François de A à Z

Grands parents

 

2013

 

17 mars 2013 - Angelus

     C’est beau, la miséricorde ! Je me souviens, à peine devenu évêque, en l’année 1992, est arrivée à Buenos Aires la Vierge de Fatima et l’on a fait une grande messe pour les malades. Je suis allé confesser, lors de cette messe. Et presque à la fin de la messe, je me suis levé, je devais administrer une confirmation. Est venue à moi une femme âgée, humble, très humble, elle avait plus de quatre-vingts ans. Je l’ai regardée et je lui ai dit : « Grand-mère — parce que chez nous, nous appelons ainsi les personnes âgées : grand-mère — vous voulez vous confesser ? ». « Oui !», m’a-t-elle dit. « Mais si vous n’avez pas péché... ». Et elle m’a dit : « Nous avons tous péché... ! ». « Mais peut-être le Seigneur ne les pardonne pas... ». « Le Seigneur pardonne tout !», m’a-t-elle dit : sûre d’elle. « Mais comment le savez-vous, vous, Madame ? ». « Si le Seigneur ne pardonnait pas tout, le monde n’existerait pas ». Il m’est venue l’envie de lui demander : « Dites-moi, Madame, vous avez étudié à la Grégorienne ? », parce que cela est la sagesse que donne l’Esprit Saint ; la sagesse intérieure vers la miséricorde de Dieu. N’oublions pas cette parole : Dieu ne se fatigue jamais de nous pardonner, jamais ! « Eh, mon père, quel est le problème ? ». Eh, le problème est que nous, nous nous fatiguons ! Nous ne voulons pas ! Nous nous fatiguons de demander pardon ! Lui ne se fatigue pas de pardonner, mais nous, parfois, nous nous fatiguons de demander pardon.     Ne nous fatiguons jamais, ne nous fatiguons jamais ! Lui est le Père plein d’amour qui toujours pardonne, qui a ce cœur de miséricorde pour nous tous. Et nous aussi apprenons à être miséricordieux avec tous. Invoquons l’intercession de la Vierge qui a eu entre ses bras la Miséricorde de Dieu fait homme.

 

21 avril – Homélie de la Messe d’Ordinations

     Quant à vous, frères et fils bien-aimés, qui allez entrer dans l’ordre des prêtres, considérez qu’en exerçant le ministère de la Sainte Doctrine, vous participerez à la mission du Christ, l’unique Maître. Communiquez à tous cette Parole de Dieu, que vous-mêmes vous avez reçue avec joie. Souvenez-vous de vos mères, de vos grand-mères, de vos catéchistes, qui vous ont donné la Parole de Dieu, la foi … le don de la foi ! Ils vous ont transmis ce don de la foi. Lisez et méditez assidûment la Parole du Seigneur pour croire ce que vous lisez, enseigner ce que vous avez appris dans la foi, vivre ce que vous avez enseigné. Rappelez-vous aussi que vous n’êtes pas propriétaires de la Parole de Dieu : c’est la Parole de Dieu. Et l’Église est la gardienne de la Parole de Dieu.

     Vous allez faire entrer de nouveaux fidèles dans le Peuple de Dieu par le baptême. Vous remettrez les péchés, par le sacrement de la pénitence, au nom du Christ et de l’Église. Et aujourd’hui, je vous le demande au nom du Christ et de l’Église : s’il vous plaît, soyez sans cesse miséricordieux. Par l’onction d’huile sainte vous fortifierez les malades ainsi que les personnes âgées : n’ayez pas honte d’avoir de la tendresse pour les personnes âgées. En célébrant les actions liturgiques et en offrant au long du jour la prière de louange et de supplication, vous vous ferez la voix du Peuple de Dieu et de l’humanité entière.

 

 

 

21 avril 2013 – Regina Caeli

     Il y a beaucoup de jeunes aujourd’hui ici, sur la place. Vous êtes très nombreux, Vous êtes un grand nombre de jeunes aujourd’hui ici sur la place. Je voudrais vous demander : avez-vous parfois entendu la voix du Seigneur qui, à travers un désir, une inquiétude, vous invitait à le suivre de plus près ? L’avez-vous entendu ?  Avez-vous eu envie d’être les apôtres de Jésus ? Il faut mettre en jeu la jeunesse pour les grands idéaux. Est-ce que vous pensez cela ? Etes-vous d’accord ? Demande à Jésus ce qu’il veut faire de toi et sois courageux ! Sois courageux ! Demande-le Lui ! Derrière et avant toute vocation au sacerdoce ou à la vie consacrée, il y a toujours la prière forte et intense de quelqu’un : d’une grand-mère, d’un grand-père, d’une mère, d’un père, d’une communauté… Voilà pourquoi Jésus a dit : « Priez le maître de la moisson — c’est-à-dire Dieu le Père — d’envoyer des ouvriers à sa moisson ! » (Mt 9, 38). Les vocations naissent dans la prière et de la prière ; et elles ne peuvent persévérer et porter du fruit que dans la prière

    

 

 

 

 

 

18 mai 2013 – Veillée de Pentecôte

     J’ai eu la grâce de grandir dans une famille dans laquelle la foi se vivait de façon simple et concrète; mais c’est surtout ma grand-mère, la mère de mon père, qui a marqué mon chemin de foi. C’était une femme qui nous expliquait, qui nous parlait de Jésus, elle nous enseignait le catéchisme. Je me souviens toujours que le Vendredi Saint, elle nous emmenait, le soir, à la procession aux flambeaux, et à la fin de cette procession arrivait le (la statue du) ‘Christ gisant’ et notre grand-mère nous faisait mettre à genoux — nous, les enfants — et disait : « Regardez, il est mort, mais demain il ressuscitera ». J’ai reçu la première annonce chrétienne précisément de cette femme, de ma grand-mère ! C’est très beau, cela ! La première annonce à la maison, avec la famille ! Et cela me fait penser à l’amour de tant de mères et de grands-mères dans la transmission de la foi. Ce sont elles qui transmettent la foi. Cela avait lieu également dans les premiers temps, parce que saint Paul disait à Timothée : « J’évoque le souvenir de la foi de ta mère et de ta grand-mère » (cf. 2 Tm 1, 5). Toutes les mères qui sont ici, toutes les grands-mères, pensez à cela ! Transmettez la foi. Parce que Dieu nous place aux côtés des personnes qui aident notre chemin de foi. Nous ne trouvons pas la foi dans l’abstrait ; non ! C’est toujours une personne qui prêche, qui nous dit qui est Jésus, qui nous transmet la foi, qui nous donne la première annonce. Ainsi, cela a été la première expérience de foi que j’ai eue.

 

     Nous vivons une culture de l’affrontement, une culture de la fragmentation, une culture dans laquelle je jette ce qui ne me sert pas, la culture du déchet. Mais sur ce point, je vous invite à penser — et cela fait partie de la crise — aux personnes âgées, qui sont la sagesse d’un peuple, aux enfants ... la culture du déchet ! Mais nous devons aller à la rencontre et nous devons créer avec notre foi une ‘culture de la rencontre’, une culture de l’amitié, une culture où nous trouvons des frères, où nous pouvons aussi parler avec ceux qui ne pensent pas comme nous, aussi avec ceux qui ont une autre foi, qui n’ont pas la même foi. Tous ont quelque chose en commun avec nous : ils sont des images de Dieu, ce sont les fils de Dieu.

 

 

 

4 octobre 2013 – Avec les jeunes, à Assise

     Pensons à nos parents, à nos grands-parents ou arrières grands-parents : ils se sont mariés dans des conditions beaucoup plus pauvres que les nôtres, certains en temps de guerre, ou d’après-guerre; certains ont émigré, comme mes parents. Où trouvaient-ils la force ? Ils la trouvaient dans la certitude que le Seigneur était avec eux, que la famille est bénie par Dieu à travers le sacrement du mariage, et que la mission de mettre au monde les enfants et de les éduquer est bénie. Avec ces certitudes, ils ont surmonté les épreuves les plus dures. C’étaient des certitudes simples, mais vraies, elles formaient les colonnes qui soutenaient leur amour. Leur vie n’a pas été facile, il y a eu des problèmes, tant de problèmes. Mais ces certitudes les aidaient à avancer. Et ils ont réussi à fonder une belle famille, à donner la vie, à faire grandir leurs enfants.

   

 

25 octobre 2013 – Au Conseil Pontifical pour la Famille

     La famille se fonde sur le mariage. À travers un acte d’amour libre et fidèle, les époux chrétiens témoignent que le mariage, en tant que sacrement, est la base sur laquelle se fonde la famille et rend plus solide l’union des conjoints et leur don réciproque. Le mariage est comme une sorte de premier sacrement de l’humain, où la personne se découvre elle-même, s’auto-comprend en relation aux autres et en relation à l’amour qu’elle est capable de recevoir et de donner. L’amour sponsal et familial révèle aussi clairement la vocation de la personne à aimer de manière unique et pour toujours, et que les épreuves, les sacrifices et les crises du couple, ainsi que de la famille elle-même, représentent des passages pour grandir dans le bien, dans la vérité et dans la beauté. Dans le mariage, on se donne complètement, sans calculs ni réserves, en partageant tout, les dons et les sacrifices, en s’en remettant à la Providence de Dieu. Telle est l’expérience que les jeunes peuvent apprendre de leurs parents et de leurs grands-parents. C’est une expérience de foi en Dieu et de confiance réciproque, de liberté profonde, de sainteté, parce que la sainteté suppose de se donner avec fidélité et sacrifice chaque jour de la vie ! Mais il existe des problèmes dans le mariage. Il y a toujours divers points de vue, des jalousies, on se dispute. Mais il faut dire aux jeunes époux de ne jamais finir la journée sans faire la paix entre eux. Le sacrement du mariage est renouvelé dans cet acte de paix après une discussion, un malentendu, une jalousie cachée, même un péché. Faire la paix qui donne l’unité à la famille ; et il faut dire cela aux jeunes, aux jeunes couples, qu’il n’est pas facile de prendre cette route, mais elle est si belle cette route, si belle. Il faut le dire !

     (Nous avons) devant nous cette icône de la Présentation de Jésus au Temple. C’est une icône vraiment belle et importante. Contemplons-la et faisons-nous aider par cette image. Comme vous tous, les protagonistes de la scène ont leur histoire : Marie et Joseph se sont mis en marche, pèlerins vers Jérusalem, par obéissance à la Loi du Seigneur ; de même le vieux Siméon et la prophétesse Anne, également très âgée, arrivent au Temple poussés par l’Esprit Saint. La scène nous montre cet entrelacement de trois générations, l’entrelacement de trois générations : Siméon tient dans ses bras l’enfant Jésus dans lequel il reconnaît le Messie, et Anne est représentée dans le geste de louange de Dieu et d’annonce du salut à ceux qui attendaient la rédemption d’Israël. Ces deux personnes âgées représentent la foi en tant que mémoire. Mais je vous demande : « écoutez-vous les grands-parents ? Ouvrez-vous le cœur à la mémoire que nous donnent les grands-parents ? Les grands-parents sont la sagesse de la famille, ils sont la sagesse d’un peuple. Et un peuple qui n’écoute pas les grands-parents, est un peuple qui meurt ! Écouter les grands-parents ! Marie et Joseph sont la Famille sanctifiée par la présence de Jésus, qui est l’accomplissement de toutes les promesses. Toute famille, comme celle de Nazareth, est insérée dans l’histoire d’un peuple et ne peut exister sans les générations précédentes. Et c’est pourquoi, aujourd’hui, nous avons ici les grands-parents et les enfants. Les enfants apprennent des grands-parents, de la génération précédente.

     Chères familles, vous aussi vous faites partie du peuple de Dieu. Marchez dans la joie, ensemble avec ce peuple. Demeurez toujours unies à Jésus et portez-le à tous par votre témoignage. Je vous remercie d’être venues. Ensemble, faisons nôtres les paroles de saint Pierre, qui nous donnent la force, et nous donneront la force dans les moments difficiles : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68). Avec la grâce du Christ, vivez la joie de la foi ! Que le Seigneur vous bénisse et que Marie, notre Mère, vous protège et vous accompagne. Merci !

 

 

 

27 octobre 2013 – Homélie Messe avec les familles – Année de la Foi

     Chères familles : priez-vous parfois en famille ? Quelqu’un oui, je le sais. Mais beaucoup me disent : mais comment on fait ? Mais, on fait comme le publicain, c’est clair : humblement, devant Dieu. Que chacun, avec humilité, se laisse regarder par le Seigneur et demande sa bonté, pour qu’elle vienne à nous. Mais, en famille, comment on fait ? Parce que la prière semble être une affaire personnelle, et puis il n’y a jamais un moment favorable, tranquille, en famille… Oui, c’est vrai, mais c’est aussi une question d’humilité, de reconnaître que nous avons besoin de Dieu, comme le publicain ! Et toutes les familles ! Nous avons besoin de Dieu : tous, tous ! Nous avons besoin de son aide, de sa force, de sa bénédiction, de sa miséricorde, de son pardon. Et il faut de la simplicité : prier en famille, il faut de la simplicité ! Prier ensemble le « Notre Père », autour de la table, n’est pas quelque chose d’extraordinaire : c’est facile. Et prier le Rosaire ensemble, en famille, c’est très beau, ça donne beaucoup de force ! Et aussi prier les uns pour les autres : l’époux pour l’épouse, l’épouse pour l’époux, tous les deux pour les enfants, les enfants pour les parents, pour les grands-parents… Prier les uns pour les autres. C’est prier en famille, et cela renforce la famille : la prière !

 

 

 

29 décembre 2013 - Angelus

     Pensons aussi aux autres « exilés », je les appellerais les « exilés cachés », ces exilés qui peuvent se trouver à l’intérieur même des familles : les personnes âgées, par exemple, qui sont parfois traitées comme des présences encombrantes. Je pense souvent qu’un signe pour savoir comment une famille se porte est la façon dont on y traite les enfants et les personnes âgées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2014

 

11 avril 2014 – Au membres du mouvement Pro Vita italien

     Nous le savons, la vie humaine est sacrée et inviolable. Tout droit civil repose sur la reconnaissance du premier droit fondamental, le droit à la vie, qui n’est subordonné à aucune condition, ni qualitative ni économique, et encore moins idéologique. « De même que le commandement de “ne pas tuer” pose une limite claire pour assurer la valeur de la vie humaine, aujourd’hui, nous devons dire “non à une économie de l’exclusion et de la disparité sociale”. Une telle économie tue... On considère l’être humain en lui-même comme un bien de consommation, qu’on peut utiliser et ensuite jeter. Nous avons mis en route la culture du “déchet” qui est même promue» (Exhort. apost. Evangelii gaudium, n. 53). Et ainsi, la vie elle aussi est mise au rebut.

     Un des risques les plus graves auxquels notre époque est exposée, est le divorce entre l’économie et la morale, entre les possibilités offertes par un marché pourvu de toutes les nouveautés technologiques et les normes éthiques élémentaires de la nature humaine, toujours plus négligées. Il faut donc réaffirmer la plus ferme opposition à tout attentat dirigé contre la vie, en particulier innocente et sans défense, et l’enfant à naître dans le sein de sa mère est l’innocent par antonomase. Rappelons les paroles du Concile Vaticanii : « La vie doit donc être sauvegardée avec un soin extrême dès la conception : l’avortement et l’infanticide sont des crimes abominables » (Const. Gaudium et spes, n. 51). Je me souviens d’une fois, il y a très longtemps, à l’occasion d’une conférence avec des médecins. Après la conférence, j’ai salué les médecins — cela a eu lieu il y a très longtemps. Je saluais les médecins, je parlais avec eux, et l’un d’eux m’a pris à part. Il tenait un paquet et il m’a dit : « Père, je veux vous laisser cela. Ce sont les instruments que j’ai utilisés pour faire avorter. J’ai rencontré le Seigneur, je me suis repenti, et à présent je lutte pour la vie ». Il m’a remis tous ses instruments. Priez pour ce brave homme !

     Le témoignage évangélique suivant revient toujours à celui qui est chrétien : Protéger la vie avec courage et amour à toutes ses phases. Je vous encourage à toujours le faire selon le style de la présence, de la proximité : que chaque femme se sente considérée comme une personne, écoutée, accueillie, accompagnée.

     Nous avons parlé des enfants : il y en a beaucoup ! Mais je voudrais également parler des grands-parents, l’autre côté de la vie ! Car nous devons également avoir soin des grands-parents, parce que les enfants et les grands-parents sont l’espérance d’un peuple. Les enfants, les jeunes parce qu’ils le conduiront de l’avant, ils conduiront ce peuple de l’avant ; et les grands-parents parce qu’ils possèdent la sagesse de l’histoire, ils sont la mémoire d’un peuple. Conserver la vie à une époque où les enfants et les grands-parents entrent dans cette culture du déchet et sont considérés comme du matériel jetable. Non ! Les enfants et les grands-parents sont l’espérance d’un peuple !

 

11 avril 2014 – Discours au Bureau International catholique de l’enfance (BICE)

     L’avenir d’un peuple est entre leurs mains : Les enfants, car nous savons qu’ils auront la force d’écrire l’histoire, et les personnes âgées, car elles portent en elles la sagesse d’un peuple et doivent transmettre cette sagesse.

   

 

 

 

1er Novembre 2014 – Homélie de la Messe au cimetière Verano, de Rome

     L’homme s’empare de tout, se prend pour Dieu, pour le roi. Et les guerres : les guerres qui continuent, pas précisément à semer le blé de la vie, mais à détruire. C’est l’industrie de la destruction. C’est un système, même de vie, qui fait que lorsque l’on n’arrive pas à arranger les choses, on les met au rebut : on met au rebut les enfants, on met au rebut les personnes âgées,

 

 

 

28 décembre 2014 -  Rencontre avec l’association italienne des familles nombreuses

     Je suis heureux de vous rencontrer à l’occasion du dixième anniversaire de l’association qui réunit en Italie les familles nombreuses. On voit que vous aimez la famille et que vous aimez la vie ! Et il est beau de rendre grâce au Seigneur pour cela le jour où nous célébrons la Sainte-Famille.

     L’Évangile d’aujourd’hui nous montre Marie et Joseph qui emmènent l’enfant Jésus au temple, et là, ils rencontrent deux vieillards, Syméon et Anne, qui font des prophéties sur l’Enfant. C’est l’image d’une famille « nombreuse », un peu comme le sont vos familles, où les diverses générations se rencontrent et s’aident.

     Vous êtes venus avec les fruits les plus beaux de votre amour. Maternité et paternité sont un don de Dieu, mais accueillir le don, s’émerveiller de sa beauté et le faire resplendir dans la société, cela est votre devoir. Chacun de vos enfants est une créature unique qui ne se répétera jamais plus dans l’histoire de l’humanité. Lorsque l’on comprend cela, c’est-à-dire que chacun a été voulu par Dieu, on est émerveillé du grand miracle que représente un enfant ! Un enfant change la vie ! Nous avons tous vu — hommes et femmes — que lorsqu’un enfant arrive, la vie change, c’est autre chose. Un enfant est un miracle qui change une vie. Vous, petits garçons et petites filles, êtes précisément cela : chacun de vous est le fruit unique de l’amour, vous venez de l’amour et vous grandissez dans l’amour. Vous êtes uniques, mais pas seuls ! Et le fait d’avoir des frères et sœurs vous fait du bien: les fils et les filles d’une famille nombreuse sont davantage capables de communion fraternelle dès leur tendre enfance. Dans un monde souvent marqué par l’égoïsme, la famille nombreuse est une école de solidarité et de partage ; et ces manières d’être bénéficient par la suite à toute la société.

     Vous, enfants et jeunes, êtes les fruits de l’arbre qu’est la famille : vous êtes de bons fruits lorsque l’arbre a de bonnes racines — qui sont les grands-parents — et un bon tronc — qui sont les parents. Jésus disait que tout bon arbre produit de bons fruits, tandis que l’arbre gâté produit de mauvais fruits (cf. Mt 7, 17). La grande famille humaine est comme une forêt, où les bons arbres apportent solidarité, communion, confiance, soutien, sécurité, juste sobriété, amitié. La présence des familles nombreuses est une espérance pour la société. Et pour cela, la présence des grands-parents est très importante : une présence précieuse, tant pour leur aide pratique que, surtout, pour leur contribution éducative. Les grands-parents conservent en eux les valeurs d’un peuple, d’une famille, et aident les parents à les transmettre aux enfants. Au cours du siècle dernier, dans de nombreux pays d’Europe, ce sont les grands-parents qui ont transmis la foi: ils emmenaient l’enfant en cachette recevoir le baptême et lui transmettaient la foi.

     Chers parents, je vous suis reconnaissant pour l’exemple d’amour de la vie, que vous protégez de la conception à la mort naturelle, en dépit de toutes les difficultés et des fardeaux de la vie, et que malheureusement, les institutions publiques ne vous aident pas toujours à porter. .. Chaque famille est une cellule de la société, mais la famille nombreuse est une cellule plus riche, plus vitale, et l’État a tout intérêt à investir sur elle !

     Je rends toujours grâce au Seigneur de voir des pères et des mères de familles nombreuses, avec leurs enfants, engagés dans la vie de l’Église et de la société. Pour ma part, je suis proche de vous dans la prière, et je vous place sous la protection de la Sainte-Famille de Jésus, Joseph et Marie. Et une bonne nouvelle est qu’à Nazareth précisément est en cours de réalisation une maison pour les familles du monde qui se rendent en pèlerinage là où Jésus a grandi en âge, en sagesse et en grâce (cf. Lc 2, 40).

     Je prie en particulier pour les familles les plus éprouvées par la crise économique, celles où le père ou la mère ont perdu leur travail — et cela est dur —, où les jeunes n’arrivent pas à en trouver ; les familles éprouvées dans leurs liens d’affection les plus chers et celles tentées de s’abandonner à la solitude et à la division.

     Chers amis, chers parents, chers jeunes, chers enfants, chers grands-parents, bonne fête à vous tous ! Que chacune de vos familles soit toujours riche de la tendresse et du réconfort de Dieu. Je vous bénis avec affection.

 

 

 

 

 

2015

 

 

 

Audience Générale du 11 mars 2015

    Grâce aux progrès de la médecine, la vie s’est allongée, mais la société ne s’est pas «élargie» à la vie ! Le nombre des personnes âgées s’est multiplié, mais nos sociétés ne se sont pas assez organisées pour leur faire place, avec le juste respect et la considération concrète pour leur fragilité et leur dignité. Tant que nous sommes jeunes, nous sommes incités à ignorer la vieillesse, comme s’il s’agissait d’une maladie à tenir à distance ; ensuite, quand nous vieillissons, en particulier si nous sommes pauvres, si nous sommes malades, seuls, nous faisons l’expérience des carences d’une société programmée sur l’efficacité, qui en conséquence ignore les personnes âgées. Et les personnes âgées sont une richesse, on ne peut pas les ignorer.

     Benoît xvi, en visitant une maison pour les personnes âgées, employa des mots clairs et prophétiques, s’exprimant ainsi : « La qualité d’une société, je dirais d’une civilisation, se juge aussi à la façon dont les personnes âgées sont traitées et à la place qui leur est réservée dans la vie commune » (12 novembre 2012). C’est vrai, l’attention à l’égard des personnes âgées fait la différence d’une civilisation. Porte-t-on de l’attention aux personnes âgées dans une civilisation ? Y a-t-il de la place pour la personne âgée ? Cette civilisation ira de l’avant si elle sait respecter la sagesse, la sapience des personnes âgées. Une civilisation où il n’y a pas de place pour les personnes âgées, ou qui les met au rebut parce qu’elles créent des problèmes, est une société qui porte en elle le virus de la mort.

     En Occident, les chercheurs présentent le siècle actuel comme le siècle du vieillissement, le nombre d’enfants diminue et celui des personnes âgées augmente. Ce déséquilibre nous interpelle, il est même un grand défi pour la société contemporaine. Pourtant, une certaine culture du profit insiste pour faire apparaître les personnes âgées comme un poids, un « lest ». Non seulement elles ne produisent pas, pense cette culture, mais elles sont une charge. En somme, quel est le résultat d’une telle façon de penser ? Il faut les mettre au rebut. Il est mauvais de voir des personnes âgées mises au rebut, c’est quelque chose de mauvais, c’est un péché ! On n’ose pas le dire ouvertement, mais on le fait ! Il y a quelque chose de lâche dans cette accoutumance à la culture du rebut. Mais nous sommes habitués à mettre les gens au rebut. Nous voulons faire disparaître notre peur accrue de la faiblesse et de la vulnérabilité, mais en agissant ainsi, nous augmentons chez les personnes âgées l’angoisse d’être mal supportées et d’être abandonnées.

     Pendant mon ministère à Buenos Aires, j’ai déjà touché du doigt cette réalité avec ses problèmes : « Les personnes âgées sont abandonnées, et pas seulement dans la précarité matérielle. Elles sont abandonnées dans l’incapacité égoïste d’accepter leurs limites qui reflètent nos limites, dans les nombreuses difficultés qu’elles doivent aujourd’hui surmonter pour survivre dans une civilisation qui ne leur permet pas de participer, de donner leur avis, ni d’être des référents selon le modèle consumériste du “seuls les jeunes peuvent être utiles et peuvent profiter”. Ces personnes âgées devraient en revanche être, pour toute la société, la réserve de sagesse de notre peuple. Les personnes âgées sont la réserve sapientielle de notre peuple ! Avec quelle facilité fait-on taire sa conscience quand il n’y a pas d’amour ! » (Seul l’amour peut nous sauver, Cité du Vatican 2013, p. 83). C’est ce qui se passe. Je me souviens, quand je visitais les maisons de repos, je parlais à tout le monde et j’ai souvent entendu cela : « Comment allez-vous ? Et vos enfants ? — Bien, bien — Combien en avez-vous ? — Beaucoup. — Et ils viennent vous rendre visite ? — Oui, oui, souvent, oui, ils viennent. — Quand sont-ils venus la dernière fois ? Je me souviens d’une dame âgée qui m’a répondu : « Et bien, à Noël ». Nous étions au mois d’août ! Huit mois sans avoir reçu la visite de ses enfants, abandonnée pendant huit mois ! Cela s’appelle un péché mortel, comprenez-vous ? Une fois, enfant, ma grand-mère nous a raconté l’histoire d’un grand-père âgé qui se salissait en mangeant, parce qu’il avait des difficultés à porter la cuillère remplie de soupe à sa bouche. Et son fils, c’est-à-dire le père de famille, avait décidé de le déplacer de la table commune et avait préparé une petite table à la cuisine, où on ne le voyait pas, pour qu’il mange seul. Ainsi il n’aurait pas fait une mauvaise impression quand ses amis venaient déjeuner ou dîner. Quelques jours plus tard, il rentra chez lui et trouva le plus petit de ses enfants qui jouait avec du bois, un marteau et des clous ; il fabriquait quelque chose, il lui dit : « Mais que fais-tu ? — Je fais une table, papa. — Une table, pourquoi ? — Pour l’avoir quand tu deviendras vieux, comme ça tu pourras manger là ». Les enfants ont plus de conscience que nous !

     Dans la tradition de l’Église, il existe un bagage de sagesse qui a toujours soutenu une culture de proximité des personnes âgées, une disposition à l’accompagnement affectueux et solidaire pendant cette partie finale de la vie. Cette tradition est enracinée dans l’Écriture Sainte, comme l’attestent par exemple ces expressions du livre du Siracide : « Ne fais pas fi du discours des vieillards, car eux-mêmes ont été à l’école de leurs parents ; c’est d’eux que tu apprendras la prudence et l’art de répondre à point nommé » (Si 8, 9).

     L’Église ne peut pas et ne veut pas se conformer à une mentalité d’intolérance, et encore moins d’indifférence et de mépris à l’égard de la vieillesse. Nous devons réveiller le sentiment collectif de gratitude, d’appréciation, d’hospitalité, qui ait pour effet que la personne âgée se sente une partie vivante de sa communauté.

     Les personnes âgées sont des hommes et des femmes, des pères et des mères qui sont passés avant nous sur notre même route, dans notre même maison, dans notre bataille quotidienne pour une vie digne. Ce sont des hommes et des femmes dont nous avons beaucoup reçu. La personne âgée n’est pas un extra-terrestre. La personne âgée, c’est nous, dans peu de temps, dans longtemps, mais cependant inévitablement, même si nous n’y pensons pas. Et si nous apprenons à bien traiter les personnes âgées, nous serons traités de la même manière.

     Nous, les personnes âgées, sommes un peu toutes fragiles. Certaines, cependant, sont particulièrement faibles, beaucoup sont seules, et frappées par la maladie. Certaines dépendent de soins indispensables et de l’attention des autres. Ferons-nous pour cela un pas en arrière ? Les abandonnerons-nous à leur destin ? Une société sans proximité, où la gratuité et l’affection sans contrepartie — même entre étrangers — disparaissent, est une société perverse. L’Église, fidèle à la Parole de Dieu, ne peut pas tolérer cette dégénérescence. Une communauté chrétienne où proximité et gratuité ne seraient plus considérées comme indispensables, perdrait son âme avec celles-ci. Là où on ne fait pas honneur aux personnes âgées, il n’y a pas d’avenir pour les jeunes.

 

 

Audience Générale du 11 mars 2015

     Dans la catéchèse d’aujourd’hui, nous poursuivons la réflexion sur les grands-parents, en considérant la valeur et l’importance de leur rôle dans la famille. Je le fais en m’identifiant à ces personnes, car moi aussi j’appartiens à cette tranche d’âge.

     Quand j’ai été aux Philippines, le peuple philippin me saluait en disant : « Lolo Kiko » — c’est-à-dire grand-père François — « Lolo Kiko », me disaient-ils ! Il est important de souligner une première chose : c’est vrai que la société tend à nous mettre de côté, mais certainement pas le Seigneur. Le Seigneur ne nous met jamais de côté ! Il nous appelle à le suivre à tous les âges de la vie, et être âgé contient aussi une grâce et une mission, une véritable vocation du Seigneur. Être âgé est une vocation. Ce n’est pas encore le moment de « baisser les bras ». Cette période de la vie est différente des précédentes, cela ne fait aucun doute ; nous devons également un peu « l’inventer », car nos sociétés ne sont pas prêtes, spirituellement et moralement, à donner à celle-ci, à ce moment de la vie, sa pleine valeur. En effet, autrefois il n’était pas aussi normal d’avoir du temps à disposition ; aujourd’hui cela l’est beaucoup plus. Et la spiritualité chrétienne a elle aussi été prise de court, il s’agit de tracer une spiritualité des personnes âgées. Mais grâce à Dieu les témoignages de saints et de saintes âgées ne manquent pas !

     J’ai été très frappé par la « Journée pour les personnes âgées » que nous avons célébrée ici sur la place Saint-Pierre l’année dernière, la place était pleine. J’ai écouté des récits de personnes âgées qui se prodiguent pour les autres, et aussi des histoires de couples d’époux, qui disaient : « Nous fêtons notre 50e anniversaire de mariage, nous fêtons notre 60e anniversaire de mariage ». Cela est important de le faire voir aux jeunes qui se lassent vite ; le témoignage des personnes âgées concernant la fidélité est important. Et sur cette place elles étaient très nombreuses ce jour-là. C’est une réflexion qu’il faut poursuivre, aussi bien dans le domaine ecclésial que civil. L’Évangile vient à notre rencontre avec une très belle image émouvante et encourageante. C’est l’image de Siméon et Anne, dont nous parle l’Évangile de l’enfance de Jésus composé par saint Luc. Ils étaient assurément âgés, le « vieux » Siméon et la « prophétesse » Anne qui avait 84 ans. Cette femme ne cachait pas son âge. L’Évangile dit qu’ils attendaient la venue de Dieu chaque jour, avec une grande fidélité, depuis de longues années. Ils voulaient vraiment voir ce jour, en saisir les signes, en pressentir le début. Peut-être étaient-ils aussi un peu résignés, désormais, à mourir avant : mais cette longue attente continuait à occuper toute leur vie, ils n’avaient pas d’engagements plus importants que celui-ci : attendre le Seigneur et prier. Et bien, quand Marie et Joseph arrivèrent au temple pour obéir aux prescriptions de la Loi, Siméon et Anne s’élancèrent, animés par l’Esprit Saint (cf. Lc 2, 27). Le poids de l’âge et de l’attente disparut en un instant. Ils reconnurent l’Enfant, et découvrirent une nouvelle force, pour une nouvelle tâche : rendre grâce et rendre témoignage pour ce Signe de Dieu. Siméon improvisa un très bel hymne de joie (cf. Lc 2, 29-32) — il a été poète à ce moment-là — et Anne devint la première prédicatrice de Jésus : « Elle parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem » (Lc 2, 38).

     Chers grands-parents, chères personnes âgées, plaçons-nous dans le sillage de ces vieux extraordinaires ! Devenons nous aussi un peu poètes de la prière : prenons goût à chercher nos mots, réapproprions-nous de ce que nous enseigne la Parole de Dieu. La prière des grands-parents et des personnes âgées est un grand don pour l’Église ! La prière des personnes âgées et des grands-parents est un don pour l’Église, c’est une richesse ! C’est également une grande transfusion de sagesse pour toute la société humaine, en particulier pour celle qui est trop affairée, trop prise, trop distraite. Quelqu’un doit bien chanter, pour eux aussi, chanter les signes de Dieu, proclamer les signes de Dieu, prier pour eux ! Regardons Benoît XVI, qui a choisi de passer dans la prière et dans l’écoute de Dieu la dernière période de sa vie ! C’est beau ! Un grand croyant du siècle dernier, de tradition orthodoxe, Olivier Clément, disait : « Une civilisation où l’on ne prie plus est une civilisation où la vieillesse n’a plus de sens. Et cela est terrifiant, nous avons besoin avant tout de personnes âgées qui prient, car la vieillesse nous est donnée pour cela ». Nous avons besoin de personnes âgées qui prient car la vieillesse nous est donnée précisément pour cela. C’est une belle chose que la prière des personnes âgées.

     Nous pouvons rendre grâce au Seigneur pour les bienfaits reçus, et remplir le vide de l’ingratitude qui l’entoure. Nous pouvons intercéder pour les attentes des nouvelles générations et donner dignité à la mémoire et aux sacrifices des générations passées. Nous pouvons rappeler aux jeunes ambitieux qu’une vie sans amour est une vie desséchée. Nous pouvons dire aux jeunes qui ont peur, que l’angoisse de l’avenir peut être vaincue. Nous pouvons enseigner aux jeunes qui s’aiment trop qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir. Les grands-pères et les grands-mères forment la « chorale » permanente d’un grand sanctuaire spirituel, où la prière de supplication et le chant de louange soutiennent la communauté qui travaille et lutte sur le terrain de la vie.

     La prière, enfin, purifie sans cesse le cœur. La louange et la prière à Dieu préviennent le durcissement du cœur dans le ressentiment et dans l’égoïsme. Comme le cynisme d’une personne âgée qui a perdu le sens de son témoignage, qui méprise les jeunes et ne communique pas une sagesse de vie est laid ! Comme est beau, en revanche, l’encouragement qu’une personne âgée réussit à transmettre aux jeunes à la recherche du sens de la foi et de la vie ! C’est vraiment la mission des grands-parents, la vocation des personnes âgées. Les paroles des grands-parents ont quelque chose de spécial, pour les jeunes. Et ils le savent. Je conserve encore avec moi les paroles que ma grand-mère me remit par écrit le jour de mon ordination sacerdotale ; elles sont toujours dans mon bréviaire, je les lis souvent et cela me fait du bien.

     Comme je voudrais une Église qui défie la culture du rebut par la joie débordante d’une nouvelle étreinte entre les jeunes et les personnes âgées ! C’est ce que je demande aujourd’hui au Seigneur, cette étreinte !

 

 

Au terme de l’Audience Générale du 11 mars 2015

     J’invite vos familles à accueillir avec reconnaissance au milieu d’elles les personnes âgées, afin de recevoir leur témoignage de sagesse nécessaire aux jeunes générations.

 

 

 

 

 

publié le : 26 juillet 2016

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