Benoît XVI de A à Z

Tentation

2005



26 mai 2005 - Homélie Messe Corpus Domini
L'Eucharistie est, pour la foi, un mystère d'intimité. Le Seigneur a institué le Sacrement du Cénacle, entouré de sa nouvelle famille, des douze apôtres, préfiguration et anticipation de l'Eglise de tous les temps. C'est pourquoi, dans la liturgie de l'Eglise antique, la distribution de la sainte communion était introduite par les paroles suivantes: Sancta sanctis - le don saint est destiné à ceux qui sont rendus saints. On répondait de cette façon à l'avertissement de saint Paul aux Corinthiens: "Que chacun donc s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe" (1 Co 11, 28). Toutefois, de cette intimité, qui est un don très personnel du Seigneur, la force du sacrement de l'Eucharistie va au-delà des murs de notre Eglise. Dans ce Sacrement, le Seigneur est toujours en marche vers le monde. Cet aspect universel de la présence eucharistique apparaît dans la procession de notre fête. Nous portons le Christ, présent dans la figure du pain, dans les rues de notre ville. Nous confions ces rues, ces maisons - notre vie quotidienne - à sa bonté. Que nos rues soient les routes de Jésus! Que nos maisons soient des maisons pour lui et avec lui! Que notre vie de tous les jours soit empreinte de sa présence. Avec ce geste, nous plaçons sous son regard les souffrances des malades, la solitude des jeunes et des personnes âgées, les tentations, les peurs - toute notre vie.



10 juin 2005 - A des Evêques d'Afrique en Visite Ad Limina
Un monde rempli de tentations a besoin de prêtres entièrement consacrés à leur propre mission. En conséquence, il leur est demandé de façon très particulière de s'ouvrir complètement au service des autres, comme le fit le Christ en accueillant le don du célibat. Les Evêques devraient les assister en faisant en sorte que ce don ne devienne jamais un fardeau, mais reste toujours une source de vie. Une façon d'atteindre cet objectif est de réunir les ministres de la parole et des Sacrements, afin qu'ils reçoivent une formation permanente et participent à des retraites et à des journées de recueillement.



18 août 2005 - JMJ Cologne - Discours d'accueil des jeunes
Nous sommes ici à Cologne, pèlerins à la suite des Mages. Selon la tradition, leurs noms en langue grecque étaient Melchior, Gaspard et Balthazar. Dans son Evangile, Matthieu rapporte la question qui brûlait le coeur des Mages: "Où est le Roi des Juifs qui vient de naître?" (2, 2). C'est pour Le rechercher qu'ils avaient fait le long voyage jusqu'à Jérusalem. C'est pour cela qu'ils avaient supporté fatigues et privations, sans céder au découragement, ni à la tentation de retourner sur leurs pas. Maintenant qu'ils étaient proches du but, ils n'avaient pas d'autres questions à poser que celle-là. Nous aussi, nous sommes venus à Cologne parce que nous avons entendu résonner dans notre coeur, bien que sous une autre forme, la même question qui avait poussé les hommes de l'Orient à se mettre en chemin. Il est vrai que nous aujourd'hui nous ne cherchons plus un roi; mais nous sommes préoccupés par l'état du monde et nous demandons: Où puis-je trouver les critères pour ma vie, les critères pour collaborer de manière responsable à l'édification du présent et de l'avenir de notre monde? A qui puis-je faire confiance - à qui me confier? Où est Celui qui peut m'offrir la réponse satisfaisante aux attentes de mon coeur? Poser de telles questions signifie avant tout reconnaître que le chemin ne peut pas s'achever avant d'avoir rencontré Celui qui a le pouvoir d'instaurer son Royaume universel de justice et de paix, auquel les hommes aspirent, mais qu'ils ne savent pas construire tout seuls. Poser de telles questions signifie aussi chercher Quelqu'un qui ne se trompe pas et qui ne peut pas tromper, et qui est donc en mesure d'offrir une certitude assez forte pour permettre de vivre pour elle et, si nécessaire aussi, de mourir.



8 décembre 2005 - Angelus - Solennité de l'Immaculée Conception
En regardant la Vierge, comment ne pas la laisser réveiller en nous, ses fils, l'aspiration à la beauté, à la bonté et à la pureté du cœur ? Sa candeur céleste nous attire vers Dieu, nous aidant à surmonter la tentation d'une vie médiocre, faite de compromis avec le mal, pour nous guider de façon décidée vers le bien authentique, qui est source de joie.



18 décembre 2005 - Homélie Messe dans la paroisse romaine de Casalbertone
"Je suis la servante du Seigneur, qu'il m'advienne selon ta parole". Marie anticipe ainsi la troisième invocation du Notre Père : "Que ta volonté soit faite". Elle dit "oui" à la grande volonté de Dieu, une volonté apparemment trop grande pour un être humain ; Marie dit "oui" à cette volonté divine, elle se place dans cette volonté, elle insère toute son existence à travers un grand "oui" dans la volonté de Dieu et ouvre ainsi la porte du monde à Dieu. Adam et Eve, avec leur "non" à la volonté de Dieu, avaient fermé cette porte. "Que la volonté de Dieu soit faite": Marie nous invite nous aussi à prononcer ce "oui" qui apparaît parfois si difficile. Nous sommes tentés de préférer notre volonté, mais Elle nous dit: "Sois courageux, dis toi aussi : "Que ta volonté soit faite", car cette volonté est bonne". Tout d'abord elle peut apparaître comme un poids presque insupportable, un joug qu'il n'est pas possible de porter; mais en réalité, la volonté de Dieu n'est pas un poids, la volonté de Dieu nous donne des ailes pour voler haut, et nous pouvons ainsi aussi oser, avec Marie, ouvrir à Dieu la porte de notre vie, les portes de ce monde, en disant "oui" à sa volonté, en ayant conscience que cette volonté est le vrai bien et nous guide vers le vrai bonheur. Prions Marie, la Consolatrice, notre Mère, la Mère de l'Eglise, pour qu'elle nous donne le courage de prononcer ce "oui", qu'elle nous donne également cette joie d'être avec Dieu et qu'elle nous guide vers son Fils, vers la vraie Vie.



2006



8 janvier 2006 - Homélie Messe Baptêmes - Chapelle Sixtine
Le Baptême - comme nous l'avons vu - est un don ; le don de la vie. Mais un don doit être accueilli, doit être vécu. Un don d'amitié implique un « oui » à l'ami et implique un « non » à ce qui n'est pas compatible avec cette amitié, à ce qui est incompatible avec la vie de la famille de Dieu, avec la vraie vie dans le Christ. Et ainsi, dans ce second dialogue, sont prononcés trois « non » et trois « oui ». On dit « non » et on renonce aux tentations, au péché, au diable. Ces choses, nous les connaissons bien, mais peut-être justement pour les avoir entendues trop souvent, ces paroles ne nous disent pas grand chose. Alors, nous devons un peu approfondir les contenus de ces « non ». A quoi disons-nous « non » ? C'est le seul moyen de comprendre à quoi nous voulons dire « oui ».

Dans l'Eglise antique, ces « non» étaient résumés en une parole qui pour les hommes de ce temps était bien compréhensible : on renonce - disait-on - à la « pompa diabuli », c'est-à-dire à la promesse de vie en abondance, à cette apparence de vie qui semblait venir du monde païen, de ses libertés, de sa manière de vivre uniquement selon son bon plaisir. C'était donc un « non » à une culture apparemment d'abondance de la vie, mais qui en réalité était une « anticulture » de la mort. C'était un « non » à ces spectacles où la mort, la cruauté, la violence étaient devenus divertissement. Pensons à ce qui était organisé au Colisée ou ici, dans les jardins de Néron, où les hommes étaient brûlés comme des torches vivantes. La cruauté et la violence étaient devenues un motif de divertissement, une vraie perversion de la joie, du vrai sens de la vie. Cette « pompa diabuli », cette « anticulture » de la mort était une perversion de la joie, était amour du mensonge, de la tromperie, était un abus du corps comme marchandise et comme commerce.

Et si nous réfléchissons à présent, nous pouvons dire qu'à notre époque aussi il est nécessaire de dire « non » à la culture largement dominante de la mort. Une « anticulture » qui se manifeste, par exemple, dans la drogue, dans la fuite de la réalité au profit de l'illusion, dans un bonheur faux qui s'exprime dans le mensonge, dans la tromperie, dans l'injustice, dans le mépris de l'autre, de la solidarité, de la responsabilité envers les pauvres et les personnes qui souffrent; qui s'exprime dans une sexualité qui devient un pur divertissement sans responsabilité, qui devient une « chosification » - pour ainsi dire - de l'homme, qui n'est plus considéré comme une personne, digne d'un amour personnel qui exige fidélité, mais devient une marchandise, un simple objet. A cette promesse de bonheur apparent, à cette « pompa » d'une vie apparente qui en réalité est seulement un instrument de mort, à cette « anticulture », nous disons « non », pour cultiver la culture de la vie. C'est pourquoi le « oui » chrétien, des temps antiques jusqu'à aujourd'hui, est un grand « oui » à la vie. C'est notre « oui » au Christ, le « oui » au vainqueur de la mort et le « oui » à la vie dans le temps et dans l'éternité.

Comme dans ce dialogue baptismal, le « non » est articulé autour de trois renonciations, de même le « oui » s'articule autour de trois adhésions: « oui » au Dieu vivant, c'est-à-dire au Dieu créateur, à une raison créatrice qui donne sens au cosmos et à notre vie; « oui » au Christ, c'est-à-dire à un Dieu qui n'est pas resté caché mais qui a un nom, qui a des paroles, qui est fait de corps et de sang; à un Dieu concret qui nous donne la vie et nous montre le chemin de la vie; « oui » à la communion de l'Eglise, dans laquelle le Christ est le Dieu vivant, qui entre dans notre temps, entre dans notre profession, entre dans la vie de chaque jour.



1er mars 2006 - Homélie Messe des Cendres
Un aspect de la spiritualité quadragésimale est celui que nous pourrions définir de "compétition", et qui ressort de la prière de la "collecte" d'aujourd'hui, où il est question d'"armes" de la pénitence et de "lutte" contre l'esprit du mal. Chaque jour, mais en particulier au cours du Carême, le chrétien doit affronter une lutte comme celle que le Christ a soutenue dans le désert de Judée, où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable, puis au Gethsémani, lorsqu'il repoussa la tentation extrême en acceptant jusqu'au bout la volonté du Père. Il s'agit d'une lutte spirituelle, qui est dirigée contre le péché, et, en ultime analyse, contre Satan. C'est une lutte qui engage la personne tout entière, et qui exige une vigilance attentive et constante. Saint Augustin observe que celui qui veut marcher dans l'amour de Dieu et dans sa miséricorde ne peut se contenter de se libérer des péchés graves et mortels, mais "accomplit la vérité en reconnaissant également les péchés que l'on considère moins graves... et vient à la lumière en accomplissant des œuvres dignes. Même les péchés moins graves, s'ils sont négligés, prolifèrent et conduisent à la mort" (In Io. evang. 12, 13, 35).



9 octobre 2006 - Aux Evêques du Canada-Occidental en Visite Ad Limina
"Il fallait bien festoyer et se réjouir [...] il est revenu à la vie; il était perdu et il est retrouvé" (Lc 15, 32)….

La parabole du fils prodigue est l'un des passages les plus appréciés de l'Ecriture Sainte. Sa profonde illustration de la Miséricorde de Dieu et l'important désir humain de conversion et de réconciliation, ainsi que la restauration des relations brisées, parlent aux hommes et aux femmes de tout âge. La tentation de l'homme d'exercer sa liberté en prenant de la distance par rapport à Dieu est fréquente. Or l'expérience du fils prodigue nous fait constater à la fois dans l'histoire et dans nos propres vies que, lorsque la liberté est recherchée en dehors de Dieu, le résultat est négatif : perte de la dignité personnelle, confusion morale et désintégration sociale. Cependant, l'amour passionné du Père pour l'humanité est vainqueur de l'orgueil humain. Prodigué gratuitement, c'est un amour qui pardonne et qui conduit les personnes à entrer plus profondément dans la communion de l'Eglise du Christ. Il offre vraiment pour tous les peuples l'unité en Dieu et, comme cela est parfaitement manifesté par le Christ sur la Croix, il réconcilie justice et amour (cfr Deus caritas est, n. 10).

Et que dire du frère aîné ? Ne représente-t-il pas, dans un certain sens, également, tous les hommes et toutes les femmes; peut-être en particulier ceux qui s'éloignent tristement de l'Eglise ? Sa manière de rationaliser sa propre attitude et ses propres actions suscite une certaine sympathie, et pourtant, en dernière analyse, elle illustre son incapacité à comprendre l'amour inconditionnel. Incapable de penser au-delà des limites de la justice naturelle, il demeure pris au piège de l'envie et de l'orgueil détaché de Dieu, isolé des autres, et mal à l'aise avec lui-même…



2007



24 janvier 2007 - Audience Générale
L'œcuménisme est assurément un processus lent, parfois peut-être même décourageant lorsque l'on cède à la tentation d'« entendre » et non pas d'« écouter », de parler à demi-mot, au lieu de proclamer avec courage. Il n'est pas facile d'abandonner une « surdité commode », comme si l'Evangile immuable n'avait pas la capacité de refleurir, en se réaffirmant comme un levain providentiel de conversion et de renouveau spirituel pour chacun de nous. L'œcuménisme - ai-je dit - est un processus lent, c'est un chemin lent et ascensionnel, comme chaque chemin de repentir. C'est cependant un chemin qui, après les difficultés initiales et précisément dans celles-ci, présente également de vastes espaces de joie, des haltes rafraîchissantes, et qui permet de temps en temps de respirer à pleins poumons l'air très pur de la pleine communion.



2 février 2007 - Aux religieux, religieuses et consacrées, pour la XIème Journée Mondiale de la Vie Consacrée
C'est en premier lieu le Seigneur qui, selon ses projets, la conduit à bon port. Cette certitude que le Seigneur nous conduit à bon port, malgré nos faiblesses, doit être un réconfort pour vous, en vous préservant de la tentation et du découragement face aux inévitables difficultés de la vie et aux multiples défis de l'époque moderne.



10 mai 2007 - Avec les jeunes, au Brésil
Ayez un grand respect pour l'institution du Sacrement du Mariage. Il ne pourra pas y avoir de bonheur véritable dans les foyers si, dans le même temps, il n'y a pas de fidélité entre les époux. Le mariage est une institution de droit naturel, qui a été élevée par le Christ à la dignité de Sacrement; c'est un grand don que Dieu a fait à l'humanité. Respectez-le, vénérez-le. Dans le même temps, Dieu vous appelle à vous respecter les uns les autres également lorsque vous tombez amoureux et vous vous fiancez, car la vie conjugale, qui par disposition divine est réservée aux couples mariés, sera une source de bonheur et de paix uniquement dans la mesure où vous saurez faire de la chasteté, en dehors et à l'intérieur du mariage, un rempart de vos espérances futures. Je vous répète ici à tous que "l'eros veut nous élever [...] vers le Divin, nous conduire au-delà de nous-mêmes, mais c'est précisément pourquoi est requis un chemin de montée, de renoncements, de purifications et de guérisons" (Lettre encyclique Deus caritas est [25 décembre 2005], n. 5). En peu de mots, il requiert un esprit de sacrifice et de renoncement pour un bien plus grand, qui est précisément l'amour de Dieu sur toutes les choses. Essayez de résister avec force aux pièges du mal existant dans de nombreux milieux, qui vous pousse à une vie dissolue, paradoxalement vide, en vous faisant égarer le don précieux de votre liberté et de votre vrai bonheur. Le véritable amour "cherchera toujours plus le bonheur de l'autre, il se préoccupera toujours plus de l'autre, il se donnera et il désirera "être pour" l'autre" (ibid., n. 7) et, pour cette raison, sera toujours plus fidèle, indissoluble et fécond.

Comptez dans ce but sur l'aide de Jésus Christ qui, par sa grâce, rendra cela possible (cf. Mt 19, 26). La vie de foi et de prière vous conduira sur les voies de l'intimité avec Dieu et de la compréhension de la grandeur des projets qu'il a pour chaque personne.



11 mai 2007 - Homélie Messe Canonisation de Frère Antonio de Sant'Anna Galvão, au Brésil.
Le monde a besoin de vies transparentes, d'âmes claires, d'intelligences simples, qui refusent d'être considérées comme des créatures objets de plaisir. Il est nécessaire de dire non à ces moyens de communication sociale qui tournent en ridicule la sainteté du mariage et la virginité avant le mariage.

C'est précisément là que nous est donnée dans la Vierge la meilleure défense contre les maux qui affligent la vie moderne; la dévotion mariale est la garantie certaine de protection maternelle et de tutelle à l'heure de la tentation. Et quelle ne sera pas cette mystérieuse présence de la Vierge Très pure, lorsque nous invoquerons sa protection et son aide.



24 juillet 2007 - Avec les prêtres du diocèse de Belluno
D.: Je m'appelle Dom Samuele. Nous assistons toujours plus à une augmentation considérable de situations de personnes divorcées qui se remarient, vivent ensemble et nous demandent à nous, prêtres, de les aider dans leur vie spirituelle. Ce sont des personnes qui portent souvent en elles la douloureuse demande d'accéder aux sacrements. Il s'agit de réalités qui exigent de nous une confrontation et également un partage des souffrances qu'elles comportent. Très Saint-Père, je vous demande au moyen de quels comportements humains, spirituels et pastoraux nous pouvons unir miséricorde et vérité. Merci.

R.: C'est vrai, il s'agit d'un problème douloureux, et il n'existe certainement pas de recette simple qui puisse le résoudre. Nous souffrons tous de ce problème, car nous connaissons tous des personnes qui sont dans cette situation et nous savons que pour elles, il s'agit d'une douleur et d'une souffrance, car elles veulent rester en pleine communion avec l'Eglise. Ce lien du mariage précédent est un lien qui limite leur participation à la vie de l'Eglise. Que faire? Je dirais qu'un premier point serait naturellement la prévention, pour autant que cela soit possible. La préparation au mariage devient toujours plus fondamentale et nécessaire. Le Droit canonique suppose que l'homme en tant que tel, même sans grande instruction, entende contracter un mariage selon la nature humaine, comme cela est indiqué dans les premiers chapitres de la Genèse. C'est un homme, il est de nature humaine et il sait donc ce que signifie le mariage. Il entend faire ce que lui dicte la nature humaine. C'est sur cette affirmation que se fonde le Droit canonique. C'est une chose qui s'impose d'elle-même: l'homme est homme, la nature est celle-ci et lui dicte cela. Mais aujourd'hui, cet axiome selon lequel l'homme entend faire ce qui est dans sa nature, un mariage unique, fidèle, se transforme en un axiome un peu différent. "Volunt contrahere matrimonium sicut ceteri homines". Ce n'est plus simplement la nature qui parle, mais les "ceteri homines", ce que tous font. Et ce que tous font aujourd'hui n'est plus simplement le mariage naturel selon le Créateur, selon la création. Ce que font les "ceteri homines", est de se marier dans l'idée qu'un jour, le mariage puisse échouer, et que l'on puisse passer ainsi à un deuxième, et à un troisième, puis à un quatrième mariage. Ce modèle, "comme tous le font", devient ainsi un modèle en opposition avec ce que dit la nature. Il devient ainsi normal de se marier, de divorcer, de se remarier et personne ne pense qu'il s'agit d'une chose qui va contre la nature humaine ou tout au moins, on rencontre difficilement quelqu'un qui soit de cet avis. C'est pourquoi pour aider à arriver réellement au mariage, non seulement dans le sens d'Eglise, mais du Créateur, nous devons retrouver la capacité d'écouter la nature. …Redécouvrir derrière ce que tous font ce que nous dit la nature elle-même, qui parle de façon différente de cette habitude moderne. En effet, elle nous invite au mariage pour la vie, dans une fidélité pour la vie, également avec les souffrances que comporte grandir ensemble dans l'amour. C'est pourquoi, les cours de préparation au mariage devraient consister à écouter à nouveau la voix de la nature, du Créateur, redécouvrir derrière tout ce que font les "ceteri homines" ce que nous dit notre être même, au plus profond de nous. Dans cette situation donc, entre ce que tous font et ce que dit notre être, les cours de préparation devraient être un chemin de redécouverte pour apprendre à nouveau ce que nous dit notre être, nous aider à parvenir à une véritable décision sur le mariage selon le Créateur et selon le Rédempteur. Donc, ces cours de préparation pour "se connaître soi-même", pour apprendre la véritable volonté matrimoniale, sont d'une grande importance. Mais la préparation ne suffit pas, car les crises profondes viennent après. C'est la raison pour laquelle un accompagnement permanent pendant les dix premières années au moins, est très important. C'est pourquoi, dans la paroisse, il faut non seulement se soucier des cours de préparation, mais également de la communion sur le chemin qui suit, de l'accompagnement, de l'aide réciproque. Que les prêtres, mais pas seulement eux, également les familles, qui ont déjà traversé une expérience semblable, qui connaissent ces souffrances, ces tentations, soient présents dans les moments de crise. Il est important de garantir la présence d'un réseau de familles qui s'aident et divers mouvements peuvent apporter une grande contribution. La première partie de ma réponse prend en compte la prévention, non seulement dans le sens de préparer, mais d'accompagner, la présence d'un réseau de familles qui apporte une aide dans cette situation moderne, où tout s'oppose à la fidélité à vie. Il faut aider à trouver, à apprendre également à travers la souffrance, cette fidélité. Toutefois, en cas d'échec, c'est-à-dire si les époux ne se montrent pas capables de demeurer fidèles à leur volonté originelle, il reste toujours la question de savoir s'il existait réellement une volonté, dans le sens de sacrement. Et il y a éventuellement le procès de déclaration de nullité. S'il s'agissait d'un vrai mariage et qu'ils ne peuvent donc pas se remarier, la présence permanente de l'Eglise aide ces personnes à supporter une autre souffrance. Dans le premier cas, nous avons la souffrance de surmonter cette crise, d'apprendre à parvenir à une fidélité difficile et mûrie. Dans le second cas, nous avons la souffrance de se trouver dans un lien nouveau, qui n'est pas celui du sacrement et qui ne permet donc pas la pleine communion aux sacrements de l'Eglise. Ici, il faudrait enseigner et apprendre à vivre avec cette souffrance. …. Nous devons, dans notre génération, et dans notre culture, redécouvrir la valeur de la souffrance, apprendre que la souffrance peut être une réalité très positive, qui nous aide à mûrir, à devenir davantage nous-mêmes, plus proches du Seigneur qui a souffert pour nous et qui souffre avec nous. Dans cette seconde situation également, la présence du prêtre, des familles et des mouvements est donc d'une très grande importance; de même que l'est également la communion personnelle et communautaire dans ces situations, l'aide de l'amour du prochain, qui est un amour tout à fait spécifique. Et je pense que seul cet amour ressenti par l'Eglise, qui se réalise à travers un multiple accompagnement, peut aider ces personnes à se sentir aimées par le Christ, membres de l'Eglise, même si elles sont dans une situation difficile, et ainsi vivre leur foi.



2008



28 janvier 2008 - Aux participants d'un Congrès sur « L'identité changeante de l'individu ».
Alors que les sciences exactes, naturelles et humaines sont parvenues à de prodigieuses avancées sur la connaissance de l'homme et de son univers, la tentation est grande de vouloir circonscrire totalement l'identité de l'être humain et de l'enfermer dans le savoir que l'on peut en avoir...

À notre époque où le développement des sciences attire et séduit par les possibilités offertes, il importe plus que jamais d'éduquer les consciences de nos contemporains, pour que la science ne devienne pas le critère du bien, et que l'homme soit respecté comme le centre de la création et qu'il ne soit pas l'objet de manipulations idéologiques, ni de décisions arbitraires ni non plus d'abus des plus forts sur les plus faibles. Autant de dangers dont nous avons pu connaître les manifestations au cours de l'histoire humaine, et en particulier au cours du vingtième siècle.



9 avril 2008 - Audience Générale
Aujourd'hui, l'Europe - à peine sortie d'un siècle profondément blessé par deux guerres mondiales et après l'effondrement des grandes idéologies qui se sont révélées de tragiques utopies - est à la recherche de sa propre identité. Pour créer une unité nouvelle et durable, les instruments politiques, économiques et juridiques sont assurément importants, mais il faut également susciter un renouveau éthique et spirituel qui puise aux racines chrétiennes du continent, autrement on ne peut pas reconstruire l'Europe. Sans cette sève vitale, l'homme reste exposé au danger de succomber à l'antique tentation de vouloir se racheter tout seul - une utopie qui, de différentes manières, a causé dans l'Europe du XXe siècle, comme l'a remarqué le Pape Jean-Paul II, « un recul sans précédent dans l'histoire tourmentée de l'humanité » (Insegnamenti, XIII/1, 1990, p. 58).



18 juillet 2008 - rencontre œcuménique dans la crypte de la cathédrale de Sydney
Chers amis dans le Christ, je pense que vous serez d'accord pour constater que le mouvement œcuménique est parvenu à un point critique. Pour progresser, nous devons sans cesse demander à Dieu de renouveler nos esprits par la grâce de l'Esprit Saint (cf. Rm 12, 2), qui nous parle à travers les Écritures et nous conduit à la vérité tout entière (cf. 2 P 1, 20-21 ; Jn 16, 13). Nous devons nous garder de la tentation de considérer la doctrine comme une cause de division et, par conséquent, comme un empêchement à ce qui semble être la tâche immédiate la plus urgente pour améliorer le monde dans lequel nous vivons. En réalité, l'histoire de l'Église démontre que la praxis non seulement est inséparable de la didaché, ou enseignement, mais qu'elle en découle au contraire. Plus nous nous efforcerons avec assiduité de parvenir à une compréhension commune des mystères divins, plus nos œuvres de charité parleront avec éloquence de l'immense bonté de Dieu et de son amour pour tous les hommes. Saint Augustin exprime le lien entre le don de la connaissance et la vertu de la charité quand il écrit que l'esprit retourne à Dieu à travers l'amour (cf. De moribus Ecclesiae catholicae, XII, 21), et que là où est la charité, là est la Trinité (cf. De Trinitate, 8, 8, 12.).



18 juillet 2008 - Avec les jeunes blessés de la vie
Que veut dire véritablement être « vivant », vivre pleinement la vie ? C'est ce que nous voulons tous, spécialement lorsque l'on est jeune, et c'est ce que le Christ veut pour nous. En effet, il a dit : « Je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en abondance » (Jn 10,10). L'instinct le plus profond chez tout être vivant est celui de rester en vie, de grandir, de se développer et de transmettre à d'autres le don de la vie. Il en résulte qu'il est bien naturel de s'interroger sur la meilleure façon de vivre tout cela.

Pour le peuple de l'Ancien Testament, cette question était tout aussi pressante que pour nous aujourd'hui. Sans aucun doute, il écoutait avec attention quand Moïse lui disait : « Je te propose de choisir entre la vie et la mort, entre la bénédiction et la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ; c'est là que se trouve la vie » (Dt 30,19-20). Ce qu'ils avaient à faire était clair : ils devaient se détourner des autres dieux et adorer le vrai Dieu qui s'était révélé à Moïse et ils devaient obéir à ses commandements. Vous pourriez penser qu'il est peu probable que, dans le monde d'aujourd'hui, les gens adorent d'autres dieux. Mais il arrive que les gens adorent « d'autres dieux » sans s'en rendre compte. Les faux « dieux », quels que soient le nom, l'image ou la forme que nous leur attribuions, sont presque toujours liés à l'adoration de trois réalités : les biens matériels, l'amour possessif, le pouvoir. Laissez-moi vous expliquer ce que je veux dire.

Les biens matériels, en soi, sont des choses bonnes. Nous ne survivrions pas longtemps sans argent, sans vêtements et sans logement. Pour vivre, nous avons besoin de nourriture. Mais, si nous sommes avides, si nous refusons de partager ce que nous avons avec l'affamé et avec le pauvre, alors nous transformons ces biens en une fausse divinité. Combien de voix, dans notre société matérialiste, nous disent que le bonheur se trouve en s'appropriant le plus grand nombre possible de biens et d'objets de luxe ! Mais cela signifie transformer les biens en fausses divinités. Au lieu de donner la vie, ils donnent la mort.

L'amour authentique est certainement quelque chose de bon. Sans lui, la vie serait difficilement digne d'être vécue. L'amour réalise notre aspiration la plus profonde ; et quand nous aimons, nous devenons plus pleinement nous-mêmes, nous devenons plus pleinement humains. Mais comme il est facile de transformer l'amour en une fausse divinité ! Souvent, les gens pensent aimer alors qu'en réalité, ils tendent à posséder l'autre ou à le manipuler. Parfois, les gens traitent les autres comme des objets pour satisfaire leurs propres besoins plutôt que comme des personnes à apprécier et à aimer. Comme il est facile d'être trompés par les nombreuses voix qui, dans notre société, défendent une approche permissive de la sexualité, sans prêter attention à la pudeur, au respect de soi et aux valeurs morales qui confèrent aux relations humaines leurs qualités ! C'est là adorer une fausse divinité. Au lieu de donner la vie, elle donne la mort.

Le pouvoir que Dieu nous a donné de façonner le monde autour de nous est certainement quelque chose de bon. Utilisé d'une façon appropriée et responsable, il nous permet de transformer la vie des gens. Toutes les communautés ont besoin de bons dirigeants. Mais combien est forte la tentation de s'attacher au pouvoir pour lui-même, de chercher à dominer les autres ou d'exploiter le milieu naturel pour ses propres intérêts égoïstes ! C'est là transformer le pouvoir en une fausse divinité. Au lieu de donner la vie, cela donne la mort.

Le culte des biens matériels, le culte de l'amour possessif et le culte du pouvoir conduisent souvent les gens à « se comporter comme Dieu » : chercher à assumer un contrôle total, sans prêter aucune attention à la sagesse et aux commandements que Dieu nous a faits connaître. C'est là la route qui conduit à la mort. Au contraire, l'adoration de l'unique et vrai Dieu signifie reconnaître en lui la source de tout ce qui est bien, nous confier à lui, nous ouvrir à la force de guérison de sa grâce et obéir à ses commandements : là est la route de la vie.

Un exemple lumineux de ce que signifie s'éloigner de la voie de la mort pour cheminer sur la voie de la vie, nous est donné dans une page de l'Évangile que, j'en suis sûr, vous connaissez tous bien : la parabole de l'enfant prodigue. Quand, au début du récit, ce jeune homme abandonne la maison de son père, il était à la recherche des plaisirs illusoires promis par les faux « dieux ». Il gaspilla son héritage dans une vie de débauche et, à la fin, il se retrouva dans un état de misérable pauvreté. Quand il toucha le fond, affamé et abandonné, il comprit combien il avait été sot de quitter son père qui l'aimait. Avec humilité, il retourna à la maison et demanda pardon. Le père, plein de joie, l'embrassa et s'exclama : « Mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé » (Lc 15,24).

Beaucoup d'entre vous ont vécu personnellement l'expérience de ce jeune homme. Peut-être avez-vous fait des choix que vous regrettez aujourd'hui, choix qui vous ont mis sur une route qui, si attirante qu'elle ait pu alors apparaître, vous a seulement conduits à un état de misère et d'abandon plus profond encore. Le choix d'abuser de la drogue ou de l'alcool, de vous engager dans une conduite criminelle ou autodestructrice a pu alors vous sembler être une issue par rapport à une situation de difficulté ou de confusion. À présent, vous savez que, plutôt que de donner la vie, cela donnait la mort. Je me réjouis du courage que vous avez démontré en choisissant de retourner sur le chemin de la vie, tout comme le jeune homme de la parabole. Vous avez accepté une aide de la part d'amis ou de parents, …de la part de ceux qui prennent vraiment à cœur votre bien-être et votre bonheur.

Chers amis, je vois en vous des ambassadeurs de l'espérance pour tous ceux qui se trouvent dans des situations semblables. Vous pouvez les convaincre de la nécessité de choisir le chemin de la vie et de renoncer au chemin de la mort, parce que vous parlez d'expérience. Dans tous les Évangiles, ce sont ceux qui ont opéré des choix erronés qui sont particulièrement aimés de Jésus, parce que, quand ils se sont rendu compte de leur erreur, ils se sont ouverts plus que les autres à sa parole de guérison. En vérité, Jésus fut souvent critiqué par des soi-disant justes, parce qu'ils passaient trop de temps en leur compagnie. « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » demandaient-ils. Et lui répondait : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades… Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs » (cf. Mt 9,11-13). C'était ceux qui désiraient reconstruire leur vie qui se montraient les plus disponibles à écouter Jésus et à devenir ses disciples. Vous pouvez suivre leurs traces ; vous aussi vous pouvez vous approcher particulièrement de Jésus précisément parce que vous avez choisi de retourner à Lui. Vous pouvez être certains que, comme le père dans la parabole de l'enfant prodigue, Jésus vous accueille à bras ouverts. Il vous offre son amour inconditionnel : et c'est dans l'amitié profonde avec lui que se trouve la plénitude de la vie.

J'ai dit tout à l'heure que quand nous aimons, nous réalisons nos aspirations les plus profondes et nous devenons plus pleinement nous-mêmes , plus pleinement humains. Aimer est ce pour quoi nous sommes faits, ce à quoi le Créateur nous a destinés. Naturellement, je ne parle pas de relations passagères, superficielles, je parle du véritable amour, qui est le cœur de l'enseignement moral de Jésus : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (cf. Mc 12,30-31). C'est là, pour ainsi dire, le programme inscrit au plus profond de chaque personne, si seulement nous avions la sagesse et la générosité de nous y conformer, si nous étions seulement disposés à renoncer à nos préférences pour nous mettre au service des autres, pour donner notre vie pour le bien de l'autre, et en premier lieu pour Jésus, qui nous a aimés et qui a donné sa vie pour nous. C'est ce que les hommes sont appelés à faire , et c'est ce que veut dire être réellement vivant.

Chers jeunes, le message que vous adresse aujourd'hui est le même que Moïse a formulé il y a si longtemps. « Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu ». Que son Esprit vous guide sur le chemin de la vie, pour obéir à ses commandements, suivre ses enseignements, abandonner les choix erronés qui conduisent seulement à la mort, et vous engager pour la vie entière dans l'amitié avec Jésus Christ ! Avec la force de l'Esprit Saint, choisissez la vie et choisissez l'amour, et soyez les témoins devant le monde de la joie qui en jaillit.



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