Benoît XVI de A à Z

Lectio Divina

2005

 

 

6 novembre 2005 - Angelus

          L'Eglise ne vit pas d'elle-même, mais de l'Evangile, et tire toujours de l'Evangile son orientation pour son pèlerinage. La Constitution conciliaire Dei Verbum a donné un élan puissant à la valorisation de la Parole de Dieu, dont a dérivé un profond renouveau de la vie de la communauté ecclésiale, en particulier dans la prédication, la catéchèse, la théologie, la spiritualité et les relations oecuméniques. C'est en effet la Parole de Dieu qui, sous l'action de l'Esprit Saint, guide les croyants vers la plénitude de la vérité (cf. Jn 16, 13). Parmi les multiples fruits de ce printemps biblique, j'ai plaisir à mentionner la diffusion de l'antique pratique de la lectio divina, ou "lecture spirituelle" des Saintes Ecritures. Celle-ci consiste à s'attarder longuement sur un texte biblique, le lisant et le relisant, en le "ruminant" presque, comme disent les Pères, et à en extraire, pour ainsi dire, tout le "suc", afin qu'il nourrisse la méditation et la contemplation et parvienne à irriguer, comme la sève, la vie concrète. Une condition de la lectio divina est que l'esprit et le coeur soient éclairés par l'Esprit Saint, c'est-à-dire par l'Inspirateur des Ecritures lui-même, et qu'ils se placent donc dans une attitude d'"écoute religieuse".

 

26 novembre 2005 – Méditation lors des 1ères Vêpres du 1er Dimanche de l’Avent

     La Très Sainte Vierge Marie nous enseigne à vivre dans une écoute religieuse de la parole de Dieu

 

 

 

 

 

2006

 

 

1er janvier 2006 – Message pour la Journée Mondiale de la Paix

     En écoutant l'Évangile, chers frères et sœurs, nous apprenons à fonder la paix sur la vérité d'une existence quotidienne inspirée par le commandement de l'amour.

 

 

1er janvier 2006 – Homélie de la Messe

     « Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Lc 2, 19). …. L'évangéliste Luc la décrit comme la Vierge silencieuse, constamment à l'écoute de la parole éternelle, qui vit dans la Parole de Dieu. Marie garde dans son cœur les paroles qui viennent de Dieu et, les soudant les unes aux autres comme dans une mosaïque, elle apprend à les comprendre. A son école nous voulons apprendre nous aussi à devenir des disciples attentifs et dociles du Seigneur. Avec son aide maternelle, nous souhaitons nous engager à travailler avec entrain au « chantier » de la paix, à la suite du Christ, Prince de la Paix. En suivant l'exemple de la Sainte Vierge, nous voulons nous laisser conduire toujours et seulement par Jésus Christ, qui est le même hier, aujourd'hui et pour les siècles (cf. He 13, 8).

 

1er janvier 2006 - Angelus

     L'Eglise fixe son regard sur la Mère céleste de Dieu, qui serre dans ses bras l'Enfant Jésus, source de toute bénédiction. « Salve, sainte Mère - chante la liturgie - tu as mis au monde le Roi qui gouverne le ciel et la terre pour les siècles des siècles ». Dans le cœur maternel de Marie, rempli de stupeur, a résonné l'annonce des anges à Bethléem : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu'il aime » (Lc 2, 14). Et l'Evangile ajoute que Marie « conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Lc 2, 19). Comme Elle également, l'Eglise conserve et médite la Parole de Dieu, la confrontant avec les situations diverses et changeantes qu'elle rencontre au long de son chemin.
 

 

 

2 mars 2006 – Avec les prêtres du Diocèse de Rome

     Nous savons que le Coran, selon la foi islamique, est une parole donnée oralement par Dieu, sans médiation humaine. Le Prophète n'y est pour rien. Il l'a uniquement écrite et transmise. C'est la pure parole de Dieu. Tandis que pour nous, Dieu entre en communion avec nous, il nous fait coopérer, il crée ce sujet et c'est dans ce sujet que croît et se développe sa parole. Cette part humaine est essentielle, et nous donne également la possibilité de voir que les paroles individuelles ne deviennent réellement Parole de Dieu que dans l'unité de toute l'Ecriture dans le sujet vivant du Peuple de Dieu. Le premier élément est donc le don de Dieu; le second est la participation dans la foi du peuple en pèlerinage, la communion dans la Sainte Eglise, qui, pour sa part, reçoit le Verbe de Dieu, qui est le Corps du Christ, animé par la Parole vivante, par le Logos divin. Nous devons approfondir, jour après jour, notre communion avec la Sainte Eglise et ainsi avec la Parole de Dieu. Il ne s'agit pas de deux choses opposées, de telle sorte que je puisse dire: je préfère l'Eglise ou je préfère la Parole de Dieu. Ce n'est que de façon unie que l'on fait partie de l'Eglise, que l'on devient membre de l'Eglise, que l'on vit de la Parole de Dieu, qui est la force de vie de l'Eglise. Et celui qui vit de la Parole de Dieu ne peut la vivre que parce qu'elle est vivante et vitale dans l'Eglise vivante.
 

 

6 avril 2006 -  Rencontre avec les jeunes du diocèse de Rome, Place Saint Pierre

    Il faut avant tout dire qu'il faut lire l'Ecriture Sainte non pas comme un quelconque livre d'histoire, comme nous lisons, par exemple, Homère, Ovide, Horace; il faut la lire réellement comme la Parole de Dieu, c'est-à-dire en instaurant un dialogue avec Dieu. Il faut avant tout prier, prier avec le Seigneur:  "Ouvre-moi la porte". C'est ce que dit souvent saint Augustin dans ses homélies:  "J'ai frappé à la porte de la Parole pour trouver finalement ce que le Seigneur veut me dire". Cela me semble un point très important. On ne lit pas l'Ecriture dans un climat académique, mais en priant et en disant au Seigneur:  "Aide-moi à comprendre ta Parole, ce que tu veux me dire dans cette page".

     Un second point est:  l'Ecriture Sainte introduit à la communion avec la famille de Dieu. On ne peut donc pas lire seul l'Ecriture Sainte. Certes, il est toujours important de lire la Bible de façon très personnelle, dans un dialogue personnel avec Dieu, mais dans le même temps, il est important de la lire en compagnie des personnes avec lesquelles on marche. Se laisser aider par les grands maîtres de la "Lectio divina". Nous avons, par exemple, tant de beaux livres du Cardinal Martini, un véritable Maître de la "Lectio divina", qui aide à entrer dans le vif de l'Ecriture Sainte. Lui qui connaît bien toutes les circonstances historiques, tous les éléments caractéristiques du passé, cherche toutefois toujours à ouvrir également la porte pour faire voir que des paroles appartenant apparemment au passé sont également des paroles du présent. Ces maîtres nous aident à mieux comprendre et également à connaître la façon dont il faut lire l'Ecriture Sainte. Il est ensuite généralement opportun de la lire en compagnie des amis qui sont en chemin avec moi et qui cherchent, avec moi, comment vivre avec le Christ, quelle vie nous vient de la Parole de Dieu.

     Troisième point:  s'il est important de lire l'Ecriture Sainte aidés par les maîtres, accompagnés par les amis, les compagnons de route, il est important en particulier de la lire en compagnie du Peuple de Dieu en pèlerinage, c'est-à-dire dans l'Eglise. L'Ecriture Sainte a deux sujets. Tout d'abord le sujet divin:  c'est Dieu qui parle. Mais Dieu a voulu faire participer l'homme à sa Parole. Tandis que les Musulmans sont convaincus que le Coran est inspiré oralement par Dieu, nous croyons que pour l'Ecriture Sainte, la synergie, comme le disent les théologiens, est caractéristique; la collaboration de Dieu avec l'homme. Celui-ci fait participer son peuple à travers sa Parole et ainsi, le deuxième sujet - le premier sujet étant, comme je l'ai dit, Dieu - est humain. Il existe des écrivains individuels, mais il existe la continuité d'un sujet permanent, le Peuple de Dieu qui marche avec la Parole de Dieu et qui est en dialogue avec Dieu. En écoutant Dieu, on apprend à écouter la Parole de Dieu et puis également à l'interpréter. Et ainsi, la Parole de Dieu devient présente, car les personnes meurent, mais le sujet vital, le Peuple de Dieu, est toujours vivant, et est identique au cours des millénaires:  c'est toujours le même sujet vivant, dans lequel vit la Parole.

     Ainsi s'expliquent également de nombreuses structures de l'Ecriture Sainte, en particulier ce que l'on appelle la "relecture". Un texte ancien est relu dans un autre livre, par exemple cent ans plus tard, et alors, on comprend pleinement ce qui n'était pas encore perceptible à cette époque, même si cela était déjà contenu dans le texte précédent. Et il est relu encore à nouveau plus tard, et une fois de plus, on comprend d'autres aspects, d'autres dimensions de la Parole. C'est ainsi, dans cette relecture et réécriture dans le cadre d'une continuité profonde, tandis que se succédaient les temps de l'attente, que s'est développée l'Ecriture Sainte. Enfin, avec la venue du Christ et l'expérience des Apôtres, la parole est devenue définitive, de sorte qu'il n'y a plus de réécritures, mais des approfondissements de notre compréhension continuent d'être nécessaires. Le Seigneur a dit:  "L'Esprit Saint vous introduira dans une profondeur que vous ne pouvez pas comprendre à présent".

     La communion de l'Eglise est donc le sujet vivant de l'Ecriture. Mais à présent également, le sujet principal est le Seigneur lui-même, qui continue à parler dans l'Ecriture qui est entre nos mains. Je pense que nous devons apprendre ces trois éléments:  lire dans un dialogue personnel avec le Seigneur; lire accompagnés par des maîtres qui ont l'expérience de la foi, qui sont entrés dans l'Ecriture Sainte; lire au sein de la grande communauté de l'Eglise, dans la Liturgie de laquelle ces événements deviennent toujours à nouveau présents, dans laquelle le Seigneur parle à présent avec nous, afin que nous entrions toujours plus dans l'Ecriture Sainte, dans laquelle Dieu parle réellement avec nous aujourd'hui.

 

 

 

13 avril 2006 – Homélie Messe Chrismale

     Nous devons connaître Jésus de façon toujours plus personnelle, en l'écoutant, en vivant avec Lui, en nous arrêtant auprès de Lui. L'écouter, - dans la lectio divina, c'est-à-dire en lisant l'Ecriture Sainte de façon non académique, mais spirituelle; ainsi, nous apprenons à rencontrer Jésus présent qui nous parle. Nous devons raisonner et réfléchir sur ses paroles et sur son action devant Lui et avec Lui. La lecture de l'Ecriture Sainte est prière, elle doit être prière, - elle doit naître de la prière et conduire à la prière. Les évangélistes nous disent que le Seigneur, à plusieurs reprises - des nuits entières -, se retirait "sur la montagne" pour prier seul. Nous aussi nous avons besoin de cette "montagne": c'est le sommet intérieur que nous devons gravir, la montagne de la prière. Ce n'est qu'ainsi que se développe l'amitié. Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons apporter le Christ et son Evangile aux hommes. Le simple activisme peut aller jusqu'à l'héroïsme. Mais l'action extérieure, en fin de compte, reste sans fruits et perd de son efficacité si elle ne naît pas de la communion intime avec le Christ.

 

 

31 août 2006 – Avec les prêtres du diocèse d’Albano

     L'Eglise nous donne, nous impose presque - mais toujours comme une bonne Mère - d'avoir du temps libre pour Dieu, avec les deux pratiques qui font partie de nos devoirs : célébrer la Messe et réciter le bréviaire. Mais plus que le réciter, il faut le réaliser comme écoute de la Parole que le Seigneur nous offre dans la Liturgie des Heures. Il faut intérioriser cette Parole, être attentif à ce que le Seigneur me dit à travers cette Parole, écouter ensuite les commentaires des Pères de l'Eglise ou également du Concile, dans la deuxième Lecture de l'Office des Lectures, et prier avec cette grande invocation que sont les Psaumes, à travers lesquels nous sommes insérés dans la prière de tous les temps. Le peuple de l'ancienne Alliance prie avec nous - et nous, nous prions avec lui -. Nous prions avec le Seigneur, qui est le véritable sujet des Psaumes. Nous prions avec l'Eglise de tous les temps. Je dirais que ce temps consacré à la Liturgie des Heures est un temps précieux. L'Eglise nous donne cette liberté, cet espace libre de vie avec Dieu, qui est également vie pour les autres.

 

     Il me semble important de voir que ces deux réalités - la Messe célébrée réellement en dialogue avec Dieu et la Liturgie des Heures - sont des zones de liberté, de vie intérieure, que l'Eglise nous donne et qui sont une richesse pour nous. Nous y rencontrons, comme je l'ai dit, non seulement l'Eglise de tous les temps, mais le Seigneur lui-même, qui parle avec nous et attend notre réponse. Nous apprenons ainsi à prier en nous insérant dans la prière de tous les temps et nous rencontrons également le peuple. Nous pensons aux Psaumes, aux paroles des Prophètes, aux paroles du Seigneur et des Apôtres, nous pensons aux commentaires des Pères. … En priant, nous rencontrons également les souffrances du peuple de Dieu d'aujourd'hui. Ces prières nous font penser à la vie de chaque jour et nous guident à la rencontre avec les personnes d'aujourd'hui. Elles nous illuminent au cours de cette rencontre, car nous n'y apportons pas seulement notre petite intelligence, notre amour de Dieu, mais nous apprenons également, à travers cette Parole de Dieu, à leur apporter Dieu. C'est ce qu'elles attendent : que nous leur apportions l'« eau vive », …. Les gens ont soif. Et ils cherchent à répondre à cette soif par différents divertissements. Mais ils comprennent bien que ces divertissements ne sont pas l'« eau vive » dont ils ont besoin. Le Seigneur est la source de l' « eau vive ». Il dit cependant, dans le chapitre 7 de Jean, que quiconque croit devient une « source », car il a bu du Christ. Et cette « eau vive » (v. 38) devient en nous eau jaillissante, source pour les autres. Ainsi, nous cherchons à la boire dans la prière, dans la célébration de la Messe, dans la lecture: nous cherchons à boire à cette source pour qu'elle devienne source en nous. Et nous pouvons mieux répondre à la soif des gens d'aujourd'hui en ayant en nous l'« eau vive », en ayant la réalité divine, en ayant la réalité du Seigneur Jésus qui s'est incarné. Ainsi, nous pouvons mieux répondre aux besoins de notre peuple. …Vivons avec le Seigneur pour pouvoir répondre à la véritable soif des gens.
 

      En annonçant la Parole, le prêtre se sent lui-même en dialogue avec Dieu, Il écoute la Parole et annonce cette Parole, dans le sens où il devient un instrument du Seigneur et cherche à comprendre cette Parole de Dieu qui doit ensuite être transmise au Peuple. Il est en dialogue avec Dieu

     Une autre expérience est celle des groupes de prière, dans lesquels ils apprennent à écouter la Parole de Dieu, à apprendre la Parole de Dieu précisément dans leur contexte de jeunes, à entrer en contact avec Dieu. Cela veut dire également apprendre la forme commune de la prière, la liturgie, qui sans doute dans un premier temps leur apparaît assez inaccessible. Ils apprennent qu'il existe la Parole de Dieu qui nous cherche, en dépit de la distance du temps, qui nous parle aujourd'hui. Nous portons le fruit de la terre et de notre travail au Seigneur et nous le trouvons transformé en don de Dieu. Nous parlons en tant que fils au Père, et nous recevons ensuite le don de Lui-même. Nous recevons la mission d'aller dans le monde avec le don de sa Présence.
 

 

1er septembre 2006 – Sanctuaire de la Sainte Face de Manopello

     Lorsque je priais tout à l'heure, je pensais aux deux premiers Apôtres, qui, sur l'invitation de Jean-Baptiste, suivirent Jésus près du Jourdain - comme nous le lisons au début de l'Evangile de Jean (cf. Jn 1, 35-37). L'évangéliste rapporte que Jésus se tourna vers eux et leur demanda: « Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent: « Rabbi, où demeures-tu ? ». Il dit alors : « Venez et voyez » (cf. Jn 1, 38-39). Ce même jour, les deux disciples qui Le suivirent vécurent une expérience inoubliable, qui les amena à affirmer : « Nous avons trouvé le Messie » (Jn 1, 41). Celui que, quelques heures auparavant, ils considéraient comme un simple « rabbi », avait acquis une identité bien précise, celle du Christ attendu depuis des siècles. Mais, en réalité, que de route ces disciples avaient encore devant eux ! Ils ne pouvaient pas même imaginer combien le mystère de Jésus de Nazareth pouvait être profond ; combien sa « face » pouvait se révéler insondable, impénétrable. Si bien que, après avoir vécu trois ans ensemble, Philippe, l'un d'eux, s'entendra dire au cours de la Dernière Cène: « Voilà si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ? ». Et ensuite, ces paroles qui expriment toute la nouveauté de la révélation de Jésus: « Qui m'a vu a vu le Père » (Jn 14, 9).

 

 

6 octobre 2006 –Homélie Messe Commission Théologique Internationale

     Silence et contemplation ont un but: ils servent à conserver, dans la dispersion de la vie quotidienne, une union permanente avec Dieu. Tel est le but: que dans notre âme soit toujours présente l'union avec Dieu et qu'elle transforme tout notre être…

 

     Silence et contemplation … servent à pouvoir trouver dans la dispersion de chaque jour cette union profonde, continuelle, avec Dieu. Silence et contemplation… : dans la logorée de notre époque, et d'autres époques, dans l'inflation des paroles, rendre présentes les paroles essentielles. Dans les paroles, rendre présente la Parole, la Parole qui vient de Dieu, la Parole qui est Dieu.

 

    Mais comment pourrions-nous, en faisant partie de ce monde avec toutes ses paroles, rendre présente la Parole dans les paroles, sinon à travers un processus de purification de notre pensée, qui doit surtout être également un processus de purification de nos paroles ? Comment pourrions-nous ouvrir le monde, et tout d'abord nous-mêmes, à la Parole sans entrer dans le silence de Dieu, duquel procède sa Parole ? Pour la purification de nos paroles, et donc pour la purification des paroles du monde, nous avons besoin de ce silence qui devient contemplation, qui nous fait entrer dans le silence de Dieu et arriver ainsi au point où naît la Parole, la Parole rédemptrice….

     Nos paroles et nos pensées devraient uniquement servir pour que Dieu qui parle, la Parole de Dieu puisse être écoutée, puisse trouver un espace dans le monde. Et ainsi, nous sommes invités à nouveau sur ce chemin du renoncement à nos propres paroles; sur ce chemin de la purification, pour que nos paroles ne soient que l'instrument par l'intermédiaire duquel Dieu puisse parler…

 

     Il me vient à l'esprit une très belle parole de la Première Lettre de saint Pierre, dans le premier chapitre, verset 22. En latin, elle dit ceci: "Castificantes animas nostras in oboedentia veritatis". L'obéissance à la vérité doit "rendre chaste" notre âme, et conduire ainsi à la parole juste et à l'action juste. En d'autres termes, parler pour susciter les applaudissements, parler en fonction de ce que les hommes veulent entendre, parler en obéissant à la dictature des opinions communes, cela est considéré comme une sorte de prostitution de la parole et de l'âme. La "chasteté" à laquelle fait allusion l'Apôtre Pierre est de ne pas se soumettre à ces règles, ne pas rechercher les applaudissements, mais rechercher l'obéissance à la vérité. …Cette discipline quelquefois difficile de l'obéissance à la vérité qui fait de nous des collaborateurs de la vérité, bouche de la vérité, parce que nous ne parlons pas nous-mêmes dans ce fleuve de paroles d'aujourd'hui, mais réellement purifiés et rendus chastes par l'obéissance à la vérité, pour que la vérité parle en nous. Et nous pouvons vraiment être ainsi des porteurs de la vérité.

 

     Cela me fait penser à saint Ignace d'Antioche et à l'une de ses belles expressions: "Qui a compris les paroles du Seigneur comprend son silence, parce que le Seigneur doit être connu dans son silence". L'analyse des paroles de Jésus arrive jusqu'à un certain point, mais elle demeure dans notre pensée. C'est uniquement lorsque nous arrivons à ce silence du Seigneur, dans sa présence avec le Père dont proviennent les paroles, que nous pouvons réellement commencer à comprendre la profondeur de ces paroles. Les paroles de Jésus sont nées dans son silence sur la Montagne, comme le dit l'Ecriture, dans sa présence avec le Père. C'est de ce silence de la communion avec le Père, de l'immersion dans le Père, que naissent les paroles et ce n'est qu'en arrivant à ce point, et en partant de ce point, que nous arrivons à une véritable profondeur de la Parole et que nous pouvons être d'authentiques interprètes de la Parole. Le Seigneur nous invite, en parlant, à gravir avec Lui la Montagne, et dans son silence, à apprendre ainsi, à nouveau, le véritable sens des paroles.

 

     Job avait crié vers Dieu, il avait également combattu avec Dieu face aux évidentes injustices avec lesquelles il le traitait. A présent, il est confronté à la grandeur de Dieu. Et il comprend que, face à la véritable grandeur de Dieu, toutes nos paroles ne sont que pauvreté et elles sont même très loin d'arriver à la grandeur de son être et il dit ceci : "J'ai parlé deux fois, je n'ajouterai rien" (Jb 40, 5). Silence devant la grandeur de Dieu, parce que nos paroles deviennent trop petites. Cela me fait penser aux dernières semaines de la vie de saint Thomas. Au cours de ces dernières semaines, il n'a plus écrit, il n'a plus parlé. Ses amis lui demandent: Maître, pourquoi ne parles-tu plus, pourquoi n'écris-tu pas ? Et il dit : Devant ce que j'ai vu, à présent, toutes mes paroles me semblent comme paille. Le grand spécialiste de saint Thomas, le Père Jean-Pierre Torrel, nous dit de ne pas mal interpréter ces paroles. La paille, ce n'est pas rien. La paille porte le blé et cela est la grande valeur de la paille. Elle porte le blé. Et la paille des paroles aussi demeure valable comme porteuse de blé. Mais cela est aussi pour nous, dirais-je, une relativisation de notre travail et, en même temps, une valorisation de celui-ci. C'est aussi une indication, afin que notre manière de travailler, notre paille, porte réellement le blé de la Parole de Dieu.

     "Qui vous écoute, m'écoute" (Lc 10, 16). Quelle mise en garde, quel examen de conscience que ces paroles ! Est-il vrai que celui qui m'écoute, écoute réellement le Seigneur ? Prions et travaillons pour qu'il soit toujours plus vrai que celui qui nous écoute, écoute le Christ.

 

 

10 décembre 2006 – Homélie consécration de l’église paroissiale Sainte Marie Etoile de l’Evangélisation

     Le récit de la ré-édification du peuple d'Israël, de la ville sainte de Jérusalem et du temple, après le retour de l'exil : après la grande euphorie du retour dans sa patrie, le peuple - une fois arrivé - se trouve face à un pays désert. Comment le ré-édifier ? La reconstruction extérieure, si nécessaire, ne peut pas progresser si, auparavant, n'est pas reconstitué le peuple lui-même en tant que peuple - si n'est pas appliqué un critère de justice qui unisse chacun et qui réglemente la vie et l'activité de tous. Le peuple de retour a besoin, pour ainsi dire, d'une "constitution", d'une loi fondamentale pour sa vie. Et il sait que cette constitution, si elle doit être juste et durable, si elle conduit en définitive à la justice, ne peut pas être le fruit d'une invention autonome. La véritable justice ne peut pas être inventée par l'homme : celle-ci doit plutôt être découverte. Elle doit, en d'autres termes, venir de Dieu, qui est la justice. La Parole de Dieu réédifie donc la cité. Ce que la lecture nous raconte est un rappel à l'esprit de l'événement du Sinaï. Une façon de rendre présent l'événement du Sinaï : la Parole sainte de Dieu, qui indique aux hommes la voie de la justice, est solennellement lue et expliquée. Ainsi, celle-ci devient présente comme une force qui, de l'intérieur, édifie à nouveau le pays. Cela a lieu le jour de l'an. La Parole de Dieu inaugure une nouvelle année, inaugure une nouvelle heure de l'histoire. La Parole de Dieu est toujours une force de renouveau qui donne un sens et un ordre à notre temps. A la fin de la lecture se trouve la joie : les hommes sont invités au banquet solennel ; ils sont exhortés à donner à ceux qui n'ont rien et à unir ainsi chacun dans la communion de la joie, qui se fonde sur la Parole de Dieu. La dernière parole de cette lecture est cette belle expression : la joie du Seigneur est notre force. Je crois qu'il n'est pas difficile de voir combien ces paroles de l'Ancien Testament sont à présent une réalité pour nous. L'édifice de l'église existe pour que la Parole de Dieu puisse être écoutée, expliquée et comprise parmi nous ; il existe, pour que la Parole de Dieu agisse parmi nous comme une force créatrice de justice et d'amour. Il existe, en particulier, pour qu'en lui puisse commencer la fête à laquelle Dieu veut faire participer toute l'humanité, non seulement à la fin des temps mais dès à présent. Il existe pour que soit éveillée en nous la connaissance de la justice et du bien, et il n'y a pas d'autre source pour connaître et donner force à cette connaissance de la justice et du bien que la Parole de Dieu. Il existe pour que nous apprenions à vivre la joie du Seigneur qui est notre force. Prions le Seigneur de nous rendre heureux de sa Parole; de nous rendre heureux de la foi, pour que cette joie nous renouvelle nous-mêmes, ainsi que le monde!

     La lecture de la Parole de Dieu, le renouvellement de la révélation du Sinaï après l'exil sert donc alors à la communion avec Dieu et entre les hommes. Cette communion s'exprima dans la réédification du Temple, de la cité et de ses murs. Parole de Dieu et réédification de la cité sont, dans le Livre de Néhémie, en étroite relation: d'une part, sans la parole de Dieu il n'y a ni cité ni communauté; de l'autre, la Parole de Dieu ne reste pas seulement un discours, mais conduit à édifier, c'est une parole qui construit.

 

 

2007

 

25 janvier – Homélie Vêpres St Paul Hors les Murs

     « Il fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7, 37… Etre sourd-muet, c'est-à-dire ne pouvoir ni entendre ni parler, ne peut-il pas en effet être un signe de manque de communion et un symptôme de division ? La division et l'incommunicabilité, conséquence du péché, sont contraires au dessein de Dieu. …Car « parler » et « écouter » sont des conditions essentielles pour édifier la civilisation de l'amour.

 

     Jésus affirme de façon explicite : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l'observent ! » (Lc 11, 28). Plus encore, à Marthe, préoccupée par tant de choses, Il dit qu'« il en faut peu, une seule même » (Lc 10, 42). Et du contexte, il apparaît que cette seule chose est l'écoute obéissante de la Parole. C'est pourquoi l'écoute de la parole de Dieu est prioritaire pour notre engagement oecuménique. En effet, ce n'est pas nous qui faisons ou organisons l'unité de l'Eglise. L'Eglise ne se fait pas elle-même et ne vit pas d'elle-même, mais de la parole créatrice qui vient de la bouche de Dieu. Ecouter ensemble la parole de Dieu ; pratiquer la lectio divina de la Bible, c'est-à-dire la lecture liée à la prière ; se laisser surprendre par la nouveauté, qui ne vieillit jamais et qui ne finit jamais, de la parole de Dieu ; surmonter notre surdité face aux paroles qui ne s'accordent pas avec nos préjugés et nos opinions ; écouter et étudier, dans la communion des croyants de tous les temps : tout cela constitue un chemin à parcourir pour atteindre l'unité dans la foi, comme réponse à l'écoute de la Parole…

 

      Celui qui se met à l'écoute de la parole de Dieu peut et doit ensuite parler et la transmettre aux autres, à ceux qui ne l'ont jamais écoutée, ou à ceux qui l'ont oubliée et enterrée sous les épines des soucis et des séductions du monde (cf. Mt 13, 22). Nous devons nous demander : nous, chrétiens, ne sommes-nous pas devenus trop muets ? Ne nous manque-t-il pas le courage de parler et de témoigner comme l'ont fait ceux qui étaient les témoins de la guérison du sourd-muet dans la Décapole ? Notre monde a besoin de ce témoignage.

 

 

28 janvier 2007 – Angelus

     En écoutant la Parole de Dieu, puissiez-vous vous laisser saisir par le Christ, Verbe de Dieu fait chair, par lequel le Père nous a tout dit. Ainsi, vous apprendrez à l'écouter du fond du cœur, pour l'aimer davantage et pour être ses témoins dans votre vie quotidienne.

 

4 mars 2007 – Après l’Angelus

          Je vous encourage tous, en ce temps de Carême, à rechercher le silence et le recueillement, pour laisser davantage d'espace à la prière et à la méditation de la Parole de Dieu.


4 mars 2007 – Aux francophones, après l’Angelus

          Que ce temps du Carême soit pour chacun de vous un moment favorable pour découvrir la présence du Christ dans vos vies et pour vous mettre à l'écoute de sa parole. C'est lui la lumière qui éclaire nos chemins, laissons-nous guider par lui pour être à notre tour transfigurés par la gloire du Père.

 

 

24 juillet 2007 – Avec les prêtres du diocèse de Belluno

      Nous devons être des personnes qui vivent la foi et qui pensent la foi, qui la connaissent intérieurement. Ainsi, en nous-mêmes, la foi devient raison, devient raisonnable. La méditation de l'Evangile, et donc l'annonce, l'homélie, la catéchèse, pour rendre les personnes capables de penser la foi, constituent déjà des éléments fondamentaux de cette combinaison entre dialogue et annonce.

 

 

22 septembre 2007 Aux nouveaux Évêques nommés au cours de l’année
       Dans les villes où vous vivez et œuvrez, souvent frénétiques et bruyantes, où l'homme court et s'égare, où l'on vit comme si Dieu n'existait pas, sachez créer des lieux et des occasions de prière, où dans le silence, dans l'écoute de Dieu à travers la lectio divina, dans la prière personnelle et communautaire, l'homme puisse rencontrer Dieu et faire l'expérience vivante de Jésus Christ, qui révèle l'authentique visage du Père.

 

24 octobre 2007 – Audience Générale
     Le saint évêque Ambroise apprit à connaître et à commenter la Bible à partir des œuvres d'Origène, le maître incontesté de l'« école alexandrine ». De cette manière, Ambroise transféra dans le milieu latin la méditation des Ecritures commencée par Origène, en introduisant en Occident la pratique de la lectio divina. La méthode de la lectio finit par guider toute la prédication et les écrits d'Ambroise, qui naissent précisément de l'écoute priante de la Parole de Dieu.

 

 

 

7 novembre 2007 – Audience Générale

       Il est très important que chaque chrétien vive en contact et en dialogue personnel avec la Parole de Dieu qui nous a été donnée dans l'Ecriture Sainte. Notre dialogue avec elle doit toujours revêtir deux dimensions : d'une part, il doit être un dialogue réellement personnel, car Dieu parle avec chacun de nous à travers l'Ecriture Sainte et possède un message pour chacun. Nous devons lire l'Ecriture Sainte non pas comme une parole du passé, mais comme une Parole de Dieu qui s'adresse également à nous et nous efforcer de comprendre ce que le Seigneur veut nous dire. Mais pour ne pas tomber dans l'individualisme, nous devons tenir compte du fait que la Parole de Dieu nous est donnée précisément pour construire la communion, pour nous unir dans la vérité de notre chemin vers Dieu. C'est pourquoi, tout en étant une Parole personnelle, elle est également une Parole qui construit la communauté, qui construit l'Eglise. C'est pourquoi nous devons la lire en communion avec l'Eglise vivante. Le lieu privilégié de la lecture et de l'écoute de la Parole de Dieu est la liturgie, dans laquelle, en célébrant la parole et en rendant présent dans le Sacrement le Corps du Christ, nous réalisons la parole dans notre vie et la rendons présente parmi nous. Nous ne devons jamais oublier que la Parole de Dieu transcende les temps. Les opinions humaines vont et viennent. Ce qui est très moderne aujourd'hui sera très vieux demain. La Parole de Dieu, au contraire, est une Parole de vie éternelle, elle porte en elle l'éternité, ce qui vaut pour toujours. En portant en nous la Parole de Dieu, nous portons donc en nous l'éternel, la vie éternelle.
 

 

7 novembre 2007 – Aux francophones, à l’issue de l’Audience Générale

       Je vous invite à lire et à méditer la Parole de Dieu, qui nous est donnée dans la Bible. Faites-en tous les jours votre nourriture spirituelle !

 

 

14 novembre 2007 – Audience Générale

     Dialoguer avec Dieu, avec sa Parole, est dans un certain sens une présence du Ciel, c'est-à-dire une présence de Dieu. S'approcher des textes bibliques, surtout du Nouveau Testament, est essentiel pour le croyant, car « ignorer l'Ecriture, c'est ignorer le Christ ». Saint Jérôme

      Réellement « amoureux » de la Parole de Dieu, il se demandait : « Comment pourrait-on vivre sans la science des Ecritures, à travers lesquelles on apprend à connaître le Christ lui-même, qui est la vie des croyants » (Ep 30, 7). La Bible, instrument « avec lequel Dieu parle chaque jour aux fidèles » (Ep 133, 13), devient ainsi un encouragement et la source de la vie chrétienne pour toutes les situations et pour chaque personne. Lire l'Ecriture signifie converser avec Dieu : « Si tu pries, - écrit-il à une noble jeune fille de Rome - tu parles avec l'Epoux ; si tu lis, c'est Lui qui te parle » (Ep 22, 25). L'étude et la méditation de l'Ecriture rendent l'homme sage et serein (cf. In Eph., prol.). Assurément, pour entrer toujours plus profondément dans la Parole de Dieu, une application constante et progressive est nécessaire. Jérôme recommandait ainsi au prêtre Népotien : « Lis avec une grande fréquence les divines Ecritures ; ou mieux, que le Livre Saint reste toujours entre tes mains. Apprends-là ce que tu dois enseigner » (Ep 52, 7). Il donnait les conseils suivants à la matrone romaine Leta pour l'éducation chrétienne de sa fille : « Assure-toi qu'elle étudie chaque jour un passage de l'Ecriture... Qu'à la prière elle fasse suivre la lecture, et à la lecture la prière... Au lieu des bijoux et des vêtements de soie, qu'elle aime les Livres divins » (Ep 107, 9.12). Avec la méditation et la science des Ecritures se « conserve l'équilibre de l'âme » (Ad Eph., prol.). Seul un profond esprit de prière et l'assistance de l'Esprit Saint peuvent nous introduire à la compréhension de la Bible : « Dans l'interprétation des Saintes Ecritures, nous avons toujours besoin de l'assistance de l'Esprit Saint » (In Mich. 1, 1, 10, 15).

     Un amour passionné pour les Ecritures imprégna donc toute la vie de Jérôme, un amour qu'il chercha toujours à susciter également chez les fidèles. Il recommandait à l'une de ses filles spirituelles : « Aime l'Ecriture Sainte et la sagesse t'aimera ; aime-la tendrement, et celle-ci te préservera ; honore-la et tu recevras ses caresses. Qu'elle soit pour toi comme tes colliers et tes boucles d'oreille » (Ep 130, 20). Et encore : « Aime la science de l'Ecriture, et tu n'aimeras pas les vices de la chair » (Ep 125, 11).
 

      Pour Jérôme, un critère de méthode fondamental dans l'interprétation des Ecritures était l'harmonie avec le magistère de l'Eglise. Nous ne pouvons jamais lire l'Ecriture seuls. Nous trouvons trop de portes fermées et nous glissons facilement dans l'erreur. La Bible a été écrite par le Peuple de Dieu et pour le Peuple de Dieu, sous l'inspiration de l'Esprit Saint. Ce n'est que dans cette communion avec le Peuple de Dieu que nous pouvons réellement entrer avec le « nous » au centre de la vérité que Dieu lui-même veut nous dire. Pour lui, une interprétation authentique de la Bible devait toujours être en harmonieuse concordance avec la foi de l'Eglise catholique. Il ne s'agit pas d'une exigence imposée à ce Livre de l'extérieur ; le Livre est précisément la voix du Peuple de Dieu en pèlerinage et ce n'est que dans la foi de ce Peuple que nous sommes, pour ainsi dire, dans la juste tonalité pour comprendre l'Ecriture Sainte. Il admonestait donc : « Reste fermement attaché à la doctrine traditionnelle qui t'a été enseignée, afin que tu puisses exhorter selon la saine doctrine et réfuter ceux qui la contredisent » (Ep 52, 7). En particulier, étant donné que Jésus Christ a fondé son Eglise sur Pierre, chaque chrétien - concluait-il - doit être en communion « avec la Chaire de saint Pierre. Je sais que sur cette pierre l'Eglise est édifiée » (Ep 15, 2). Par conséquent, et de façon directe, il déclarait : « Je suis avec quiconque est uni à la Chaire de saint Pierre » (Ep 16).

 

      Jérôme ne néglige pas, bien sûr, l'aspect éthique. Il rappelle au contraire souvent le devoir d'accorder la vie avec la Parole divine et ce n'est qu'en la vivant que nous trouvons également la capacité de la comprendre. Cette cohérence est indispensable pour chaque chrétien, et en particulier pour le prédicateur, afin que ses actions, si elles étaient discordantes par rapport au discours, ne le mettent pas dans l'embarras. Ainsi exhorte-t-il le prêtre Népotien : « Que tes actions ne démentent pas tes paroles, afin que, lorsque tu prêches à l'église, il n'arrive pas que quelqu'un commente en son for intérieur : Pourquoi n'agis-tu pas précisément ainsi ? Cela est vraiment plaisant de voir ce maître qui, le ventre plein, disserte sur le jeûne ; même un voleur peut blâmer l'avarice ; mais dans le prêtre du Christ, l'esprit et la parole doivent s'accorder » (Ep 52, 7). Dans une autre lettre, Jérôme réaffirme : « Même si elle possède une doctrine splendide, la personne qui se sent condamnée par sa propre conscience se sent honteuse » (Ep 127, 4). Toujours sur le thème de la cohérence, il observe : l'Evangile doit se traduire par des attitudes de charité véritable, car en chaque être humain, la Personne même du Christ est présente. En s'adressant, par exemple, au prêtre Paulin (qui devint ensuite Evêque de Nola et saint), Jérôme le conseillait ainsi : « Le véritable temple du Christ est l'âme du fidèle : orne-le, ce sanctuaire, embellis-le, dépose en lui tes offrandes et reçois le Christ. Dans quel but revêtir les murs de pierres précieuses, si le Christ meurt de faim dans la personne d'un pauvre ? » (Ep 58, 7). Jérôme concrétise : il faut « vêtir le Christ chez les pauvres, lui rendre visite chez les personnes qui souffrent, le nourrir chez les affamés, le loger chez les sans abri » (Ep 130, 14). L'amour pour le Christ, nourri par l'étude et la méditation, nous fait surmonter chaque difficulté : « Aimons nous aussi Jésus Christ, recherchons toujours l'union avec lui : alors, même ce qui est difficile nous semblera facile » (Ep 22, 40).

14 novembre 2007 – Aux francophones, à l’issue de l’Audience Générale

      En devenant familiers de la Parole de Dieu, vous y rencontrerez le Christ pour demeurer en intimité avec lui.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2009

 

26 mai 2009 – Au Congrès du Diocèse de Rome

     C'est précisément à vous qu'il revient, chers curés, de promouvoir la croissance spirituelle et apostolique de ceux qui sont déjà assidus et engagés dans les paroisses:  ils sont le noyau de la communauté qui constituera un ferment pour les autres. Afin que ces communautés, même si elles sont parfois petites en nombre, ne perdent pas leur identité et leur vigueur, il est nécessaire qu'elles soient éduquées à l'écoute orante de la Parole de Dieu, à travers la pratique de la lectio divina, ardemment souhaitée par le récent synode des évêques. Nourrissons-nous réellement de l'écoute, de la méditation de la Parole de Dieu. Ces communautés ne doivent pas perdre la conscience qu'elles sont "Eglise" car le Christ, Parole éternelle du Père, les convoque et fait d'elles son peuple. En effet, la foi est d'une part une relation profondément personnelle avec Dieu, mais elle possède une composante communautaire essentielle et les deux dimensions sont inséparables.

 

 

publié le : 11 novembre 2013

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