Benoît XVI de A à Z

Mondialisation

2006



1er janvier 2006 - Message pour la Journée Mondiale de la Paix
Les premiers à tirer profit d'un choix résolu pour le désarmement seront les pays pauvres, qui réclament non sans raison, après bien des promesses, la réalisation concrète du droit au développement. Un tel droit a aussi été solennellement réaffirmé dans la récente Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies, qui a célébré cette année le soixantième anniversaire de sa fondation. Confirmant sa confiance dans cette Organisation internationale, l'Église catholique en souhaite le renouvellement institutionnel et opérationnel, afin qu'elle soit en mesure de répondre aux nouvelles exigences de l'époque actuelle, marquée par le vaste phénomène de la mondialisation. L'Organisation des Nations unies doit devenir un instrument toujours plus efficace pour promouvoir dans le monde les valeurs de justice, de solidarité et de paix.



1er janvier 2006 - Homélie de la Messe
Un « sursaut » de courage et de confiance en Dieu et en l'homme est nécessaire pour parcourir le chemin de la paix. Et cela, de la part de tous : des personnes individuelles et des peuples, des organisations internationales et des puissances mondiales. Dans le Message pour l'événement que nous célébrons aujourd'hui j'ai voulu appeler à nouveau l'Organisation des Nations Unies à prendre conscience de manière renouvelée de ses responsabilités dans la promotion des valeurs de la justice, de la solidarité et de la paix, dans un monde toujours plus marqué par le vaste phénomène de la mondialisation.



Message Carême 2006
Les exemples des saints et les multiples expériences missionnaires qui caractérisent l'histoire de l'Église constituent des indications précieuses sur le meilleur moyen de soutenir le développement. Aujourd'hui encore, au temps de l'interdépendance globale, on peut constater qu'aucun projet économique, social ou politique ne remplace le don de soi à autrui, dans lequel s'exprime la charité. Celui qui agit selon cette logique évangélique vit la foi comme amitié avec le Dieu incarné et, comme Lui, se charge des besoins matériels et spirituels du prochain. Il le regarde comme un mystère incommensurable, digne d'une attention et d'un soin infinis. Il sait que celui qui ne donne pas Dieu donne trop peu, comme le disait la bienheureuse Teresa de Calcutta : «La première pauvreté des peuples est de ne pas connaître le Christ». Pour cela il faut faire découvrir Dieu dans le visage miséricordieux du Christ : hors de cette perspective, une civilisation ne se construit pas sur des bases solides.

Grâce à des hommes et à des femmes obéissant à l'Esprit Saint, sont nées dans l'Église de nombreuses œuvres de charité, destinées à promouvoir le développement : hôpitaux, universités, écoles de formation professionnelle, micro-réalisations. Ce sont des initiatives qui, bien avant celles de la société civile, ont montré que des personnes poussées par le message évangélique avaient une préoccupation sincère pour l'homme. Ces œuvres indiquent une voie pour guider encore aujourd'hui l'humanité vers une mondialisation dont le centre soit le bien véritable de l'homme et conduise ainsi à la paix authentique

2 septembre 2006 - Message du pape Benoît XVI à l'occasion du XXème anniversaire de la Rencontre Interreligieuse de prière pour la paix - (Assise 27 octobre 1986)
«Cette année, on célèbre le vingtième anniversaire de la rencontre interreligieuse de prière pour la paix, voulue par mon vénéré prédécesseur, Jean-Paul II, le 27 octobre 1986, dans cette cité d'Assise. À une telle rencontre, on le sait, il convia non seulement les chrétiens de diverses confessions, mais aussi des représentants des différentes religions. L'initiative eut un large écho dans l'opinion publique : elle constitua un message vibrant en faveur de la paix et se révéla un événement destiné à laisser un signe dans l'histoire de notre temps. Il est alors compréhensible que le souvenir d'un tel événement continue de susciter des initiatives de réflexion et d'engagement. Plusieurs sont déjà prévus justement à Assise, à l'occasion du vingtième anniversaire de cet événement…. Ces initiatives, chacune avec sa dimension propre, mettent en évidence la valeur de l'intuition qu'a eue Jean-Paul II et en montrent l'actualité à la lumière des événements qui ont eu lieu ces vingt dernières années, et de la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui l'humanité. Le fait le plus significatif dans cette période fut, sans aucun doute, la chute, dans l'Est européen, des régimes d'inspiration communiste. Et, avec elle, la fin de la guerre froide, qui avait généré une sorte de partition du monde en sphères d'influence opposées, suscitant la préparation d'arsenaux militaires terrifiants et d'armées prêtes à une guerre totale. Ce fut, à l'époque, un moment d'espérance générale de paix, qui a conduit beaucoup à rêver d'un monde différent, dans lequel les relations entre les peuples se développeraient à l'abri du cauchemar de la guerre, et où le processus de « mondialisation » se serait placé sous le signe d'une confrontation pacifique entre les peuples et la culture, dans le cadre d'un droit international partagé, inspiré par le respect de l'exigence de la vérité, de la justice, de la solidarité. Malheureusement, ce rêve de paix ne s'est pas réalisé.



26 octobre 2006 - Au nouvel Ambassadeur de Belgique près le Saint-Siège
Cinquante ans après le lancement du grand projet de la construction européenne, qui provient de l'esprit chrétien et dont la Belgique était partie prenante dès le début, les avancées sont considérables, même si de nouvelles difficultés sont apparues récemment : le continent européen retrouve peu à peu son unité dans la paix, et l'Union européenne est devenue, dans le monde, une force économique de premier plan, ainsi qu'un signe d'espérance pour beaucoup. Devant les exigences de la mondialisation des échanges et de la solidarité entre les hommes, l'Europe doit continuer de s'ouvrir et de s'engager dans les grands chantiers de la planète. Au premier rang de ces défis, se trouve la question de la paix et de la sécurité. …Il importe au plus haut point que la communauté internationale et tout spécialement l'Union européenne se mobilisent avec détermination en faveur de la paix, du dialogue entre les nations et du développement. …Pour ma part, je peux vous assurer de l'engagement résolu du Saint-Siège à œuvrer de toutes ses forces en faveur de la paix et du développement.



2007



6 janvier 2007 - Homélie Messe Epiphanie
En vérité, tout le Concile Vatican II fut inspiré par la volonté d'annoncer le Christ, lumière du monde, à l'humanité contemporaine. Au cœur de l'Eglise, à partir du sommet de sa hiérarchie, apparut de manière impérieuse, suscité par l'Esprit Saint, le désir d'une nouvelle épiphanie du Christ au monde, un monde que l'époque moderne avait profondément transformé et qui, pour la première fois dans l'histoire, se trouvait face au défi d'une civilisation mondiale, où le centre ne pouvait plus être l'Europe, pas plus que ce nous appelons l'Occident et le Nord du monde. Apparaissait l'exigence d'élaborer un nouvel ordre mondial politique et économique, mais, dans le même temps et surtout, spirituel et culturel ; c'est-à-dire un humanisme renouvelé. Cette constatation s'imposait avec une évidence croissante. Un nouvel ordre mondial économique et politique ne fonctionne pas s'il n'y a pas de renouveau spirituel, si nous ne pouvons pas nous approcher à nouveau de Dieu et trouver Dieu parmi nous. Avant le Concile Vatican II, des consciences éclairées et des penseurs chrétiens avaient déjà eu l'intuition de ce défi historique et l'avaient affronté. Eh bien, au début du troisième millénaire, nous nous trouvons au cœur de cette phase de l'histoire humaine, qui a désormais été classifiée autour du terme « mondialisation ». D'autre part, nous nous apercevons aujourd'hui à quel point il est facile de perdre de vue les termes de ce même défi, précisément parce que l'on est concerné par ce défi : un risque fortement renforcé par l'immense expansion des mass media, qui, d'une part, s'ils multiplient indéfiniment les informations, de l'autre, semblent affaiblir nos capacités de réaliser une synthèse critique. La solennité d'aujourd'hui peut nous offrir cette perspective, à partir de la manifestation d'un Dieu qui s'est révélé dans l'histoire comme lumière du monde, pour guider et introduire finalement l'humanité dans la terre promise, où règnent la liberté, la justice et la paix. Et nous voyons toujours davantage que nous ne pouvons pas promouvoir seuls la justice et la paix, si ne se manifeste pas à nous la lumière d'un Dieu qui nous montre son visage, qui nous apparaît dans la mangeoire de Bethléem, qui nous apparaît sur la Croix.



8 janvier 2007 - Au Corps Diplomatique
En début d'année, nous sommes invités à porter un regard sur la situation internationale, pour envisager les défis que nous sommes appelés à affronter ensemble. Parmi les questions essentielles, comment ne pas penser aux millions de personnes, spécialement aux femmes et aux enfants, qui manquent d'eau, de nourriture, de toit ? Le scandale de la faim, qui tend à s'aggraver, est inacceptable dans un monde qui dispose des biens, des connaissances et des moyens d'y mettre un terme. Il nous pousse à changer nos modes de vie; il nous rappelle l'urgence d'éliminer les causes structurelles des dysfonctionnements de l'économie mondiale et de corriger les modèles de croissance qui semblent incapables de garantir le respect de l'environnement et un développement humain intégral pour aujourd'hui et surtout pour demain. J'invite à nouveau les Responsables des Nations les plus riches à prendre les dispositions nécessaires pour que les pays pauvres, souvent pleins de richesses naturelles, puissent bénéficier des fruits des biens qui leur appartiennent en propre. De ce point de vue, le retard dans la mise en œuvre des engagements pris par la communauté internationale au cours des toutes dernières années est aussi source de préoccupation. Il faut donc souhaiter la reprise des négociations commerciales du «Doha Development Round» de l'Organisation mondiale du Commerce, ainsi que la poursuite et l'accélération du processus d'annulation et de réduction de la dette des pays les plus pauvres, sans que cela soit conditionné à des mesures d'ajustement structurel, néfastes pour les populations les plus vulnérables.



19 janvier 2007 - Au nouvel Ambassadeur de Turquie près le Saint-Siège
La mondialisation des échanges, déjà manifeste au niveau économique et financier, doit évidemment s'accompagner d'engagements politiques communs, au niveau de la planète, pour garantir un développement durable et organisé qui n'exclue personne et qui assure un avenir équilibré aux personnes, aux familles et aux peuples.



20 janvier 2007 - Au nouvel Ambassadeur de Roumanie près le Saint-Siège
J'encourage les responsables politiques à veiller avec attention aux exigences d'une solidarité active entre toutes les couches de la population, afin d'éviter qu'à l'heure de la mondialisation ne se creuse un fossé grandissant entre les citoyens qui accèdent légitimement aux bienfaits du développement économique et ceux qui se trouvent progressivement marginalisés, voire exclus de ce processus, comme on l'observe, hélas, dans beaucoup de sociétés modernes. Il importe également de garantir à tous l'accès équitable à une justice indépendante et transparente, capable de lutter efficacement contre ceux qui ne respectent pas le bien commun et qui détournent les lois à leur profit. Dans cette perspective, je souhaite aussi une attention renouvelée aux familles les plus pauvres, afin qu'elles puissent élever leurs enfants dans la dignité.



9 février 2007 - A un groupe de Ministres des Finances
J'encourage de tout cœur vos efforts dans ce nouveau programme et dans son objectif de promouvoir la recherche scientifique en vue de la découverte de nouveaux vaccins. De tels vaccins sont urgents et nécessaires pour éviter que des millions d'êtres humains, y compris d'innombrables enfants, ne meurent chaque année de maladies infectieuses, en particulier dans les régions du monde le plus à risque. En ce temps de mondialisation, nous sommes tous préoccupés par l'écart croissant entre le niveau de vie dans les pays bénéficiant d'une grande richesse et d'un degré élevé de développement technologique, et celui des pays en voie de développement, où la pauvreté non seulement persiste, mais s'aggrave.



20 mai 2007 - Message pour la 41ème Journée Mondiale des Communications Sociales
Les défis complexes auxquels l'éducation doit faire face aujourd'hui sont souvent liés à l'influence dominante des médias dans notre monde. En tant qu'élément du phénomène de la mondialisation, les médias, en raison même du développement rapide de la technologie, façonnent profondément l'environnement culturel (cf. Jean-Paul II, Lettre apostolique Le développement rapide, n. 3). En effet, d'aucuns affirment que l'influence éducative des médias dans la formation rivalise avec celle de l'école, de l'Église, et peut-être aussi avec celle de la famille. "Pour beaucoup, la réalité est ce que les médias reconnaissent comme telle" (Conseil pontifical pour les Communications sociales, Aetatis novae, n. 4).



11 novembre 2007 - Angelus
Même si de nombreux miracles lui sont attribués, saint Martin est surtout célèbre pour un acte de charité fraternelle. Alors qu'il était encore jeune soldat, il rencontra sur la route un pauvre transi de froid et tout tremblant. Il prit alors son propre manteau, le partagea en deux avec son épée et en donna la moitié à cet homme. La nuit même, Jésus lui apparut en songe, souriant, enveloppé dans ce même manteau.

Le geste de charité de saint Martin s'inscrit dans la logique qui poussa Jésus à multiplier les pains pour les foules affamées, mais surtout à se donner lui-même comme nourriture pour l'humanité dans l'Eucharistie, Signe suprême de l'amour de Dieu, Sacramentum caritatis. C'est la logique du partage, à travers lequel on exprime de manière authentique son amour pour son prochain. Que saint Martin nous aide à comprendre que ce n'est qu'à travers un engagement commun de partage que l'on peut répondre au grand défi de notre temps : celui de construire un monde de paix et de justice, dans lequel tout homme puisse vivre dignement. Ceci pourra advenir si prévaut un modèle mondial de solidarité authentique, en mesure d'assurer à tous les habitants de la planète la nourriture, l'eau, les soins médicaux nécessaires, mais également le travail et les ressources énergétiques, de même que les biens culturels, les connaissances scientifiques et technologiques.



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