Benoît XVI de A à Z

Benoit XVI

1 - Grâce et paix en abondance à vous tous (cf. 1 P 1,2) ! En mon âme cohabitent en ces heures deux sentiments opposés. D'une part, un sentiment d'inadaptation et de trouble humain par rapport à la responsabilité qui m'a été confiée hier en tant que Successeur de l'apôtre Pierre sur ce Siège de Rome, à l'égard de l'Eglise universelle. D'autre part je ressens en moi une profonde gratitude envers Dieu qui, comme nous le fait chanter la liturgie, n'abandonne pas son troupeau mais le guide à travers les temps, sous la conduite de ceux qu'Il a lui-même élus vicaires de son Fils et constitués pasteurs (cf. Préface des Apôtres I).

Très chers amis, cette profonde reconnaissance pour un don de la divine miséricorde prévaut malgré tout en mon cœur. Et je considère cela une grâce spéciale obtenue de mon vénéré prédécesseur, Jean-Paul II. Il me semble sentir sa main forte serrer la mienne; il me semble voir ses yeux souriants et entendre ses paroles, qui s'adressent en ce moment à moi de manière particulière : « N'aie pas peur ! »

La mort du Saint-Père Jean-Paul II, et les jours qui ont suivi, ont été pour l'Eglise et pour le monde entier un temps de grâce extraordinaire. La grande douleur provoquée par sa disparition et le sentiment de vide qu'il a laissé en chacun ont été tempérés par l'action du Christ ressuscité, qui s'est manifestée au cours de longues journées dans la vague unanime de foi, d'amour et de solidarité spirituelle, qui a atteint son sommet lors de ses obsèques solennelles.
Nous pouvons le dire : les funérailles de Jean-Paul II ont été une expérience vraiment extraordinaire où l'on a d'une certaine façon perçu la puissance de Dieu qui, par l'intermédiaire de son Eglise, veut faire de tous les peuples une grande famille, grâce à la force unificatrice de la Vérité et de l'Amour (cf. Lumen gentium, 1). A l'heure de la mort, configuré à son Maître et Seigneur, Jean-Paul II a couronné son long et fécond pontificat, confirmant le peuple chrétien dans la foi, le rassemblant autour de lui et faisant sentir la famille humaine tout entière, plus unie.

Comment ne pas se sentir soutenus par ce témoignage ? Comment ne pas ressentir l'encouragement qui provient de cet événement de grâce ?

Me surprenant au-delà de toutes mes prévisions, la Providence divine, à travers le vote des vénérés pères cardinaux, m'a appelé à succéder à ce grand pape. Je repense en ces heures à ce qui se produisit dans la région de Césarée de Philippe, il y a environ deux mille ans. Il me semble entendre les paroles de Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant », et la solennelle affirmation du Seigneur : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise… Je te donnerai les clés du Royaume des Cieux » (Mt 16, 15-19).

Tu es le Christ ! Tu es Pierre ! Il me semble revivre la même scène évangélique ; moi, successeur de Pierre, je répète avec anxiété les paroles vibrantes du pêcheur de Galilée et j'écoute à nouveau avec une profonde émotion la promesse rassurante du divin Maître. Si le poids de la responsabilité qui se déverse sur mes pauvres épaules est énorme, la puissance divine sur laquelle je peux compter est certainement démesurée : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise » (Mt 16, 18). En me choisissant comme Evêque de Rome, le Seigneur m'a voulu comme son Vicaire, il m'a voulu « pierre » sur laquelle tous peuvent s'appuyer en sécurité. Je Lui demande de suppléer à la pauvreté de mes forces, afin que je sois un courageux et fidèle Pasteur de son troupeau, toujours docile aux inspirations de son Esprit.

Je m'apprête à entamer ce ministère particulier, le ministère « pétrinien » au service de l'Eglise universelle, en m'abandonnant humblement entre les mains de la Providence de Dieu. C'est d'abord au Christ que je renouvelle mon adhésion totale et confiante : "In Te, Domine, speravi; non confundar in aeternum!".
Avec une âme reconnaissante pour la confiance que vous m'avez témoignée, je vous demande, à vous, Messieurs les Cardinaux, de me soutenir par la prière et la collaboration constante, active et sage. Je demande aussi à tous mes frères dans l'épiscopat de m'accompagner par la prière et les conseils, afin que je puisse être vraiment le Servus servorum Dei. De même que Pierre et les autres apôtres constituèrent conformément au souhait du Seigneur, un unique collège apostolique, le successeur de Pierre et les évêques, successeurs des apôtres, - le Concile l'a répété avec force (cf. Lumen gentium, 22) -, doivent être étroitement unis entre eux. Cette communion collégiale, certes dans la diversité des rôles et des fonctions du pontife romain et des évêques, est au service de l'Eglise et de l'unité dans la foi, de laquelle dépend largement l'efficacité de l'action évangélisatrice dans le monde contemporain. C'est sur ce chemin, sur lequel ont avancé mes vénérés prédécesseurs, que j'entends par conséquent moi aussi avancer, avec l'unique souci de proclamer au monde entier la présence vivante du Christ.

J'ai devant moi, en particulier, le témoignage du pape Jean-Paul II. Il laisse une Eglise plus courageuse, plus libre, plus jeune. Une Eglise qui, selon son enseignement et son exemple, regarde le passé avec sérénité et n'a pas peur de l'avenir. Avec le grand Jubilé elle est entrée dans le nouveau millénaire, portant dans ses mains l'Evangile appliqué au monde actuel à travers la relecture faisant autorité du Concile Vatican II. Le pape Jean-Paul II a très justement indiqué le Concile comme « boussole » permettant de s'orienter dans le vaste océan du troisième millénaire (cf. Lettre apost. Novo millennio ineunte, 57-58). Dans son testament spirituel il notait également : « Je suis convaincu qu'il sera encore donné aux nouvelles générations de puiser pendant longtemps aux richessess que ce Concile du XXe siècle nous a offertes » (17.III.2000). Moi aussi, par conséquent, alors que je me prépare au service qui est propre au successeur de Pierre, je veux affirmer avec force ma ferme volonté de poursuivre l'engagement de mise en œuvre du Concile Vatican II, dans le sillage de mes prédécesseurs et en fidèle continuité avec la tradition bimillénaire de l'Eglise. On célébrera précisément cette année le 40e anniversaire de la conclusion de l'Assemblée conciliaire (8 décembre 1965). Au fil des années les documents conciliaires n'ont rien perdu de leur actualité ; leurs enseignements se révèlent même particulièrement pertinents en ce qui concerne les nouvelles exigences de l'Eglise et de la société mondialisée actuelle.

De manière extrêmement significative, mon pontificat commence alors que l'Eglise vit l'Année spéciale consacrée à l'Eucharistie. Comment ne pas voir dans cette coïncidence providentielle un élément qui doit caractériser le ministère auquel je suis appelé ? L'Eucharistie, cœur de la vie chrétienne et source de la mission évangélisatrice de l'Eglise, ne peut que constituer le centre permanent et la source du service pétrinien qui m'a été confié…

… Nourris et soutenus par l'Eucharistie, les catholiques ne peuvent pas ne pas se sentir encouragés à tendre vers cette pleine unité que le Christ a ardemment souhaitée au Cénacle. Le successeur de Pierre sait qu'il doit de manière particulière prendre en charge cette aspiration suprême du Divin maître. C'est à lui en effet qu'a été confiée la tâche de confirmer ses frères (cf. Lc 22, 32).

C'est donc en toute conscience, au début de son ministère dans l'Eglise de Rome que Pierre a baignée de son sang, que l'actuel successeur prend comme premier engagement celui de travailler sans épargner ses forces, à la reconstruction de l'unité pleine et visible de tous les disciples du Christ. Telle est son ambition, tel est son devoir pressant. Il est conscient que pour cela les manifestations de bons sentiments ne suffisent pas. L'on a besoin de gestes concrets qui pénètrent les âmes et secouent les consciences, incitant chacun à cette conversion intérieure qui est la condition nécessaire à tout progrès sur le chemin de l'œcuménisme.

Le dialogue théologique est nécessaire, l'approfondissement des motivations historiques de choix faits dans le passé est même indispensable. Mais le plus urgent est cette « purification de la mémoire », évoquée si souvent par Jean-Paul II, qui seule peut disposer les âmes à accueillir la pleine vérité du Christ. C'est devant Lui, Juge suprême de tout être vivant, que chacun de nous doit se placer, conscient de devoir un jour Lui rendre compte de ce qu'il a fait ou n'a pas fait pour le grand bien de l'unité pleine et visible de tous ses disciples.

L'actuel successeur de Pierre se laisse interpeller personnellement par cette question et est disposé à faire ce qui est en son pouvoir pour promouvoir la cause fondamentale de l'œcuménisme. Dans le sillage de ses prédécesseurs, il est pleinement déterminé à exploiter toute initiative pouvant apparaître opportune pour promouvoir les contacts et l'entente avec les représentants des différentes Eglises et Communautés ecclésiales. Il leur adresse d'ailleurs, également à cette occasion, le salut le plus cordial, dans le Christ, unique Seigneur de tous.

En ce moment, je reviens en mémoire à l'inoubliable expérience que nous avons tous vécue à l'occasion de la mort et des funérailles du regretté Jean-Paul II. Autour de sa dépouille mortelle couchée sur la terre nue, se sont rassemblés les Chefs des Nations, des personnes de toutes les catégories sociales, et en particulier des jeunes, dans une inoubliable étreinte d'affection et d'admiration. Le monde entier s'est tourné vers lui avec confiance. Il a semblé à de nombreuses personnes que cette intense participation, amplifiée jusqu'aux limites de la planète par les moyens de communication sociale, ait été comme une demande d'aide unanime adressée au pape de la part de l'humanité actuelle qui, troublée par les incertitudes et les craintes, s'interroge sur son avenir.

L'Eglise d'aujourd'hui doit raviver en elle-même la conscience de la tâche de reproposer au monde la voix de Celui qui a dit: « Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie » (Jn 8, 12). En commençant son ministère, le nouveau pape sait que sa tâche est de faire resplendir devant les hommes et les femmes d'aujourd'hui la lumière du Christ: pas sa propre lumière, mais celle du Christ.

Je m'adresse à tous avec cette conscience, également à ceux qui pratiquent d'autres religions ou qui cherchent simplement une réponse aux questions fondamentales de l'existence et qui ne l'ont pas encore trouvée. Je m'adresse à tous avec simplicité et affection, pour les assurer que l'Eglise désire continuer à tisser avec eux un dialogue ouvert et sincère, à la recherche du bien véritable de l'homme et de la société.

J'invoque de Dieu l'unité et la paix pour la famille humaine et je déclare la disponibilité de tous les catholiques à coopérer pour un développement social authentique, respectueux de la dignité de chaque être humain.

Je n'épargnerai pas les efforts et le dévouement pour poursuivre le dialogue prometteur entamé par mes vénérés prédécesseurs avec les différentes civilisations, afin que de la compréhension réciproque naissent les conditions d'un avenir meilleur pour tous.

Je pense en particulier aux jeunes. A eux, les interlocuteurs privilégiés du pape Jean-Paul II, s'adresse mon étreinte affectueuse dans l'attente, si Dieu le veut, de les rencontrer à Cologne à l'occasion de la prochaine Journée mondiale de la Jeunesse. Je continuerai à dialoguer avec vous, chers jeunes, avenir et espérance de l'Eglise et de l'humanité, en écoutant vos attentes dans l'intention de vous aider à rencontrer toujours plus en profondeur le Christ vivant, celui qui est éternellement jeune.

Mane nobiscum, Domine! Reste avec nous Seigneur! Cette invocation, qui constitue le thème dominant de la Lettre apostolique de Jean-Paul II pour l'Année de l'Eucharistie, est la prière qui jaillit spontanément de mon cœur, alors que je m'apprête à commencer le ministère auquel le Christ m'a appelé. Comme Pierre, je Lui renouvelle moi aussi ma promesse inconditionnée de fidélité. Je n'entends servir que Lui seul en me consacrant totalement au service de son Eglise.

Pour soutenir cette promesse, j'invoque l'intercession maternelle de la Très Sainte Vierge Marie, entre les mains de qui je dépose le présent et l'avenir de ma personne et de l'Eglise. Que les saints apôtres Pierre et Paul, et tous les saints, interviennent également à travers leur intercession. - Chapelle Sixtine 20.4.2005


2 - Je vous rencontre à nouveau aujourd'hui et je voudrais vous faire part de manière simple et fraternelle de l'état d'âme qui est le mien au cours de ces journées. Aux émotions intenses éprouvées à l'occasion de la mort de mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II puis au cours du conclave et surtout lors de son épilogue, s'ajoutent un intime besoin de silence et deux sentiments complémentaires entre eux : un vif désir venant du cœur de remercier et un sentiment d'impuissance humaine face au très haut devoir qui m'attend.

Tout d'abord la gratitude. Je ressens en premier lieu le devoir de rendre grâce à Dieu qui m'a voulu, malgré ma fragilité humaine, comme successeur de l'Apôtre Pierre et qui m'a confié la tâche de diriger et de guider l'Eglise afin qu'elle soit dans le monde un sacrement d'unité pour tout le genre humain (cf. Lumen Gentium n.1). Nous en sommes certains, c'est le pasteur éternel qui conduit son troupeau avec la force de son esprit, lui assurant en tout temps des pasteurs qu'Il a choisis. En ces jours s'est élevée la prière unanime du peuple chrétien pour le nouveau Pontife et la première rencontre avec les fidèles, avant-hier soir sur la Place Saint-Pierre, a été véritablement émouvante : que parviennent à tous évêques, prêtres, religieux et religieuses, jeunes et personnes âgées, mes remerciements les plus sincères pour leur solidarité spirituelle…

…Vénérés frères, je vous adresse mes remerciements les plus personnels pour la confiance que vous avez placée en moi en m'élisant Evêque de Rome et Pasteur de l'Eglise universelle. C'est un acte de confiance qui constitue un encouragement pour entreprendre cette nouvelle mission, avec plus de sérénité car je suis persuadé de pouvoir compter non seulement sur l'aide indispensable de Dieu, mais également sur votre collaboration généreuse. Je vous en prie, ne me faites jamais manquer votre soutien ! Si d'un côté je suis conscient des limites de ma personne et de mes capacités, de l'autre, je sais bien quelle est la nature de la mission qui m'est confiée et que je m'apprête à accomplir dans une attitude de dévouement intérieur. Il ne s'agit pas ici d'honneurs mais bien d'un service à accomplir avec simplicité et disponibilité en imitant notre Maître et Seigneur qui ne vint pas pour être servi mais pour servir (cf. Matthieu 20, 28), et qui lors de la dernière Cène lava les pieds des Apôtres en leur commandant d'en faire tout autant (cf. Jn 13, 13-14). Il ne nous reste donc, à moi et à nous tous ensemble, qu'à accepter de la Providence la volonté de Dieu et faire de notre mieux pour y répondre, en nous aidant les uns les autres dans l'accomplissement des tâches respectives au service de l'Eglise.- Aux Cardinaux - 22.4.2005


3 - Par trois fois, au cours de ces jours si intenses, le chant des litanies des saints nous a accompagné: durant les funérailles de notre Saint-Père Jean-Paul II; à l'occasion de l'entrée des Cardinaux en Conclave, et aujourd'hui encore, nous les avons chantées à nouveau, accompagnées de l'invocation: Tu illum adjuva - soutiens le nouveau Successeur de saint Pierre. Chaque fois, de manière toute particulière, j'ai ressenti, pendant cette prière chantée, une grande consolation. Combien nous nous sommes-nous sentis abandonnés après le départ de Jean-Paul II! Pendant plus de 26 ans, ce Pape a été notre pasteur et notre guide sur le chemin à travers ce temps. Il a franchi le seuil vers l'autre vie - entrant dans le mystère de Dieu. Mais il n'accomplissait pas ce passage tout seul. Celui qui croit n'est jamais seul - il ne l'est pas dans la vie, et pas même dans la mort. À ce moment-là, nous avons pu invoquer les saints de tous les siècles - ses amis, ses frères dans la foi, sachant qu'ils ont été le cortège vivant qui l'a accompagné dans l'au-delà, jusqu'à la gloire de Dieu. Nous savons que son arrivée était attendue. Nous savons désormais qu'il est parmi les siens et qu'il est vraiment chez lui…

… Et maintenant, en ce moment, moi-même, fragile serviteur de Dieu, je dois assumer cette charge inouïe, qui dépasse réellement toute capacité humaine. Comment puis-je faire cela ? Comment serai-je en mesure de le faire ? Vous tous, chers amis, vous venez d'invoquer la troupe innombrable des saints, représentés par certains des grands noms de l'histoire de Dieu avec les hommes. De cette manière, se ravive aussi en moi cette conscience: je ne suis pas seul. Je ne dois pas porter seul ce que, en réalité, je ne pourrais jamais porter seul. La troupe des saints de Dieu me protège, me soutient et me porte. Et votre prière, chers amis, votre indulgence, votre amour, votre foi et votre espérance m'accompagnent. En effet, à la communauté des saints n'appartiennent pas seulement les grandes figures qui nous ont précédés et dont nous connaissons les noms. Nous sommes tous la communauté des saints, nous, les baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, nous qui vivons du don de la chair et du sang du Christ, par lesquels il a voulu nous transformer et nous rendre semblables à lui. Oui, l'Église est vivante - telle est la merveilleuse expérience de ces jours-ci. Au cours des journées tristes de la maladie et de la mort du Pape,précisément, s'est manifesté de manière merveilleuse à nos yeux le fait que l'Église est vivante….

… Chers amis ! En ce moment, je n'ai pas besoin de présenter un programme de gouvernement. J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer, dans mon message du mercredi 20 avril, certains aspects de ce que je considère comme de ma charge; je ne manquerai pas de le faire en d'autres circonstances. Mon véritable programme de gouvernement est de ne pas faire ma volonté, de ne pas poursuivre mes idées, mais, avec toute l'Église, de me mettre à l'écoute de la parole et de la volonté du Seigneur, et de me laisser guider par lui, de manière que ce soit lui-même qui guide l'Église en cette heure de notre histoire…

…. La sainte inquiétude du Christ doit animer tout pasteur: il n'est pas indifférent pour lui que tant de personnes vivent dans le désert. Et il y a de nombreuses formes de désert. Il y a le désert de la pauvreté, le désert de la faim et de la soif; il y a le désert de l'abandon, de la solitude, de l'amour détruit. Il y a le désert de l'obscurité de Dieu, du vide des âmes sans aucune conscience de leur dignité ni du chemin de l'homme. Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands. C'est pourquoi, les trésors de la terre ne sont plus au service de l'édification du jardin de Dieu, dans lequel tous peuvent vivre, mais sont asservis par les puissances de l'exploitation et de la destruction. L'Église dans son ensemble, et les Pasteurs en son sein, doivent, comme le Christ, se mettre en route, pour conduire les hommes hors du désert, vers le lieu de la vie, vers l'amitié avec le Fils de Dieu, vers Celui qui nous donne la vie, la vie en plénitude. Le symbole de l'agneau a encore un autre aspect. Dans l'Orient ancien, il était d'usage que les rois se désignent eux-mêmes comme les pasteurs de leur peuple. C'était une image de leur pouvoir, une image cynique: les peuples étaient pour eux comme des brebis, dont le pasteur pouvait disposer selon son bon vouloir. Tandis que le pasteur de tous les hommes, le Dieu vivant, est devenu lui-même un agneau, il s'est mis du côté des agneaux, de ceux qui sont méprisés et tués. C'est précisément ainsi qu'il se révèle comme le vrai pasteur: «Je suis le bon pasteur... et je donne ma vie pour mes brebis» (Jn 10, 14 ss.). Ce n'est pas le pouvoir qui rachète, mais l'amour ! C'est là le signe de Dieu: Il est lui-même amour. Combien de fois désirerions-nous que Dieu se montre plus fort! Qu'il frappe durement, qu'il terrasse le mal et qu'il crée un monde meilleur! Toutes les idéologies du pouvoir se justifient ainsi, justifient la destruction de ce qui s'oppose au progrès et à la libération de l'humanité. Nous souffrons pour la patience de Dieu. Et nous avons néanmoins tous besoin de sa patience. Le Dieu qui est devenu agneau nous dit que le monde est sauvé par le Crucifié et non par ceux qui ont crucifié. Le monde est racheté par la patience de Dieu et détruit par l'impatience des hommes…

… Chers amis - en ce moment je peux seulement dire: priez pour moi, pour que j'apprenne toujours plus à aimer le Seigneur. Priez pour moi, pour que j'apprenne à aimer toujours plus son troupeau - vous tous, la Sainte Église, chacun de vous personnellement et vous tous ensemble. Priez pour moi, afin que je ne me dérobe pas, par peur, devant les loups. Priez les uns pour les autres, pour que le Seigneur nous porte et que nous apprenions à nous porter les uns lesautres...

… En ce moment, je me souviens du 22 octobre 1978, quand le Pape Jean-Paul II commença son ministère ici, sur la Place Saint-Pierre. Les paroles qu'il prononça alors résonnent encore et continuellement à mes oreilles: «N'ayez pas peur, au contraire, ouvrez tout grand les portes au Christ». Le Pape parlait aux forts, aux puissants du monde, qui avaient peur que le Christ les dépossède d'une part de leur pouvoir, s'ils l'avaient laissé entrer et s'ils avaient concédé la liberté à la foi. Oui, il les aurait certainement dépossédés de quelque chose: de la domination de la corruption, du détournement du droit, de l'arbitraire. Mais il ne les aurait nullement dépossédés de ce qui appartient à la liberté de l'homme, à sa dignité, à l'édification d'une société juste. Le Pape parlait en outre à tous les hommes, surtout aux jeunes. En quelque sorte, n'avons-nous pas tous peur - si nous laissons entrer le Christ totalement en nous, si nous nous ouvrons totalement à lui - peur qu'il puisse nous déposséder d'une part de notre vie? N'avons-nous pas peur de renoncer à quelque chose de grand, d'unique, qui rend la vie si belle? Ne risquons-nous pas de nous trouver ensuite dans l'angoisse et privés de liberté? Et encore une fois le Pape voulait dire: Non! Celui qui fait entrer le Christ ne perd rien, rien - absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non! Dans cette amitié seulement s'ouvrent tout grand les portes de la vie. Dans cette amitié seulement se dévoilent réellement les grandes potentialités de la condition humaine. Dans cette amitié seulement nous faisons l'expérience de ce qui est beau et de ce qui libère. Ainsi, aujourd'hui, je voudrais, avec une grande force et une grande conviction, à partir d'une longue expérience de vie personnelle, vous dire, à vous les jeunes: n'ayez pas peur du Christ! Il n'enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ - et vous trouverez la vraie vie - Homélie Intronisation 24.4.2005


4 - Je vous remercie de tout coeur pour les voeux, les paroles, et les signes d'affection et d'amitié qui me sont parvenus de façon impressionnante de toutes les régions d'Allemagne. Au début de mon chemin dans un ministère auquel je n'avais jamais pensé et pour lequel je ne me sentais pas adapté, tout cela m'apporte une grande force et aide. Que Dieu vous le rende! Lorsque que la tournure que prenait le vote m'a progressivement fait comprendre que, pour ainsi dire, le couperet allait tomber sur ma tête, j'ai commencé à avoir le vertige. J'étais convaincu d'avoir accompli le travail de toute une vie, et que je pouvais espérer finir mes jours dans la tranquillité. Avec une profonde conviction, j'ai dit au Seigneur: Ne me fais pas cela! Tu disposes de personnes plus jeunes et plus adaptées, qui peuvent affronter ce grand devoir avec bien plus d'élan et de force. Puis, j'ai été très ému par une brève lettre, écrite par l'un de mes confrères du Collège cardinalice. Il me rappelait qu'à l'occasion de la Messe pour Jean-Paul II, j'avais centré mon homélie, en partant de l'Evangile, sur les paroles que le Seigneur adressa à Pierre au bord du Lac de Tibériade: Suis-moi! J'avais expliqué que Karol Wojtyla reçut toujours à nouveau cet appel du Seigneur, et qu'il dut toujours à nouveau renoncer à beaucoup de choses et simplement dire: oui, je te suis, même si tu me conduis là où je n'aurais pas voulu aller. Mon confrère m'a écrit: Si le Seigneur devait te dire à présent: "Suis-moi", alors rappelle-toi de ce que tu as prêché. Ne te refuse pas! Sois obéissant, comme tu as décrit le grand Pape, qui est retourné à la maison du Père. Cela m'a profondément touché. Les voies du Seigneur ne sont pas toujours faciles, mais nous n'avons pas été créés pour la facilité, mais pour les choses grandes, pour le bien.
Ainsi, à la fin, je n'ai pas pu faire autrement que dire oui. Je compte sur le Seigneur, et je compte sur vous, chers amis. Un chrétien n'est jamais seul, ai-je dit hier dans mon homélie. J'ai exprimé ainsi la merveilleuse expérience que nous avons tous vécue au cours des quatre extraordinaires semaines qui viennent de s'écouler…

… Avec joie et gratitude, je vois ici les délégations et les pèlerins de ma terre bavaroise. J'ai déjà eu l'occasion de vous dire combien est importante pour moi votre affection fidèle, qui dure depuis l'époque où j'ai quitté mon bien-aimé archidiocèse de Munich et Freising pour me rendre au Vatican, répondant à l'appel de mon vénéré prédécesseur le Pape Jean-Paul II, qui, il y a plus de 23 ans, m'a nommé Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Depuis, au cours de toutes ces années passées, j'ai toujours été conscient que la Bavière et Rome ne sont pas très éloignées, et pas seulement du point de vue géographique: la Bavière et Rome ont depuis toujours été deux pôles entre lesquels il existait une relation réciproque féconde. De Rome, à travers les commerçants, les fonctionnaires de l'Etat et les soldats, l'Evangile est arrivé jusqu'au Danube et au Lech. Je passe à présent sur de nombreux événements. Au XVI et au XVII siècle, ensuite, la Bavière a apporté l'un des plus beaux témoignages de fidélité à l'Eglise catholique. En témoigne l'échange fécond de culture et de piété entre la Bavière baroque et le Siège du Successeur de Pierre. A l'époque moderne, la Bavière a donné à l'Eglise universelle un saint digne d'amour comme le Frère Konrad von Parzham, portier capucin. Chers amis, ne nous détachons pas de cette générosité, de ce pèlerinage vers le Christ. J'attends avec joie le rendez-vous de Cologne, où les jeunes du monde se rencontreront ou plutôt, où les jeunes du monde ont rendez-vous avec le Christ. Marchons ensemble, soyons unis. J'ai confiance en votre aide. Je vous demande d'être indulgents si je commets des erreurs, comme tout homme, ou si quelque chose que le Pape doit dire ou faire selon sa conscience et selon la conscience de l'Eglise demeure incompréhensible. Je vous demande votre confiance. Si nous demeurons unis, alors nous trouverons le bon chemin. Et prions Marie, Mère du Seigneur, afin qu'elle nous fasse sentir son amour de femme et de mère, dans lequel nous pouvons comprendre toute la profondeur du mystère du Christ. Que le Seigneur vous bénisse tous- Audience aux Allemands 25.4.2005

<B>5 - Je rends grâce à Dieu qui, au début de mon ministère de Successeur de Pierre, m'accorde de m'arrêter pour prier auprès du tombeau de l'apôtre Paul. C'est pour moi un pèlerinage très désiré, un geste de foi, que j'accomplis en mon nom propre, mais aussi au nom du bien-aimé diocèse de Rome, dont le Seigneur m'a constitué Evêque et Pasteur, et de l'Eglise universelle confiée à mon soin pastoral…

… Chers amis, en tant que Successeur de Pierre, je suis ici pour raviver dans la foi cette « grâce de l'apostolat », parce que Dieu, selon une autre expression de l'Apôtre des nations, m'a confié « la sollicitude de toutes les Eglises » (2 Corinthiens 11,28).

… Daigne le Seigneur nourrir aussi en moi un tel amour, afin que je n'aie pas de paix devant l'urgence de l'annonce évangélique dans le monde d'aujourd'hui… - à St Paul Hors les Murs 25.4.2005


6 - Je m'adresse à vous pour la première fois de cette fenêtre, que la bien-aimée figure de mon vénéré prédécesseur a rendue familière à d'innombrables personnes dans le monde entier. - Regina Caeli 1.5.2005


7 - Pour ma part, je viens d'un pays où la paix et la fraternité sont chères au cœur de tous les habitants, notamment pour ceux qui, comme moi, ont connu la guerre et la séparation entre frères appartenant à une même nation, en raison d'idéologies dévastatrices et inhumaines qui, sous couvert de rêves et d'illusion, faisaient peser sur les hommes le joug de l'oppression. Vous comprendrez donc que je sois particulièrement sensible au dialogue entre tous les hommes, pour dépasser toutes les formes de conflits et de tensions, et pour faire de notre terre une terre de paix et de fraternité. - Au Corps Diplomatique 12.5.2005


8 - Chers prêtres et diacres, qui prêtez votre service pastoral dans le diocèse de Rome, je suis heureux de vous rencontrer au début de mon ministère d'évêque de cette Eglise, «qui préside dans l'amour»…

… Je compte donc sur vous, sur votre prière, sur votre accueil et votre dévouement, afin que notre diocèse bien-aimé réponde toujours plus généreusement à la vocation que le Seigneur lui a confiée. Et quant à moi je vous dis: vous pouvez compter, malgré mes limites, sur la sincérité de mon affection paternelle pour vous tous. . ..

…Mon ministère d'Evêque de Rome se situe dans le sillage de celui de mes prédécesseurs, accueillant en particulier l'héritage précieux que Jean-Paul II a laissé: chers prêtres et diacres, marchons ensemble sur cette voie, avec sérénité et confiance…

chers prêtres, votre rapport avec l'Evêque diocésain, que je suis, ne peut malheureusement pas avoir la spontanéité quotidienne que je souhaiterais et qui est possible dans d'autres situations…
… Il m'est cependant possible d'être concrètement proche de chacun de vous, dans les joies et dans les difficultés qui accompagnent le chemin de chaque prêtre. Et je désire surtout vous assurer de cette proximité plus profonde et décisive qui unit l'évêque à ses prêtres et à ses diacres, dans la prière quotidienne. Soyez assurés que le clergé de Rome est réellement et particulièrement présent dans ma prière. Nous sommes également proches dans la foi et dans l'amour du Christ et dans notre don à Marie, Mère de l'unique Prêtre Suprême. C'est précisément de notre union au Christ et à la Vierge que tirent leur substance la sérénité et la confiance dont nous ressentons tous le besoin, tant pour le travail apostolique que pour notre existence personnelle. - Aux prêtres romains à Saint Jean de Latran 13.5.2005


9 - Merci également de l'affection que vous m'avez exprimée, qui m'aide tant. - avec les prêtres de Rome 13.5.2005


10 - Comment ne pas lire à la lumière d'un providentiel dessein divin le fait que sur la chaire de Pierre, ait succédé à un pontife polonais un citoyen de cette terre, l'Allemagne, où le régime nazi a pu s'affirmer avec une grande virulence, s'attaquant ensuite aux nations voisines, parmi lesquelles en particulier la Pologne? Dans leur jeunesse, ces deux papes — bien que sur des fronts adverses et dans des situations différentes — ont dû affronter la barbarie de la seconde guerre mondiale et de la violence insensée d'hommes contre d'autres hommes, de peuples contre d'autres peuples. La lettre de réconciliation que, lors des derniers jours du Concile Vatican II, les évêques polonais remirent ici, à Rome, aux évêques allemands, contenait ces célèbres paroles qui continuent, aujourd'hui encore, à retentir dans notre âme: «Nous pardonnons et demandons pardon». 20.5.2005


11 - Moi aussi j'ai voulu m'unir aujourd'hui à vous tous pour célébrer avec un relief particulier la solennité du Corps et du Sang du Christ, et rendre ainsi hommage au Christ dans le Sacrement de son amour et en même temps renforcer les liens de communion qui me lient à l'Eglise en Italie et à ses pasteurs. - Homélie Messe à Bari - 29.5.2005


12 - Quelques semaines seulement se sont écoulées depuis mon élection et les sentiments qui nous ont unis au cours des jours de la souffrance et de la mort de mon vénéré Prédécesseur, le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, qui fut pour chacun de nous un père, un exemple et un ami, restent bien vivants en nous. Je vous suis particulièrement reconnaissant, car je sens que vous m'accueillez avec le même esprit que celui avec lequel vous l'avez accompagné au cours des vingt-six années de son Pontificat…
… Je commence donc le service nouveau et inattendu auquel le Seigneur m'a appelé en me sentant intimement réconforté par votre proximité et par votre solidarité: ensemble, nous pourrons accomplir la mission que Jésus Christ nous a confiée, ensemble, nous pourrons témoigner du Christ et le rendre présent aujourd'hui, tout autant qu'hier, dans les maisons et dans les âmes des italiens. - Aux Evêques d'Italie 30.5.2005


13 - Je désire …vous remercier et, à travers vous, remercier le Peuple italien pour l'accueil chaleureux qu'il m'a réservé dès le premier jour de mon service pastoral en tant qu'Evêque de Rome et Pasteur de l'Eglise universelle. Pour ma part, j'assure tout d'abord la population romaine, et également toute la Nation italienne, de mon engagement à travailler avec toutes les forces pour le bien religieux et civil de ceux que le Seigneur a confiés à mes soins pastoraux.- Au Président de la République d'Italie 24.6.2005


14 - Le souvenir des saints Patrons me fait sentir particulièrement proche de vous, chers fidèles du diocèse de Rome. La Providence divine m'a appelé à être votre pasteur: je vous remercie pour l'affection avec laquelle vous m'avez accueilli et je vous demande de prier afin que les saints Apôtres Pierre et Paul obtiennent pour moi la grâce d'accomplir avec fidélité le ministère pastoral qui m'a été confié. En tant qu'Evêque de Rome, le Pape accomplit un service unique et indispensable à l'Eglise universelle: il est le principe et le fondement perpétuel et visible de l'unité des Evêques et de tous les fidèles - Angelus 29.6.2005


15 - C'est demain la fête de saint Benoît, Abbé, patron de l'Europe, un saint qui m'est particulièrement cher, comme le suggère le choix que j'ai fait de son nom. - Angelus 10.7.2005


16 - Depuis quelques jours, je me trouve ici, au milieu des merveilleuses montagnes du Val d'Aoste, … Cette pause estivale est un don de Dieu véritablement providentiel, après les premiers mois du service pastoral exigeant que la Providence divine m'a confié. - Angelus 17.7.2005


17 - Nous nous approchons de la XXe Journée mondiale de la Jeunesse, et nous sommes déjà en route. Cette Journée, comme nous le savons, aura lieu à Cologne et, si Dieu le veut, j'y participerai moi aussi - même si je ne suis plus jeune, mais mon cœur est jeune - du jeudi 18 au dimanche 21 août prochains. - Angelus 31.7.2005


18 - Je suis un vieil homme, je ne sais pas encore combien de temps me donnera le Seigneur, mais je suis un pape pour toute l'Eglise universelle. -Aux journalistes dans l'avion en voyage vers l'Allemagne - 9.9.2006 19 - Je me sens vraiment à la maison, dans un sens vraiment profond, répondait le pape, non seulement parce que je suis dans ma patrie d'origine, mais aussi parce que je me sens uni à ma Mère. (…) Là où il y a la Mère de Dieu, nous nous sentons tous chez nous - Rabistonne 12.9.2006

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