Benoît XVI de A à Z

Guérison - Guérison intérieure

Guérison - Guérison intérieure

dans l'enseignement de Benoit XVI

 

 

 

 

 

2005

 

24 avril 2005 – Homélie Messe Intronisation

     La parabole de la brebis perdue que le berger cherche dans le désert était pour les Pères de l’Église une image du mystère du Christ et de l’Église. L’humanité – nous tous – est la brebis perdue qui, dans le désert, ne trouve plus son chemin. Le Fils de Dieu ne peut pas admettre cela; il ne peut pas abandonner l’humanité à une telle condition misérable. Il se met debout, il abandonne la gloire du ciel, pour retrouver la brebis et pour la suivre, jusque sur la croix. Il la charge sur ses épaules, il porte notre humanité, il nous porte nous-mêmes. Il est le bon pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis. Le Pallium exprime avant tout que nous sommes portés par le Christ. Mais, en même temps, le Christ nous invite à nous porter les uns les autres. Ainsi, le Pallium devient le symbole de la mission du pasteur, dont parle la deuxième lecture et l’Évangile. La sainte inquiétude du Christ doit animer tout pasteur: il n’est pas indifférent pour lui que tant de personnes vivent dans le désert. Et il y a de nombreuses formes de désert. Il y a le désert de la pauvreté, le désert de la faim et de la soif; il y a le désert de l’abandon, de la solitude, de l’amour détruit. Il y a le désert de l’obscurité de Dieu, du vide des âmes sans aucune conscience de leur dignité ni du chemin de l’homme. Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands. C’est pourquoi, les trésors de la terre ne sont plus au service de l’édification du jardin de Dieu, dans lequel tous peuvent vivre, mais sont asservis par les puissances de l’exploitation et de la destruction. L’Église dans son ensemble, et les Pasteurs en son sein, doivent, comme le Christ, se mettre en route, pour conduire les hommes hors du désert, vers le lieu de la vie, vers l’amitié avec le Fils de Dieu, vers Celui qui nous donne la vie, la vie en plénitude

 

 

2006

 

 

5 février 2006 – Homélie de la Messe

    Le Seigneur se rend dans la demeure de Simon-Pierre et d'André, (Mc 1,30 sqq) et il y trouve la belle-mère de Pierre malade, avec de la fièvre. Il la prend par la main, la relève; la femme est guérie et se met à servir. Dans cet épisode, apparaît symboliquement toute la mission de Jésus. Venant du Père, Jésus se rend dans la maison de l'humanité, sur notre terre, et il trouve une humanité malade, en proie à la fièvre, à cette fièvre que sont les idéologies, les idolâtries, l'oubli de Dieu. Le Seigneur nous donne sa main, il nous relève et nous guérit. Et il le fait à toutes les époques; il nous prend par la main avec sa parole, et il dissipe ainsi les brumes des idéologies, des idolâtries. Il prend notre main dans les sacrements, il nous guérit de la fièvre de nos passions et de nos péchés à travers l'absolution dans le sacrement de la réconciliation. Il nous donne la capacité de nous lever, de nous tenir debout devant Dieu et devant les hommes.

 

11 février 2006 – Au terme de la Messe des Malades

     Nous savons tous comment Jésus se plaçait face à l'homme dans tout son être, pour le guérir complètement, dans le corps, dans la psyché et dans l'esprit. En effet, la personne humaine est un tout, et ses différentes dimensions peuvent et doivent être distinguées, mais pas être séparées.

 

 

12 février 2006 – Angelus

     La maladie est un trait typique de la condition humaine, qui peut devenir une métaphore réaliste de celle-ci, comme l'exprime saint Augustin dans l'une de ses prières:  "Seigneur, ayez pitié de moi! Hélas! Voilà mes blessures, je ne les cache pas. Vous êtes le médecin, je suis le malade; vous êtes miséricordieux, je suis un misérable". (Conf. Livre X, n. 39).

     Le Christ est le vrai "médecin" de l'humanité, que le Père céleste a envoyé dans le monde pour guérir l'homme, marqué dans son corps et son esprit par le péché et ses conséquences. L'Evangile de Marc nous présente Jésus qui, au début de son ministère public se consacre tout entier à la prédication et à la guérison des malades dans les villages de Galilée. Les innombrables signes prodigieux qu'il accomplit sur les malades confirment la "bonne nouvelle" du Royaume de Dieu. L'Evangile raconte la guérison d'un lépreux et exprime avec une grande force l'intensité de la relation entre Dieu et l'homme, résumée dans un merveilleux dialogue:  "Si tu le veux, tu peux me purifier", dit le lépreux. "Je le veux, sois purifié", répond Jésus, le touchant de la main et le libérant de la lèpre (Mc 1, 40-42). Nous voyons ici en quelque sorte concentrée toute l'histoire du salut:  ce geste de Jésus qui tend la main et touche le corps couvert de plaies de la personne qui l'invoque, manifeste parfaitement la volonté de Dieu de guérir sa créature déchue, en lui redonnant la vie "en abondance" (Jn 10, 10), la vie éternelle, pleine, heureuse. Le Christ est "la main" de Dieu tendue à l'humanité pour qu'elle puisse sortir des sables mouvants de la maladie et de la mort et se remettre debout sur le roc solide de l'amour divin (cf. Ps 39, 2-3).

     Je voudrais aujourd'hui confier à Marie "Salus infirmorum" tous les malades, spécialement ceux qui, dans le monde entier, souffrent non seulement d'un problème de santé mais aussi de la solitude, de la pauvreté, de la marginalisation. J'adresse une pensée particulière également à ceux qui dans les hôpitaux et tout autre centre de soins assistent les malades et mettent tout en oeuvre pour leur guérison. Que la Sainte Vierge Marie aide chacun à trouver le réconfort dans le corps et dans l'esprit, grâce à une assistance médicale adaptée et à la charité fraternelle qui sait être attentive, concrète et solidaire.

 

 

 

 

 

 

2 mars 2006 – Avec les prêtres du Diocèse de Rome

     J'ai toujours pensé que le service premier du prêtre est de servir les malades, les personnes qui souffrent, car le Seigneur est surtout venu pour être avec les malades. Il est venu pour partager nos souffrances et pour nous guérir. A l'occasion de leur visite "ad limina", je dis toujours aux Evêques africains que les deux piliers de notre travail sont l'éducation - c'est-à-dire la formation de l'homme, qui implique de nombreuses dimensions comme l'éducation pour apprendre, le professionnalisme, l'éducation à l'intimité de la personne - et la guérison. Le service fondamental, essentiel de l'Eglise est donc celui de guérir. C'est précisément dans les pays africains que se réalise tout cela: l'Eglise offre la guérison. Elle présente les personnes qui aident les malades, qui aident à guérir dans le corps et dans l'âme. Il me semble donc que nous devons voir précisément dans le Seigneur, notre modèle de prêtre pour guérir, pour aider, pour assister, pour accompagner vers la guérison. Cela est fondamental pour l'engagement de l'Eglise; cela est la forme fondamentale de l'amour et cela est donc l'expression fondamentale de la foi. En conséquence, cela est aussi le point central du sacerdoce.
 

 

 

6 avril 2006 -  Rencontre avec les jeunes du diocèse de Rome, Place Saint Pierre

      Une culture de la consommation fausse notre vie en raison d'un relativisme qui semble tout nous permettre, mais qui en réalité nous vide. Mais alors, écoutons la Parole de Dieu à ce propos. Pour ma part, j'ai trouvé qu'il était très beau que dès les premières pages de l'Ecriture Sainte, immédiatement après le récit de la Création de l'homme, nous trouvions la définition de l'amour et du mariage. L'auteur sacré nous dit:  "Ainsi donc, l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux ne feront qu'une seule chair, une seule existence". Nous sommes au début et nous trouvons déjà une prophétie de ce qu'est le mariage; et cette définition demeure identique également dans le Nouveau Testament. Le mariage signifie suivre l'autre dans l'amour et devenir ainsi une seule existence, une seule chair, et donc inséparables; une nouvelle existence qui naît de cette communion d'amour, qui unit et crée ainsi également l'avenir. Les théologiens du Moyen-Age, en interprétant cette affirmation qui se trouve au début de l'Ecriture Sainte, ont dit que des sept Sacrements, le mariage a été le premier institué par Dieu, ayant été déjà institué au moment de la création, au Paradis, au début de l'histoire, et avant toute histoire humaine. Il s'agit d'un sacrement du Créateur de l'univers, et donc inscrit précisément dans l'être humain lui-même, qui est orienté vers ce chemin, dans lequel l'homme abandonne ses parents et s'unit à sa femme pour former une seule chair, afin que les deux ne deviennent qu'une seule existence. Le sacrement du mariage n'est donc pas une invention de l'Eglise, il a réellement été "co-créé" avec l'homme en tant que tel, en tant que fruit du dynamisme de l'amour, dans lequel l'homme et la femme se trouvent mutuellement et trouvent ainsi également le Créateur qui les a appelés à l'amour. Il est vrai que l'homme est tombé et a été chassé du Paradis, ou, en d'autres termes, plus modernes, il est vrai que toutes les cultures ont été souillées par le péché, par les erreurs de l'homme dans son histoire, et ainsi, le dessein initial inscrit dans notre nature apparaît obscurci. En effet, dans les cultures humaines, nous trouvons cet obscurcissement du dessein originel de Dieu. Dans le même temps, toutefois, en observant les cultures, toute l'histoire culturelle de l'humanité, nous constatons également que l'homme n'a jamais pu totalement oublier ce dessein qui existe dans la profondeur de son être. Il a toujours su, en un certain sens, que les autres formes de relations entre l'homme et la femme ne correspondaient pas réellement au dessein originel de son être. Et ainsi, dans les cultures, en particulier dans les grandes cultures, nous constatons toujours à nouveau qu'elles s'orientent vers cette réalité, la monogamie, l'homme et la femme ne faisant qu'une seule chair. Ainsi, c'est dans la fidélité, que peut croître une nouvelle génération, que peut se poursuivre une tradition culturelle, se renouvelant et réalisant, dans la continuité, un progrès authentique.

    Le Seigneur, qui a parlé de cela dans la langue des prophètes d'Israël, en évoquant la permission de divorcer de la part de Moïse, a dit:  "C'est en raison de votre dureté de coeur". Après le péché, le coeur est devenu "dur", mais tel n'était pas le dessein du Créateur et les Prophètes ont insisté toujours plus clairement sur ce dessein originel. Pour renouveler l'homme, le Seigneur - en faisant allusion aux voix prophétiques qui ont toujours guidé Israël vers la clarté de la monogamie - a reconnu avec Ezéchiel que nous avons besoin - pour vivre cette vocation, d'un coeur nouveau; au lieu du coeur de pierre - comme dit Ezéchiel - nous avons besoin d'un coeur de chair, d'un coeur véritablement humain. Et le Seigneur, dans le Baptême, à travers la foi, "greffe" en nous ce coeur nouveau. Il ne s'agit pas d'une greffe physique, mais nous pouvons peut-être nous servir précisément de cette comparaison:  après la greffe, il est nécessaire que l'organisme soit soigné, qu'il dispose des médicaments nécessaires pour pouvoir vivre avec son nouveau coeur, afin qu'il devienne "son coeur", et non le "coeur d'un autre". Dans cette "greffe spirituelle", où le Seigneur nous offre un coeur nouveau, un coeur ouvert au Créateur, à la vocation de Dieu, pour pouvoir vivre avec ce coeur nouveau, nous avons encore plus besoin de traitements adéquats, il faut avoir recours à des médicaments adaptés afin qu'il devienne véritablement  "notre  coeur". En vivant ainsi dans la communion avec le Christ, avec son Eglise, le nouveau coeur devient réellement "notre coeur" et le mariage devient possible. L'amour exclusif entre un homme et une femme, la vie à deux projetée par le Créateur devient possible, même si le climat de notre monde la rend difficile, jusqu'à la faire apparaître impossible.

     Le Seigneur nous donne un coeur nouveau et nous devons vivre avec ce coeur nouveau, en utilisant les thérapies opportunes afin qu'il soit réellement "le nôtre". C'est ainsi que nous vivons ce que le Créateur nous a donné et cela engendre une vie véritablement heureuse. En effet, nous pouvons le voir également dans ce monde, en dépit des nombreux autres modèles de vie:  il existe tant de familles chrétiennes qui vivent avec fidélité et joie la vie et l'amour indiqués par le Créateur et c'est ainsi que se développe une nouvelle humanité.

     Et enfin, j'ajouterais:  nous savons tous que pour arriver à un objectif dans le sport et au niveau professionnel, la discipline et les sacrifices sont nécessaires, mais ensuite, tout cela est couronné par le succès d'avoir atteint un objectif tant désiré. De la même façon, la vie elle-même, c'est-à-dire devenir hommes selon le dessein de Jésus, exige des sacrifices; toutefois, ils ne sont pas une chose négative, au contraire, ils aident à vivre en tant qu'homme avec un coeur nouveau, à vivre une vie véritablement humaine et heureuse. Etant donné qu'il existe une culture hédoniste qui veut nous empêcher de vivre selon le dessein du Créateur, nous devons avoir le courage de créer des îlots, des oasis, puis de grands terrains de culture catholique, dans lesquels vivre le dessein du Créateur.

 

 

 

13 avril 2006 – Homélie Messe In Cena Domini

     Dieu descend et devient esclave, il nous lave les pieds afin que nous puissions prendre place à sa table. En cela s'exprime tout le mystère de Jésus Christ. En cela devient visible ce que signifie sa rédemption. Le bain dans lequel il nous lave est son amour prêt à affronter la mort. Seul l'amour a cette force purificatrice qui nous ôte notre impureté et nous élève à la hauteur de Dieu. Le bain qui nous purifie c'est Lui-même qui se donne totalement à nous - jusqu'aux profondeurs de sa souffrance et de sa mort. Il est en permanence cet amour qui nous lave; dans les sacrements de la purification - le baptême et le sacrement de la pénitence - Il est sans cesse agenouillé à nos pieds et nous rend le service de l'esclave, le service de la purification, il nous rend aptes à recevoir Dieu. Son amour est intarissable, il va vraiment jusqu'au bout.

    "Vous aussi, vous êtes purs, mais pas tous", nous dit le Seigneur (Jn 13, 10). Dans cette phrase se révèle le grand don de la purification qu'Il nous fait, parce qu'il a le désir d'être à table avec nous, de devenir notre nourriture. "Mais pas tous" - il existe l'obscur mystère du refus, qui apparaît avec l'épisode de Judas et, précisément le Jeudi Saint, le jour où Jésus fait don de lui-même, doit nous faire réfléchir. L'amour du Seigneur ne connaît pas de limites, mais l'homme peut y mettre une limite.

     "Vous êtes purs, mais pas tous": qu'est-ce qui rend l'homme impur? C'est le refus de l'amour, ne pas vouloir être aimé, ne pas aimer. C'est l'orgueil qui croit n'avoir besoin d'aucune purification, qui se ferme à la bonté salvatrice de Dieu. C'est l'orgueil qui ne veut pas confesser et reconnaître que nous avons besoin de purification. En Judas nous voyons la nature de ce refus encore plus clairement. Il évalue Jésus selon les catégories du pouvoir et du succès: pour lui, seuls le pouvoir et le succès sont une réalité, l'amour ne compte pas. Et il est avide: l'argent est plus important que la communion avec Jésus, plus important que Dieu et que son amour. Ainsi, il devient aussi un menteur, qui joue un double jeu et se détache de la vérité; une personne qui vit dans le mensonge et perd ainsi le sens de la vérité suprême, de Dieu. De cette façon, il s'endurcit, il devient incapable de conversion, du retour confiant du fils prodigue, et il jette la vie détruite.

     "Vous êtes purs, mais pas tous". Le Seigneur nous met aujourd'hui en garde contre cette autosuffisance qui pose une limite à son amour illimité. Il nous invite à imiter son humilité, à nous remettre à celle-ci, à nous laisser "contaminer" par celle-ci. Il nous invite - pour autant que nous puissions nous sentir égarés - à revenir à la maison et à permettre à sa bonté purificatrice de nous réconforter et de nous faire entrer dans la communion du banquet avec Lui, avec Dieu lui-même.

    Ajoutons un dernier mot à propos de ce passage évangélique fécond: "C'est un exemple que je vous ai donné" (Jn 13, 15); "Vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres" (Jn 13, 14). En quoi consiste le fait de "nous laver les pieds les uns les autres"? Qu'est-ce que cela signifie concrètement? Voilà, toute œuvre de bonté pour l'autre - en particulier pour ceux qui souffrent et pour ceux qui sont peu estimés - est un service de lavement des pieds. Le Seigneur nous appelle à cela: descendre, apprendre l'humilité et le courage de la bonté et également la disponibilité à accepter le refus, mais toutefois se fier à la bonté et persévérer en elle. Mais il existe une dimension encore plus profonde. Le Seigneur ôte notre impureté avec la force purificatrice de sa bonté. Nous laver les pieds les uns les autres signifie surtout nous pardonner inlassablement les uns les autres, recommencer toujours à nouveau ensemble, même si cela peut paraître inutile. Cela signifie nous purifier les uns les autres en nous supportant mutuellement et en acceptant d'être supportés par les autres; nous purifier les uns les autres en nous donnant mutuellement la force sanctifiante de la Parole de Dieu et en nous introduisant dans le Sacrement de l'amour divin.

 

 

9 octobre 2006 – Aux Evêques du Canada-Occidental en Visite Ad Limina

     Le sacrement de la

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