que Jésus «n'est pas ici»: le Fils de Dieu n'est pas resté dans le tombeau, parce qu'il ne pouvait pas rester prisonnier de la mort (cf. Ac 2, 24), et le tombeau ne pouvait pas retenir «le Vivant» (Ap 1, 18), qui est la source même de la vie. De même que Jonas est resté dans le ventre du poisson, de même le Christ crucifié est resté englouti au cœur de la terre (cf. Mt 12, 40), le temps d'un sabbat. Ce fut «vraiment un grand jour que ce sabbat», comme l'écrit l'évangéliste Jean (19, 31): le plus solennel de l'histoire, parce qu'avec lui le «Seigneur du sabbat» (cf. Mt 12, 8) porte à son accomplissement l'œuvre de la création (cf. Gn 2, 1-4a), élevant l'homme et le cosmos tout entier à la liberté de la gloire des fils de Dieu (cf. Rm 8, 21). Une fois cette œuvre extraordinaire accomplie, le corps sans vie a été traversé par le souffle vital de Dieu et, les barrières du tombeau ayant été rompues, il est ressuscité glorieux. C'est pourquoi les anges proclament «il n'est pas ici»: il ne peut plus se trouver dans le tombeau. Il a marché sur la terre des hommes, il a terminé son chemin dans le tombeau comme tous les hommes, mais il a vaincu la mort, et, de manière absolument nouvelle, par un acte de pur amour, il a ouvert la terre et il l'a ouverte en grand vers le Ciel.
 

21 mai 2006 - Regina Caeli

     Le livre des Actes des apôtres rapporte que Jésus, après sa résurrection, est apparu à ses disciples pendant quarante jours, et puis « fut élevé en haut sous leurs yeux » (At 1,9). C’est l’Ascension. La signification de ce dernier geste du Christ est double. Avant tout, en montant vers « le haut », il révèle sans équivoque sa divinité : il retourne là d’où il est venu, c’est-à-dire en Dieu, après avoir accompli sa mission sur la terre. En outre, le Christ monte au ciel avec l’humanité qu’il a assumée et qu’il a ressuscitée d’entre les morts : cette humanité c’est la nôtre, transfigurée, divinisée, devenue éternelle. L’Ascension révèle donc la « très haute vocation » (Gaudium et spes, 22) de toute personne humaine : elle est appelée à la vie éternelle dans le Royaume de Dieu, Royaume d’amour, de lumière et de paix.

     Nous nous réjouissons à propos de cette fête, que le Christ notre Sauveur a pris place à la droite du Père, parce que là où il est allé nous avons l’espérance de le suivre.
 

15 aout 2006 – Homélie de la Messe à Castelgandolfo

      Marie en disant : « Je suis la servante du Seigneur, qu'il m'advienne selon ta parole » a préparé ici sur la terre la demeure pour Dieu : corps et âme, elle en est devenue la demeure et elle a ainsi ouvert la terre au ciel.

 

     Saint Luc, …à travers différentes allusions, fait comprendre que Marie est la véritable Arche de l'Alliance, que le mystère du Temple - la venue de Dieu ici sur terre - s'accomplit en Marie. Dieu habite réellement en Marie, il devient présent ici sur la terre. Marie devient sa tente. Ce que désirent toutes les cultures - c'est-à-dire que Dieu vienne habiter parmi nous - se réalise ici. Saint Augustin dit : « Avant de concevoir le Seigneur dans le corps, elle l'avait déjà conçu dans l'âme ». Elle avait donné au Seigneur l'espace de son âme et elle était ainsi devenue réellement le véritable Temple où Dieu s'est incarné, où il est devenu présent sur cette terre. Et ainsi, étant la demeure de Dieu sur la terre, sa demeure éternelle est déjà préparée en elle, cette demeure est déjà préparée pour toujours

 

 

31 août 2006 – Avec les prêtres du Diocèse d’Albano

     Nous devons nous faire des interprètes de la réalité qui commence avec le Baptême. Je ne connais pas suffisamment bien le Rituel italien. Dans le Rituel classique, hérité de l'Eglise antique, le Baptême commence par la question: « Que demandez-vous à l'Eglise de Dieu ? ». Aujourd'hui, tout au moins dans le rituel allemand, l'on répond simplement : « Le Baptême ». Cela n'explicite pas suffisamment ce qu'il y a à d&eacut

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