Voyages apostoliques

- Voyage Apostolique au Mexique - 25-31 janvier 1979


Voyage Apostolique au Mexique
Jean Paul II

25-31 janvier 1979



PRIERE A LA VIERGE DE GUADALUPE

O Vierge Immaculée,
Mère du vrai Dieu et Mère de l'Eglise,
Toi qui, de ce lieu, manifestes
Ta clémence et ta compassion
Envers tous ceux qui sollicitent ton secours ;
Écoute la prière que nous t'adressons avec une confiance filiale
Et présente-la à ton Fils Jésus notre seul Rédempteur.

Mère de miséricorde, qui nous enseignes le sacrifice caché et silencieux,
Toi qui viens à notre rencontre, nous qui sommes pécheurs,
Nous te consacrons en ce jour tout notre être et tout notre amour.
Nous te consacrons aussi notre viennes travaux,
Nos joies, nos maladies, nos douleurs.

Donne la paix, la justice et la prospérité à tous nos peuples ;
Puisque tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes, nous le plaçons sous ta protection, Notre-Dame et notre Mère.

Nous voulons être totalement à toi et suivre avec toi
Le chemin d'une fidélité absolue à Jésus-Christ dans son Église ;
Que ta main aimante ne nous abandonne pas.

Notre-Dame de Guadalupe, Mère des Amériques,
Nous te prions pour tous nos évêques,
Afin qu'ils conduisent les fidèles sur les sentiers
D'une vie chrétienne intense, d'un amour et d'un humble service
De Dieu et des âmes.

Contemple cette moisson immense et intercède pour que le Seigneur suscite
Dans tout le peuple de Dieu la faim de sainteté
Et obtiens de nombreuses vocations de prêtres et de religieux, forts dans la foi
Et dispensateurs jaloux des mystères de Dieu.

Accorde à nos foyers
La grâce d'aimer et de respecter la vie dès sa conception,
Du même amour avec lequel tu as conçu en ton sein
La vie du Fils de Dieu.
Sainte Vierge Marie, Mère du Bel-Amour, protège nos familles
Pour qu'elles soient toujours plus unies ; et bénis l'éducation de nos enfants.

Toi notre Espérance, regarde-nous avec compassion.
Apprends-nous à marcher continuellement au-devant de Jésus et si nous tombons,
Aide-nous à nous relever, à revenir vers lui en confessant nos fautes et nos péchés
Dans le sacrement de pénitence
Qui soutient notre âme.

Nous t'en supplions accorde-nous un grand amour pour tous les saints sacrements
Qui sont les empreintes que ton Fils nous a laissées sur terre.

Ainsi, Mère très sainte, avec la paix de Dieu dans notre conscience.
Et nos coeurs délivrés de tout mal et de toutes haines,
Nous pourrons porter à tous la vraie joie et la vraie paix,
Qui proviennent de Ton Fils, Notre Seigneur Jésus-Christ
Qui vit et règne avec Dieu le Père, dans l'unité du Saint-Esprit,
Pour les siècles des siècles.

Amen



JOANNES PAULUS PP. II







25 janvier 1979


Le jeudi 25 janvier a 8 h, le pape monte dans l'avion qui va te conduire en Amérique latine. Il est accueilli à Fiumicino par les autorités civiles dont M. Giulio Andreotti et par le personnel de l'aéroport et il leur adresse un message.


Je vous exprime de tout coeur mon sincère remerciement pour votre présence en ce lieu, au moment où je m'éloigne pour quelques jours de mon très cher diocèse et de l'Italie, pour me rendre en Amérique latine

Votre geste, si délicat et empressé, me donne du réconfort, il est de bon augure pour l'heureux succès du voyage qui - vous le savez - veut être avant tout un pèlerinage de foi : le pape va s'agenouiller devant l'image prodigieuse de Notre-Dame de Guadalupe, au Mexique, pour invoquer sa protection et sa maternelle assistance sur son service pontifical ; pour lui redire, avec une force accrue par les nouveaux engagements : Totus tuus sum ego ! et pour déposer dans ses mains l'avenir de l'évangélisation dans l'Amérique latine.

En outre, le pape va en certaines zones du Nouveau Monde comme messager de l'Évangile pour les millions de frères et de soeurs qui croient au Christ ; il veut les connaître, les embrasser, dire à tous - enfants, jeunes, hommes, femmes, ouvriers, paysans et tous les autres - que Dieu les aime ; et pour recevoir, tout autant, d'eux l'encouragement et l'exemple de leur bonté et de leur foi. Le pape se met donc avant tout idéalement sur les traces des missionnaires, des prêtres, de tous ceux qui depuis la découverte du Nouveau Monde, avec sacrifice, abnégation et générosité ont répandu dans ces immenses terres le message de Jésus, prêchant l'amour et la paix parmi les hommes.

Enfin, le pape accomplit ce voyage afin de participer avec ses frères évêques, à la troisième conférence générale de l'épiscopat latino-américain, qui se déroulera à Puebla. En ce siège seront traités d'importants problèmes qui regardent l'action pastorale du peuple de Dieu. Celle-ci, à la lumière du concile Vatican II, doit se rappeler les complexes situations socio-politiques locales pour insérer en elles les germes féconds de l'annonce évangélique. Le pape ira à Puebla pour aider, « confirmer » (cf. Lc 22, 32) ses frères évêques.

Tandis que je m'apprête à entreprendre le vol, après avoir salué le cardinal secrétaire d'État et les autres cardinaux qui sont ici avec lui, j'exprime ma reconnaissance au président du Conseil du gouvernement italien et aux autorités civiles et militaires ; je salue M. le doyen du Corps diplomatique près le Saint-Siège et les ambassadeurs de l'Amérique latine et tous ceux qui sont venus me souhaiter un bon-voyage. De tout coeur je vous bénis tous.





26 janvier 1979
A L'ARRIVÉE A SAINT-DOMINGUE

Accueilli à l'aéroport par une immense foule en fête, le pape a reçu de cordiales paroles de bienvenue de la part du président de la République, Antoine Guzman Fernandez, et il lui a répondu par le discours suivant :


Monsieur le Président, Frères dans l'épiscopat, Frères et soeurs,

Je rends grâces à Dieu qui m'a permis d'arriver sur ce coin de terre américaine, terre aimée de Christophe Colomb, pour la première étape de ma visite sur ce continent vers lequel si souvent s'est envolée ma pensée, pleine d'estime et de confiance, surtout en cette période initiale de mon ministère de pasteur suprême de l'Église.

Ce désir passé devient réalité dans cette rencontre à laquelle participe avec une affection enthousiaste - et tant d'autres l'auraient désiré - un si grand nombre de fils de cette chère terre dominicaine ; en leur nom et en votre nom propre vous avez voulu, Monsieur le Président, me souhaiter cordialement la bienvenue en de nobles et significatives paroles. J'y corresponds par des sentiments de sincère estime et de profonde gratitude, en témoignage de l'amour du pape pour les fils de cette nation hospitalière.

Puis dans les paroles que j'ai écoutées et dans l'accueil joyeux que me réserve aujourd'hui le peuple dominicain, je sens également la voix, lointaine mais présente, de si nombreux autres fils de tous les pays d'Amérique latine. Depuis les terres du Mexique jusqu'à l'extrême sud du continent, ces pays se sentent unis au pape par des liens particuliers qui atteignent les parties les plus secrètes de leur être d'hommes et de chrétiens; A tous et à chacun de ces pays et à leurs fils, j'adresse le salut très cordial et l'hommage du respect et de l'affection du pape, son admiration et le prix qu'il attache aux merveilleuses valeurs de l'histoire et de la culture qu'ils conservent : le désir d'une vie individuelle, familiale et communautaire, dans un croissant bien-être pour les hommes, dans un climat social de moralité, de justice pour tous, de culture intense des biens de l'esprit.

Ce qui m'attire vers ces terres est un événement d'une très grande importance pour l'Église. Je me trouve sur un continent où l'Église a passé en laissant des traces profondes qui pénètrent au coeur de l'histoire et du caractère de chacun des peuples. Je viens vers cette portion vivante de l'Église, la plus nombreuse, et qui est vitale pour l'avenir de l'Église catholique. Cette Église d'Amérique latine, par de belles réalisations, non exemptes d'ombres, au milieu de difficultés et de sacrifices, rend témoignage au Christ et veut répondre au défi des temps actuels en proposant une lumière d'espérance, pour ici-bas et pour l'au-delà, par le moyen, de son oeuvre d'annonce de la Bonne Nouvelle, concrétisée dans le Christ Sauveur, Fils de Dieu et frère aîné des hommes.

Le pape veut être proche de cette Église évangélisatrice pour encourager son effort, pour lui apporter de nouvelles espérances dans ses espérances, pour l'aider à mieux discerner ses chemins, en renforçant et en modifiant ce qui doit l'être afin qu'elle soit toujours plus fidèle à sa mission : celle qu'elle a reçue de Jésus, celle de Pierre et de ses successeurs, celle des Apôtres et de leurs continuateurs.

Et puisque la visite du pape veut être une action évangélisatrice, j'ai désiré arriver ici en suivant la route qu'ont tracée, au moment de la découverte de ce continent, les premiers porteurs de l'Évangile : ces religieux qui sont venus annoncer le Christ Sauveur, défendre la dignité des indigènes, proclamer leurs droits inviolables, favoriser leur promotion intégrale, leur enseigner la fraternité en leur qualité d'hommes et de fils du même Seigneur et Père, Dieu.

Et ceci est un témoignage de reconnaissance que je veux rendre aux artisans de cette admirable geste évangélisatrice, sur la terre même du Nouveau Monde où a été plantée la première croix, où a été célébrée la première messe, où a été récité le premier Ave Maria et où, au milieu de nombreuses vicissitudes, a été propagé le rayonnement de la foi vers les autres îles voisines et de là vers la terre ferme.

C'est donc dans ce lieu évocateur du continent, sur cette terre d'amour fervent à l'égard de la Vierge Marie et dont le dévouement au successeur de saint Pierre a été ininterrompu, que le pape veut réserver son souvenir et son salut le plus aimant aux pauvres, aux paysans, aux infirmes, aux marginaux qui se sentent proches de l'Église, qui l'aiment, qui suivent le Christ même au milieu des obstacles et qui avec un admirable sens de l'homme mettent en pratique la solidarité, l'hospitalité, l'honnêteté joyeuse et l'espérance pour laquelle Dieu prépare sa récompense.

C'est en pensant au plus grand bien de ces peuples bons et généreux, que je nourris l'espoir de voir les responsables, les catholiques et les hommes de bonne volonté de la république Dominicaine et de toute l'Amérique latine engager le meilleur de leurs énergies, élargir les frontières de leur créativité pour construire un monde plus humain et en même temps plus chrétien. C'est cet appel que vous lance le pape en cette première rencontre sur votre terre.



26 janvier 1979
A L'EPISCOPAT ET AUX FIDELES DANS LA CATHEDRALE DE SAINT-DOMINGUE

Jean Paul II a adressé les paroles suivantes, en réponse à l'adresse d'hommage du cardinal Octavio Antonio Beras Rojas, archevêque de Saint-Domingue.


Monsieur le Cardinal, Frères dans l'épiscopat, Très aimés fils,

Voici quelques instants que j'ai l'honneur de me trouver dans votre pays et je ressens maintenant une nouvelle allégresse, celle de pouvoir vous rencontrer dans cette cathédrale dédiée à l'Annonciation - la première cathédrale, située à côté de ce qui a été le premier siège archiépiscopal en Amérique - où vous avez voulu venir si nombreux pour voir le pape.

Tout d'abord merci à vous, Monsieur le Cardinal, pour vos paroles pleines de bonté qui ont rempli mon esprit de satisfaction, d'admiration et d'espérance.

Je désire vous dire que le pape lui aussi désire être avec vous pour vous connaître et pour vous aimer encore davantage. Mon unique peine est de ne pouvoir rencontrer et parler avec chacun en particulier.

Mais bien que cela ne soit pas possible, sachez que personne ne reste étranger à l'affection, ni étranger au souvenir du père commun et que même quand il est loin, il pense à vous et prie à vos intentions.

Pour que cette rencontre soit plus intime, demandons au Seigneur, en un instant de prière, et par l'intercession de Notre-Dame d'Altagracia dont l'image est ici présente, qu'il vous accorde d'être toujours de bons fils de l'Église pour que vous grandissiez dans la foi et que votre vie soit digne de chrétiens.

A vous, à votre nation, à vos familles, surtout aux infirmes, à ceux qui souffrent, j'accorde ma bénédiction avec grand plaisir.

Et priez vous aussi pour le pape.

Frères en l'épiscopat, très chers Fils,

1. En cette eucharistie où nous partageons la même foi au Christ, l'évêque de Rome et de l'Église universelle, présent parmi vous, vous offre son salut de paix : « La grâce et la paix soient avec vous de la part de Dieu le Père et de Nôtre-Seigneur Jésus-Christ » (Ga 1, 3).

Je viens jusqu'à ces terres américaines comme pèlerin de paix et d'espérance, afin de participer à un événement ecclésial d'évangélisation, sollicité moi aussi par les paroles de l'apôtre Paul : « Si j'évangélise, ce n'est pas pour un motif de gloire, mais une nécessité qui m'est imposée. Malheur à moi si je n'évangélise pas ! » (1 Co 9, 16).

La période actuelle de l'histoire de l'humanité requiert une transmission ravivée de la foi, afin de communiquer à l'homme d'aujourd'hui le message éternel du Christ, adapté aux conditions concrètes de sa vie.

Cette évangélisation est une constante et une exigence essentielle dé la dynamique ecclésiale. Paul VI dans son encyclique Evangelii nuntiandi affirmait que « évangéliser constitue la félicité et la vocation de l'Église, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser » (n. 14).

Et le même pontife précise que « le Christ, en tant qu'évangélisateur, annonce avant tout un règne, le règne de Dieu » ; « Comme noyau et centre de sa Bonne Nouvelle, Jésus annonce le salut, ce grand don de Dieu qui est libération de tout ce qui opprime l'homme, mais qui est, avant tout, libération du péché et du Malin » (n. 8-9).

2. L'Église, fidèle à sa mission, continue en présentant aux hommes de chaque temps, avec l'aide de l'Esprit-Saint et sous la direction du pape, le message de salut de son divin fondateur.

Cette terre dominicaine fut un jour la première destinataire, et ensuite propagatrice, d'une vaste entreprise d'évangélisation qui mérite grande admiration et reconnaissance.

Dès la fin du XVe siècle, cette chère nation s'ouvrit à la foi de Jésus-Christ et y est restée fidèle jusqu'à aujourd'hui. Le Saint-Siège, de son côté, fonda les premiers sièges épiscopaux d'Amérique, précisément sur cette île, et ensuite le siège archiépiscopal et primatial de Saint-Domingue.

Dans une période relativement brève, les sentiers de la foi vont sillonner la terre dominicaine et continentale, posant les fondements du message devenu vie, qu'aujourd'hui nous contemplons en ce qui fut appelé le Nouveau Monde.

Dès les premiers moments de la découverte, l'Église se préoccupe de semer le règne de Dieu dans le coeur des nouveaux peuples, racés et cultures, et avant tout chez vos ancêtres.

Si nous voulons attribuer une reconnaissance méritée à ceux qui plantèrent la semence de la foi, il faut rendre cet hommage d'abord aux ordres religieux qui se distinguèrent dans la tâche de l'évangélisation même au prix du martyre, tout d'abord aux religieux dominicains, franciscains, augustins, mercédaires et ensuite les jésuites, qui formèrent un bel arbre de ce qui avait germé sur de petites racines.

Il ne s'agit pas d'autre part, d'une diffusion de la foi séparée de la vie de ses destinataires même si elle doit maintenir son essentielle référence à Dieu. Pour cela, l'Église fut la première dans cette île à revendiquer la justice et à promouvoir la défense des droits de l'homme en ces terres qui s'ouvraient à l'évangélisation.

Ce sont des leçons d'humanisme, de spiritualité et de préoccupation pour la dignité de l'homme que nous enseignent Antonio Montesinos, Cordoba, Bartolomé de las Casas auxquelles feront également écho en d'autres endroits celles de Juan de Zumarraga, Motolinia, Vasco de Quiroga, José de Anchieta, Toribio de Mogrovejo, Nobrega et tant d'autres. Ce sont des hommes en qui vit le souci pour le faible, le sans-défense, l'indigène, sujets dignes de Dieu, destinés à une vocation sublime. De là naîtra le premier Droit international avec Francisco de Vitoria.

3. On ne peut dissocier - c'est la grande leçon, valable même aujourd'hui - l'annonce de l'Évangile et la promotion humaine.

Cependant pour l'Église, celle-là ne peut se confondre ni s'arrêter - comme certains le prétendent - à cette dernière. Ce serait fermer à l'homme les horizons infinis que Dieu lui a ouverts. Et ce serait fausser le sens profond et complet de l'évangélisation, qui est avant tout annonce de la Bonne Nouvelle du Christ Sauveur.

L'Église, experte en humanité, fidèle aux signes des temps, en obéissance à l'invitation pressante du dernier Concile, veut continuer aujourd'hui sa mission de foi et de défense des droits humains. Elle invite les chrétiens à s'engager dans la construction d'un monde plus juste, humain et habitable, qui ne s'enferme pas en lui-même, mais qui s'ouvre à Dieu.

Rendre ce monde plus juste signifie, entre autres faire effort pour qu'il n'y ait plus d'enfants sans nourriture suffisante, sans éducation, sans instruction, qu'il n'y ait plus de jeunes sans préparation convenable, pas de paysans sans terres pour vivre et se développer dignement ; qu'il n'y ait plus de travailleurs maltraités ni diminués dans leurs droits ; qu'il n'y ait plus de systèmes qui autorisent l'exploitation de l'homme par l'homme ou par l'État ; qu'il n'y ait pas de corruption ; qu'il n'y ait pas ceux qui abondent de tout, tandis que d'autres manquent de tout sans que ce soit leur faute ; qu'il n'y ait pas tant de familles mal constituées, brisées, désunies, insuffisamment protégées ; qu'il n'y ait pas injustice et différence dans l'attribution de la justice ; qu'il n'y ait personne sans protection de la loi et que la loi protège également tous les hommes ; que ne prévalent pas la force sur la vérité et le droit sur la force ; et que ne prédomine jamais le plan économique et politique sur l'humain.

4. Cependant ne vous contentez pas de ce monde plus humain. Faites un monde explicitement plus divin, plus selon Dieu, dominé par la foi en lui, qu'elle inspire le progrès moral, religieux et social de l'homme; Ne perdez pas de vue l'orientation verticale de l'évangélisation. Elle possède la force pour libérer l'homme car elle est révélation de l'amour. L'amour du Père pour les hommes, pour tous et chacun des hommes, amour révélé en Jésus-Christ. « Car Dieu a tant aimé le monde qu'il lui a donné son Fils unique, afin que celui qui croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16).

Jésus-Christ a manifesté cet amour d'abord par sa vie cachée - « Il a bien fait toute chose » (Mc 7, 37) - puis le mystère pascal dans lequel l'homme trouve sa vocation définitive à la vie éternelle, à l'union avec Dieu, c'est la dimension eschatologique de l'amour.

Chers fils : je termine en vous exhortant à rester toujours dignes de la foi reçue. Aimez le Christ, aimez l'homme pour lui et vivez la dévotion à notre chère Mère du ciel, que vous invoquez sous le très beau nom de Notre-Dame de Altagracia, à qui le pape veut laisser un diadème en hommage de dévotion. Elle vous aidera à cheminer jusqu'au Christ en protégeant et développant en plénitude la semence jetée par vos premiers évangélisateurs. Le pape attend cela de vous. De vous, fils de Cuba, ici présents, de Jamaïque, de Curaçao et des Antilles, de Haïti, du Venezuela et des États-Unis. Surtout de vous, fils de la terre dominicaine. Qu'il en soit ainsi.



26 janvier 1979
AU CORPS DIPLOMATIQUE

Au cours d'une visite de courtoisie au siège de la Nonciature apostolique, le pape a adressé ces quelques mots aux membres du Corps diplomatique accrédités auprès de la république Dominicaine.


Excellence, Mesdames et Messieurs,

Je ne voudrais pas que manque à mon bref séjour dans ce pays cette rencontre avec vous qui méritez, pour des motifs multiples et variés, une manifestation spéciale d'attention de la part du pape.

Vous avez voulu venir me présenter vos hommages de respect et d'adhésion en qualité de détenteurs, à différents niveaux, de l'autorité dans la nation dominicaine, en qualité de personnes liées au Saint-Siège par des liens particuliers et en qualité de représentants du monde de la culture.

A vous tous j'exprime ma reconnaissance pour votre bienveillante présence et ma profonde estime pour vos fonctions respectives. Je vous souhaite beaucoup de bien dans vos tâches qui peuvent et doivent avoir une nette orientation au service du bien commun, de la convivence des hommes, du bien-être de la société, et, pour beaucoup d'entre vous, de celui de l'Église. Je vous remercie beaucoup.



26 janvier 1979
Au clergé, aux religieux et séminaristes de Saint-Domingue


Le pape au lendemain de son arrivée à Saint-Domingue le 26 janvier a célébré la messe en présence seulement des prêtres, religieux et séminaristes du pays.


Très aimés frères et soeurs,

Que soit béni le Seigneur qui m'a conduit ici, sur cette terre de la république Dominicaine où heureusement pour la gloire et la louange de Dieu en ce nouveau continent, se leva aussi le jour du salut. Et j'ai voulu venir en cette cathédrale de Saint-Domingue pour être parmi vous, très aimés prêtres, diacres, religieux, religieuses et séminaristes, pour vous manifester mon affection spéciale à vous en qui le pape et l'Église déposent leurs plus grandes espérances, afin que vous soyez plus joyeux dans la foi et que votre fierté d'être ce que vous êtes déborde sur moi (cf. Ph 1, 25).

Avant tout, cependant, je veux m'unir à vous dans Faction de grâce à Dieu. Merci pour la croissance et le zèle de cette Église qui possède tant de belles initiatives et qui démontre tant d'engagement dans son service de Dieu et des hommes. Je rends grâce à Dieu avec une immense joie - pour reprendre les paroles de l'Apôtre - « pour la part que vous avez prise dans l'annonce de la Bonne Nouvelle depuis le premier jour jusqu'à aujourd'hui ; bien persuadé de ceci : celui qui a commencé en vous une oeuvre bonne poursuivra l'achèvement jusqu'au jour du Christ Jésus » (Ibid. 1, 3, 11).

J'aimerai vraiment disposer de beaucoup de temps pour rester avec vous, apprendre votre nom et écouter de vos lèvres « ce qui déborde de votre coeur » (Mt 12, 34) ce que vous avez expérimenté de merveilleux dans votre intérieur -fecit mihi magna qui potens est... (Lc l, 49) - ayant été fidèles à la rencontre avec le Seigneur. Une rencontre de choix de sa part.

C'est précisément cela : la rencontre pascale avec le Seigneur, que je désire proposer à votre réflexion pour raviver davantage votre foi et votre enthousiasme en cette eucharistie ; une rencontre personnelle, vivante, les yeux ouverts et le coeur palpitant, avec le Christ ressuscité (cf. Lc 24, 34) l'objectif de votre amour et de toute votre vie.

Il arrive parfois que notre syntonie de foi avec Jésus s'affaiblisse ou s'atténue - ce que le peuple fidèle remarque par la suite et ce dont il s'attriste - car nous le portons à l'intérieur, oui, mais parfois mélangé avec nos penchants et nos raisonnements humains (cf. ibid., 15) sans faire briller toute la lumière grandiose qu'il renferme pour nous. En certaines occasions nous parlons peut-être de lui, un peu influencés par certaines préventions et variantes, ou des données à saveur sociologique, politique, psychologique, linguistique au lieu de faire dériver les critères de base de notre vie et de notre activité d'un Évangile vécu également avec joie, avec confiance et avec cette immense espérance que renferme la croix du Christ.

Une chose est bien claire, très chers frères : la foi au Christ ressuscité n'est pas le résultat d'une connaissance technique ou fruit d'un bagage scientifique (cf. 1 Co 1, 26).

Ce qu'il nous demande est que nous annoncions la, mort de Jésus-Christ et proclamions sa résurrection (cf. Liturgie). Jésus est vivant. « Dieu l'a ressuscité rompant les liens de la mort » (He 2, 24). Ce qui au début fut un murmure tremblant parmi les premiers témoins se transforma rapidement en une joyeuse expérience de la réalité de celui « avec lequel nous avons mangé et bu... après qu'il fut ressuscité des morts » (He 10, 41-42). Oui, le Christ vit dans l'Église, il est en nous, porteur d'espérance et d'immortalité.

Si ensuite, vous avez rencontré le Christ, vivez le Christ, vivez avec le Christ ! Et annoncez-le à la première personne, comme d'authentiques témoins : « pour moi la vie c'est le Christ » (Ph 1, 21). C'est là précisément que se trouve la vraie libération : proclamer Jésus, libre de toute attache, présent dans des hommes transformés, devenus nouvelles créatures. Pourquoi notre témoignage reste-t-il vain parfois ? Parce que nous présentons un Jésus sans toute la force séductrice qu'offre sa personne ; sans révéler les richesses de l'idéal sublime que comporte sa suite ; parce que nous n'arrivons pas toujours à montrer une conviction traduite en termes de vie, au sujet des valeurs merveilleuses de notre engagement à la grande cause ecclésiale que nous servons.

Frères et soeurs : II est important que les hommes voient en nous les dispensateurs des mystères de Dieu (cf. 1 Co 4, 1) les témoins crédibles de sa présence dans te monde. Pensons fréquemment que lorsque Dieu nous appelle, il ne nous demande pas une partie de notre personne, mais tout notre être avec ses énergies vitales, pour annoncer aux hommes la joie et la paix de la nouvelle vie dans le Christ et pour les guider à leur rencontre avec lui. Pour cela, que notre première préoccupation soit la recherche du Seigneur et une fois rencontré, constater où et comment il vit, demeurant avec lui tout le jour (cf. Jn 1, 39).

Restons avec lui d'une façon spéciale dans l'Eucharistie où le Christ se donne à nous, et dans la prière, par laquelle nous nous donnons à lui. L'Eucharistie doit se compléter et se prolonger par l'offrande de notre devoir quotidien comme « un sacrifice de louange » (Missel romain, prière eucharistique 1). Dans la prière, dans nos relations confiantes avec Dieu notre Père, nous discernons mieux où se trouve notre force et où réside notre faiblesse, car l'Esprit vient à notre aide (cf. Rm 8, 26). L'Esprit lui-même nous parle et nous plonge peu à peu dans les mystères divins, dans les desseins d'amour pour les hommes que Dieu réalise à travers notre disponibilité à son service.

Comme saint Paul, au cours de la réunion eucharistique à Troade, moi aussi je prolongerai mon discours avec vous jusqu'à minuit (He 20, 6 ss). J'aurai beaucoup de choses à vous dire que je ne puis dire maintenant. En attendant je vous recommande la lecture attentive de ce que j'ai dit récemment au clergé, aux religieux, aux religieuses et séminaristes de Rome. Elle élargira notre rencontre qui se prolongera spirituellement avec d'autres semblables dans les prochains jours. Que le Seigneur et notre douce Mère la Vierge Marie vous accompagnent toujours et remplissent votre vie d'un grand enthousiasme dans le service de votre très haute vocation ecclésiale.

Nous allons poursuivre la messe et déposer sur la table des offrandes nos désirs de vivre une nouvelle vie, nos nécessités et nos supplications, les nécessités et les supplications de l'Église et de la nation dominicaine. Mettons-y également les travaux et les fruits de la III° conférence générale de l'épiscopat latino-américain de Puebla.




27 janvier 1979
Au quartier populaire de « Los Minas »


La visite du quartier pauvre de «Los Minas » à la périphérie de la capitale dominicaine a marqué avec force l'élan apostolique du Saint-Père à l'égard des pauvres. Il leur a adressé la parole devant l'église paroissiale tenue par les pères lazaristes.


Bien-aimés fils du quartier de « Los Minas »,

Dès le premier instant de la préparation de mon voyage dans votre pays, j'ai donné une place prioritaire à une visite de ce quartier pour pouvoir vous rencontrer.

Et j'ai voulu venir ici précisément parce qu'il s'agit d'une zone pauvre, pour que vous ayez la possibilité - au meilleur titre, dirais-je - d'être avec le pape. Il, voit en vous une présence plus vivante du Seigneur qui souffre dans les hommes les plus nécessiteux, qui continue à proclamer bienheureux les pauvres en esprit, ceux qui souffrent pour la justice et sont purs de coeur, ceux qui travaillent pour la paix, ceux qui sont compatissants et conservent leur espérance dans le Christ Sauveur.

Mais dans cette invitation à cultiver ces valeurs spirituelles et évangéliques, je désire vous faire penser à votre dignité d'hommes et de fils de Dieu. Je veux vous encourager à être riches en humanité, en amour de la famille, en solidarité avec les autres. En même temps, je vous exhorte à développer toujours davantage les possibilités que vous avez d'obtenir une plus grande dignité humaine et chrétienne.




27 janvier 1979
LE PAPE PREND CONGE DE SAINT-DOMINGUE

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