Benoît XVI de A à Z

Primat de Dieu

2005



20 août 2005 - JMJ Cologne - Veillée avec les jeunes
Les Mages venant d'Orient sont seulement les premiers d'un long cortège d'hommes et de femmes qui, dans leur vie, ont constamment cherché du regard l'étoile de Dieu, qui ont cherché le Dieu qui est proche de nous, les êtres humains, et qui nous indique la route. C'est le grand cortège des saints - connus ou inconnus -, par lesquels le Seigneur, tout au long de l'histoire, a ouvert devant nous l'Evangile et en a fait défiler les pages; c'est la même chose qu'il est en train de faire maintenant. Dans leur vie, comme dans un grand livre illustré, se dévoile la richesse de l'Evangile. Ils sont le sillon lumineux de Dieu, que Lui-même, au long de l'histoire, a tracé et trace encore.

Les bienheureux et les saints ont été des personnes qui n'ont pas cherché obstinément leur propre bonheur, mais qui ont simplement voulu se donner, parce qu'ils ont été touchés par la lumière du Christ. Ils nous montrent ainsi la route pour devenir heureux, ils nous montrent comment on réussit à être des personnes vraiment humaines. Dans les vicissitudes de l'histoire, ce sont eux, les saints, qui ont été les véritables réformateurs qui, bien souvent, ont fait sortir l'histoire des vallées obscures dans lesquelles elle court toujours le risque de s'enfoncer à nouveau; ils l'ont illuminée chaque fois que cela était nécessaire, pour donner la possibilité d'accepter - parfois dans la douleur - la parole prononcée par Dieu au terme de l'œuvre de la création: "Cela est bon".

Les saints, avons-nous dit, sont les vrais réformateurs. Je voudrais maintenant l'exprimer de manière plus radicale encore: c'est seulement des saints, c'est seulement de Dieu que vient la véritable révolution, le changement décisif du monde. Au cours du siècle qui vient de s'écouler, nous avons vécu les révolutions dont le programme commun était de ne plus rien attendre de Dieu, mais de prendre totalement dans ses mains le destin du monde. Et nous avons vu que, ce faisant, un point de vue humain et partial était toujours pris comme la mesure absolue des orientations. L'absolutisation de ce qui n'est pas absolu mais relatif s'appelle totalitarisme. Cela ne libère pas l'homme, mais lui ôte sa dignité et le rend esclave. Ce ne sont pas les idéologies qui sauvent le monde, mais seulement le fait de se tourner vers le Dieu vivant, qui est notre créateur, le garant de notre liberté, le garant de ce qui est véritablement bon et vrai. La révolution véritable consiste uniquement dans le fait de se tourner sans réserve vers Dieu, qui est la mesure de ce qui est juste et qui est, en même temps, l'amour éternel. Qu'est-ce qui pourrait bien nous sauver sinon l'amour ?



20 novembre 2005 - Au terme de l'Angélus - Solennité du Christ Roi
Au nom de toute l'Eglise, j'exprime ma gratitude à tous ceux qui consacrent leur vie à la prière dans la clôture, en offrant un témoignage éloquent du primat de Dieu et de son Royaume. J'exhorte à être proche d'eux à travers notre soutien spirituel et matériel.



2006



1er janvier 2006 - Message pour la Journée Mondiale de la Paix
Je voudrais d'abord rendre un sincère hommage de gratitude à mes Prédécesseurs, les grands Papes Paul VI et Jean-Paul II, artisans de paix éclairés. Animés de l'esprit des Béatitudes, ils ont su lire dans les nombreux événements de l'histoire qui ont marqué leurs Pontificats respectifs l'intervention providentielle de Dieu, qui n'oublie jamais les destinées du genre humain. À plusieurs reprises, en infatigables messagers de l'Évangile, ils ont invité chaque personne à repartir de Dieu afin de pouvoir promouvoir une cohabitation pacifique dans toutes les régions de la terre.



5 février 2006 - Homélie de la Messe
Jésus parle avec le Père, (Mc 1,35) tel est le centre et la source de toutes les activités de Jésus; nous voyons sa prédication, les guérisons, les miracles et enfin la passion, tous sont issus de ce centre, de son être avec le Père. Et ainsi, cet Evangile nous enseigne le centre de la foi et de notre vie, c'est-à-dire le primat de Dieu. Là où Dieu n'est pas présent, l'homme non plus n'est pas respecté. Ce n'est que si la splendeur de Dieu brille sur le visage de l'homme que l'homme, image de Dieu, est protégé par une dignité qui ne doit être ensuite violée par personne.

Le primat de Dieu. Nous voyons dans le "Notre Père" comment les trois premières questions se réfèrent précisément à ce primat de Dieu: que le nom de Dieu soit sanctifié, que le respect du mystère divin soit vivant et anime toute notre vie; que "vienne le royaume de Dieu" et "que soit faite sa volonté" sont deux aspects différents de la même médaille; là où est accomplie la volonté de Dieu le ciel est déjà présent, sur la terre commence aussi un peu du ciel; et là où est accomplie la volonté de Dieu le Royaume de Dieu est présent. Car le Royaume de Dieu n'est pas une série de choses, le Royaume de Dieu est la présence de Dieu, l'union de l'homme avec Dieu. C'est vers cet objectif que Jésus veut nous guider.

Le centre de son annonce est le royaume de Dieu, c'est-à-dire Dieu comme source et centre de notre vie, et il nous dit: Dieu seul est la rédemption de l'homme. Et nous pouvons voir, au cours de l'histoire du siècle dernier, que dans les Etats où Dieu était aboli, non seulement l'économie a été détruite, mais surtout les âmes. Les destructions morales, les destructions de la dignité de l'homme sont les destructions fondamentales, et le renouveau ne peut venir que du retour de Dieu, c'est-à-dire de la reconnaissance du caractère central de Dieu. Ces derniers jours, un évêque du Congo en visite "ad limina" m'a dit: les Européens nous donnent très généreusement de nombreuses choses pour le développement, mais on sent une hésitation dans l'aide pour la pastorale; il semble qu'ils considèrent la pastorale inutile, que seul le développement technique et matériel soit important. Mais c'est le contraire qui est vrai - a-t-il dit -, là où il n'y a pas la Parole de Dieu, le développement ne fonctionne pas, et ne donne pas de résultats positifs. Ce n'est que si avant toute chose se trouve la Parole de Dieu, si l'homme est réconcilié avec Dieu, que les choses matérielles peuvent se dérouler de façon harmonieuse.

L'Evangile lui-même, avec sa continuité, confirme cela avec force. Les Apôtres disent à Jésus: reviens, tout le monde te cherche. Et il répond: non, je dois aller dans les autres pays pour annoncer Dieu et pour chasser les démons, les forces du mal; c'est pour cela que je suis venu (cf. Mc 1, 29-39). Jésus est venu - dans le texte grec, il est écrit: "je suis sorti du père" - non pour apporter les commodités de la vie, mais pour apporter la condition fondamentale de notre dignité, pour apporter l'annonce de Dieu, la présence de Dieu et vaincre ainsi les forces du mal. Il indique cette priorité avec une grande clarté: je ne suis pas venu pour guérir - je le fais également, mais comme un signe - je suis venu pour vous réconcilier avec Dieu. Dieu est notre créateur, Dieu nous a donné la vie, notre dignité: et c'est surtout à lui que nous devons nous adresser.

… Les Evêques italiens ont rappelé dans leur message le devoir prioritaire de "respecter la vie", car il s'agit d'un bien "indisponible": l'homme n'est pas le maître de la vie; il en est plutôt le gardien et l'administrateur. Et sous le primat de Dieu naît automatiquement cette priorité d'administrer, de sauvegarder la vie de l'homme, créée par Dieu. Cette vérité que l'homme est le gardien et l'administrateur de la vie constitue un point fondamental de la loi naturelle, pleinement éclairé par la révélation biblique. Celui-ci se présente aujourd'hui comme "signe de contradiction" par rapport à la mentalité dominante. Nous constatons en effet que, bien qu'il y ait de manière générale une large convergence sur la valeur de la vie, lorsqu'on arrive à ce point, c'est-à-dire à la "disponibilité" ou à l'indisponibilité de la vie, deux mentalités s'opposent toutefois de manière inconciliable. Pour nous exprimer plus simplement, nous pourrions dire: l'une des deux mentalités considère que la vie humaine se trouve entre les mains de l'homme, l'autre reconnaît qu'elle est entre les mains de Dieu. La culture moderne a souligné à juste titre l'autonomie de l'homme et des réalités terrestres, en développant ainsi une perspective chère au christianisme, celle de l'Incarnation de Dieu. Mais comme l'a clairement affirmé le Concile Vatican II, si cette autonomie conduit à penser que "les choses créées ne dépendent pas de Dieu et que l'homme peut en disposer sans référence au Créateur", on donne alors origine à un profond déséquilibre, car "la créature sans Créateur s'évanouit" (Gaudium et spes, n. 36). Il est significatif qu'un tel document conciliaire, dans le passage cité, affirme que cette capacité de reconnaître la voix et la manifestation de Dieu dans la beauté de la création appartient à tous les croyants, quelle que soit la religion à laquelle ils appartiennent. Nous pouvons en conclure que le plein respect de la vie est lié au sens religieux, à l'attitude intérieure avec laquelle l'homme se situe par rapport à la réalité, comme un patron ou comme un gardien. Du reste, le mot "respect", dérive du verbe latin respicere-regarder, et il indique une façon de regarder les choses et les personnes qui conduit à en reconnaître la consistance, pas à s'en approprier, mais à avoir des égards pour elles, à en prendre soin. En dernière analyse, si l'on enlève aux créatures leur référence à Dieu, comme fondement transcendant, celles-ci risquent de tomber en proie au jugement arbitraire de l'homme qui peut en faire, comme nous le voyons, un usage insensé.



2 mars 2006 - Avec les prêtres du Diocèse de Rome
Nouveau et Ancien Testament vont de pair. Dans la première Lecture du Deutéronome, la réponse de Dieu est: "Si tu écoutes les commandements de Yahvé ton Dieu, que je te prescris aujourd'hui, et que tu aimes Yahvé ton Dieu, que tu marches dans ses voies, que tu gardes ses commandements, ses lois et ses coutumes, tu vivras" (30, 16). A première vue, cela ne nous plaît pas, mais telle est la voie: l'option pour la vie et l'option pour Dieu sont identiques. Le Seigneur le dit dans l'Evangile de saint Jean: "La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent" (Jn 17, 3). La vie humaine est une relation. Ce n'est qu'au sein d'une relation, et non pas fermés sur nous-mêmes, que nous pouvons avoir la vie. Et la relation fondamentale est la relation avec le Créateur, sinon les autres relations sont fragiles. Choisir Dieu, donc: tel est l'essentiel. Un monde vide de Dieu, un monde qui a oublié Dieu, perd la vie et tombe dans une culture de la mort. Choisir la vie, faire le choix de la vie, signifie donc avant tout choisir l'option-relation avec Dieu. Mais ici, naît aussitôt la question: avec quel Dieu? Ici, à nouveau, l'Evangile nous vient en aide: avec ce Dieu qui nous a montré son visage dans le Christ, avec le Dieu qui a vaincu la haine sur la Croix, c'est-à-dire dans l'amour jusqu'à la fin. Ainsi, en choisissant ce Dieu, nous choisissons la vie.



26 mars 2006 - Homélie Messe dans une paroisse romaine
Dans le Livre des Chroniques de l'Ancien Testament (cf. 2 Ch 36, 14-16.19-23), l'auteur saint propose une interprétation synthétique et significative de l'histoire du peuple élu, qui fait l'expérience de la punition de Dieu comme conséquence de son comportement rebelle: le temple est détruit et le peuple en exil n'a plus de terre; il semble réellement qu'il ait été oublié par Dieu. Mais il se rend ensuite compte qu'à travers les châtiments, Dieu poursuit un dessein de Miséricorde. Ce sera la destruction de la ville Sainte et du Temple - comme on l'a dit -, ce sera l'exil, qui touchera le cœur du peuple et qui le fera revenir à son Dieu pour le connaître plus profondément. Et alors le Seigneur, démontrant le primat absolu de son initiative sur tout effort purement humain, se servira d'un païen, Cyrus, roi de Perse, pour libérer Israël. Dans le texte que nous venons d'entendre, la colère et la Miséricorde du Seigneur se confrontent au cours d'un épisode à caractère dramatique, mais à la fin, l'amour triomphe, car Dieu est Amour. Comment ne pas recueillir dans le souvenir de ces lointains événements le message qui est valable pour chaque époque, y compris la nôtre ? En pensant aux siècles passés, nous pouvons voir que Dieu continue à nous aimer également à travers les châtiments. Les desseins de Dieu, même lorsqu'ils passent à travers l'épreuve, visent toujours à un résultat de Miséricorde et de pardon.



19 octobre 2006 - Homélie de la Messe dans le stade de Verona
Qu'en est-il de notre foi ? Dans quelle mesure savons-nous aujourd'hui la communiquer ? La certitude que le Christ est ressuscité nous assure qu'aucune force adverse ne pourra jamais détruire l'Eglise. Nous sommes également animés par la conscience que seul le Christ peut satisfaire les attentes profondes de chaque cœur humain et répondre aux interrogations les plus troublantes sur la douleur, l'injustice et le mal, sur la mort et l'au-delà. Notre foi est donc fondée, mais il faut que cette foi devienne vie en chacun de nous. Un vaste effort capillaire à accomplir se présente alors, pour que chaque chrétien se transforme en «témoin» capable et prêt à assumer l'engagement de rendre compte à tous et toujours de l'espérance qui l'anime (cf. 1 P 3, 15). C'est pourquoi il faut recommencer à annoncer avec vigueur et joie l'événement de la mort et de la Résurrection du Christ, cœur du christianisme, ligne directrice de notre foi, puissant levier de nos certitudes, vent impétueux qui balaye toute peur et indécision, tout doute et calcul humain. Ce n'est que de Dieu que peut venir le changement décisif du monde.



3 novembre 2006 - A l'Université Pontificale Grégorienne
Privé de sa référence à Dieu, l'homme ne peut pas répondre aux questions fondamentales qui agitent et agiteront toujours son cœur à propos du but et donc du sens de son existence. En conséquence, il n'est pas non plus possible d'introduire dans la société ces valeurs éthiques qui seules peuvent garantir une coexistence digne de l'homme. Le destin de l'homme sans sa référence à Dieu ne peut être que la désolation de l'angoisse qui conduit au désespoir. Ce n'est qu'en référence au Dieu-Amour, qui s'est révélé en Jésus Christ, que l'homme peut trouver le sens de son existence et vivre dans l'espérance, même dans l'expérience des maux qui blessent son existence personnelle et la société dans laquelle il vit. L'espérance a pour effet que l'homme ne se referme pas dans un nihilisme paralysant et stérile, mais qu'il s'ouvre à un engagement généreux dans la société dans laquelle il vit afin de pouvoir l'améliorer. C'est la tâche que Dieu a confiée à l'homme en le créant à son image et à sa ressemblance, une tâche qui remplit chaque homme de la plus grande dignité, mais également d'une immense responsabilité.



7 novembre 2006 - Homélie de la Messe avec les Evêques de Suisse- Chapelle Redemptoris Mater, au Vatican
Précisément à notre époque, nous connaissons très bien le "non" prononcé par ceux qui ont été invités en premier. En effet, les chrétiens d'Occident, c'est-à-dire les nouveaux "premiers invités", se dérobent aujourd'hui en grand nombre, ils n'ont pas le temps d'aller vers le Seigneur. Nous connaissons bien les Eglises qui se vident toujours plus, les séminaires qui continuent de se vider, les maisons religieuses qui se vident toujours plus ; nous connaissons toutes les formes sous lesquelles se présente ce "non, j'ai d'autres choses importantes à faire". Et cela nous fait peur et nous bouleverse d'être témoins de ces invités qui s'excusent et se dérobent, et qui en réalité, devraient comprendre la grandeur de l'invitation et devraient se presser dans cette direction. Mais que devons-nous faire ?

Nous devons avant tout nous poser une question : pourquoi cela a-t-il précisément lieu ? Dans sa parabole, le Seigneur cite deux raisons : la possession et les relations humaines, qui absorbent tellement les personnes qu'elles considèrent qu'elles n'ont plus besoin de rien d'autre pour remplir totalement leur temps et donc leur existence intérieure. Saint Grégoire le Grand, dans sa présentation de ce texte, a tenté d'aller plus loin et s'est demandé: mais comment est-il possible qu'un homme dise "non" à ce qu'il y a de plus grand; qu'il n'ait pas de temps pour ce qui est plus important, qui contient en soi sa propre existence ? Et il répond : En réalité, les hommes n'ont jamais fait l'expérience de Dieu ; ils n'ont jamais "goûté" à Dieu, ils n'ont jamais ressenti combien il est délicieux d'être "touché" par Dieu ! Il leur manque ce "contact" et, à travers cela, le "goût de Dieu". Ce n'est que si, pour ainsi dire, nous le goûtons que nous venons alors au banquet. Saint Grégoire cite le Psaume, … : goûtez et dégustez, et voyez ; goûtez, et alors, vous verrez et vous serez illuminés ! Notre devoir est d'aider les personnes à pouvoir goûter, afin qu'elles puissent sentir à nouveau le goût de Dieu. Dans une autre homélie, saint Grégoire le Grand a approfondi plus encore la même question, et s'est demandé : Comment se fait-il que l'homme ne veuille pas même "goûter" Dieu ? Et il répond : lorsque l'homme est occupé entièrement par son monde, par les choses matérielles, par ce qu'il peut faire, par tout ce qu'il peut réaliser pour connaître le succès, par tout ce qu'il peut produire ou comprendre, alors, sa capacité de perception à l'égard de Dieu s'affaiblit, l'organe qui perçoit Dieu dépérit, devient incapable de percevoir et insensible. Il ne perçoit plus le Divin, car l'organe correspondant en lui s'est desséché, il ne n'est plus développé. Lorsqu'il utilise trop les autres organes, ceux empiriques, alors, il peut advenir que précisément le sens de Dieu s'affaiblisse ; que cet organe meure ; et que l'homme, comme le dit saint Grégoire, ne perçoive plus le regard de Dieu, le fait d'être regardé par Lui - cette chose précieuse qu'est son regard qui se pose sur moi !

Je pense que saint Grégoire le grand a décrit exactement la situation de notre époque - en effet, il s'agissait d'une époque très semblable à la nôtre. Et la question se pose encore : que devons-nous faire ? Je pense que la première chose est …: "Ayez en vous les mêmes sentiments qui sont dans Jésus Christ ! - Touto phroneite en hymin ho kai en Christo Iesou". Apprenez à penser comme a pensé le Christ, apprenez à penser avec Lui ! Et cette façon de penser n'est pas seulement celle de l'esprit, mais également une pensée du cœur. Nous apprenons les sentiments de Jésus Christ lorsque nous apprenons à penser avec Lui et donc, lorsque nous apprenons à penser également à son échec et à sa façon de traverser l'échec, à l'accroissement de son amour dans l'échec. Si nous entrons dans ses sentiments, si nous commençons à nous exercer à penser comme Lui et avec Lui, alors se réveille en nous la joie à l'égard de Dieu, la certitude qu'Il est de toute façon le plus fort ; oui, nous pouvons le dire, l'amour pour Lui se réveille en nous. Nous ressentons combien il est beau qu'Il soit là et que nous puissions Le connaître - que nous le connaissions dans le Visage de Jésus Christ, qui a souffert pour nous. Je pense que c'est la première chose : que nous entrions nous-mêmes dans un contact vivant avec Dieu, avec le Seigneur Jésus, le Dieu vivant ; que se renforce en nous l'organe qui perçoit Dieu; que nous portions en nous la perception de son "goût exquis". Cela encourage également notre action ; car nous aussi, nous courons un risque : on peut faire beaucoup, tant de choses, dans le domaine ecclésial, tout pour Dieu... et ce faisant, se tenir totalement à l'écart, sans jamais rencontrer Dieu. L'engagement se substitue à la foi, mais ensuite, se vide de l'intérieur. Je pense donc que nous devrions nous engager surtout dans l'écoute du Seigneur, dans la prière, dans la participation intime aux sacrements, dans l'apprentissage des sentiments de Dieu sur le visage et dans les souffrances des hommes, pour être ainsi contaminés par sa joie, par son zèle, par son amour, et pour regarder avec Lui, et à partir de Lui, le monde. Si nous réussissons à faire cela, alors même au milieu de tant de "non", nous trouverons à nouveau les hommes qui L'attendent et qui sont souvent peut-être insolites - la parabole le dit clairement - mais qui sont tout de même appelés à entrer dans sa salle.

Une fois de plus, en d'autres termes: il s'agit de la place centrale de Dieu, et précisément non pas d'un dieu quelconque, mais du Dieu qui a le visage de Jésus Christ. Cela est important aujourd'hui. Il y a tant de problèmes que l'on pourrait énumérer mais qui - tous - ne peuvent être résolus si Dieu n'est pas placé au centre, si Dieu ne devient pas à nouveau visible dans le monde, s'il ne devient pas déterminant dans notre vie et s'il n'entre pas également à travers nous de façon déterminante dans le monde. C'est en cela, je pense, que se décide aujourd'hui le destin du monde dans cette situation dramatique : si Dieu - le Dieu de Jésus Christ - existe et est reconnu comme tel, ou s'il disparaît. Nous faisons en sorte qu'il soit présent. Que devrions-nous faire ? En ultime analyse ? Nous nous adressons à Lui ! Nous célébrons cette Messe votive de l'Esprit Saint, en L'invoquant : … afin qu'il irrigue, réchauffe, redresse, afin qu'il nous entoure de la force de sa flamme sacrée et qu'il renouvelle la terre.



2007



Le 7 février 2007 - Audience Générale
Chaque maison peut se transformer en une petite Eglise. Non seulement dans le sens où le typique amour chrétien fait d'altruisme et d'attention réciproque doit y régner, mais plus encore dans le sens où toute la vie familiale sur la base de la foi, est appelée à tourner autour de l'unique domination de Jésus Christ. Ce n'est pas par hasard que dans la Lettre aux Ephésiens, Paul compare la relation matrimoniale à la communion sponsale qui existe entre le Christ et l'Eglise (cf. Ep 5, 25-33). Nous pourrions même considérer que l'Apôtre façonne indirectement la vie de l'Eglise tout entière sur celle de la famille. Et en réalité, l'Eglise est la famille de Dieu.



11 juin 2007, au congrès annuel du Diocèse de Rome, Basilique Saint Jean de Latran
Pour l'éducation et la formation chrétienne, donc, la prière et notre amitié personnelle avec Jésus sont fondamentales: seul celui qui connaît et aime Jésus peut introduire ses frères dans une relation vitale avec Lui. Et c'est précisément soutenu par cette nécessité que j'ai pensé qu'il serait utile d'écrire un livre qui aide à connaître Jésus. N'oublions jamais la parole de Jésus: "Je vous appelle amis, parce que tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître. Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais c'est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure" (Jn 15, 15-16). C'est pourquoi nos communautés pourront travailler de manière fructueuse et éduquer à la foi et à suivre le Christ, en étant elles mêmes d'authentiques "écoles" de prière (cf. Novo millennio ineunte, n. 33), dans lesquelles se vit le primat de Dieu.



17 juin 2007, avec les prêtres et religieux, à Assise ; à l'occasion du 8ème centenaire de la conversion de Saint François.
En Saint François, tout part de Dieu et retourne à Dieu.



9 août 2007 - Aux participants de la « Mission des Jeunes » promue par le diocèse de Madrid
Ne cessez pas de cultiver vous-mêmes la rencontre personnelle avec le Christ, de le garder toujours au centre de votre cœur, car ainsi, toute votre vie deviendra une mission et vous laisserez transparaître le Christ qui vit en vous.



7 septembre 2007 - Avec les journalises, dans l'avion vers l'Autriche
Mon voyage veut être avant tout un pèlerinage. Il veut être un signe de la confiance que nous avons en Dieu, de la priorité de Dieu, que Dieu existe, que nous avons besoin de l'aide de Dieu.

Je voudrais simplement confirmer les personnes dans la foi, leur dire que vraiment, aujourd'hui aussi, nous avons besoin de Dieu, nous avons besoin d'une orientation qui donne une direction à notre vie. On voit qu'une vie sans orientation, sans Dieu, ne parvient pas à son accomplissement: elle demeure vide. Le relativisme relativise tout et, à la fin, on n'arrive plus à distinguer le bien du mal. Je voudrais donc simplement confirmer cette conviction, qui devient toujours plus évidente, de notre besoin de Dieu, du Christ et de la grande communion de l'Eglise qui unit les peuples et les réconcilie.



9 septembre 2007 - Homélie Messe Cathédrale Saint Etienne, à Vienne
"Sine dominico non possumus!". Sans le don du Seigneur, sans le Jour du Seigneur, nous ne pouvons pas vivre: c'est ainsi que répondirent, en l'an 304, plusieurs chrétiens d'Abitène, dans l'actuelle Tunisie, lorsque, surpris au cours de la Célébration eucharistique dominicale qui était interdite, ils furent conduits devant le juge et on leur demanda pourquoi ils avaient célébré le Dimanche la fonction religieuse chrétienne, alors qu'ils savaient bien que cela était puni par la mort. "Sine dominico non possumus". Dans le mot dominicum/dominico sont liées de façon indissoluble deux significations, dont nous devons à nouveau apprendre à percevoir l'unité. Il y a tout d'abord le don du Seigneur - ce don est Lui-même: le Ressuscité, au contact et à la proximité duquel les chrétiens doivent se trouver pour être eux-mêmes. Cela n'est cependant pas seulement un contact spirituel, intérieur, subjectif: la rencontre avec le Seigneur s'inscrit dans le temps à travers un jour précis. Et, de cette façon, elle s'inscrit dans notre existence concrète, physique et communautaire, qui est temporalité. Elle donne à notre temps, et donc à notre vie dans son ensemble, un centre, un ordre intérieur. Pour ces chrétiens, la Célébration eucharistique dominicale n'était pas un précepte, mais une nécessité intérieure. Sans Celui qui soutient notre vie, la vie elle-même est vide. Abandonner ou trahir ce centre ôterait à la vie elle-même son fondement, sa dignité intérieure et sa beauté.

Cette attitude des chrétiens de l'époque a-t-elle également de l'importance pour nous, chrétiens d'aujourd'hui? Oui, elle vaut également pour nous, qui avons besoin d'une relation qui nous soutienne et donne une orientation et un contenu à notre vie. Nous aussi avons besoin du contact avec le Ressuscité, qui nous soutient jusqu'au-delà de la mort. Nous avons besoin de cette rencontre qui nous réunit, qui nous donne un espace de liberté, qui nous fait regarder au-delà de l'activisme de la vie quotidienne vers l'amour créateur de Dieu, dont nous provenons et vers lequel nous sommes en marche.

"Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera. Que sert donc à l'homme de gagner le monde entier, s'il se perd ou se ruine lui-même?" (Lc 9, 24sq). Qui veut posséder seulement sa propre vie, la prendre seulement pour soi-même, la perdra. Seul celui qui se donne reçoit sa vie. En d'autres termes: seul celui qui aime trouve la vie. Et l'amour exige toujours de sortir de soi-même, exige toujours de se quitter soi-même. Celui qui se tourne en arrière pour se chercher et veut avoir l'autre seulement pour soi, se perd précisément de cette manière lui-même et l'autre. Sans cette perte plus profonde de soi-même, il n'y a pas de vie. La soif fébrile de vie qui aujourd'hui ne laisse pas les hommes en paix finit dans le vide de la vie perdue. "Qui perdra sa vie à cause de moi...", dit le Seigneur: une manière de se quitter soi-même de manière plus radicale n'est possible que si à travers cela, en fin de compte, nous ne tombons pas dans le vide, mais dans les mains de l'Amour éternel. Seul l'amour de Dieu, qui s'est perdu lui-même pour nous en se remettant à nous, nous permet à nous aussi de devenir libres, de nous laisser aller et ainsi de trouver véritablement la vie. Il est vrai que tout le savoir du monde ne nous sert à rien, si nous n'apprenons pas à vivre, si nous n'apprenons pas ce qui compte vraiment dans la vie.



8 octobre 2007 - Aux membres du Chapitre de la Basilique du Vatican
Rien ne doit être placé avant Dieu.



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