Benoît XVI de A à Z

Doctrine sociale de l'Eglise

2005



16 juin 2005 - - au premier Ambassadeur d'Azerbaïdjan près le Saint-Siège
Les relations diplomatiques de l'Eglise constituent une partie de sa mission de service à la Communauté internationale. Son engagement à l'égard de la société civile est enraciné dans la conviction selon laquelle la tâche d'édifier un monde plus juste doit reconnaître et tenir compte de la vocation surnaturelle de l'homme. Le Saint-Siège s'efforce donc de promouvoir une compréhen-sion de la personne humaine qui "reçoit de Dieu sa dignité essentielle et, avec elle, la capacité de transcender toute organisation de la société dans le sens de la vérité et du bien" (Lettre encyclique Centesimus annus, n. 38). C'est sur cette base que l'Eglise applique les valeurs universelles qui sauvegardent la dignité de chaque personne et servent le bien commun représenté par une vaste gamme de cultures et de nations qui constituent notre monde.



2 juillet 2005 - - Aux Evêques du Zimbabwe en Visite Ad Limina
Vous avez vous-mêmes fait en sorte que la sagesse de l'Evangile et le riche héritage de la doctrine sociale de l'Eglise aient une influence sur la pensée et les jugements pratiques des fidèles, que ce soit dans leur vie quotidienne ou dans leurs efforts pour agir en tant que membres honnêtes de la communauté. Dans l'exercice de votre ministère épiscopal d'enseignement et de gouvernement, je vous encourage à continuer à offrir une direction sûre et unie, enracinée dans une foi inébranlable en Jésus Christ et, dans l'obéissance à la "Parole de la vérité, l'Evangile de votre salut" (Ep 1, 13). Dans votre prédication et dans votre enseignement les fidèles devraient pouvoir entendre la voix du Seigneur lui-même, une voix qui fait autorité à propos de ce qui est juste et vrai, de la paix et de la justice, de l'amour et de la réconciliation, une voix qui peut les réconforter dans les difficultés et leur indiquer la voie de l'espérance.



13 novembre 2005 - Angelus
Pour les laïcs, la compétence professionnelle, le sens de la famille, le sens civique et les vertus sociales sont d'une grande importance.



2006



19 mars 2006 - Homélie de la Messe
La Bible, en de nombreuses pages, montre que le travail appartient à la condition originelle de l'homme. Lorsque le Créateur façonna l'homme à son image et ressemblance, il l'invita à travailler la terre (cf. Gn 2, 5.6). Ce fut à cause du péché de nos premiers ancêtres que le travail devint effort et peine (cf. Gn 3, 6-8), mais dans le projet divin, il conserve intacte toute sa valeur. Le Fils de Dieu lui-même, en se faisant en toute chose semblable à nous, se consacra pendant de nombreuses années à des activités manuelles, au point d'être connu comme le "fils du charpentier" (cf. Mt 13, 55). L'Eglise a toujours fait preuve, en particulier au cours du dernier siècle, d'attention et de sollicitude pour cette dimension de la société, ainsi qu'en témoignent les nombreuses interventions sociales du Magistère et l'action de multiples associations d'inspiration chrétienne.

Le travail revêt une importance primordiale pour la réalisation de l'homme et pour le développement de la société, et c'est pourquoi il faut qu'il soit toujours organisé et accompli dans le plein respect de la dignité humaine et au service du bien commun. Dans le même temps, il est indispensable que l'homme ne se laisse pas asservir par le travail, qu'il ne l'idolâtre pas, en prétendant trouver en celui-ci le sens ultime et définitif de la vie. "Tu te souviendras du jour du sabbat pour le sanctifier. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage; mais le septième jour est un sabbat pour Yahvé ton Dieu" (Ex 20, 8-9). Le sabbat est le jour sanctifié, c'est-à-dire consacré à Dieu, pendant lequel l'homme comprend mieux le sens de son existence comme de son activité professionnelle. L'on peut par conséquent affirmer que l'enseignement biblique sur le travail trouve son couronnement dans le commandement du repos. Le Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise souligne justement à ce propos que: "A l'homme, lié à la nécessité du travail, le repos ouvre la perspective d'une liberté plus complète, celle du sabbat éternel (cf. He 4, 9-10). Le repos permet aux hommes de rappeler et de revivre les œuvres de Dieu, depuis la Création jusqu'à la Rédemption, de se reconnaître eux-mêmes comme Son œuvre (cf. Ep 2, 10), de lui rendre grâce de leur vie et de leur subsistance, car il en est l'auteur" (n. 258).



19 octobre 2006 - Discours au Congrès de l'Eglise en Italie, à Verona
La foi chrétienne, en effet, purifie la raison et l'aide à mieux être elle-même : à travers sa doctrine sociale par conséquent, argumentée à partir de ce qui est conforme à la nature de tout être humain, l'Eglise contribue à faire en sorte que ce qui est juste puisse être efficacement reconnu puis également réalisé. Dans ce but, il y a clairement un besoin indispensable des énergies morales et spirituelles qui consentent de placer les exigences de la justice avant les intérêts personnels, ou ceux d'une catégorie sociale, ou même d'un Etat : ici, à nouveau, il y a pour l'Eglise un espace très large, pour enraciner ces énergies dans les consciences, les alimenter et les renforcer. Le devoir immédiat d'agir dans le domaine politique pour construire un ordre juste dans la société n'est donc pas celui de l'Eglise en tant que telle, mais celui des fidèles laïcs qui œuvrent en tant que citoyens sous leur propre responsabilité : il s'agit d'un devoir de la plus grande importance, auquel les chrétiens laïcs italiens sont appelés à se consacrer avec générosité et avec courage, éclairés par la foi et par le magistère de l'Eglise et animés par la charité du Christ.



14 décembre 2006 - Au nouvel Ambassadeur du Lesotho
L'activité économique revêt un caractère moral et, dans la mesure où chaque personne est responsable de l'autre, les nations les plus riches ont un devoir de solidarité et de justice en vue de promouvoir le développement de tous (cf. Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise, n. 333). Dans un monde où les communications et le commerce ont acquis une dimension mondiale, ce devoir est d'autant plus évident que les moyens de l'accomplir existent.



14 décembre 2006 - A de nouveaux Ambassadeurs près le Saint-Siège
Dans la vie publique, le courage est une vertu indispensable pour ne pas se laisser guider par des idéologies partisanes, ni par des groupes de pression, ni encore par le désir du pouvoir. Comme le rappelle la Doctrine sociale de l'Église, le bien des personnes et des peuples doit toujours rester le critère primordial des décisions dans la vie sociale.



2007



9 mai 2007 - Avec les Journalistes, en vol, vers le Brésil.
L'Eglise en tant que telle ne fait pas de politique - nous respectons la laïcité - mais elle offre les conditions dans lesquelles une politique saine, avec la solution aux problèmes sociaux qui en découle, peut se développer. Nous voulons donc rendre les chrétiens conscients du don de la foi, de la joie de la foi, grâce à laquelle il est possible de connaître Dieu et de connaître ainsi également la raison de notre vie. Les chrétiens peuvent ainsi être des témoins du Christ et apprendre les vertus personnelles nécessaires, mais également les grandes vertus sociales: le sens de la légalité qui est décisif pour la formation de la société.

Avec le changement de la situation politique, la situation de la théologie de la libération a elle aussi profondément changé et à présent, il est évident que ces millénarismes faciles, qui promettaient dans l'immédiat, comme conséquence de la révolution, les conditions complètes d'une vie juste, se trompaient. Tout le monde le sait aujourd'hui. A présent, la question est de savoir comment l'Eglise peut être plus présente dans la lutte pour les réformes nécessaires, dans la lutte pour des conditions de vie plus justes. C'est sur cela que se divisent les théologiens, en particulier les représentants de la théologie politique. Pour notre part, avec l'Instruction publiée en son temps par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, nous avons tenté d'effectuer un travail de discernement, c'est-à-dire que nous avons tenté de nous libérer des faux millénarismes, de nous libérer également d'un mélange impropre d'Eglise et de politique, de foi et de politique; et de montrer la partie spécifique de la mission de l'Eglise, qui est précisément celle de répondre à la soif de Dieu et donc également d'éduquer aux vertus personnelles et sociales, qui sont les conditions nécessaires pour développer le sens de la légalité. Et, d'autre part, nous avons tenté d'indiquer les lignes directrices pour une politique juste, une politique que nous ne faisons pas nous-mêmes, mais pour laquelle nous devons indiquer les grandes lignes et les grandes valeurs déterminantes et créer, disons, les conditions humaines, sociales et psychologiques dans lesquelles ces valeurs peuvent se développer. Il existe donc les conditions d'un débat difficile, mais légitime, sur la façon d'arriver à cela et sur la façon de rendre la Doctrine sociale de l'Eglise la plus efficace possible. Dans ce sens, certains théologiens de la libération tentent également d'avancer sur cette voie; d'autres prennent d'autres positions. Dans tous les cas, le sens de l'intervention du Magistère n'a pas été celui de détruire l'engagement pour la justice, mais de le guider sur les voies justes et également dans le respect de la juste différence entre responsabilité politique et responsabilité ecclésiale.



10 mai 2007 - Avec les jeunes, au Brésil
Il existe un immense horizon d'action dans lequel les questions d'ordre social, économique et politique acquièrent une importance particulière, à condition que leur source d'inspiration soit l'Evangile et la Doctrine sociale de l'Eglise. La construction d'une société plus juste et solidaire, réconciliée et pacifique; l'engagement à freiner la violence; les initiatives de promotion d'une vie vécue en plénitude, de l'ordre démocratique et du bien commun, en particulier celles qui visent à éliminer certaines discriminations existant … et qui ne doivent pas êtres des causes d'exclusion, mais plutôt d'enrichissement réciproque.



18 mai 2007 - Aux évêques du Mali en visite Ad Limina
Les laïcs doivent prendre une conscience renouvelée de leur mission particulière au sein de l'unique mission de l'Église et des exigences spirituelles qui y sont rattachées pour leur propre existence. En s'engageant résolument pour l'édification d'une société juste, solidaire et fraternelle, ils seront alors d'authentiques messagers de la Bonne Nouvelle de Jésus et ils contribueront à l'avènement du Règne de Dieu, en sanctifiant le monde et en y insérant l'esprit de l'Évangile. Pour que cette participation à la transformation de la société soit efficace, il est indispensable de former des laïcs compétents pour servir le bien commun. Cette formation, dont la connaissance de la doctrine sociale de l'Église est un élément essentiel, doit tenir compte de leur engagement dans la vie civile, pour qu'ils soient capables d'affronter les tâches quotidiennes dans les domaines politiques, économiques, sociaux et culturels, montrant que la probité dans la vie publique ouvre la voie à la confiance de la part de tous et à une saine gestion des affaires.



5 juillet 2007 - Aux Évêques de la République Dominicaine en Visite Ad Limina
Dans votre ministère épiscopal, un grand nombre de ces défis pastoraux sont étroitement liés à l'évangélisation de la culture, qui doit promouvoir les valeurs humaines et évangéliques, dans toute leur intégrité. Le domaine de la culture est l'un des "aréopages modernes", dans lesquels l'on doit manifester l'Evangile avec toute sa force (cf. Redemptoris missio, n. 37). Dans ce devoir, on ne peut faire abstraction des communications sociales: radio, programmes télévisés, vidéo et réseaux informatiques peuvent être d'une grande utilité pour une ample diffusion de l'Evangile.

Il s'agit d'un engagement qui concerne en particulier les laïcs, car le propre de leur mission est d'"assumer comme leur tâche propre le renouvellement de l'ordre temporel. Eclairés par la lumière de l'Evangile, conduits par l'Esprit de l'Eglise, entraînés par la charité chrétienne, ils doivent en ce domaine agir par eux-mêmes et d'une manière bien déterminée" (Apostolicam actuositatem, n. 7). C'est pourquoi il est nécessaire de leur offrir une formation religieuse adéquate, qui les rende capables d'affronter les nombreux défis de la société actuelle. C'est à eux qu'il revient de promouvoir les valeurs humaines et chrétiennes, afin qu'elles illuminent la réalité politique, économique et culturelle du pays, en vue d'instaurer un ordre social plus juste et équitable, selon la Doctrine sociale de l'Eglise. Dans le même temps, conformément aux normes éthiques et morales, ils doivent être un exemple d'honnêteté et de transparence dans la gestion de leurs activités publiques, face à la plaie insidieuse et diffuse de la corruption qui atteint parfois également les milieux du pouvoir politique et économique, outre les domaines publics et sociaux.

Les laïcs doivent être un ferment au sein de la société, en agissant dans la vie publique pour illuminer à travers les valeurs de l'Evangile les divers milieux dans lesquels se forme l'identité d'un peuple. A partir de leurs activités quotidiennes, ils doivent "témoigner que la foi constitue la seule réponse pleinement valable [...] aux problèmes et aux espoirs que la vie suscite en chaque homme et en toute société" (Christifideles laici, n. 34). Leur condition de citoyens et de fidèles du Christ ne doit pas les pousser "à avoir deux vies parallèles: d'un côté la vie qu'on nomme "spirituelle" avec ses valeurs et ses exigences; et de l'autre, la vie dite "séculière", c'est-à-dire la vie de famille, de travail, de rapports sociaux, d'engagement politique, d'activités culturelles" (ibid., n. 59). Au contraire, ils doivent s'efforcer de faire en sorte que la cohérence entre leur vie et leur foi constitue un témoignage éloquent de la vérité du message chrétien.



21 septembre 2007 - Aux membres du Comité exécutif de l'Internationale démocratique du Centre et démocrate chrétienne
Le respect de la religion contribue, en outre, à démentir le reproche répété d'avoir oublié Dieu, par lequel certains réseaux terroristes tentent artificiellement de justifier leurs menaces contre la sécurité des sociétés occidentales. Le terrorisme représente un phénomène très grave, qui en vient souvent à instrumentaliser et mépriser de manière injustifiable la vie humaine. La société a sans aucun doute le droit de se défendre, mais ce droit, comme n'importe quel autre, doit toujours être exercé dans le plein respect des règles morales et juridiques, également en ce qui concerne le choix des objectifs et des moyens. Dans les systèmes démocratiques, l'utilisation de la force ne justifie jamais de renoncer aux principes de l'Etat de droit. Peut-on en effet protéger la démocratie en en menaçant les fondements? Il faut donc protéger courageusement la sécurité de la société et de ses membres, en sauvegardant toutefois les droits inaliénables de toute personne. Le terrorisme doit être combattu avec détermination et efficacité, dans la conscience que si le mal est un mystère qui s'étend, la solidarité des hommes dans le bien est un mystère encore plus diffus.

La doctrine sociale de l'Eglise catholique offre, à cet égard, des éléments de réflexion utiles pour promouvoir la sécurité et la justice, tant au niveau national qu'international, à partir de la raison, du droit naturel et également de l'Evangile, c'est-à-dire à partir de ce qui est conforme à la nature de tout être humain et la transcende également. L'Eglise sait qu'il n'est pas de son devoir de faire elle-même valoir sa doctrine d'un point de vue politique: du reste, son objectif est de servir à la formation de la conscience dans la politique et de contribuer à ce que grandisse la perception des vraies exigences de la justice, ainsi que la disponibilité à agir sur la base de celles-ci, également lorsque cela s'oppose à des situations d'intérêt personnel (cf. Deus Caritas est, n. 28). Dans cette mission qui est la sienne, l'Eglise est mue par l'amour de Dieu et de l'homme et par le désir de collaborer avec toutes les personnes de bonne volonté pour construire un monde où soient sauvegardés la dignité et les droits inaliénables de toutes les personnes. A tous ceux qui partagent la foi dans le Christ, l'Eglise demande d'en témoigner aujourd'hui, avec encore plus de courage et de générosité. La cohérence des chrétiens est en effet indispensable également dans la vie politique, pour que le "sel" de l'engagement apostolique ne perde pas sa "saveur" et que la "lumière" des idéaux évangéliques ne soit pas assombrie dans leur action quotidienne.



23 septembre 2007 - Angelus
« Faites-vous des amis avec l'Argent trompeur, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles » (Luc 16, 9). L'argent n'est pas « malhonnête » en soi, mais plus qu'aucune autre chose, il peut enfermer l'homme dans un égoïsme aveugle. Il s'agit donc d'opérer une sorte de « conversion » des biens économiques : au lieu de les utiliser seulement pour l'intérêt personnel, il convient de penser aux besoins des pauvres, en imitant le Christ lui-même, lui qui, écrit saint Paul, « pour vous s'est fait pauvre, de riche qu'il était, afin de vous enrichir par sa pauvreté » (2 Co 8, 9). Cela semble un paradoxe : le Christ ne nous a pas enchichis par sa richesse, mais par sa pauvreté, c'est-à-dire par son amour qui l'a poussé à se donner à nous totalement.

Ici pourrait s'ouvrir un champ de réflexion vaste et complexe, sur le thème de la richesse et de la pauvreté, à l'échelle mondiale également, où deux logiques économiques s'affrontent : la logique du profit et celle de la distribution équitable des biens, qui ne sont pas en contradiction l'une avec l'autre, à condition que leur rapport soit bien ordonné. L'enseignement social catholique a toujours soutenu que la distribution des biens est prioritaire. Le profit est naturellement légitime, et dans une juste mesure, nécessaire au développement économique. Jean-Paul II a écrit dans son encyclique Centesimus annus : « L'économie d'entreprise moderne comporte des apsects positifs, dont la racine est la liberté de la personne, qui s'exprime dans le domaine économique comme dans tant d'autres domaines » (n. 32).

Cependant, ajoute-t-il, le capitalisme ne doit pas être considéré comme l'unique modèle valide d'organisation économique (cf. Ibid. 35). L'urgence de la faim et l'urgence écologique dénoncent avec une évidence croissante que la logique du profit, lorsqu'elle prévaut, augmente la disproportion entre riches et pauvres, et la ruineuse exploitation de la planète. Lorsque, au contraire, prévaut la logique du partage et de la solidarité, il est possible de corriger la route et de l'orienter vers un développement équitable et durable.

Que la très sainte Vierge Marie qui proclame dans le Magnificat que le Seigneur « comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides » (Luc 1, 53), aide les chrétiens à user des biens terrestres avec une sagesse évangélique - c'est-à-dire avec une solidarité généreuse -, et qu'elle inspire aux gouvernants et aux économistes des stratégies à long terme qui favorisent le progrès authentique de tous les peuples.



26 septembre 2007 - Audience Générale
Saint Jean Chrysostome, précisément à Constantinople, dans le commentaire continu des Actes des Apôtres, propose le modèle de l'Eglise primitive (Ac 4, 32-37), comme modèle pour la société, en développant une "utopie" sociale (presque une "cité idéale"). En effet, il s'agissait de donner une âme et un visage chrétien à la ville. En d'autres termes, Chrysostome a compris qu'il n'est pas suffisant de faire l'aumône, d'aider les pauvres ponctuellement, mais il est nécessaire de créer une nouvelle structure, un nouveau modèle de société; un modèle fondé sur la perspective du Nouveau Testament. C'est la nouvelle société qui se révèle dans l'Eglise naissante. Jean Chrysostome devient donc réellement ainsi l'un des grands Pères de la Doctrine sociale de l'Eglise: la vieille idée de la "polis" grecque doit être remplacée par une nouvelle idée de cité inspirée par la foi chrétienne. Chrysostome soutenait avec Paul (cf. 1 Co 8, 11) le primat de chaque chrétien, de la personne en tant que telle, également de l'esclave ou du pauvre. Son projet corrige ainsi la vision grecque traditionnelle de la "polis", de la cité, dans laquelle de larges couches de la population étaient exclues des droits de citoyen, alors que dans la cité chrétienne, tous sont frères et sœurs avec des droits égaux. Le primat de la personne est également la conséquence du fait que c'est réellement à partir d'elle que l'on construit la cité, alors que dans la "polis" grecque, la patrie était au-dessus de l'individu, qui était totalement subordonné à la cité dans son ensemble. Ainsi, Chrysostome définit la vision d'une société construite par la conscience chrétienne et il nous dit que notre "polis" est une autre, "notre patrie est dans les cieux" (Ph 3, 20) et, même sur cette terre, cette patrie nous rend tous égaux, frères et sœurs, et nous oblige à la solidarité.



Sommaire documents

t>