Benoît XVI de A à Z

Développement

2005



19 mai 2005 - Au Nouvel Ambassadeur de Macédoine
Le développement authentique exige un programme national coordonné de développement, répondant aux aspirations légitimes de tous les secteurs de la société, et dont les responsables politiques et civils puissent rendre compte. L'histoire humaine nous enseigne constamment que si l'on veut que de tels programmes produisent un changement positif durable, ils doivent être fondés sur la protection des droits de l'homme, y compris ceux des minorités ethniques et religieuses, sur la pratique d'un gouvernement responsable et transparent, et sur le maintien de la loi et de l'ordre à travers un système judiciaire impartial et une force de police honnête. Sans ces fondements, l'espérance de véritable progrès demeure vaine.



2006



1er janvier 2006 - Message pour la Journée Mondiale de la Paix
Que dire des gouvernements qui comptent sur les armes nucléaires pour garantir la sécurité de leurs pays ? Avec d'innombrables personnes de bonne volonté, on peut affirmer que cette perspective, hormis le fait qu'elle est funeste, est tout à fait fallacieuse. En effet, dans une guerre nucléaire il n'y aurait pas des vainqueurs, mais seulement des victimes. La vérité de la paix demande que tous - aussi bien les gouvernements qui, de manière déclarée ou occulte, possèdent des armes nucléaires depuis longtemps, que ceux qui entendent se les procurer - changent conjointement de cap par des choix clairs et fermes, s'orientant vers un désarmement nucléaire progressif et concordé. Les ressources ainsi épargnées pourront être employées en projets de développement au profit de tous les habitants et, en premier lieu, des plus pauvres.

Les premiers à tirer profit d'un choix résolu pour le désarmement seront les pays pauvres, qui réclament non sans raison, après bien des promesses, la réalisation concrète du droit au développement.



5 février 2006 - Homélie Messe
Là où il n'y a pas la Parole de Dieu, le développement ne fonctionne pas, et ne donne pas de résultats positifs. Ce n'est que si avant toute chose se trouve la Parole de Dieu, si l'homme est réconcilié avec Dieu, que les choses matérielles peuvent se dérouler de façon harmonieuse.



Message Carême 2006
Je voudrais m'arrêter pour réfléchir sur une question très débattue parmi nos contemporains : la question du développement. Aujourd'hui encore le «regard» de compassion du Christ ne cesse de se poser sur les hommes et sur les peuples. Il les regarde sachant que le «projet» divin prévoit l'appel au salut. Jésus connaît les embûches qui s'opposent à ce projet et il est pris de compassion pour les foules : il décide de les défendre des loups, même au prix de sa vie. Par ce regard, Jésus embrasse les personnes et les multitudes, et il les remet toutes au Père, s'offrant lui-même en sacrifice d'expiation….

L'Église sait que, pour promouvoir un développement plénier, il est nécessaire que notre «regard» sur l'homme soit à la mesure de celui du Christ. En effet, il n'est en aucune manière possible de dissocier la réponse aux besoins matériels et sociaux des hommes de la réponse aux désirs profonds de leur cœur. Il convient d'autant plus de souligner cela à notre époque de grandes transformations, où nous percevons de manière toujours plus vive et plus urgente notre responsabilité envers les pauvres du monde…

Mon vénéré Prédécesseur, le Pape Paul VI, identifiait déjà avec précision les dommages du sous-développement comme étant un amoindrissement d'humanité. Dans cet esprit, il dénonçait dans l'Encyclique Populorum progressio «les carences matérielles de ceux qui sont privés du minimum vital, et les carences morales de ceux qui sont mutilés par l'égoïsme, [...] les structures oppressives, qu'elles proviennent des abus de la possession ou des abus du pouvoir, de l'exploitation des travailleurs ou de l'injustice des transactions» (n. 21). Comme antidote à de tels maux, Paul VI suggérait non seulement «la considération accrue de la dignité d'autrui, l'orientation vers l'esprit de pauvreté, la coopération au bien commun, la volonté de paix», mais aussi, «la reconnaissance par l'homme des valeurs suprêmes et de Dieu, qui en est la source et le terme» (ibid.). Dans cette ligne le Pape n'hésitait pas à proposer «la foi, don de Dieu accueilli par la bonne volonté de l'homme, et l'unité dans la charité du Christ» (ibid.). Donc, le «regard» du Christ sur la foule nous incite à affirmer le véritable contenu de «l'humanisme intégral» qui, toujours selon Paul VI, consiste dans le «développement intégral de tout l'homme et de tous les hommes» (ibid., n. 42). C'est pourquoi la première contribution que l'Église offre au développement de l'homme et des peuples ne se concrétise pas en moyens matériels ou en solutions techniques, mais dans l'annonce de la vérité du Christ qui éduque les consciences et enseigne l'authentique dignité de la personne et du travail, en promouvant la formation d'une culture qui réponde vraiment à toutes les interrogations de l'homme.

Les exemples des saints et les multiples expériences missionnaires qui caractérisent l'histoire de l'Église constituent des indications précieuses sur le meilleur moyen de soutenir le développement. Aujourd'hui encore, au temps de l'interdépendance globale, on peut constater qu'aucun projet économique, social ou politique ne remplace le don de soi à autrui, dans lequel s'exprime la charité. Celui qui agit selon cette logique évangélique vit la foi comme amitié avec le Dieu incarné et, comme Lui, se charge des besoins matériels et spirituels du prochain. Il le regarde comme un mystère incommensurable, digne d'une attention et d'un soin infinis. Il sait que celui qui ne donne pas Dieu donne trop peu, comme le disait la bienheureuse Teresa de Calcutta : «La première pauvreté des peuples est de ne pas connaître le Christ». Pour cela il faut faire découvrir Dieu dans le visage miséricordieux du Christ : hors de cette perspective, une civilisation ne se construit pas sur des bases solides.

Grâce à des hommes et à des femmes obéissant à l'Esprit Saint, sont nées dans l'Église de nombreuses œuvres de charité, destinées à promouvoir le développement : hôpitaux, universités, écoles de formation professionnelle, micro-réalisations. Ce sont des initiatives qui, bien avant celles de la société civile, ont montré que des personnes poussées par le message évangélique avaient une préoccupation sincère pour l'homme. Ces œuvres indiquent une voie pour guider encore aujourd'hui l'humanité vers une mondialisation dont le centre soit le bien véritable de l'homme et conduise ainsi à la paix authentique.

Avec la même compassion que Jésus avait pour les foules, l'Église ressent aujourd'hui encore comme son devoir de demander à ceux qui détiennent des responsabilités politiques et qui ont entre leurs mains les leviers du pouvoir économique et financier de promouvoir un développement fondé sur le respect de la dignité de tout homme. Une importante authentification de cet effort consistera dans la liberté religieuse effective, entendue non pas simplement comme possibilité d'annoncer et de célébrer le Christ, mais aussi comme contribution à l'édification d'un monde animé par la charité. Dans cet effort, s'inscrit également la considération effective du rôle central que les valeurs religieuses authentiques jouent dans la vie de l'homme, en tant que réponse à ses interrogations les plus profondes et motivation éthique par rapport à ses responsabilités personnelles et sociales. Tels sont les critères sur la base desquels les chrétiens devront aussi apprendre à évaluer avec sagesse les programmes de ceux qui les gouvernent.



26 octobre 2006 - Au nouvel Ambassadeur de Belgique près le Saint-Siège
Cinquante ans après le lancement du grand projet de la construction européenne, qui provient de l'esprit chrétien et dont la Belgique était partie prenante dès le début, les avancées sont considérables, même si de nouvelles difficultés sont apparues récemment : le continent européen retrouve peu à peu son unité dans la paix, et l'Union européenne est devenue, dans le monde, une force économique de premier plan, ainsi qu'un signe d'espérance pour beaucoup. Devant les exigences de la mondialisation des échanges et de la solidarité entre les hommes, l'Europe doit continuer de s'ouvrir et de s'engager dans les grands chantiers de la planète. Au premier rang de ces défis, se trouve la question de la paix et de la sécurité. …Il importe au plus haut point que la communauté internationale et tout spécialement l'Union européenne se mobilisent avec détermination en faveur de la paix, du dialogue entre les nations et du développement. …Pour ma part, je peux vous assurer de l'engagement résolu du Saint-Siège à œuvrer de toutes ses forces en faveur de la paix et du développement….

L'unité d'un pays, toujours à parfaire, nous le savons bien, requiert de la part de tous la volonté de servir l'intérêt commun et de se connaître toujours mieux grâce au dialogue et à l'enrichissement mutuel. Aujourd'hui, l'accueil d'immigrés de plus en plus nombreux et la multiplication sur un même sol de communautés différentes par leur culture d'origine ou leur religion rendent absolument nécessaire, dans nos sociétés, le dialogue entre les cultures et entre les religions, comme je l'ai rappelé au cours de mon récent voyage en Bavière et comme vous venez vous-même de le souligner. Il convient d'approfondir la connaissance mutuelle, en respectant les convictions religieuses de chacun et les légitimes exigences de la vie sociale, conformément aux lois en vigueur, et d'accueillir les immigrés, de sorte qu'on respecte toujours leur dignité. Pour cela, il importe de mettre en œuvre une politique d'immigration qui sache concilier les intérêts propres du pays d'accueil et le nécessaire développement des pays les moins favorisés, politique soutenue aussi par une volonté d'intégration qui ne laisse pas se développer des situations de rejet ou de non-droit, comme le révèle le drame des sans-papiers. On évitera ainsi les risques du repli sur soi, du nationalisme exacerbé ou même de la xénophobie, et on pourra espérer un développement harmonieux de nos sociétés pour le bien de tous les citoyens.



12 novembre 2006 - Angelus
Nous abordons ici un sujet très douloureux: le drame de la faim qui, bien qu'ayant été affronté encore récemment dans les plus hautes instances institutionnelles, comme les Nations unies et en particulier la F.A.O., demeure toujours très grave. Le dernier Rapport annuel de la F.A.O. a confirmé ce que l'Eglise sait très bien grâce à l'expérience directe des communautés et des missionnaires: c'est-à-dire que plus de 800 millions de personnes vivent dans un état de sous-alimentation et que trop de personnes, en particulier des enfants, meurent de faim. Comment faire face à cette situation qui, bien que dénoncée à plusieurs reprises, ne semble pas trouver de solution, et est même, sous certains aspects, en train de s'aggraver ? Il faut certainement éliminer les causes structurelles liées au système de gouvernement de l'économie mondiale, qui destine la majorité des ressources de la planète à une minorité de la population. Cette injustice a été dénoncée en diverses occasions par mes vénérés prédécesseurs, les serviteurs de Dieu Paul VI et Jean-Paul II. Pour avoir un effet à grande échelle, il est nécessaire de « convertir » le modèle de développement mondial; c'est ce qu'exigent désormais non seulement le scandale de la faim, mais également les urgences liées à l'environnement et à l'énergie. Toute personne et toute famille peut et doit cependant faire quelque chose pour soulager la faim dans le monde en adoptant un style de vie et de consommation compatible avec la sauvegarde de la création et avec les critères de justice envers ceux qui cultivent la terre dans tous les pays.



14 décembre 2006 - Au nouvel Ambassadeur du Mozambique
L'activité diplomatique de l'Eglise fait partie de sa mission de service à la Communauté internationale. Elle vise de façon explicite à promouvoir la dignité de la personne humaine et à encourager la paix et l'harmonie au sein des nations et entre les peuples du monde. Ces conditions essentielles pour progresser dans la réalisation d'un développement authentique trouvent leur signification la plus profonde dans l'ordre moral établi par Dieu, qui cherche à attirer tous les hommes et les femmes à la plénitude de sa vie. C'est pour cette raison que le Saint-Siège s'exprime avec tant d'insistance et de ténacité en faveur du respect des personnes, de l'importance vitale de la famille comme cellule de base et vitale de la société, et de la nécessité d'une bonne gouvernance qui garantisse la promotion des droits humains fondamentaux et des aspiration légitimes….

Un développement authentique exige un programme coordonné de progrès national, qui respecte les aspirations légitimes de toutes les couches de la société. C'est pourquoi, l'histoire humaine nous enseigne de façon répétée que si ces programmes visent à une amélioration durable, ils doivent être fondés sur l'exercice d'un gouvernement responsable et transparent, et doivent être accompagnés par un système juridique impartial, en vue de la liberté politique et d'une presse pleinement indépendante. En l'absence de ces fondements communs à toutes les sociétés civilisées, les espérances de progrès, auquel tout être humain aspire, demeurent illusoires.



14 décembre 2006 - Au nouvel Ambassadeur du Lesotho
L'activité économique revêt un caractère moral et, dans la mesure où chaque personne est responsable de l'autre, les nations les plus riches ont un devoir de solidarité et de justice en vue de promouvoir le développement de tous (cf. Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise, n. 333). Dans un monde où les communications et le commerce ont acquis une dimension mondiale, ce devoir est d'autant plus évident que les moyens de l'accomplir existent.



14 décembre 2006 - Au nouvel Ambassadeur du Kirghiastan
Il faut garder à l'esprit que le facteur important du développement économique comporte un aspect moral d'une importance cruciale pour le bien-être et le progrès pacifique d'une nation. C'est là que l'exigence de justice est satisfaite (cf. Sollicitudo rei socialis, n. 10). Le droit à un travail raisonnable, et à un niveau de vie acceptable, l'assurance d'une juste distribution des biens et des richesses, et l'utilisation responsable des ressources naturelles dépendent tous d'un concept de croissance qui ne se limite pas à satisfaire simplement les nécessités matérielles. Au contraire, une telle notion doit également souligner la dignité de toute personne humaine - le sujet propre de tout progrès - et donc promouvoir le bien commun de toute l'humanité….

Les aspirations légitimes du développement économique sont intrinsèquement liées aux principes et aux pratiques qui favorisent la stabilité civile nécessaire à la prospérité.



2007



8 janvier 2007 - Au Corps Diplomatique
En début d'année, nous sommes invités à porter un regard sur la situation internationale, pour envisager les défis que nous sommes appelés à affronter ensemble. Parmi les questions essentielles, comment ne pas penser aux millions de personnes, spécialement aux femmes et aux enfants, qui manquent d'eau, de nourriture, de toit ? Le scandale de la faim, qui tend à s'aggraver, est inacceptable dans un monde qui dispose des biens, des connaissances et des moyens d'y mettre un terme. Il nous pousse à changer nos modes de vie; il nous rappelle l'urgence d'éliminer les causes structurelles des dysfonctionnements de l'économie mondiale et de corriger les modèles de croissance qui semblent incapables de garantir le respect de l'environnement et un développement humain intégral pour aujourd'hui et surtout pour demain. J'invite à nouveau les Responsables des Nations les plus riches à prendre les dispositions nécessaires pour que les pays pauvres, souvent pleins de richesses naturelles, puissent bénéficier des fruits des biens qui leur appartiennent en propre. De ce point de vue, le retard dans la mise en œuvre des engagements pris par la communauté internationale au cours des toutes dernières années est aussi source de préoccupation. Il faut donc souhaiter la reprise des négociations commerciales du «Doha Development Round» de l'Organisation mondiale du Commerce, ainsi que la poursuite et l'accélération du processus d'annulation et de réduction de la dette des pays les plus pauvres, sans que cela soit conditionné à des mesures d'ajustement structurel, néfastes pour les populations les plus vulnérables…

Dans le cadre du développement, diverses initiatives ont été également lancées, auxquelles le Saint-Siège n'a pas manqué d'apporter son soutien, rappelant en même temps que ces projets ne doivent pas supprimer l'engagement des pays développés à destiner 0,7% de leur produit intérieur brut à l'aide internationale…

La démocratie est appelée à prendre en compte les aspirations de l'ensemble des citoyens, à promouvoir le développement dans le respect de toutes les composantes de la société, selon les principes de la solidarité, de la subsidiarité et de la justice. Il faut cependant mettre en garde contre le risque que l'exercice de la démocratie se transforme en dictature du relativisme, proposant des modèles anthropologiques incompatibles avec la nature et la dignité de l'homme.



19 janvier 2007 - Au nouvel Ambassadeur de Turquie près le Saint-Siège
La mondialisation des échanges, déjà manifeste au niveau économique et financier, doit évidemment s'accompagner d'engagements politiques communs, au niveau de la planète, pour garantir un développement durable et organisé qui n'exclue personne et qui assure un avenir équilibré aux personnes, aux familles et aux peuples.



9 février 2007 - A un groupe de Ministres des Finances
J'encourage de tout cœur vos efforts dans ce nouveau programme et dans son objectif de promouvoir la recherche scientifique en vue de la découverte de nouveaux vaccins. De tels vaccins sont urgents et nécessaires pour éviter que des millions d'êtres humains, y compris d'innombrables enfants, ne meurent chaque année de maladies infectieuses, en particulier dans les régions du monde le plus à risque. En ce temps de mondialisation, nous sommes tous préoccupés par l'écart croissant entre le niveau de vie dans les pays bénéficiant d'une grande richesse et d'un degré élevé de développement technologique, et celui des pays en voie de développement, où la pauvreté non seulement persiste, mais s'aggrave.



30 mars 2007 - Au nouvel Ambassadeur d'Ukraine près le Saint-Siège
Il importe dans notre monde de plus en plus contraint par les urgences de la mondialisation, de favoriser un dialogue exigeant et approfondi entre les cultures comme entre les religions, non pour les niveler toutes dans un syncrétisme appauvrissant mais pour leur permettre de se développer dans un respect réciproque et de travailler, chacune selon son charisme propre, au bien commun. Cette perspective permettra assurément de réduire les sources toujours possibles de tension et d'affrontement entre les groupes ou entre les nations, et elle garantira ainsi à tous les conditions d'une paix et d'un développement durables.



2 septembre 2007 - Homélie Messe sanctuaire marial de Lorette, en présence de 500 000 jeunes
Suivre le Christ, comporte l'effort constant d'apporter sa contribution à l'édification d'une société plus juste et solidaire, où tous puissent jouir des biens de la terre. L'un des domaines dans lequel il apparaît urgent d'œuvrer, est sans aucun doute la protection de la création. L'avenir de la planète, sur laquelle sont évidents les signes d'un développement qui n'a pas toujours su protéger les équilibres délicats de la nature, est confié aux nouvelles générations. Avant qu'il ne soit trop tard, il faut faire des choix courageux, qui sachent recréer une solide alliance entre l'homme et la terre. Un oui ferme est nécessaire pour la protection de la création, ainsi qu'un engagement puissant pour inverser les tendances qui risquent de conduire à des situations de dégradation irréversible. C'est pourquoi j'ai apprécié l'initiative de l'Eglise italienne de promouvoir la sensibilité sur les problématiques de la protection de la création, en instituant une Journée nationale, qui tombe précisément le 1 septembre. Cette année, l'attention se porte en particulier sur l'eau, un bien précieux qui, s'il n'est pas partagé de façon équitable et pacifique, deviendra malheureusement un motif de graves tensions et d'âpres conflits.



7 septembre 2007 - Rencontre avec les Diplomates, à Vienne, en Autriche
Nous nous trouvons ici dans un lieu historique, à partir duquel, pendant des siècles, a été gouverné un empire qui a uni de vastes parties de l'Europe centrale et orientale. Le lieu où nous sommes et le moment que nous vivons nous offrent donc une occasion providentielle pour fixer notre regard sur toute l'Europe d'aujourd'hui. Après les horreurs de la guerre et les expériences traumatisantes du totalitarisme et de la dictature, l'Europe a entrepris le chemin vers une unité du Continent, qui tend à assurer un ordre durable de paix et de développement juste. La division qui, pendant des décennies, a déchiré le Continent de manière douloureuse est, il est vrai, surmontée sur le plan politique, mais l'unité reste encore en grande partie à réaliser dans l'esprit et dans le cœur des personnes. Même si, après la chute du rideau de fer en 1989, une certaine espérance excessive a pu laisser place à la déception, et si, sur quelques aspects, il est possible de formuler des critiques justifiées vis-à-vis de quelques institutions européennes, le processus d'unification est de toute façon une œuvre d'une grande portée qui a permis à ce Continent, longtemps miné par des conflits continuels et des guerres fratricides désastreuses, de vivre une période de paix qu'il n'avait pas connue depuis longtemps. En particulier, la participation à ce processus constitue pour les Pays d'Europe centrale et orientale un stimulant ultérieur pour consolider chez eux la liberté, l'état de droit et la démocratie. Je voudrais rappeler, à ce propos, la contribution que mon Prédécesseur le Pape Jean-Paul II a apportée à ce processus historique. L'Autriche, qui se trouve aux confins de l'Occident et de l'Orient d'alors, a également, comme pays-pont, beaucoup contribué à cette union et en a aussi - il ne faut pas l'oublier - tiré grand profit.

De l'unicité de son nom découle aussi, cependant, pour l'Europe, une responsabilité unique dans le monde. À ce propos, elle ne doit surtout pas renoncer à elle-même. Le continent qui, sur le plan démographique, vieillit de façon rapide ne doit pas devenir un continent spirituellement vieux. De plus, l'Europe acquerra une meilleure conscience d'elle-même si elle assume une responsabilité dans le monde qui corresponde à sa tradition spirituelle particulière, à ses capacités extraordinaires et à sa grande force économique. L'Union européenne devrait par conséquent jouer un rôle de meneur dans la lutte contre la pauvreté dans le monde, et dans l'engagement en faveur de la paix. Nous pouvons constater avec gratitude que les pays européens et l'Union européenne sont parmi ceux qui contribuent le plus au développement international, mais ils devraient aussi faire valoir leur importance politique face, par exemple, aux très urgents défis portés par l'Afrique, aux horribles tragédies de ce continent telles que le fléau du SIDA, la situation au Darfour, l'exploitation injuste des ressources naturelles et le trafic préoccupant des armes. De même que l'engagement politique et diplomatique de l'Europe et de ses pays ne doit pas oublier la situation toujours grave du Moyen-Orient où la contribution de tous est nécessaire pour favoriser le renoncement à la violence, le dialogue réciproque et une cohabitation vraiment pacifique. Les relations avec les Nations d'Amérique latine et avec celles du Continent asiatique doivent continuer à croître, par des liens opportuns d'échange.



12 septembre 2007 - Audience Générale
En tenant compte de l'histoire de l'Autriche et de ses relations étroites avec le Saint-Siège, ainsi que de l'importance de Vienne dans la politique internationale, le programme de mon voyage pastoral a prévu les rencontres avec le président de la République et avec le Corps diplomatique. Il s'agit d'occasions précieuses, au cours desquelles le successeur de Pierre a la possibilité d'exhorter les responsables des nations à toujours soutenir la cause de la paix et du développement économique et social authentique.



23 septembre 2007 - Homélie de la Messe célébrée dans la cathédrale de Velletri
La vie est en vérité toujours un choix: entre honnêteté et malhonnêteté, entre fidélité et infidélité, entre égoïsme et altruisme, entre bien et mal. La conclusion du passage évangélique est incisive et péremptoire: "Nul serviteur ne peut servir deux maîtres: ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre". En définitive, dit Jésus, il faut se décider: "Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon" (Lc 16, 13). Mammon est un terme d'origine phénicienne qui évoque la sécurité économique et le succès dans les affaires; nous pourrions dire que dans la richesse est indiquée l'idole à laquelle on sacrifie toute chose pour atteindre sa propre réussite matérielle et ainsi cette réussite économique devient le vrai dieu d'une personne. Une décision fondamentale est donc nécessaire entre Dieu et Mammon, il faut choisir entre la logique du profit comme ultime critère de notre action et la logique du partage et de la solidarité. La logique du profit, si elle prévaut, augmente les inégalités entre les pauvres et les riches, ainsi qu'une exploitation ruineuse de la planète. Lorsqu'en revanche prévaut la logique du partage et de la solidarité, il est possible de corriger la route et de l'orienter vers un développement équitable, pour le bien commun de tous. Au fond, il s'agit de la décision entre l'égoïsme et l'amour, entre la justice et la malhonnêteté, en définitive entre Dieu et Satan. Si aimer le Christ et nos frères ne doit pas être considéré comme quelque chose d'accessoire et de superficiel, mais plutôt comme le vrai et ultime but de toute notre existence, il faut savoir opérer des choix fondamentaux, être disponibles à des renoncements radicaux, si nécessaire jusqu'au martyr. Aujourd'hui comme hier, la vie du chrétien exige le courage d'aller à contre-courant, d'aimer comme Jésus, qui est allé jusqu'au sacrifice sur la Croix.

Grâce aux richesses terrestres, nous devons nous procurer celles qui sont véritables et éternelles: si l'on trouve en effet des gens prêts à tout type de malhonnêtetés à condition de s'assurer un bien-être matériel toujours aléatoire, nous chrétiens devrions d'autant plus nous soucier de nous occuper de notre bonheur éternel avec les biens de cette terre. Or l'unique manière de faire fructifier pour l'éternité nos dons et nos capacités personnelles tout comme les richesses que nous possédons est de les partager avec nos frères, en nous montrant de cette manière de bons intendants de ce que Dieu nous confie. Jésus dit: "Qui est fidèle en très peu de choses est fidèle aussi en beaucoup, et qui est malhonnête en très peu est malhonnête aussi en beaucoup" (Lc 16, 10-11).



23 septembre 2007 - Angelus
« Faites-vous des amis avec l'Argent trompeur, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles » (Luc 16, 9). L'argent n'est pas « malhonnête » en soi, mais plus qu'aucune autre chose, il peut enfermer l'homme dans un égoïsme aveugle. Il s'agit donc d'opérer une sorte de « conversion » des biens économiques : au lieu de les utiliser seulement pour l'intérêt personnel, il convient de penser aux besoins des pauvres, en imitant le Christ lui-même, lui qui, écrit saint Paul, « pour vous s'est fait pauvre, de riche qu'il était, afin de vous enrichir par sa pauvreté » (2 Co 8, 9). Cela semble un paradoxe : le Christ ne nous a pas enchichis par sa richesse, mais par sa pauvreté, c'est-à-dire par son amour qui l'a poussé à se donner à nous totalement.

Ici pourrait s'ouvrir un champ de réflexion vaste et complexe, sur le thème de la richesse et de la pauvreté, à l'échelle mondiale également, où deux logiques économiques s'affrontent : la logique du profit et celle de la distribution équitable des biens, qui ne sont pas en contradiction l'une avec l'autre, à condition que leur rapport soit bien ordonné. L'enseignement social catholique a toujours soutenu que la distribution des biens est prioritaire. Le profit est naturellement légitime, et dans une juste mesure, nécessaire au développement économique. Jean-Paul II a écrit dans son encyclique Centesimus annus : « L'économie d'entreprise moderne comporte des apsects positifs, dont la racine est la liberté de la personne, qui s'exprime dans le domaine économique comme dans tant d'autres domaines » (n. 32).

Cependant, ajoute-t-il, le capitalisme ne doit pas être considéré comme l'unique modèle valide d'organisation économique (cf. Ibid. 35). L'urgence de la faim et l'urgence écologique dénoncent avec une évidence croissante que la logique du profit, lorsqu'elle prévaut, augmente la disproportion entre riches et pauvres, et la ruineuse exploitation de la planète. Lorsque, au contraire, prévaut la logique du partage et de la solidarité, il est possible de corriger la route et de l'orienter vers un développement équitable et durable.

Que la très Sainte Vierge Marie qui proclame dans le Magnificat que le Seigneur « comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides » (Luc 1, 53), aide les chrétiens à user des biens terrestres avec une sagesse évangélique - c'est-à-dire avec une solidarité généreuse -, et qu'elle inspire aux gouvernants et aux économistes des stratégies à long terme qui favorisent le progrès authentique de tous les peuples.



2008



17 juillet 2008 - Accueil des jeunes à Sydney
La création de Dieu est unique et elle est bonne. Les préoccupations au sujet de la non-violence, du développement durable, de la justice et de la paix, de la protection de notre environnement sont d'une importance vitale pour l'humanité. Tout cela, cependant, ne peut être compris sans une profonde réflexion sur la dignité innée de toute vie humaine, de la conception jusqu'à la mort naturelle, dignité qui est conférée par Dieu lui-même et qui est, par conséquent, inviolable. Notre monde en a assez de l'avidité, de l'exploitation et de la division, de l'ennui des fausses idoles et des réponses partielles, ainsi que des fausses promesses. Notre cœur et notre esprit aspirent à une vision de la vie où règne l'amour, où les dons sont partagés, où l'unité se construit, où la liberté trouve sa propre signification dans la vérité, et où l'identité se trouve dans une communion respectueuse.



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