Benoît XVI de A à Z

Journaliste - Communication sociale - Mass média - Presse

2005



20 avril 2005 - Homélie Messe Chapelle Sixtine
En ce moment, je reviens en mémoire à l'inoubliable expérience que nous avons tous vécue à l'occasion de la mort et des funérailles du regretté Jean-Paul II. Autour de sa dépouille mortelle posée sur la terre nue, se sont rassemblés les chefs des Nations, des personnes de toutes les catégories sociales, et en particulier des jeunes, dans une inoubliable étreinte d'affection et d'admiration. Le monde entier s'est tourné vers lui avec confiance. Il a semblé à de nombreuses personnes que cette intense participation, amplifiée jusqu'aux limites de la planète par les moyens de communication sociale, ait été comme une demande d'aide unanime adressée au Pape de la part de l'humanité actuelle qui, troublée par les incertitudes et les craintes, s'interroge sur son avenir.<br<


23 avril 2005 - Aux journalistes
On peut dire que, grâce à votre travail, pendant plusieurs semaines, l'attention du monde entier est restée fixée sur la Basilique, sur la Place Saint-Pierre et sur le Palais apostolique, à l'intérieur duquel mon Prédécesseur, l'inoubliable Pape Jean-Paul II, a sereinement terminé son existence terrestre, et où ensuite, dans la Chapelle Sixtine, Messieurs les Cardinaux m'ont élu comme son Successeur.

Ces événements ecclésiaux d'une importance historique ont eu, également grâce à vous, une couverture mondiale. Je sais bien combien de difficulté cela a comporté pour vous, obligés à rester loin de vos familles et de vos foyers, en travaillant pendant de longues heures, dans des conditions parfois difficiles. Je connais la compétence et le dévouement avec lesquels vous avez accompli cette tâche difficile. Je voudrais vous remercier pour tout en mon nom personnel et en particulier des catholiques qui, vivant dans des pays très éloignés de Rome, ont pu partager ces moments de foi émouvants en temps réel. Tels sont les prodiges et les capacités extraordinaires des moyens modernes de communication sociale !

Le Concile Vatican II évoquait déjà le développement prometteur des médias. En vérité, c'est à ce thème que les Pères conciliaires voulurent consacrer le premier de leurs documents, dans lequel on affirme que ces moyens, "de par leur nature, sont aptes à atteindre et à influencer non seulement les individus, mais encore les masses comme telles, et jusqu'à l'humanité tout entière" (Inter mirifica, n. 1). Depuis le 4 décembre 1963, lorsque fut promulgué le Décret Inter mirifica, jusqu'à aujourd'hui, l'humanité a été le témoin d'une extraordinaire révolution médiatique, qui a gagné chaque aspect et chaque domaine de l'existence humaine.

Consciente de sa mission et de l'importance des médias, l'Eglise a cherché la collaboration avec le monde de la communication sociale, spécialement à partir du Concile Vatican II. Sans aucun doute, le Pape Jean-Paul II a été le grand artisan de ce dialogue ouvert et sincère, lui qui a entretenu, pendant plus de vingt-six ans de pontificat, des rapports constants et féconds avec vous qui êtes engagés dans les communications sociales. Et c'est particulièrement aux responsables des communications sociales qu'il a voulu consacrer un de ses derniers documents, la Lettre apostolique du 24 janvier dans laquelle il rappelle que "notre époque est celle de la communication globale, où tant de moments de l'existence humaine se déroulent à travers des processus médiatiques, ou du moins doivent se confronter à ceux-ci" (Le progrès rapide, n. 3).

Je souhaite poursuivre ce dialogue fructueux, et je partage ce qu'observait le Pape Jean-Paul II concernant le fait que "le développement actuel des communications sociales pousse l'Eglise à une sorte de révision pastorale et culturelle permettant de faire face au changement d'époque que nous vivons" (ibid., n. 8).

Afin que les instruments de communication sociale puissent apporter un service bénéfique et positif au bien commun, l'apport responsable de tous et de chacun est nécessaire. Il y a besoin d'une compréhension toujours meilleure des perspectives et des responsabilités que leur développement comporte par rapport aux conséquence qui, de fait, se produisent sur la conscience et sur la mentalité des individus comme sur la formation de l'opinion publique. On ne peut que mettre en évidence le besoin de références claires à la responsabilité éthique de ceux qui travaillent dans ce secteur, en particulier en ce qui concerne la recherche sincère de la vérité et la sauvegarde de la place centrale et de la dignité de la personne. Ce n'est qu'à ces conditions que les médias peuvent répondre au dessein de Dieu qui les a mis à notre disposition "pour découvrir, utiliser, faire connaître la vérité, notamment la vérité sur notre dignité et sur notre destin de fils de Dieu, héritiers de son Royaume éternel" (ibid., n. 14).

Messieurs, Mesdames, je vous remercie encore du service important que vous rendez à la société. Que mes félicitations cordiales parviennent à chacun de vous, avec l'assurance d'un souvenir dans la prière pour toutes vos intentions. J'étends mon salut à vos familles et à ceux qui font partie de vos communautés de travail. Par l'intercession de la Mère céleste du Christ, j'invoque en abondance sur chacun de vous les dons de Dieu, en gage desquels je donne à tous ma Bénédiction.



8 mai 2005 - Regina Caeli
En l'époque actuelle de l'image, les mass media constituent effectivement une ressource extraordinaire en vue de promouvoir la solidarité et l'entente de la famille humaine. Nous en avons eu récemment une preuve extraordinaire à l'occasion de la mort et des funérailles solennelles de mon bien-aimé Prédécesseur Jean-Paul II. Tout dépend toutefois de la façon dont ils sont utilisés. Ces instruments importants de la communication peuvent favoriser la connaissance réciproque et le dialogue, ou bien, au contraire, alimenter les préjugés et le mépris entre les individus et les peuples; ils peuvent contribuer à diffuser la paix ou à fomenter la violence. Voilà pourquoi il faut toujours faire appel à la responsabilité personnelle; il est nécessaire que chacun joue son rôle pour assurer, dans toute forme de communication, l'objectivité, le respect de la dignité humaine et l'attention au bien commun. De cette manière, l'on contribue à abattre les murs d'hostilité qui divisent encore l'humanité, et l'on peut consolider ces liens d'amitié et d'amour qui sont le signe du Royaume de Dieu dans l'histoire.



30 mai 2005 - Aux Evêques d'Italie
Aujourd'hui, la culture et les modèles de comportement sont en outre toujours plus conditionnés et caractérisés par les représentations qu'en proposent les médias.



2006



21 mai 2006 - Regina Caeli
L'Eglise regarde les media avec attention, parce qu'ils représentent un véhicule important pour diffuser l'Evangile et pour favoriser la solidarité entre les peuples en attirant leur attention sur les grands problèmes qui les marquent encore profondément.

Confions aujourd'hui à la Vierge Marie tout particulièrement nos frères opprimés par le fléau de la faim, ceux qui leur viennent en aide et ceux qui, par les moyens de communication sociale, contribuent à fortifier entre les peuples les liens de la charité et de la paix.



3 novembre 2006 - A l'Université Pontificale Grégorienne
La psychologie, les sciences sociales, la communication sociale : à travers celles-ci, on souhaite comprendre plus profondément l'homme, que ce soit dans sa dimension personnelle profonde, ou dans sa dimension extérieure de constructeur de la société, dans la justice et dans la paix, et de communicateur de la vérité. C'est précisément parce que ces sciences concernent l'homme qu'elles ne peuvent faire abstraction de la référence à Dieu. En effet, l'homme, que ce soit dans son intériorité ou dans son extériorité, ne peut pas être pleinement compris si on ne reconnaît pas qu'il est ouvert à la transcendance.



14 décembre 2006 - Au nouvel Ambassadeur du Mozambique
Un développement authentique exige un programme coordonné de progrès national, qui respecte les aspirations légitimes de toutes les couches de la société. C'est pourquoi, l'histoire humaine nous enseigne de façon répétée que si ces programmes visent à une amélioration durable, ils doivent être fondés sur l'exercice d'un gouvernement responsable et transparent, et doivent être accompagnés par un système juridique impartial, en vue de la liberté politique et d'une presse pleinement indépendante. En l'absence de ces fondements communs à toutes les sociétés civilisées, les espérances de progrès, auquel tout être humain aspire, demeurent illusoires.



25 décembre 2006 - Message Urbi et Orbi de Noel
Mais, pour l'homme du troisième millénaire, un «Sauveur» a-t-il encore une valeur et un sens ? Un «Sauveur» est-il encore nécessaire pour l'homme qui a rejoint la Lune et Mars, et qui se prépare à conquérir l'univers; pour l'homme qui recherche sans limites les secrets de la nature et qui réussit même à déchiffrer les codes prodigieux du génome humain ? A-t-il besoin d'un Sauveur l'homme qui a inventé la communication interactive, qui navigue sur l'océan virtuel d'internet et qui, grâce aux technologies les plus modernes et les plus avancées des mass média, a fait désormais de la terre, cette grande maison commune, un petit village global ? L'homme du vingt et unième siècle se présente comme l'artisan de son destin, sûr de lui et autosuffisant, comme l'auteur enthousiaste d'indiscutables succès.



2007



6 janvier 2007 - Homélie Messe Epiphanie
En vérité, tout le Concile Vatican II fut inspiré par la volonté d'annoncer le Christ, lumière du monde, à l'humanité contemporaine. Au cœur de l'Eglise, à partir du sommet de sa hiérarchie, apparut de manière impérieuse, suscité par l'Esprit Saint, le désir d'une nouvelle épiphanie du Christ au monde, un monde que l'époque moderne avait profondément transformé et qui, pour la première fois dans l'histoire, se trouvait face au défi d'une civilisation mondiale, où le centre ne pouvait plus être l'Europe, pas plus que ce nous appelons l'Occident et le Nord du monde. Apparaissait l'exigence d'élaborer un nouvel ordre mondial politique et économique, mais, dans le même temps et surtout, spirituel et culturel ; c'est-à-dire un humanisme renouvelé. Cette constatation s'imposait avec une évidence croissante. Un nouvel ordre mondial économique et politique ne fonctionne pas s'il n'y a pas de renouveau spirituel, si nous ne pouvons pas nous approcher à nouveau de Dieu et trouver Dieu parmi nous. Avant le Concile Vatican II, des consciences éclairées et des penseurs chrétiens avaient déjà eu l'intuition de ce défi historique et l'avaient affronté. Eh bien, au début du troisième millénaire, nous nous trouvons au cœur de cette phase de l'histoire humaine, qui a désormais été classifiée autour du terme « mondialisation ». D'autre part, nous nous apercevons aujourd'hui à quel point il est facile de perdre de vue les termes de ce même défi, précisément parce que l'on est concerné par ce défi : un risque fortement renforcé par l'immense expansion des mass media, qui, d'une part, s'ils multiplient indéfiniment les informations, de l'autre, semblent affaiblir nos capacités de réaliser une synthèse critique.



2 février 2007 - Aux religieux, religieuses et consacrées, pour la XIème Journée Mondiale de la Vie Consacrée
Lorsque l'on renonce à tout pour suivre le Christ, lorsqu'on lui donne ce que l'on possède de plus cher en affrontant tous les sacrifices, alors, comme cela s'est produit pour le divin Maître, la personne consacrée qui en suit les traces devient aussi nécessairement un "signe de contradiction", car sa façon de penser et de vivre est souvent en opposition avec la logique du monde, tel qu'il se présente, presque toujours, dans les moyens de communication sociale. On choisit le Christ, ou plutôt on se laisse "conquérir" par Lui sans réserve.



18 février 2007 - Angélus
La non-violence pour les chrétiens n'est pas un simple comportement tactique, mais bien une manière d'être de la personne, l'attitude de celui qui est tellement convaincu de l'amour de Dieu et de sa puissance qu'il n'a pas peur d'affronter le mal avec les seules armes de l'amour et de la vérité. L'amour de l'ennemi constitue le noyau de la « révolution chrétienne », une révolution qui n'est pas basée sur des stratégies de pouvoir économique, politique ou médiatique. La révolution de l'amour, un amour qui ne s'appuie pas en définitive sur les ressources humaines, mais qui est don de Dieu et s'obtient en faisant confiance uniquement et sans réserve à sa bonté miséricordieuse. Voilà la nouveauté de l'Evangile, qui change le monde sans faire de bruit. Voilà l'héroïsme des « petits », qui croient en l'amour de Dieu et le répandent même au prix de leur vie.



10 mai 2007 - Avec les jeunes, au Brésil
J'entends trembler nos cœurs de pasteurs, lorsque nous constatons la situation de notre époque. Nous entendons parler des peurs de la jeunesse d'aujourd'hui. Elles nous révèlent un énorme manque d'espérance: la peur de mourir, au moment où la vie est en train d'éclore et tente de trouver la voie de sa réalisation; la peur d'échouer, pour ne pas avoir découvert le sens de la vie; et la peur de rester à l'écart, face à la rapidité déconcertante des événements et des communications. Nous constatons le pourcentage élevé de morts parmi les jeunes, la menace de la violence, la prolifération déplorable des drogues qui bouleverse jusqu'à sa racine la plus profonde la jeunesse d'aujourd'hui. C'est donc pour cette raison que l'on parle de jeunesse égarée.



11 mai 2007 - Homélie Messe Canonisation de Frère Antonio de Sant'Anna Galvão, au Brésil.
Le monde a besoin de vies transparentes, d'âmes claires, d'intelligences simples, qui refusent d'être considérées comme des créatures objets de plaisir. Il est nécessaire de dire non à ces moyens de communication sociale qui tournent en ridicule la sainteté du mariage et la virginité avant le mariage.



20 mai 2007 - Message pour la 41ème Journée Mondiale des Communications Sociales
Le thème de la quarante et unième Journée mondiale des communications sociales, «les enfants et les médias : un défi pour l'éducation», nous invite à réfléchir sur deux sujets de très grande importance, qui ont un lien entre eux: tout d'abord la formation des enfants; puis le second, peut-être moins évident mais tout aussi important, la formation des médias.

Les défis complexes auxquels l'éducation doit faire face aujourd'hui sont souvent liés à l'influence dominante des médias dans notre monde. En tant qu'élément du phénomène de la mondialisation, les médias, en raison même du développement rapide de la technologie, façonnent profondément l'environnement culturel (cf. Jean-Paul II, Lettre apostolique Le développement rapide, n. 3). En effet, d'aucuns affirment que l'influence éducative des médias dans la formation rivalise avec celle de l'école, de l'Église, et peut-être aussi avec celle de la famille. "Pour beaucoup, la réalité est ce que les médias reconnaissent comme telle" (Conseil pontifical pour les Communications sociales, Aetatis novae, n. 4).

Le lien entre enfants, médias et éducation peut être envisagé sous deux aspects : la formation des enfants par les médias ; et la formation des enfants pour avoir une attitude appropriée face aux médias. Une sorte d'interaction apparaît, qui montre la responsabilité des médias en tant qu'industrie et la nécessité d'une participation active et critique des lecteurs, des téléspectateurs et des auditeurs. Dans ce cadre, la formation à une utilisation appropriée des médias est essentielle pour le développement moral, spirituel et culturel des enfants.

Comment le bien commun est-il protégé et promu? Éduquer les enfants à un jugement critique dans l'usage des médias relève de la responsabilité des parents, de l'Église et de l'école. Le rôle des parents est primordial. Il est de leur droit et de leur devoir d'assurer une utilisation prudente des médias, en formant la conscience de leurs enfants à exercer un jugement sain et objectif qui les guidera alors dans le choix ou le rejet des programmes qui sont à leur disposition (cf. Jean-Paul II, Exhortation apostolique Familiaris consortio, n. 76). Pour cela, les parents devraient avoir les encouragements et le soutien des écoles et des paroisses, assurant que ce devoir parental difficile, bien que passionnant, est accompagné par toute la communauté.

L'éducation aux médias devrait être positive. Des enfants exposés à ce qui est excellent sur le plan esthétique et moral reçoivent une aide pour développer leur jugement, leur prudence et leur sens du discernement. Il est aussi important de reconnaître la valeur fondamentale de l'exemple des parents et les avantages de la présentation aux jeunes des classiques de la littérature pour enfants, les beaux-arts et la belle musique. Tandis que la littérature populaire aura toujours sa place dans la culture, la tentation du sensationnalisme ne devrait pas être passivement admise à la place de l'enseignement. La beauté, telle un miroir du divin, inspire et vivifie les cœurs et les esprits des jeunes, alors que la laideur et l'indécence ont un impact avilissant sur les attitudes et les comportements.

Comme l'éducation en général, l'éducation aux médias exige la formation à l'exercice de la liberté. C'est une tâche exigeante. Bien souvent, la liberté est présentée comme la recherche incessante du plaisir ou de nouvelles expériences. C'est encore une condamnation et non une libération ! La vraie liberté ne pourrait jamais condamner l'individu - particulièrement un enfant - à une quête insatiable de nouveauté. À la lumière de la vérité, la liberté authentique s'éprouve comme réponse définitive au «oui» de Dieu à l'humanité, qui nous appelle à choisir, non pas aveuglément mais de manière délibérée, tout ce qui est bon, vrai et beau. C'est alors que les parents, comme gardiens de cette liberté, tout en donnant progressivement à leurs enfants une plus grande liberté, les initient à la joie profonde de la vie (cf. Adresse à la cinquième rencontre mondiale des familles, Valence, 8 juillet 2006).

Ce désir sincère des parents et des enseignants de conduire les enfants sur les voies du beau, du vrai et du bien, peut être soutenu par l'industrie des médias seulement dans la mesure où il favorise la dignité humaine fondamentale, la vraie valeur du mariage et de la vie familiale, l'accomplissement positif et les desseins de l'humanité. Ainsi, la nécessité pour les médias de participer à une formation efficace et aux normes morales est considérée avec un intérêt particulier et même comme une urgence non seulement par les parents et les enseignants mais aussi par toutes les personnes qui ont un sens de leur responsabilité civique.

Tout en étant assurés que beaucoup de personnes engagées dans les communications sociales veulent agir de manière droite (cf. Conseil pontifical pour les Communications sociales, Éthique dans les communications, n. 4), nous devons également reconnaître que les personnes qui travaillent dans ce domaine sont confrontées à des «pressions psychologiques spéciales et à des dilemmes moraux» (Aetatis novae, n. 19), ce qui, en raison de la compétitivité commerciale, conduit parfois les professionnels de la communication à baisser le niveau. Toute tendance à réaliser des programmes et des productions - y compris des films et des jeux vidéo - qui, au nom du divertissement, exaltent la violence et qui dépeignent un comportement antisocial ou qui avilissent de la sexualité humaine, constitue une perversion, perversion d'autant plus répugnante quand ces programmes s'adressent à des enfants et à des adolescents. Comment pourrait-on expliquer ce 'divertissement' aux innombrables jeunes innocents qui souffrent réellement de la violence, de l'exploitation et des abus ? À cet égard, tous feraient bien de réfléchir sur le contraste entre le Christ qui «embrassait les enfants et les bénissait en leur imposant les mains» (Mc 10, 16) et l'individu qui entraîne au péché un seul de ces petits, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui attache au cou une meule de moulin (cf. Lc 17, 2). Je lance un nouvel appel aux responsables de l'industrie des médias pour former et encourager les producteurs à sauvegarder le bien commun, à défendre la vérité, à protéger la dignité humaine individuelle et à promouvoir le respect des besoins de la famille.

L'Église elle-même, à la lumière du message du salut qui lui a été confié, est aussi pédagogue de l'humanité et elle ne manque pas de prêter son concours aux parents, aux éducateurs, aux professionnels de la communication, et aux jeunes. Ses propres programmes, dans les paroisses et les écoles, devraient être mis en avant pour l'éducation aux médias aujourd'hui. Avant tout, l'Église désire partager une vision de la dignité humaine qui est au cœur de toute saine communication humaine. «Je vois avec les yeux du Christ et je peux donner à l'autre bien plus que les choses qui lui sont extérieurement nécessaires: je peux lui donner le regard d'amour dont il a besoin» (Deus caritas est, n. 18).



11 juin 2007, au congrès annuel du Diocèse de Rome, Basilique Saint Jean de Latran
Aujourd'hui, plus que par le passé, l'éducation et la formation de la personne sont influencées par les messages et par le climat diffus qui sont véhiculés par les moyens de communication de masse et qui s'inspirent d'une mentalité et d'une culture caractérisées par le relativisme, le consumérisme et par une exaltation fausse et destructrice, ou plus exactement, une profanation du corps et de la sexualité. C'est pourquoi, précisément en raison de ce grand "oui" que, en tant que croyants dans le Christ, nous disons à l'homme aimé de Dieu, nous ne pouvons certainement pas nous désintéresser de l'orientation générale de la société à laquelle nous appartenons, des tendances qui l'animent et des influences positives ou négatives qu'elle exerce sur la formation des nouvelles générations. La présence même de la communauté des croyants, son engagement éducatif et culturel, le message de foi, de confiance et d'amour dont elle est porteuse, sont en réalité un service inestimable à l'égard du bien commun et en particulier à l'égard des enfants et des jeunes qui se forment et se préparent à la vie.



5 juillet 2007 - Aux Évêques de la République Dominicaine en Visite Ad Limina
Dans votre ministère épiscopal, un grand nombre de ces défis pastoraux sont étroitement liés à l'évangélisation de la culture, qui doit promouvoir les valeurs humaines et évangéliques, dans toute leur intégrité. Le domaine de la culture est l'un des "aréopages modernes", dans lesquels l'on doit manifester l'Evangile avec toute sa force (cf. Redemptoris missio, n. 37). Dans ce devoir, on ne peut faire abstraction des communications sociales: radio, programmes télévisés, vidéo et réseaux informatiques peuvent être d'une grande utilité pour une ample diffusion de l'Evangile.



15 août 2007 - Homélie Messe Solennité de l'Assomption
Le dragon indique non seulement le pouvoir anti-chrétien des persécuteurs de l'Eglise de ce temps là, mais les dictatures matérialistes anti-chrétiennes de tous les temps. Nous voyons de nouveau se manifester ce pouvoir, cette puissance du dragon rouge, dans les grandes dictatures du siècle dernier: la dictature du nazisme et la dictature de Staline avaient tous les pouvoirs, elles pénétraient chaque recoin, l'ultime recoin. Il semblait impossible qu'à long terme, la foi puisse survivre face à ce dragon si fort, qui voulait dévorer le Dieu qui s'était fait enfant et la femme, l'Eglise. Mais en réalité, dans ce cas également, à la fin, l'amour a été plus fort que la haine.

Aujourd'hui aussi, ce dragon existe de façons nouvelles et différentes. Il existe sous la forme des idéologies matérialistes qui nous disent: il est absurde de penser à Dieu; il est absurde d'observer les commandements de Dieu; cela appartient au passé. Il vaut la peine uniquement de vivre la vie pour soi. Prendre dans ce bref moment de la vie tout ce que nous pouvons en tirer. Seuls la consommation, l'égoïsme, le divertissement valent la peine. Telle est la vie. C'est ainsi que nous devons vivre. Et à nouveau, il semble absurde, impossible de s'opposer à cette mentalité dominante, avec toute sa force médiatique, de propagande. Il semble impossible aujourd'hui encore de penser à un Dieu qui a créé l'homme et qui s'est fait enfant et qui serait le véritable dominateur du monde.

Aujourd'hui aussi, ce dragon apparaît invincible, mais aujourd'hui aussi, il demeure vrai que Dieu est plus fort que le dragon, que c'est l'amour qui l'emporte, et non pas l'égoïsme.



2 septembre 2007 - Homélie Messe sanctuaire marial de Lorette, en présence de 500 000 jeunes
Aujourd'hui l'humble est perçu comme une personne qui renonce, un vaincu, quelqu'un qui n'a rien à dire au monde. C'est en revanche la voie maîtresse, et non seulement parce que l'humilité est une grande vertu humaine, mais parce que, en premier lieu, elle représente la façon d'agir de Dieu lui-même. Elle est la voie choisie par le Christ, le Médiateur de la Nouvelle Alliance, qui, "reconnu comme un homme à son comportement, s'est abaissé lui-même, en devenant obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix" (Ph 2, 8).

Il me semble apercevoir dans cette parole de Dieu sur l'humilité un message important et plus que jamais actuel pour vous, qui voulez suivre le Christ et faire partie de son Eglise. Le message est le suivant: ne suivez pas la voie de l'orgueil, mais celle de l'humilité. Allez à contre-courant: n'écoutez pas les voix intéressées et séduisantes qui, de toutes parts, diffusent aujourd'hui des modèles de vie basés sur l'arrogance et la violence, le pouvoir et le succès à tout prix, l'apparence et la possession, au détriment de l'être. De combien de messages, qui parviennent surtout à travers les mass media, êtes-vous les destinataires! Soyez vigilants! Soyez critiques! Ne suivez pas la vague produite par cette puissante action de persuasion. N'ayez pas peur, chers amis, de préférer les voies "alternatives" indiquées par l'amour véritable: un style de vie sobre et solidaire; des relations d'affection sincères et pures; un engagement honnête dans l'étude et le travail; l'intérêt profond pour le bien commun. N'ayez pas peur d'apparaître différents et d'être critiqués pour ce qui peut sembler perdant ou démodé: les jeunes de votre âge, mais aussi les adultes, et en particulier ceux qui semblent le plus éloignés de la mentalité et des valeurs de l'Evangile, ont un besoin profond de voir quelqu'un qui ose vivre selon la plénitude d'humanité manifestée par Jésus Christ.

La voie de l'humilité n'est donc pas la voie du renoncement, mais du courage. Elle n'est pas le résultat d'une défaite, mais d'une victoire de l'amour sur l'égoïsme et de la grâce sur le péché.



21 octobre 2007 - Homélie Messe à Naples
La foi est espérance, elle ouvre la terre à la foi divine, à la force du bien. Ce sont les figures de la veuve que nous rencontrons dans la parabole évangélique et celle de Moïse dont nous parle le livre de l'Exode. La veuve de l'Evangile (cf. Lc 18, 1-8) fait penser aux "petits", aux derniers, mais également à tant de personnes simples et droites, qui souffrent des violences, qui se sentent impuissantes face à la permanence du malaise social et qui sont tentées de se décourager. Jésus répète à celles-ci: observez avec quelle ténacité cette pauvre veuve insiste et obtient à la fin l'attention d'un juge inique! Comment pourriez-vous penser que votre Père céleste, bon et fidèle, et puissant, qui ne désire que le bien de ses enfants, ne vous rende pas justice le moment venu? La foi nous assure que Dieu écoute notre prière et nous exauce au moment opportun, même si l'expérience quotidienne semble démentir cette certitude. En effet, devant certains faits divers ou les nombreuses difficultés quotidiennes de la vie, dont les journaux ne parlent même pas, s'élève spontanément de notre cœur la supplique de l'antique prophète: "Jusques à quand, Yahvé, appellerai-je au secours sans que tu écoutes, crierai-je vers toi: "A la violence!" sans que tu sauves?" (Ha 1, 2). Il n'y a qu'une seule réponse à cette invocation angoissée: Dieu ne peut pas changer les choses sans notre conversion, et notre véritable conversion commence avec le "cri" de l'âme, qui implore le pardon et le salut. La prière chrétienne n'est donc pas l'expression du fatalisme et de l'inertie, elle est même le contraire d'une fuite de la réalité, d'un intimisme consolateur: elle est une force d'espérance, la plus haute expression de la foi dans la puissance de Dieu qui est Amour et qui ne nous abandonne pas. La prière que Jésus nous a enseignée, qui a atteint son sommet au Gethsémani, possède le caractère de la "compétition", c'est-à-dire de la lutte, car elle se range de manière décidée aux côtés du Seigneur pour combattre l'injustice et vaincre le mal par le bien; elle est l'arme des petits et des pauvres d'esprit, qui refusent tout type de violence. Ils répondent même à celle-ci par la non violence évangélique, en témoignant ainsi que la vérité de l'Amour est plus forte que la haine et que la mort.



2008






21 janvier 2008 - Lettre aux Romains sur l'éducation
Les idées, les styles de vie, les lois, les orientations globales de la société dans laquelle nous vivons, et l'image qu'elle donne d'elle-même à travers les moyens de communication, exercent une grande influence sur la formation des nouvelles générations, pour le bien, mais souvent aussi pour le mal.



31 janvier 2008, lors de l'Assemblée Plénière de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi
Les nouvelles technologies biomédicales concernent non seulement certains médecins et chercheurs spécialisés, mais elles sont divulguées à travers les moyens de communication sociale modernes, suscitant des attentes et des interrogations dans des secteurs toujours plus vastes de la société. Le Magistère de l'Eglise ne peut certainement pas et ne doit pas intervenir sur chaque nouveauté de la science, mais il a pour tâche de réaffirmer les grandes valeurs en jeu et de proposer aux fidèles et à tous les hommes de bonne volonté des principes et des orientations éthiques et moraux au sujet des nouvelles questions importantes. Les deux critères fondamentaux pour le discernement moral dans ce domaine sont a) le respect inconditionné de l'être humain comme personne, de sa conception jusqu'à sa mort naturelle, b) le respect de l'originalité de la transmission de la vie humaine à travers les actes des conjoints eux-mêmes. Après la publication en 1987 de l'Instruction Donum vitae, qui avait énoncé ces critères, de nombreuses personnes ont critiqué le Magistère de l'Eglise, le dénonçant comme s'il constituait un obstacle à la science et au véritable progrès de l'humanité. Mais les nouveaux problèmes qui apparaissent avec, par exemple, la congélation des embryons humains, la réduction embryonnaire, le diagnostic pré-implantatoire, les recherches sur les cellules souches embryonnaires et les tentatives de clonage humain, montrent clairement que, avec la fécondation artificielle extra-corporelle, on a brisé la barrière élevée pour protéger la dignité humaine. Lorsque des êtres humains, au stade le plus faible et le plus fragile de leur existence, sont sélectionnés, abandonnés, tués ou utilisés comme un simple "matériel biologique", comment nier qu'ils ne sont plus traités comme "quelqu'un", mais comme "quelque chose", remettant ainsi en question le concept même de dignité de l'homme ?

L'Eglise apprécie et encourage bien évidemment le progrès des sciences biomédicales qui ouvrent des perspectives thérapeutiques jusqu'à présents inconnues, à travers, par exemple, l'utilisation de cellules souches somatiques ou bien à travers des thérapies en vue de rendre la fertilité ou de soigner les maladies génétiques. Dans le même temps, elle ressent le devoir d'éclairer les consciences de tous, afin que le progrès scientifique soit véritablement respectueux de chaque être humain, à qui doit être reconnue la dignité de personne, étant créé à l'image de Dieu, sinon il ne s'agit pas de véritable progrès. L'étude de ces thèmes, qui de manière particulière a été au centre du travail de votre Assemblée au cours de ces journées, contribuera certainement à promouvoir la formation de la conscience de tant de nos frères, selon ce qu'affirme le Concile Vatican II dans la Déclaration Dignitatis humanae: "Mais les fidèles du Christ, pour se former la conscience, doivent prendre en sérieuse considération la doctrine sainte et certaine de l'Eglise. De par la volonté du Christ, en effet, l'Eglise catholique est maîtresse de vérité; sa fonction est d'exprimer et d'enseigner authentiquement la vérité qui est le Christ, en même temps que de déclarer et de confirmer, en vertu de son autorité, les principes de l'ordre moral découlant de la nature même de l'homme" (n. 14).



23 février 2008 - Audience au Diocèse de Rome, sur l'éducation
Nous sommes ici réunis parce que nous sommes poussés par une sollicitude commune pour le bien des nouvelles générations, pour la croissance et l'avenir des enfants que le Seigneur a donnés à cette ville. Nous sommes également poussés par une inquiétude, la perception de ce que nous avons appelé "une grande urgence éducative". Eduquer n'a jamais été facile et aujourd'hui, cela semble devenir toujours plus difficile: c'est pourquoi un grand nombre de parents et d'enseignants sont tentés de renoncer à leur devoir, et ne parviennent pas à comprendre quelle est, véritablement, la mission qui leur est confiée. Trop d'incertitudes et trop de doutes circulent dans notre société et dans notre culture, trop d'images déformées sont véhiculées par les moyens de communication sociale. Il devient difficile, dans ces conditions, de proposer aux nouvelles générations quelque chose de valable et de sûr, des règles de comportement et des objectifs qui méritent d'y consacrer sa propre vie. Toutefois, nous sommes ici aujourd'hui également et surtout parce que nous nous sentons soutenus par une grande espérance et une confiance forte: par la certitude que ce "oui" clair et définitif que Dieu, en Jésus Christ, a dit à la famille humaine (cf. 2 Co 1, 19-20), vaut également pour nos adolescents et nos jeunes, vaut pour les enfants qui viennent au monde. C'est pourquoi également à notre époque éduquer au bien est possible, c'est une passion que nous devons porter dans le cœur, c'est une entreprise commune à laquelle chacun est appelé à apporter sa contribution.



17 juillet 2008 - Accueil des jeunes à Sydney
Nous découvrons que non seulement le milieu naturel, mais aussi le milieu social - l'habitat que nous nous créons nous-mêmes - a ses cicatrices ; ce sont des blessures qui montrent que quelque chose ne va pas. Là aussi dans nos vies personnelles et dans nos communautés, nous pouvons rencontrer des hostilités, parfois même dangereuses ; comme un poison qui menace de corroder ce qui est bon, de remanier ce que nous sommes et de nous détourner du but pour lequel nous avons été créés. Les exemples ne manquent pas, vous le savez bien. Parmi les plus évidents, se trouvent l'abus d'alcool et de drogue, l'exaltation de la violence et la dégradation de la sexualité, qui sont souvent présentés par la télévision et par internet comme un divertissement. Je me demande comment peut-on expliquer aux personnes qui sont réellement victimes de violences et d'abus sexuels que ces tragédies, reproduites sous forme virtuelle, doivent être considérées comme un simple « divertissement » !



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