Benoît XVI de A à Z

Mensonge

2005



26 mai 2005 - Homélie Messe Corpus Domini
Lors de la procession du Jeudi Saint, l'Eglise accompagne Jésus au mont des Oliviers: l'Eglise orante éprouve le vif désir de veiller avec Jésus, de ne pas le laisser seul dans la nuit du monde, dans la nuit de la trahison, dans la nuit de l'indifférence d'un grand nombre de personnes.



24 décembre 2005 - Homélie de la Messe de la Nuit de Noel
Lumière signifie surtout connaissance, vérité en opposition à l'obscurité du mensonge et de l'ignorance. Ainsi, la lumière nous fait vivre, nous indique la route. Mais ensuite, la lumière, parce qu'elle donne de la chaleur, signifie aussi amour. Là où il y a de l'amour, apparaît une lumière dans le monde; là où il y a de la haine le monde est dans l'obscurité. Oui, dans l'étable de Bethléem est apparue la grande lumière que le monde attend. Dans cet Enfant couché dans l'étable, Dieu montre sa gloire - la gloire de l'amour, qui se fait don lui-même et qui se prive de toute grandeur pour nous conduire sur le chemin de l'amour. La lumière de Bethléem ne s'est plus jamais éteinte. Tout au long des siècles, elle a touché des hommes et des femmes, «elle les a enveloppés de lumière». Là où a surgi la foi en cet Enfant, là aussi a jailli la charité - la bonté envers les autres, l'attention empressée pour ceux qui sont faibles et pour ceux qui souffrent, la grâce du pardon. À partir de Bethléem, un sillage de lumière, d'amour, de vérité, envahit les siècles. … Dans cet Enfant, Dieu oppose sa bonté à la violence de ce monde et il nous appelle à suivre l'Enfant.



2006



1er janvier 2006 - Message pour la Journée Mondiale de la Paix
Et alors, qui peut empêcher la réalisation de la paix et quelle chose peut l'empêcher ? À ce propos, dans son premier livre, la Genèse, la Sainte Écriture met en évidence le mensonge, prononcé au commencement de l'histoire par l'être à la langue fourchue, qualifié par l'Évangéliste Jean de « père du mensonge » (Jn 8,44). Le mensonge est aussi un des péchés qu'évoque la Bible dans le dernier chapitre de son dernier Livre, l'Apocalypse, pour parler de l'exclusion des menteurs hors de la Jérusalem céleste : « Dehors ... tous ceux qui aiment et pratiquent le mensonge » (22,15). Au mensonge est lié le drame du péché avec ses conséquences perverses, qui ont causé et qui continuent à causer des effets dévastateurs dans la vie des individus et des nations. Il suffit de penser à ce qui s'est passé au siècle dernier, quand des systèmes idéologiques et politiques aberrants ont mystifié la vérité de façon programmée et ont conduit à l'exploitation et à la suppression d'un nombre impressionnant d'hommes et de femmes, exterminant même des familles et des communautés entières. Comment ne pas rester sérieusement préoccupés, après ces expériences, face aux mensonges de notre temps, qui sont comme le cadre de menaçants scénarios de mort dans de nombreuses régions du monde ? La recherche authentique de la paix a son point de départ dans la conscience que le problème de la vérité et du mensonge concerne tout homme et toute femme, et qu'il se révèle décisif pour un avenir pacifique de notre planète.

La paix est une aspiration profonde et irrépressible, présente dans le cœur de toute personne, au-delà des identités culturelles spécifiques. C'est précisément pourquoi chacun doit se sentir engagé au service d'un bien si précieux, en travaillant pour qu'aucune forme de fausseté ne s'insinue et ne vienne perturber les relations. Tous les hommes appartiennent à une unique et même famille. La mise en avant exagérée de leurs différences contraste avec cette vérité fondamentale. Il faut retrouver la conscience d'avoir en commun une même destinée, en dernier ressort transcendante, pour pouvoir mettre en valeur au mieux les différences historiques et culturelles, sans s'opposer, mais en se concertant avec les personnes qui appartiennent aux autres cultures. Telles sont les simples vérités qui rendent la paix possible; elles deviennent facilement compréhensibles lorsqu'on écoute son cœur, avec une pureté d'intention. La paix apparaît alors sous un jour nouveau: non comme une simple absence de guerre, mais comme la convivialité des citoyens dans une société gouvernée par la justice, société dans laquelle se réalise aussi le bien pour chacun d'entre eux, autant que faire se peut. La vérité de la paix appelle tous les hommes à entretenir des relations fécondes et sincères; elle les encourage à rechercher et à parcourir les voies du pardon et de la réconciliation, à être transparents dans les discussions et fidèles à la parole donnée. En particulier, le disciple du Christ qui se sent assailli par le mal et qui de ce fait a besoin de l'intervention libératrice du divin Maître se tourne vers Lui avec confiance, sachant bien que ce dernier « n'a pas commis le péché; que dans sa bouche on n'a pu trouver de mensonge » (1 P 2,22; cf. Is 53, 9). En effet, Jésus s'est défini comme la Vérité en personne et, parlant dans une vision au voyant de l'Apocalypse, il a déclaré sa totale aversion pour « tous ceux qui aiment et pratiquent le mensonge » (Ap 22, 15). C'est Lui qui révèle la pleine vérité de l'homme et de l'histoire. C'est par la force de sa grâce qu'il est possible d'être dans la vérité et de vivre de la vérité, parce que Lui seul est totalement sincère et fidèle. Jésus est la vérité qui nous donne la paix…

À tout bien considérer, le nihilisme et le fondamentalisme ont un rapport erroné à la vérité: les nihilistes nient l'existence de toute vérité, les fondamentalistes ont la prétention de pouvoir l'imposer par la force. Tout en ayant des origines différentes et tout en étant des manifestations qui s'inscrivent dans des contextes culturels divers, le nihilisme et le fondamentalisme ont en commun un dangereux mépris pour l'homme et pour sa vie, et, en dernière analyse, pour Dieu lui-même. En effet, à la base de cette tragique issue commune il y a, en définitive, l'altération de la pleine vérité de Dieu: le nihilisme en nie l'existence et la présence providentielle dans l'histoire; le fondamentalisme fanatique en défigure le visage aimant et miséricordieux, Lui substituant des idoles faites à son image. Dans l'analyse des causes du phénomène contemporain du terrorisme, il est souhaitable que, en plus des raisons à caractère politique et social, on ait aussi présent à l'esprit ses plus profondes motivations culturelles, religieuses et idéologiques.



8 janvier 2006 - Homélie Messe Baptêmes - Chapelle Sixtine
Le Baptême - comme nous l'avons vu - est un don ; le don de la vie. Mais un don doit être accueilli, doit être vécu. Un don d'amitié implique un « oui » à l'ami et implique un « non » à ce qui n'est pas compatible avec cette amitié, à ce qui est incompatible avec la vie de la famille de Dieu, avec la vraie vie dans le Christ. Et ainsi, dans ce second dialogue, sont prononcés trois « non » et trois « oui ». On dit « non » et on renonce aux tentations, au péché, au diable. Ces choses, nous les connaissons bien, mais peut-être justement pour les avoir entendues trop souvent, ces paroles ne nous disent pas grand chose. Alors, nous devons un peu approfondir les contenus de ces « non ». A quoi disons-nous « non » ? C'est le seul moyen de comprendre à quoi nous voulons dire « oui ».

Dans l'Eglise antique, ces « non» étaient résumés en une parole qui pour les hommes de ce temps était bien compréhensible : on renonce - disait-on - à la « pompa diabuli », c'est-à-dire à la promesse de vie en abondance, à cette apparence de vie qui semblait venir du monde païen, de ses libertés, de sa manière de vivre uniquement selon son bon plaisir. C'était donc un « non » à une culture apparemment d'abondance de la vie, mais qui en réalité était une « anticulture » de la mort. C'était un « non » à ces spectacles où la mort, la cruauté, la violence étaient devenus divertissement. Pensons à ce qui était organisé au Colisée ou ici, dans les jardins de Néron, où les hommes étaient brûlés comme des torches vivantes. La cruauté et la violence étaient devenues un motif de divertissement, une vraie perversion de la joie, du vrai sens de la vie. Cette « pompa diabuli », cette « anticulture » de la mort était une perversion de la joie, était amour du mensonge, de la tromperie, était un abus du corps comme marchandise et comme commerce.

Et si nous réfléchissons à présent, nous pouvons dire qu'à notre époque aussi il est nécessaire de dire « non » à la culture largement dominante de la mort. Une « anticulture » qui se manifeste, par exemple, dans la drogue, dans la fuite de la réalité au profit de l'illusion, dans un bonheur faux qui s'exprime dans le mensonge, dans la tromperie, dans l'injustice, dans le mépris de l'autre, de la solidarité, de la responsabilité envers les pauvres et les personnes qui souffrent; qui s'exprime dans une sexualité qui devient un pur divertissement sans responsabilité, qui devient une « chosification » - pour ainsi dire - de l'homme, qui n'est plus considéré comme une personne, digne d'un amour personnel qui exige fidélité, mais devient une marchandise, un simple objet. A cette promesse de bonheur apparent, à cette « pompa » d'une vie apparente qui en réalité est seulement un instrument de mort, à cette « anticulture », nous disons « non », pour cultiver la culture de la vie. C'est pourquoi le « oui » chrétien, des temps antiques jusqu'à aujourd'hui, est un grand « oui » à la vie. C'est notre « oui » au Christ, le « oui » au vainqueur de la mort et le « oui » à la vie dans le temps et dans l'éternité.

Comme dans ce dialogue baptismal, le « non » est articulé autour de trois renonciations, de même le « oui » s'articule autour de trois adhésions: « oui » au Dieu vivant, c'est-à-dire au Dieu créateur, à une raison créatrice qui donne sens au cosmos et à notre vie; « oui » au Christ, c'est-à-dire à un Dieu qui n'est pas resté caché mais qui a un nom, qui a des paroles, qui est fait de corps et de sang; à un Dieu concret qui nous donne la vie et nous montre le chemin de la vie; « oui » à la communion de l'Eglise, dans laquelle le Christ est le Dieu vivant, qui entre dans notre temps, entre dans notre profession, entre dans la vie de chaque jour.

Le visage de Dieu, le contenu de cette culture de la vie, le contenu de notre grand « oui », s'exprime dans les dix commandements, qui ne sont pas un ensemble d'interdits, de « non », mais qui représentent en réalité une grande vision de vie. Ils sont un « oui » à un Dieu qui donne sens à l'existence (les trois premiers commandements); « oui » à la famille (quatrième commandement); « oui » à la vie (cinquième commandement); « oui » à l'amour responsable (sixième commandement); « oui » à la solidarité, à la responsabilité sociale, à la justice (septième commandement); « oui » à la vérité (huitième commandement); « oui » au respect de l'autre et de ce qui lui est propre (neuvième et dixième commandements). Telle est la philosophie de la vie, telle est la culture de la vie, qui devient concrète, praticable et belle dans la communion avec le Christ, le Dieu vivant, qui marche avec nous dans la compagnie de ses amis, dans la grande famille de l'Eglise. Le Baptême est don de vie. C'est un « oui » au défi de vivre vraiment la vie, en disant « non » à l'attachement de la mort qui se présente sous le masque de la vie; et c'est un « oui » au grand don de la vraie vie qui est présente dans le visage du Christ, qui se donne à nous dans le Baptême, puis dans l'Eucharistie.



1er mars 2006 - Homélie Messe des Cendres
Le Carême nous rappelle donc que l'existence chrétienne est une lutte sans relâche, au cours de laquelle sont utilisées les "armes" de la prière, du jeûne et de la pénitence. Lutter contre le mal, contre toute forme d'égoïsme et de haine, et mourir à soi-même pour vivre en Dieu représente l'itinéraire ascétique que tout disciple de Jésus est appelé à parcourir avec humilité et patience, avec générosité et persévérance. L'obéissance docile au Maître divin fait des chrétiens des témoins et des apôtres de paix. Nous pourrions dire que cette attitude intérieure nous aide à mieux mettre en évidence également quelle doit être la réponse chrétienne à la violence qui menace la paix dans le monde. Certainement pas la vengeance, ni la haine, ni même la fuite vers un faux spiritualisme. La réponse de la personne qui suit le Christ est plutôt celle qui consiste à parcourir la voie choisie par Celui qui, devant les maux de son temps et de tous les temps, a embrassé de façon décidée la Croix, en suivant le chemin plus long mais efficace de l'amour. Sur ses traces et unis à Lui, nous devons tous nous engager en vue de lutter contre le mal par le bien, contre le mensonge par la vérité, contre la haine par l'amour. Dans l'Encyclique Deus caritas est, j'ai voulu présenter cet amour comme le secret de notre conversion personnelle et ecclésiale.



6 avril 2006 - Rencontre avec les jeunes du diocèse de Rome, Place Saint Pierre
Une culture de la consommation fausse notre vie en raison d'un relativisme qui semble tout nous permettre, mais qui en réalité nous vide.

Il me semble que le grand défi de notre temps soit la sécularisation: c'est-à-dire une façon de vivre et de présenter le monde comme "si Deus non daretur", c'est-à-dire comme si Dieu n'existait pas. On veut réduire Dieu à la sphère du privé, à un sentiment, comme s'Il n'était pas une réalité objective et ainsi, chacun forme son propre projet de vie. Mais cette vision qui se présente comme si elle était scientifique, n'accepte comme valable que ce qui peut être vérifié par l'expérience. Avec un Dieu qui ne se prête pas à l'expérience immédiate, cette vision finit par déchirer également la société: il en découle en effet que chacun forme son projet et à la fin, chacun s'oppose à l'autre. Une situation, comme on le voit, clairement invivable. Nous devons rendre Dieu à nouveau présent dans nos sociétés. Cela me semble être la première nécessité: que Dieu soit à nouveau présent dans notre vie, que nous ne vivions pas comme si nous étions autonomes, autorisés à inventer ce que sont la liberté et la vie. Nous devons prendre acte du fait que nous sommes des créatures, constater qu'il y a un Dieu qui nous a créés et que demeurer dans sa volonté n'est pas une dépendance, mais un don d'amour qui nous fait vivre.



13 avril 2006 - Homélie Messe In Cena Domini
"Vous aussi, vous êtes purs, mais pas tous", nous dit le Seigneur (Jn 13, 10). Dans cette phrase se révèle le grand don de la purification qu'Il nous fait, parce qu'il a le désir d'être à table avec nous, de devenir notre nourriture. "Mais pas tous" - il existe l'obscur mystère du refus, qui apparaît avec l'épisode de Judas et, précisément le Jeudi Saint, le jour où Jésus fait don de lui-même, doit nous faire réfléchir. L'amour du Seigneur ne connaît pas de limites, mais l'homme peut y mettre une limite.

"Vous êtes purs, mais pas tous": qu'est-ce qui rend l'homme impur? C'est le refus de l'amour, ne pas vouloir être aimé, ne pas aimer. C'est l'orgueil qui croit n'avoir besoin d'aucune purification, qui se ferme à la bonté salvatrice de Dieu. C'est l'orgueil qui ne veut pas confesser et reconnaître que nous avons besoin de purification. En Judas nous voyons la nature de ce refus encore plus clairement. Il évalue Jésus selon les catégories du pouvoir et du succès: pour lui, seuls le pouvoir et le succès sont une réalité, l'amour ne compte pas. Et il est avide: l'argent est plus important que la communion avec Jésus, plus important que Dieu et que son amour. Ainsi, il devient aussi un menteur, qui joue un double jeu et se détache de la vérité; une personne qui vit dans le mensonge et perd ainsi le sens de la vérité suprême, de Dieu. De cette façon, il s'endurcit, il devient incapable de conversion, du retour confiant du fils prodigue, et il jette la vie détruite.

"Vous êtes purs, mais pas tous". Le Seigneur nous met aujourd'hui en garde contre cette autosuffisance qui pose une limite à son amour illimité. Il nous invite à imiter son humilité, à nous remettre à celle-ci, à nous laisser "contaminer" par celle-ci. Il nous invite - pour autant que nous puissions nous sentir égarés - à revenir à la maison et à permettre à sa bonté purificatrice de nous réconforter et de nous faire entrer dans la communion du banquet avec Lui, avec Dieu lui-même.



29 juin 2006 - Homélie de la Messe Sts Pierre et Paul
Jésus, immédiatement après l'institution du Sacrement, … s'adresse alors à Pierre. Il dit que Satan a demandé de pouvoir cribler les disciples comme le blé. Cela évoque le passage du Livre de Job, dans lequel Satan demande à Dieu la faculté de frapper Job. Le diable - le calomnieur de Dieu et des hommes - veut par cela prouver qu'il n'existe pas de véritable religiosité, mais que dans l'homme, tout vise toujours et seulement à l'utilité. Dans le cas de Job, Dieu accorde à Satan la liberté requise précisément pour pouvoir défendre par cela sa créature, l'homme, et lui-même. Et c'est ce qui se produit également avec les disciples de Jésus - Dieu donne une certaine liberté à Satan en tout temps. Il nous semble souvent que Dieu laisse trop de liberté à Satan; qu'il lui accorde la faculté de nous secouer de façon trop dure, et que cela dépasse nos forces et nous opprime trop. Nous crierons sans cesse vers Dieu: hélas, vois la misère de tes disciples, de grâce, protège-nous ! En effet, Jésus poursuit: « Mais moi, j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas » (Lc 22, 32). La prière de Jésus est la limite placée au pouvoir du malin. La prière de Jésus est la protection de l'Eglise. Nous pouvons nous réfugier sous cette protection, nous y agripper et placer notre certitude en elle.



1er septembre 2006 - Sanctuaire de la Sainte Face de Manopello
« Jesu... quam bonus te quaerentibus ! - Comme tu es bon Jésus, pour celui qui te cherche ! »: …. C'est un hymne qui …fait penser au Psaume 23 [24]: « Voici le peuple de ceux qui le cherchent ! Voici Jacob qui recherche ta face ! » (v. 6). Mais quel est le « peuple » qui cherche la face du Seigneur, quel peuple est digne de « gravir la montagne du Seigneur », de se « tenir dans son lieu saint »? Le Psalmiste explique: ce sont ceux qui ont « des mains innocentes et un cœur pur », qui ne prononcent pas de mensonges, qui ne font pas de faux serments au détriment de leur prochain (cf. vv. 3-4). Pour entrer en communion avec le Christ et contempler Sa face, pour reconnaître la face du Seigneur dans celle de nos frères dans les événements de chaque jour, il faut donc « des mains innocentes et des cœurs purs ». Des mains innocentes, c'est-à-dire des existences illuminées par la vérité de l'amour qui vainc l'indifférence, le doute, le mensonge et l'égoïsme ; des cœurs purs sont nécessaires, des cœurs ravis par la beauté divine,…des cœurs qui portent le visage du Christ imprimé en eux.



2007



3 janvier 2007 - Audience Générale
La joie de Noël ne nous fait cependant pas oublier le mystère du mal (mysterium iniquitatis), le pouvoir des ténèbres qui tente d'obscurcir la splendeur de la lumière divine : et nous faisons malheureusement chaque jour l'expérience de ce pouvoir des ténèbres. Dans le prologue de son Evangile, … l'évangéliste Jean écrit : « La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée » (1, 5). C'est le drame du refus du Christ, qui, comme par le passé, se manifeste et s'exprime, aujourd'hui aussi hélas, de nombreuses manières différentes. Les formes du refus de Dieu à l'époque contemporaine sont peut-être même plus insidieuses et dangereuses : du net rejet à l'indifférence, de l'athéisme scientiste à la présentation d'un Jésus soi-disant modernisé ou post-modernisé. Un Jésus homme, réduit à un simple homme de son temps, privé de sa divinité ; ou bien un Jésus tellement idéalisé qu'il semble parfois le personnage d'un conte.



10 février 2007 - A l'Académie des Sciences morales et politiques
Un des défis pour nos contemporains, et particulièrement pour la jeunesse, consiste à accepter de ne pas vivre simplement dans l'extériorité, dans le paraître, mais à développer la vie intérieure, lieu unificateur de l'être et de l'agir, lieu de la reconnaissance de notre dignité d'enfants de Dieu appelés à la liberté, non pas en se séparant de la source de la vie, mais en y demeurant relié. Ce qui réjouit le cœur de l'homme, c'est de se reconnaître fils et filles de Dieu, c'est une vie belle et bonne sous le regard de Dieu, ainsi que les victoires réalisées sur le mal et contre le mensonge. En permettant à chacun de découvrir que sa vie a un sens et qu'il en est responsable, nous ouvrons la voie à une maturation des personnes et à une humanité réconciliée, soucieuse du bien commun.



12 février 2007 - A un Congrès International sur la loi morale naturelle
La loi naturelle est le seul rempart valable contre l'abus de pouvoir ou les mensonges de la manipulation idéologique.



Message pour le Carême 2007
Le Tout-puissant attend le « oui » de sa créature comme un jeune marié celui de sa promise. Malheureusement, dès les origines, l'humanité, séduite par les mensonges du Malin, s'est fermée à l'amour de Dieu, dans l'illusion d'une impossible autosuffisance (Jn 3, 1-7). En se repliant sur lui-même, Adam s'est éloigné de cette source de la vie qu'est Dieu lui-même, et il est devenu le premier de « ceux qui, leur vie entière, étaient tenus en esclavage par la crainte de la mort » (Hb 2, 15). Dieu, cependant, ne s'est pas avoué vaincu, mais au contraire, le « non » de l'homme a été comme l'impulsion décisive qui l'a conduit à manifester son amour dans toute sa force rédemptrice.



1er avril 2007 - Homélie Messe des Rameaux - XXIIème JMJ
Dans la procession du Dimanche des Rameaux, nous nous associons à la foule des disciples qui, dans une joyeuse fête, accompagnent le Seigneur lors de son entrée à Jérusalem. Comme eux, nous louons le Seigneur à pleine voix pour tous les prodiges que nous avons vus. Oui, nous aussi nous avons vu et nous voyons encore les prodiges du Christ: comment il conduit les hommes et les femmes à renoncer aux commodités de leur vie et à se mettre totalement au service des personnes qui souffrent; comment Il donne aux hommes et aux femmes le courage de s'opposer à la violence et au mensonge, pour laisser place à la vérité dans le monde; comment, dans le secret, Il incite les hommes et les femmes à faire du bien aux autres, à susciter la réconciliation là où régnait la haine, à édifier la paix là où régnait l'inimitié. …

Celui qui "a les mains innocentes et le cœur pur" peut se tenir dans le lieu saint. Des mains innocentes - ce sont des mains qui ne sont pas utilisées pour des actes de violence. Ce sont des mains qui ne se sont pas salies par la corruption, les pots-de-vin. Un cœur pur - quand le cœur est-il pur? Un cœur est pur lors qu'il ne fait pas semblant, lorsqu'il ne se tache pas avec le mensonge et l'hypocrisie. C'est un cœur qui reste transparent comme l'eau d'une source, car il ne connait pas la duplicité. Un cœur est pur lorsqu'il ne se laisse pas troubler par l'ivresse du plaisir; c'est un cœur dont l'amour est véritable et pas seulement la passion d'un moment. Des mains innocentes et un cœur pur: si nous marchons avec Jésus, nous montons et nous trouvons les purifications qui nous conduisent vraiment à cette hauteur à laquelle l'homme est destiné: l'amitié avec Dieu lui-même.



9 mai 2007 - Avec les Journalistes, en vol, vers le Brésil.
Avec le changement de la situation politique, la situation de la théologie de la libération a elle aussi profondément changé et à présent, il est évident que ces millénarismes faciles, qui promettaient dans l'immédiat, comme conséquence de la révolution, les conditions complètes d'une vie juste, se trompaient. Tout le monde le sait aujourd'hui.



10 mai 2007 - Avec les jeunes, au Brésil
Le Pape souhaite que les jeunes sachent être les protagonistes d'une société plus juste et plus fraternelle, en remplissant leurs devoirs à l'égard de l'Etat: en respectant ses lois; en ne se laissant pas emporter par la haine et par la violence; en tentant d'être des exemples de conduite chrétienne dans leur milieu professionnel et social, en se distinguant par l'honnêteté dans les rapports sociaux et professionnels. Qu'ils se souviennent que l'ambition démesurée de richesse et de pouvoir conduit à la corruption de soi et des autres; il n'y a pas de raisons valables qui justifient la tentative de faire prévaloir ses propres aspirations humaines, qu'elles soient économiques ou politiques, à travers la fraude et la tromperie.



11 mai 2007 - Homélie Messe Canonisation de Frère Antonio de Sant'Anna Galvão, au Brésil.
Le monde a besoin de vies transparentes, d'âmes claires, d'intelligences simples, qui refusent d'être considérées comme des créatures objets de plaisir. Il est nécessaire de dire non à ces moyens de communication sociale qui tournent en ridicule la sainteté du mariage et la virginité avant le mariage.



17 juin 2007, avec les jeunes, à Assise ; à l'occasion du 8ème centenaire de la conversion de Saint François.
Chers jeunes, vous m'avez rappelé certains problèmes de la condition de jeunes, de votre difficulté à vous construire un avenir, et surtout, des difficultés à discerner la vérité. Dans le récit de la Passion du Christ, nous trouvons la question de Ponce Pilate : "Qu'est-ce que la vérité?" (Jn 18, 38). C'est la question d'un sceptique qui dit: "Mais toi, tu dis être la vérité, mais qu'est-ce que la vérité?" Et ainsi, la vérité ne pouvant être reconnue, Pilate laisse entendre: faisons ce qui est le plus pratique, ce qui a le plus de succès sans chercher la vérité. Puis, il condamne Jésus à mort, car il suit le pragmatisme, le succès, son propre bonheur. Aujourd'hui aussi, de nombreuses personnes disent: "Mais qu'est-ce que la vérité ? Nous pouvons en trouver des fragments, mais comment pourrions-nous trouver la vérité ?". Il est réellement difficile de penser que cela est la vérité: Jésus Christ, la vraie Vie, la boussole de notre vie. Et toutefois, si nous commençons, comme nous en serions tentés, à vivre uniquement en fonction des possibilités du moment, sans vérité, nous perdons véritablement le critère et nous perdons également le fondement de la paix commune qui ne peut être que la vérité. Et cette vérité est le Christ. La vérité du Christ s'est vérifiée dans la vie des saints de tous les siècles. Les saints sont la grande trace de lumière dans l'histoire qui témoigne: voilà la vie, voilà le chemin, voilà la vérité. C'est pourquoi nous avons le courage de dire "oui" à Jésus Christ: "Ta vérité s'est vérifiée dans la vie de tous les saints! Nous te suivons !".



15 août 2007 - Homélie Messe Solennité de l'Assomption
Dans sa grande œuvre "La Cité de Dieu", saint Augustin dit à un moment donné que toute l'histoire humaine, l'histoire du monde, est une lutte entre deux amours: l'amour de Dieu jusqu'à se perdre soi-même, jusqu'au don de soi, et l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu, jusqu'à la haine des autres. Cette même interprétation de l'histoire, comme lutte entre deux amours, entre l'amour et l'égoïsme, apparaît également dans la lecture tirée de l'Apocalypse, que nous venons d'écouter. Ici, ces deux amours apparaissent à travers deux grandes figures. Avant tout, il y a le dragon rouge, très puissant, avec une manifestation impressionnante et inquiétante du pouvoir sans grâce, sans amour, de l'égoïsme absolu, de la terreur, de la violence. Au moment où saint Jean écrivit l'Apocalypse, pour lui ce dragon était la représentation du pouvoir des empereurs romains anti-chrétiens, de Néron à Domitien. Ce pouvoir apparaissait illimité; le pouvoir militaire, politique, propagandiste de l'empire romain était tel que devant lui, la foi, l'Eglise, apparaissait comme une femme sans défense, sans possibilité de survivre, encore moins de vaincre. Qui pouvait s'opposer à ce pouvoir omniprésent, qui semblait capable de tout? Et toutefois, nous savons qu'à la fin, la femme sans défense a vaincu; ce n'est pas l'égoïsme, ce n'est pas la haine; mais c'est l'amour de Dieu qui l'a emporté et l'empire romain s'est ouvert à la foi chrétienne.

Les paroles de l'Ecriture Sainte transcendent toujours le moment historique. Et ainsi, ce dragon indique non seulement le pouvoir anti-chrétien des persécuteurs de l'Eglise de ce temps là, mais les dictatures matérialistes anti-chrétiennes de tous les temps. Nous voyons de nouveau se manifester ce pouvoir, cette puissance du dragon rouge, dans les grandes dictatures du siècle dernier: la dictature du nazisme et la dictature de Staline avaient tous les pouvoirs, elles pénétraient chaque recoin, l'ultime recoin. Il semblait impossible qu'à long terme, la foi puisse survivre face à ce dragon si fort, qui voulait dévorer le Dieu qui s'était fait enfant et la femme, l'Eglise. Mais en réalité, dans ce cas également, à la fin, l'amour a été plus fort que la haine.

Aujourd'hui aussi, ce dragon existe de façons nouvelles et différentes. Il existe sous la forme des idéologies matérialistes qui nous disent: il est absurde de penser à Dieu; il est absurde d'observer les commandements de Dieu; cela appartient au passé. Il vaut la peine uniquement de vivre la vie pour soi. Prendre dans ce bref moment de la vie tout ce que nous pouvons en tirer. Seuls la consommation, l'égoïsme, le divertissement valent la peine. Telle est la vie. C'est ainsi que nous devons vivre. Et à nouveau, il semble absurde, impossible de s'opposer à cette mentalité dominante, avec toute sa force médiatique, de propagande. Il semble impossible aujourd'hui encore de penser à un Dieu qui a créé l'homme et qui s'est fait enfant et qui serait le véritable dominateur du monde.

Aujourd'hui aussi, ce dragon apparaît invincible, mais aujourd'hui aussi, il demeure vrai que Dieu est plus fort que le dragon, que c'est l'amour qui l'emporte, et non pas l'égoïsme. Ayant considéré ainsi les diverses configurations historiques du dragon, voyons à présent l'autre image: la femme vêtue de soleil avec la lune sous ses pieds et entourée de douze étoiles. Cette image également revêt plusieurs dimensions. Une première signification est sans aucun doute qu'il s'agit de la Vierge Marie vêtue de soleil, c'est-à dire entièrement de Dieu; Marie qui vit en Dieu, entièrement, entourée et pénétrée de la lumière de Dieu. Entourée de douze étoiles, c'est-à-dire des douze tribus d'Israël, de tout le Peuple de Dieu, de toute la communion des saints, et avec à ses pieds la lune, image de la mort et de la mortalité. Marie a laissé la mort derrière elle; elle est entièrement revêtue de vie, elle est élevée corps et âme dans la gloire de Dieu et ainsi, étant placée dans la gloire, ayant surmonté la mort, elle nous dit: courage, à la fin l'amour est vainqueur! Ma vie consistait à dire: je suis la servante de Dieu, ma vie était le don de moi à Dieu et au prochain. Et cette vie de service débouche à présent dans la vie véritable. Ayez confiance, ayez le courage de vivre ainsi vous aussi, contre toutes les menaces du dragon.

Telle est la première signification de la femme que Marie est parvenue à être. La "femme vêtue de soleil" est le grand signe de la victoire de l'amour, de la victoire du bien, de la victoire de Dieu. Un grand signe de réconfort. Mais ensuite, cette femme qui souffre, qui doit fuir, qui enfante dans un cri de douleur, est également l'Eglise, l'Eglise en pèlerinage de tous les temps. A toutes les générations, elle doit à nouveau enfanter le Christ, l'apporter au monde avec une grande douleur dans ce monde de souffrance. Persécutée à toutes les époques, elle vit comme dans le désert persécutée par le dragon. Mais en tous temps, l'Eglise, le Peuple de Dieu, vit également de la lumière de Dieu et il est nourri, comme dit l'Evangile, de Dieu, nourri lui-même avec le pain de la Sainte Eucharistie. Et ainsi, dans toutes les vicissitudes, dans toutes les différentes situations de l'Eglise au cours des temps, dans les diverses parties du monde, en souffrant, elle est vainqueur. Et elle est la présence, la garantie de l'amour de Dieu contre toutes les idéologies de la haine et de l'égoïsme.

Nous voyons certainement qu'aujourd'hui aussi, le dragon veut dévorer le Dieu qui s'est fait enfant. N'ayez pas peur pour ce Dieu apparemment faible. La lutte a déjà été surmontée. Aujourd'hui aussi, ce Dieu faible est fort: il est la véritable force. Et ainsi, la fête de l'Assomption est l'invitation à avoir confiance en Dieu et elle est également une invitation à imiter Marie dans ce qu'Elle a dit elle-même: Je suis la servante du Seigneur, je me mets à la disposition du Seigneur. Telle est la leçon: suivre sa voie; donner notre vie et ne pas prendre la vie. Et précisément ainsi, nous sommes sur le chemin de l'amour qui signifie se perdre, mais une façon de se perdre qui en réalité, est l'unique voie pour se trouver véritablement, pour trouver la vraie vie.



1er septembre 2007 - Rencontre avec 500 000 jeunes au sanctuaire marial de lorette.
Je me suis rendu au Brésil et dans la Fazenda da Esperança, cette grande réalité où les toxicomanes sont soignés et retrouvent l'espérance, retrouvent la joie de vivre et témoignent que c'est précisément la découverte que Dieu existe qui les a conduits à guérir du désespoir. Ainsi, ils ont compris que leur vie a un sens et ils ont retrouvé la joie d'être dans ce monde, la joie d'affronter les problèmes de la vie humaine. Ainsi, dans chaque cœur humain, malgré tous les problèmes qui existent, il y a la soif de Dieu et là où Dieu disparaît, disparaît aussi le soleil qui donne lumière et joie. Cette soif d'infini qui est dans nos cœurs apparaît également dans le phénomène de la drogue justement: l'homme veut élargir la profondeur de la vie, avoir davantage de la vie, avoir l'infini, mais la drogue est un mensonge, une escroquerie, parce qu'elle n'élargit pas la vie, mais elle la détruit. Ce qui est vrai, c'est la grande soif qui nous parle de Dieu et nous met en chemin vers Dieu, mais nous devons nous aider réciproquement. Le Christ est venu précisément pour créer un réseau de communion dans le monde, où tous ensemble, nous pouvons nous porter l'un l'autre et nous aider ainsi à trouver ensemble le chemin de la vie et comprendre que les Commandements de Dieu ne sont pas des obstacles à notre liberté, mais les chemins qui conduisent vers l'autre, vers la plénitude de la vie.

Je me demande et je vous demande: les questions que Dieu nous adressent, aussi exigeantes qu'elles puissent nous sembler, pourront-elles jamais égaler ce qui fut demandé à la jeune Marie? Chers garçons et filles, apprenons de Marie à prononcer notre "oui", car elle sut véritablement ce que signifie répondre généreusement aux questions du Seigneur. Chers jeunes, Marie connaît vos aspirations les plus nobles et profondes. Elle connaît bien, surtout, votre grand désir d'amour, votre besoin d'aimer et d'être aimés. En vous tournant vers elle, en la suivant docilement, vous découvrirez la beauté de l'amour, non pas d'un amour "jetable", passager et trompeur, prisonnier d'une mentalité égoïste et matérialiste, mais de l'amour véritable et profond. Au plus profond de son cœur, chaque garçon et chaque fille qui affronte la vie, cultive le rêve d'un amour qui donne un sens plein à son avenir. Pour de nombreuses personnes, cela se réalise dans le choix du mariage et dans la création d'une famille où l'amour entre un homme et une femme est vécu comme un don réciproque et fidèle, comme un don définitif, scellé par le "oui" prononcé devant Dieu le jour du mariage, un "oui" pour toute la vie.



2 septembre 2007 - Homélie Messe sanctuaire marial de Lorette, en présence de 500 000 jeunes
Aujourd'hui l'humble est perçu comme une personne qui renonce, un vaincu, quelqu'un qui n'a rien à dire au monde. C'est en revanche la voie maîtresse, et non seulement parce que l'humilité est une grande vertu humaine, mais parce que, en premier lieu, elle représente la façon d'agir de Dieu lui-même. Elle est la voie choisie par le Christ, le Médiateur de la Nouvelle Alliance, qui, "reconnu comme un homme à son comportement, s'est abaissé lui-même, en devenant obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix" (Ph 2, 8).

Il me semble apercevoir dans cette parole de Dieu sur l'humilité un message important et plus que jamais actuel pour vous, qui voulez suivre le Christ et faire partie de son Eglise. Le message est le suivant: ne suivez pas la voie de l'orgueil, mais celle de l'humilité. Allez à contre-courant: n'écoutez pas les voix intéressées et séduisantes qui, de toutes parts, diffusent aujourd'hui des modèles de vie basés sur l'arrogance et la violence, le pouvoir et le succès à tout prix, l'apparence et la possession, au détriment de l'être. De combien de messages, qui parviennent surtout à travers les mass media, êtes-vous les destinataires! Soyez vigilants! Soyez critiques! Ne suivez pas la vague produite par cette puissante action de persuasion. N'ayez pas peur, chers amis, de préférer les voies "alternatives" indiquées par l'amour véritable: un style de vie sobre et solidaire; des relations d'affection sincères et pures; un engagement honnête dans l'étude et le travail; l'intérêt profond pour le bien commun. N'ayez pas peur d'apparaître différents et d'être critiqués pour ce qui peut sembler perdant ou démodé: les jeunes de votre âge, mais aussi les adultes, et en particulier ceux qui semblent le plus éloignés de la mentalité et des valeurs de l'Evangile, ont un besoin profond de voir quelqu'un qui ose vivre selon la plénitude d'humanité manifestée par Jésus Christ.

La voie de l'humilité n'est donc pas la voie du renoncement, mais du courage. Elle n'est pas le résultat d'une défaite, mais d'une victoire de l'amour sur l'égoïsme et de la grâce sur le péché.



9 septembre 2007 - Rencontre avec le monde du Volontariat, à Vienne
Le regard de Dieu, le regard de Jésus nous contamine par l'amour de Dieu. Il y a des regards qui peuvent se poser dans le vide ou même mépriser. Et des regards qui peuvent apporter une sollicitude et exprimer l'amour. Les personnes engagées bénévolement confèrent au prochain une considération, rappellent la dignité de l'homme et suscitent la joie de vivre et l'espérance. Les représentants du volontariat sont des gardiens et des avocats des droits de l'homme et de sa dignité.

Une autre forme de regard est également liée au regard de Jésus. "Il le vit et passa outre", lit-on dans l'Evangile du prêtre et du lévite qui voient l'homme à demi-mort gisant au bord de la route, mais qui n'interviennent pas (cf. Lc 10, 31.32). Il y a ceux qui voient et qui font semblant de ne pas voir, ceux qui voient les situations de besoin sous leurs yeux, mais qui demeurent indifférents, cela fait partie des courants d'indifférence de notre époque. Dans le regard des autres, précisément dans le regard de ceux qui ont besoin de notre aide, nous ressentons l'exigence concrète de l'amour chrétien. Jésus Christ ne nous enseigne pas une mystique "des yeux fermés", mais une mystique "du regard ouvert", et à travers cela, une mystique du devoir absolu de percevoir la condition des autres, la situation dans laquelle se trouve l'homme qui, selon l'Evangile, est notre prochain. Le regard de Jésus, l'école des yeux de Jésus introduit à une proximité humaine, à la solidarité, au partage du temps, au partage des dons et également des biens matériels.



15 septembre 2007 - au Nouvel Ambassadeur d'Irlande près le Saint-Siège
L'Eglise, en exposant la vérité révélée, sert tous les membres de la société en apportant une lumière sur les fondements de la morale et de l'éthique, et en purifiant la raison, en garantissant que celle-ci demeure ouverte à la considération des vérités ultimes et qu'elle s'inspire de la sagesse. Loin de menacer la tolérance à l'égard des différences ou le pluralisme culturel, ou encore d'usurper le rôle de l'Etat, une telle contribution illumine la vérité même qui rend le consensus possible et maintient le débat public rationnel, honnête et responsable. Lorsque la vérité est méprisée, le relativisme la remplace: au lieu d'être régis par les principes, les choix politiques sont déterminés de plus en plus par l'opinion publique, les valeurs sont obscurcies par les méthodes et les objectifs, et ce sont les catégories elles-mêmes de ce qui est bien et ce qui est mal, de ce qui est juste et ce qui est faux, qui dictent l'évaluation pragmatique des avantages et des inconvénients.



29 septembre 2007 - Homélie Messe Consécration de 6 nouveaux Evêques.
Les Anges sont les messagers de Dieu. Ils apportent Dieu aux hommes, ils ouvrent le ciel et ouvrent ainsi la terre. C'est précisément parce qu'ils sont auprès de Dieu, qu'ils peuvent être également très près de l'homme. En effet, Dieu est plus intime à chacun de nous que nous ne le sommes à nous-mêmes. Les Anges parlent à l'homme de ce qui constitue son être véritable, de ce qui dans sa vie est si souvent couvert et enseveli. Ils l'appellent à rentrer en lui-même, en le touchant de la part de Dieu. Dans ce sens également, nous qui sommes des êtres humains devrions toujours à nouveau devenir des anges les uns pour les autres - des anges qui nous détournent des voies de l'erreur et qui nous orientent toujours à nouveau vers Dieu.

L'Archange Saint Michel. Nous le rencontrons dans l'Ecriture Sainte, en particulier dans le Livre de Daniel, dans la Lettre de l'Apôtre saint Jude Thaddée et dans l'Apocalypse. Dans ces textes, on souligne deux fonctions de cet Archange. Il défend la cause de l'unicité de Dieu contre la présomption du dragon, du "serpent antique", comme le dit Jean. C'est la tentative incessante du serpent de faire croire aux hommes que Dieu doit disparaître, afin qu'ils puissent devenir grands; que Dieu fait obstacle à notre liberté et que nous devons donc nous débarrasser de Lui. Mais le dragon n'accuse pas seulement Dieu. L'Apocalypse l'appelle également "l'accusateur de nos frères, lui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu" (12, 10). Celui qui met Dieu de côté, ne rend pas l'homme plus grand, mais lui ôte sa dignité. L'homme devient alors un produit mal réussi de l'évolution. Celui qui accuse Dieu, accuse également l'homme. La foi en Dieu défend l'homme dans toutes ses faiblesses et ses manquements: la splendeur de Dieu resplendit sur chaque individu. La tâche de l'Evêque, en tant qu'homme de Dieu, est de faire place à Dieu dans le monde contre les négations et de défendre ainsi la grandeur de l'homme. Et que pourrait-on dire et penser de plus grand sur l'homme que le fait que Dieu lui-même s'est fait homme ?



30 septembre 2007 - Angelus
L'Evangile de Luc présente la parabole de l'homme riche et du pauvre Lazare (Lc 16, 19-31). Le riche incarne l'utilisation injuste des richesses de la part de qui les utilise pour un luxe effréné et égoïste, pensant uniquement à sa propre satisfaction, sans se soucier le moins du monde du mendiant qui se trouve à sa porte. Le pauvre en revanche incarne la personne dont seul Dieu s'occupe : contrairement au riche, il a un nom, Lazare, abréviation de Eleazare qui signifie précisément « Dieu l'aide ». Dieu n'oublie pas celui qui est oublié de tous ; celui qui ne vaut rien aux yeux des hommes est précieux aux yeux du Seigneur. Le récit montre comment l'iniquité terrestre est renversée par la justice divine : après la mort, Lazare est accueilli « dans le sein d'Abraham », c'est-à-dire dans la béatitude éternelle, alors que le riche finit en enfer, « en proie à la torture ». Il s'agit d'un nouvel état de chose sans appel et définitif. C'est donc pendant sa vie qu'il faut se repentir. Le faire après ne sert à rien.

Nous ne pouvons pas prétendre ne pas savoir quel chemin prendre : nous avons la Loi et les Prophètes, nous dit Jésus dans l'Evangile. Celui qui ne veut pas les écouter ne changerait pas, même si quelqu'un revenait de chez les morts pour le réprimander.

Que la Vierge Marie nous aide à profiter du temps présent pour écouter et mettre en pratique cette parole de Dieu. Qu'elle nous obtienne de devenir plus attentifs à nos frères dans le besoin, pour partager avec eux l'abondance ou le peu que nous avons, et contribuer, en commençant par nous-mêmes, à répandre la logique et le style de la solidarité authentique.

2008



21 janvier 2008 - Lettre aux Romains sur l'éducation
Ce que nous ne devons jamais faire, c'est de seconder l'enfant, le jeune, dans les erreurs, faire semblant de ne pas voir, ou pire de les partager, comme si elles étaient les frontières du progrès humain.



23 février 2008 - Audience au Diocèse de Rome, sur l'éducation
L'éducation n'est pas seulement l'œuvre des éducateurs: c'est une relation entre des personnes dans laquelle, avec le passage des années, entrent toujours davantage en jeu la liberté et la responsabilité de ceux qui sont éduqués. C'est pourquoi, avec beaucoup d'affection, je m'adresse à vous, chers enfants, adolescents et jeunes, pour vous rappeler que vous-mêmes êtes appelés à être les artisans de votre croissance morale, culturelle et spirituelle. C'est donc à vous d'accueillir librement dans le cœur, dans l'intelligence et dans votre vie le patrimoine de vérité, de bonté et de beauté qui s'est formé à travers le siècles et qui a en Jésus Christ sa pierre d'angle. C'est à vous de renouveler et de développer toujours plus ce patrimoine, en le libérant des nombreux mensonges et des laideurs qui souvent empêchent de le reconnaître et provoquent la méfiance et la déception. Sachez, quoi qu'il en soit, que sur ce chemin difficile vous n'êtes jamais seuls: vos parents, vos enseignants, vos prêtres, vos amis et vos formateurs vous sont non seulement proches, mais surtout ce Dieu qui nous a créés et qui est l'hôte secret de nos cœurs. Il éclaire de l'intérieur notre intelligence, Il oriente vers le bien notre liberté, dont nous ressentons souvent la fragilité et l'inconstance, Il est la véritable espérance et le fondement solide de notre vie. C'est avant tout en Lui, que nous pouvons avoir confiance.



9 avril 2008 - Audience Générale
Aujourd'hui, l'Europe - à peine sortie d'un siècle profondément blessé par deux guerres mondiales et après l'effondrement des grandes idéologies qui se sont révélées de tragiques utopies - est à la recherche de sa propre identité. Pour créer une unité nouvelle et durable, les instruments politiques, économiques et juridiques sont assurément importants, mais il faut également susciter un renouveau éthique et spirituel qui puise aux racines chrétiennes du continent, autrement on ne peut pas reconstruire l'Europe. Sans cette sève vitale, l'homme reste exposé au danger de succomber à l'antique tentation de vouloir se racheter tout seul - une utopie qui, de différentes manières, a causé dans l'Europe du XXe siècle, comme l'a remarqué le Pape Jean-Paul II, « un recul sans précédent dans l'histoire tourmentée de l'humanité » (Insegnamenti, XIII/1, 1990, p. 58).



17 juillet 2008 - Accueil des jeunes à Sydney
Il y a presque deux mille ans, les Apôtres, réunis à l'étage de la maison, avec Marie (cf. Ac 1, 14) et avec quelques femmes fidèles, furent remplis de l'Esprit Saint (cf. Ac 2, 4). En cet instant extraordinaire, qui manifesta la naissance de l'Église, le trouble et la peur qui avaient saisi les Disciples du Christ, se sont transformées en une vigoureuse conviction, et en une prise de conscience d'un objectif. Ils se sentirent poussés à parler de leur rencontre avec Jésus ressuscité, que désormais, ils appelaient affectueusement le Seigneur. À bien des égards, les Apôtres étaient des personnes ordinaires. Aucun d'eux ne pouvait prétendre qu'il était un disciple parfait. Ils n'avaient pas su reconnaître le Christ (cf. Lc 24, 13-32), ils avaient dû rougir de leur ambition (cf. Lc 22, 24-27), ils l'avaient même renié (cf. Lc 22, 54-62). Et pourtant, quand ils furent remplis de l'Esprit Saint, ils furent transpercés par la vérité de l'Évangile du Christ et ils se sentirent poussés à le proclamer sans crainte. Rassurés, ils s'écrièrent : repentez-vous, faites-vous baptiser, recevez l'Esprit Saint (cf. Ac 2, 37-38) ! Fondée sur l'enseignement des Apôtres et y adhérant, rompant le pain et priant (cf. Ac 2, 42), la jeune communauté chrétienne se leva pour s'opposer à la perversité de la culture qui l'entourait (cf. Ac 2, 40), pour prendre soin de ses propres membres (cf. Ac 2, 44-47), pour défendre sa foi en Jésus face aux oppositions (cf. Ac, 4, 33) et pour guérir les malades (cf. Ac 5, 12-16).

Nous découvrons que non seulement le milieu naturel, mais aussi le milieu social - l'habitat que nous nous créons nous-mêmes - a ses cicatrices ; ce sont des blessures qui montrent que quelque chose ne va pas. Là aussi dans nos vies personnelles et dans nos communautés, nous pouvons rencontrer des hostilités, parfois même dangereuses ; comme un poison qui menace de corroder ce qui est bon, de remanier ce que nous sommes et de nous détourner du but pour lequel nous avons été créés. Les exemples ne manquent pas, vous le savez bien. Parmi les plus évidents, se trouvent l'abus d'alcool et de drogue, l'exaltation de la violence et la dégradation de la sexualité, qui sont souvent présentés par la télévision et par internet comme un divertissement. Je me demande comment peut-on expliquer aux personnes qui sont réellement victimes de violences et d'abus sexuels que ces tragédies, reproduites sous forme virtuelle, doivent être considérées comme un simple « divertissement » !

La vie n'est pas réglée par le hasard, elle n'est pas accidentelle. Votre existence personnelle a été voulue par Dieu, bénie par Lui et il lui a été donné un but (cf. Gn 1, 28) ! La vie n'est pas une simple succession de faits et d'expériences, même si de tels événements peuvent être utiles. Elle est une recherche de ce qui est vrai, bien et beau. C'est précisément en vue de tels objectifs que nous accomplissons nos choix, que nous exerçons notre liberté et en cela, c'est-à-dire en ce qui est vrai, bien et beau, nous trouvons le bonheur et la joie. Ne vous laissez pas tromper par ceux qui voient en vous de simples consommateurs sur un marché offrants de multiples possibilités, où le choix en lui-même devient le bien, la nouveauté se fait passer pour beauté, l'expérience subjective remplace la vérité.

La création de Dieu est unique et elle est bonne. Les préoccupations au sujet de la non-violence, du développement durable, de la justice et de la paix, de la protection de notre environnement sont d'une importance vitale pour l'humanité. Tout cela, cependant, ne peut être compris sans une profonde réflexion sur la dignité innée de toute vie humaine, de la conception jusqu'à la mort naturelle, dignité qui est conférée par Dieu lui-même et qui est, par conséquent, inviolable. Notre monde en a assez de l'avidité, de l'exploitation et de la division, de l'ennui des fausses idoles et des réponses partielles, ainsi que des fausses promesses. Notre cœur et notre esprit aspirent à une vision de la vie où règne l'amour, où les dons sont partagés, où l'unité se construit, où la liberté trouve sa propre signification dans la vérité, et où l'identité se trouve dans une communion respectueuse.



18 juillet 2008 - Avec les jeunes blessés de la vie
Que veut dire véritablement être « vivant », vivre pleinement la vie ? C'est ce que nous voulons tous, spécialement lorsque l'on est jeune, et c'est ce que le Christ veut pour nous. En effet, il a dit : « Je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en abondance » (Jn 10,10). L'instinct le plus profond chez tout être vivant est celui de rester en vie, de grandir, de se développer et de transmettre à d'autres le don de la vie. Il en résulte qu'il est bien naturel de s'interroger sur la meilleure façon de vivre tout cela.

Pour le peuple de l'Ancien Testament, cette question était tout aussi pressante que pour nous aujourd'hui. Sans aucun doute, il écoutait avec attention quand Moïse lui disait : « Je te propose de choisir entre la vie et la mort, entre la bénédiction et la

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