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Le célibat sacerdotal : promotion et privilège, bonheur et charisme prophétique - Père Daniel Ange


Avec l'aimable autorisation de France Catholique


Suite aux aveux si douloureux de l'Abbé Pierre(1), et en cette saison où en Occident le célibat des prêtres est sans cesse suspecté, ridiculisé, battu en brèche, je veux attester de sa splendeur, de sa douceur, de son bonheur, étant le témoin privilégié d'une multitude de prêtres humblement et magnifiquement fidèles à ce charisme ecclésial si particulier. J'essaie ici d'être leur porte-parole.
Plus que jamais aujourd'hui, me paraît actuelle, décisive et prophétique l'option privilégiée pour le Christ comme unique Amour du prêtre.


Liminaire
LES PRETRES MARIÉS DE NOTRE TRADITION ORIENTALE

Avant de faire resplendir la beauté du célibat sacerdotal, dire un mot - même si cela semble paradoxal - de notre grande Tradition orientale qui, depuis toujours, admet à l'ordination - sans jamais tolérer le mariage de prêtres déjà ordonnés - des personnes déjà mariées.
C'est le cas toujours vécu dans les anciennes Églises orientales, chez les Orthodoxes comme chez les Catholiques orientaux.
Ce seul fait suffit à dire que le célibat lié au sacerdoce ne relève nullement d'une incompatibilité entre sacerdoce diocésain et célibat, mais plutôt d'un charisme spécifique et d'une harmonieuse cohérence.
Il faut le dire haut et fort : bien des épouses de prêtres orientaux sont d'admirables soutiens de leur époux. J'ai souvent été émerveillé devant certaines femmes de mes amis prêtres - qu'ils soient orthodoxes, melchites ou gréco-catholiques -, servantes de Dieu et de son Église, dévouées, généreuses, courageuses parfois, effacées dans l'ombre de leur époux, apportant beaucoup par leur seule présence à sa paroisse(2).
Il faut leur rendre hommage. Savoir en rendre grâce au Seigneur. Clamer haut et fort que le clergé marié n'est absolument pas un clergé de seconde classe, si ce n'est bâtard. On l'a trop méprisé en Occident. Alors que lui aussi fait preuve de fidélité, d'héroïsme parfois.
Je connais des prêtres mariés, fervents et généreux, pleinement donnés à leur peuple, tout autant que certains de mes frères prêtres latins, pourtant consacrés au célibat dans l'amour, pour l'amour et par amour.
L'essentiel est de répondre à l'appel spécifique du Seigneur, dans la ligne même de notre Tradition ecclésiale particulière, elle-même relevant aussi d'un appel précis du Seigneur de l'Église.
L'appel au sacerdoce marié est doublement exigeant. Il s'agit d'essayer d'assumer deux plénitudes, possiblement bien sûr, mais pas facilement harmonisables. Il y faut comme une double grâce : et la sainteté sponsale, et la sainteté sacerdotale. Sans que le ministère du paterfamilias se vive au détriment de la paternité spirituelle, ou vice-versa. Équilibre délicat, difficile à trouver d'emblée.
Dès le séminaire, il faudrait donner aux séminaristes, se préparant au mariage suivi de l'ordination, des bases spirituelles ad hoc. De même, assurer aux futures épouses une préparation théologique, liturgique, pastorale(3).
Pour les séminaristes ayant reçu l'appel au célibat sacerdotal, celui-ci étant plus héroïque à tenir dans un clergé marié en très grande majorité, ne faut-il pas les aiguiller vers la vie religieuse à dimension pastorale [basiliens, antonins, etc] ?
In fine, ajouter sur cette question, que le petit nombre de prêtres diocésains non-mariés limite singulièrement le choix des évêques. Chez les Orthodoxes, ce choix se fait traditionnellement chez les moines. Mais dans un monde de plus en plus complexe, les séparés du monde sont-ils aujourd'hui les plus à même de diriger un diocèse ? Il est vrai qu'en Orient, on attend avant tout d'un évêque qu'il soit homme de Dieu, être pétri de prière, branché sur l'éternité(4).
Indépendamment de cette question d'épiscopat, pour les Églises gréco-catholiques, il faudrait d'urgence des monastères strictement monastiques, comme chez les Orthodoxes, le monachisme étant le terreau par excellence de nos racines communes [comme me le rappelait le Patriarche Theoctist, lors d'une récente audience au Patriarcat de Bucarest].

UN DIADEME DE 12 ETOILES :
AMOUR RESPLENDISSANT EN 12 RAYONS...

Et maintenant, partager ce qui, pour moi personnellement, suscite et mon émerveillement, et mon action de grâce pour la beauté de ce don de Dieu à son Église qu'est la virginité consacrée liée au sacerdoce ordonné, et en partie par choix personnel.
Les mots prêtre et consacré sont ici équivalents. Car ce qui suit s'applique autant aux prêtres de la tradition latine, de la tradition orientale, qu'à tous les religieux, moines et moniales d'Occident comme d'Orient. Je le ferai sur un mode synthétique, donc ultra-concis.
Je sélectionnerai 12 dimensions. Je ferai scintiller 12 étoiles.

1. Dans un monde capsulé sur lui-même, dans une exclusive dimension spatio-temporelle, il(5) ouvre l'existence sur l'au-delà de la vie : ce Royaume, où les relations ne seront plus d'ordre sexuel, mais relevant d'un amour éternel. Il enclenche mon futur, anticipe mon à-venir, pré-voit mon demain.
Bref, non pas une limitation, mais sans limites un horizon !

2. Dans un monde unidimensionnel - l'homo eroticus -, il ouvre une brèche sur une alternative d'épanouissement "sexuel" : celui d'être autrement pleinement homme en sa virilité. Pleinement femme en sa féminité. - une Mère Teresa, un Jean Paul II ne sont pas femme ou homme au rabais, tout autant que Thérèse d'Avila ou Don Bosco. Rappel vivant que la sexualité ne se réduit pas à la génitalité. Que l'être ne se confond pas avec le physiologique.
Bref, non pas une mutilation, mais une éclosion !

3. Dans une société névrosée, obsédée de sexe et de fric, il est affranchissement des contraintes pulsionnelles, libérant de fantastiques énergies pour un amour de gratuité : un amour sans limites. Ceci pour entrer en résistance, afin de sauver le pays de l'amour de l'invasion, de l'occupation, de l'oppression de ceux qui cherchent à le détruire ...
Bref, non pas une nécessité, mais une liberté joyeusement consentie !

4. Il me rend partie prenante du monde des jeunes. Je vis toute ma vie, ce que j'ose leur demander de vivre quelques années. La chasteté : une expérience humaine dont les jeunes découvrent et l'urgence, et l'actualité.
Partout, une génération neuve surgit, s'insurgeant contre tant d'attaques détruisant l'amour du dedans, véritable conspiration contre le bonheur ! Saisis de vertige devant le Sida par contagion sexuelle, le commerce international des enfants, les perversions partout promues, des jeunes par centaines de mille vont jusqu'à faire des promesses publiques de rester sexuellement purs jusqu'au mariage. Promesses régulièrement renouvelées, au cours de rassemblements ou retraites. De tels engagements, j'en ai reçu par milliers(6)!
Ils sont évangéliques, protestants, catholiques, orthodoxes, juifs, musulmans, ou garçons et filles se disant athées, mais ayant le sens des valeurs humaines essentielles.
Le célibat crée entre consacrés et jeunes des connivences extraordinaires. Spontanément, ils se confient à des prêtres, en raison même de cette expérience. Ceux-ci sont la preuve vivante que la chasteté est possible et belle. Peu de témoignages sont aussi percutants auprès des jeunes, à condition de ne pas en suspecter l'authenticité [ce que les médias français s'emploient à faire à profusion].
Bref, non pas un non-sens désespérant, mais une expérience épanouissante !

5. Il fait basculer le prêtre du côté des plus pauvres : ceux qui, pour différentes raisons, ne pourront jamais se marier, ou doivent vivre séparés de leur famille [maladie, exil], ou qui n'ont pas de vie physiologiquement sexuelle. Tous les condamnés à une solitude affective, à une impuissance. Il est de leur peuple. Ils le savent et ils le sentent. Son célibat : un immense réconfort (7)!
Bref, non pas une immersion dans la solitude, mais une communion avec une multitude.

6. Il est manifestation de la gratuité de l'Amour : cadeau royal. On ne peut qu'y être appelé. Et tout appel veut dire : être choisi par l'Amour. Et ici, par Dieu même.
Il prouve que, dans l'Église, les charismes passent avant l'institution(8). La souveraine liberté de l'Esprit prime sur les nécessités hiérarchiques. Avant d'appeler à l'ordination, un évêque doit humblement commencer par vérifier si Jésus l'a précédé dans l'appel, si l'Esprit est intervenu le premier(9). L'appel de Dieu est donc antérieur à celui de l'Église. La liberté de l'Esprit et la liberté de celui qui répond, l'emportent sur toute organisation.
Le sacerdoce : non une fonction, mais une vocation. Le prêtre : non un fonctionnaire, mais un mystère. Donc : le célibat, non une nécessité, mais une priorité.
L'Église latine étend ainsi à tous ses prêtres la grâce depuis toujours et partout - même en Orient - réservée aux évêques(10).
Bref, non une oppression, mais une promotion ! Non un piège, mais un privilège !

7. Il libère une disponibilité plus totale au service d'une charité créatrice à l'infini. Être tout à tous, car tout à Dieu. Tous azimuths, tous terrains, sans frontières, la mission l'implique de préférence(11).
L'élan apostolique, la célébration de la charité peuvent fleurir plus facilement en des coeurs ainsi dépossédés d'attaches affectives et familiales trop fortes.
Bref, non pas une aliénante anomalie, mais une vivante liturgie ! Mais bien plus profondément, plus essentiellement que tout cela :

8. Jésus en Personne m'y donne, m'y partage sa propre manière de nous aimer. Car n'a-t-il pas vécu lui-même le premier cette exigence du coeur, impliquant le renoncement à une famille personnelle ? Je l'aimerai jusque-là, puisqu'il m'a aimé jusque-là. Je lui rends amour pour Amour. Ainsi, me rend-il sauveur avec Lui.
Personne comme le prêtre consacré dans le célibat, ne vie aussi intensément la dimension nuptiale et conjugale de l'Eucharistie tellement accentuée chez les Pères.(12) N'être qu'une seule chair avec Jésus pour n'être qu'un coeur avec Lui, chacun disposant du corps de l'autre ( le prêtre incarnant ici l'Eglise, disposant du Corps de son Epoux ). L'un pénétrant l'âme et la vie de l'autre, mêlant leurs deux existences jusqu'à vivre au dedans de l'autre. Chacun disant à l'autre : " Je me livre à toi seul, tout entier en mon corps et mon âme." En recevant le Corps de mon Dieu sous la forme d'une hostie, j 'apprends à contempler tout corps humain comme une hostie vivante.
En recevant la Personne même de Dieu, sous forme d'un objet, j'apprends à ne plus jamais traiter comme un objet un corps humain, mais à y reconnaître une personne à y vénérer une Présence. Aucune arrière pensée de consommation.
Bref, non pas une obligation, mais une prédilection ! La sienne pour moi, la mienne pour Lui(13).

9. Il est attestation de la Résurrection, car preuve vivante et physique que Jésus est physiquement vivant à jamais. On n'épouse pas un cadavre, car on ne peut s'épanouir hors d'un amour. Et comment aimer une personne qui n'est pas vivante ? Je fais donc ma vie avec Quelqu'un qui a déjà traversé ma mort, en son corps. Quelqu'un dont le corps glorifié mais toujours humain porte les traces de son passage sur terre, les marques de l'amour suprême : ses blessures.
Bref, moins un message fort qu'un témoignage plus fort que la mort !

10. En même temps que Jésus emporte mon corps humain en pleine Trinité, il me le laisse sur terre : l'Eucharistie. Même Corps au ciel et sur la terre. Par Marie, j'ai donné à Dieu mon corps, afin qu'il ait de quoi souffrir et mourir. Par moi, prêtre, il nous rend ce même Corps, mais divinisé, glorifié, afin que nous puissions vaincre et vivre. En cette Chair-Pain, Dieu et l'homme s'épousent. Je vis avec Lui des noces eucharistiques(14).
Jusqu'en mon corps, je suis consacré à la consécration de son Corps. Comme Marie l'a été. Marie qui la première a part à la future virginité de son fils, du Fils.
Bref, moins une cruelle renonciation, qu'une réelle consécration !

11. Jésus m'y donne son propre amour de l'Église. Je l'épouse : donné corps et âme à la portion d'Église qui m'est confiée. Pour la rendre plus belle, plus lumineuse, plus transparente à son Époux qui est Celui de mon âme. L'aimant d'une tendresse capable d'aller jusqu'à livrer ma propre vie pour elle. Comme Lui !
Bref, avec elle, non une relation sociale, mais une union nuptiale !

12. C'est pourquoi le célibat ainsi consacré me prépare au martyre. Il l'anticipe(15). Et aujourd'hui plus qu'hier - en ces temps qui sont les derniers -, il faut aux prêtres une âme de martyr. Le martyre, charisme suprême, que Thomas d'Aquin donne comme un des fruits d'une nouvelle mission invisible de l'Esprit. Ils doivent être prêts à verser leur sang pour défendre la Vérité, protéger l'Amour, sauver la Vie.
Évoquer ici tant et tant de prêtres qui ont livré leur vie pour leur peuple. Dans la droite ligne de leur consécration totale au Roi des martyrs, les consacrés sont ici en premières lignes. Et parmi eux, les bergers toujours frappés les premiers.
Sans parler de la cohorte innombrable des prêtres, victimes des grandes idéologies meurtrières [nazisme et communisme] des grandes religions [Hindouisme, Islam](16), lorsqu'elles virent à l'intégrisme, ou des guerres civiles et génocides(17).
Chaque année, sont tués une trentaine de prêtres en activité missionnaire. Même en Occident, le martyre violent est de retour. Combien de prêtres, ces dernières années ont payé de leur vie leur engagement auprès des pauvres, des jeunes(18) ? Sans parler de cette nouvelle forme de martyre : les odieuses calomnies qui peuvent aller jusqu'à provoquer une crise cardiaque(19)...
Aujourd'hui, en pleine idéologie libérale virant au totalitarisme d'État, le martyre plus spécifique du consacré dans le célibat sera de donner sa vie par amour, pour sauver la vie et protéger l'amour.
Le prêtre, le consacré, doit être à la hauteur de toutes ces jeunes et courageuses martyres de la virginité [et bientôt garçons] préférant être tués que violés, préférant perdre leur vie terrestre plutôt que leur vie immortelle(20). Le prêtre, le consacré, doit être à la hauteur de toutes ces jeunes et courageuses martyres de la virginité [et bientôt garçons] préférant être tués que violés, préférant perdre leur vie terrestre plutôt que leur vie immortelle(21).
Déjà elles sont légion les consacrées ayant donné leur vie pour sauver des familles !
Les premières martyres béatifiées du millénaire : onze soeurs de Nazareth, s'étant offertes librement à la Gestapo pour que des pères et mères de famille ne partent pas à Treblinka. Mon oncle Jean, missionnaire au Cameroun, est transpercé d'une sagaïe en plein coeur parce qu'il protégeait une jeune fille de son agresseur. Il n'a fait que son humble devoir de prêtre.
Ici, il est évident que le prêtre, dont l'unique amour est le Christ, est davantage préparé à cette suprême extrémité du martyre. Etre libre d'une famille personnelle le rend ipso facto bien plus libre dans la résistance courageuse en temps de persécution. Il peut plus facilement refuser tout compromis(22).
À tous ces prêtres, on peut appliquer les mots du Cardinal Lustiger à la célébration pour les prêtres tués en Algérie :
" Ils savaient, et ils ont pris le risque d'être tués, comme le don fait d'avance de sa propre vie, par amour. Cette offrande était le geste d'un amour acquis d'avance pour ce peuple, pour ces frères... Le don volontaire de leur vie pour ceux qu'ils aimaient authentifie la charité de ces martyrs. Puisse le sang des martyrs parler désormais aussi dans nos vies et par notre bouche(23) ! "

Conclusion : une intuition, une cohérence, une harmonie
Tout cela pour dire que lier le sacerdoce au célibat est un bond en avant dans les temps de la fin, car " les temps se font courts ". C'est un acquis : l'Église, loin de se replier frileusement ou nostalgiquement sur les premiers siècles, va " droit de l'avant, s'élançant de tout son être " [Ph 3,13] : c'est un des secrets de sa jeunesse.
Oui, le célibat consacré pour le Royaume est moins une exigence d'amour, qu'une préférence dans l'amour(24).
Le prêtre n'est-il pas celui qui permet à Dieu d'aller jusqu'au bout de l'amour ? Il donne à Dieu son existence eucharistique permanente, comme Marie lui a donné son existence humaine. Il faut protéger avec amour le don reçu, dans une intimité de chaque instant avec la Toute-Pure et une relation forte avec Joseph, le veilleur silencieux(25).
C'est pourquoi le prêtre choisit de grandir en divinité, là même où Dieu a voulu grandir en humanité ; de croître dans l'Esprit Saint là où, dans le même Esprit Saint, Jésus a vécu sa croissance : dans le sein de Marie.
Encore faut-il que, loin de ratatiner le coeur, le célibat le dilate à la mesure de celui de Jésus. Qu'il soit effectivement reçu comme un cadeau royal, et vécu comme un besoin d'amour. Dans une fidélité humble, joyeuse, courageuse surtout. Contre tant d'agressions, cette fidélité est de l'ordre de l'héroïsme.
Bref, non une obligation relevant d'une loi, mais une intuition dépendant de la foi. Non une dichotomie, mais une harmonie !

Daniel Ange
13 Novembre 2005
Béatification de Frère Charles de Foucauld







Notes.

1. voir mon article dans Famille Chrétienne , n°.......

2. Et par respect pour leur tradition, il est illogique de ne pas permettre à des prêtres orientaux catholiques mariés d'exercer leur ministère dans des régions d'Occident à majorité latine.

3. Un problème jusqu'ici inconnu des orthodoxes, du moins en Occident : les filles - à peine chrétiennes parfois - dont les séminaristes tombent amoureux, sont parfois très loin de comprendre le sens du sacerdoce [au séminaire Saint-Vladimir de New York, un étudiant me présentait sa fiancée : pilote de l'armée !]. En Russie, des "séminaires" leur assurent deux ans de formation.

4. Chez les gréco-catholiques, du moins en Roumanie, il est de tradition d'appeler à l'épiscopat des prêtres célibataires diocésains. Je rentre des séminaires gréco-catholiques de Cluj et de Blaj en Transsylvanie, dont j'ai admiré le sérieux et la ferveur. Chez eux, il faut d'abord achever le cycle complet de théologie, avant de se marier ; ce qui suppose pour certains demeurer fiancés ou simplement "cheminer avec" sa future pendant parfois plusieurs longues années. Par ailleurs, dans les Églises gréco-catholiques, du moins en Roumanie, l'épouse du futur prêtre doit signer une lettre où elle donne son accord pour l'ordination de son mari et s'engage à le soutenir dans son ministère. Cet engagement conditionne l'ordination. Si elle refuse, son mari ne peut être ordonné.

5. Dans ces pages, il désigne le célibat consacré.

6. " J'ai agi comme ces résistants qui ont quitté leur épouse et leurs enfants en se disant : "Il faut sauver nos raisons de vivre dans notre pays bafoué et écrasé !" C'est la défense même de l'amour humain qui m'a poussé à y renoncer dans ma propre vie : l'amour humain m'apparaissait comme une patrie en danger. L'amour est trop humain. Il a besoin d'être guéri, sauvé. " Stan Rougier, Accroche ta vie à une étoile, p. 118.

7. Voir témoignages dans mon : Sida, save-sex or safe-sex ?, chapitre : " Une prophylaxie royale ".

8. " Si l'on dissociait maintenant célibat et sacerdoce, on donnerait l'impression que la chasteté est un idéal intenable pour l'homme moyen. Il serait le privilège de quelques élus. On découragerait d'emblée des dizaines de milliers de jeunes qui tentent de vivre un bel idéal, ainsi que des millions de familles. Celle-ci s'appuie souvent sur le célibat du prêtre, et celui-ci trouve appui sur la stabilité du couple. " Cardinal G. Danneels.

9. Le célibat sacerdotal manifeste ainsi de manière éclatante la symbiose entre les aspects institutionnels et charismatiques de l'Église, comme entre l'ossature et le sang d'un organisme. D'où cohérence entre l'ordre de la sainteté personnelle, et celui du service ministériel. L'appel par l'Esprit au célibat implique une tension vers la perfection évangélique ; l'appel par l'Église au ministère exige un total esprit de service. Par contre, le diaconat des mariés répond précisément à l'homogénéité des deux vocations au mariage et au ministère institué.

10. Sur ce point, voir la remarquable conférence du Cardinal J.-M. Lustiger au Séminaire français de Rome, cité dans mon : Dans tes mains le cosmos , Fayard, p. 273.

11. Chez les Orientaux, orthodoxes comme catholiques, et depuis toujours, l'évêque doit être célibataire. C'est pourquoi il est souvent pris chez les moines. Cf. supra.

12. " Il faut affirmer avec lucidité et courage évangélique, que la virginité et le célibat consacré pour le Royaume libèrent une force particulièrement efficace pour l'annonce de l'Évangile et pour l'exercice des oeuvres de charité. " Jean Paul II au Symposium des évêques d'Europe, octobre 1985.
13. Voir mon : " L'Eucharistie..."

14. " Vous avez fait un choix charismatique du Christ comme Époux ! " Jean Paul II à Hull (1984). " L'amour du Royaume parle le langage du don de soi pour l'amour de l'Aimé. " Jean Paul II à Manille.

15. En Orient, le prêtre marié doit jeûner de relations conjugales sexuelles les nuits précédant la divine liturgie.

16. Dans l'Antiquité, les vestales chargées d'entretenir le feu sacré étaient tenues à la virginité (enterrées vivantes si elles étaient infidèles à leur voeu !) Donc : virginité imposée, non librement choisie. Dans l'Église, la virginité consacrée est apparue en même temps que le martyre, et s'est déployée quand le martyre a diminué.

17. Qui parle du nombre de baptisés - dont une forte proportion de prêtres et de consacrées - victimes de persécutions violentes dans les pays où l'intégrisme musulman est au pouvoir ?

18. Dans mon Rwanda : 360 prêtres religieux et diocésains [dont quatre évêques], consacrées et séminaristes massacrés en quelques mois : une hécatombe ! Mon seul diocèse de Nyundo a perdu la moitié de ses prêtres et consacrées [32 sur 62]. Beaucoup ont été tués en tant que prêtres Certains ont refusé d'être rapatriés, alors que l'ONU et les ambassades les y poussaient. Librement, volontairement, ils sont restés au coeur de la tourmente, en ce pays devenu leur patrie. Ils ont refusé d'abandonner le peuple à eux confié. En vrais pasteurs, ils ont donné leur vie avec et parmi les leurs. Tel prêtre sort en habits sacerdotaux au devant des miliciens : " Tuez-moi, mais ne touchez pas à mon peuple ! " Mon père spirituel est abattu pendant qu'il baptise un enfant. On l'entend murmurer Gloire à toi, Seigneur ! Tant d'autres massacrés dans leur église, confessant et priant avec leur peuple ! Mes articles sur le Rwanda : " Peuple du Rwanda : Église sur la croix " in : L'Informateur catholique, Montréal, 17/7/94 - " Au fond de l'enfer, le ciel ouvert ", in L'Homme nouveau, 28/8/94 - " Ce ciel qui rime avec essentiel ! ", in Il est vivant, n° 111, février 95. En attendant un petit livre consacré à ce drame.

19. À Tarbes, le 11 mai 1991, voici dix ans, le père Jean-Luc Cabes. À Palerme, le 10 octobre 1993, le père Giuseppe Puglisi luttant contre la maffia. Le 27 décembre 1994, quatre pères blancs massacrés en ce pays de Kabylie devenu leur patrie. En Alsace, ce prêtre assassiné de 33 coups de couteau par un adepte des cultes sataniques. À Paris, en janvier 1995, le père Jean Struillou assassiné de quatre balles dans sa sacristie, alors qu'il se préparait à célébrer la messe. Bref : six prêtres assassinés en France en trois ans !

20. Cas de Don Giorgio Govani, à Modène [Italie], en mai 2000.

21. Notre Jean Paul II nous en a déjà béatifié une belle brochette. Prémices de bien d'autres : Karolina Kotzka, Anwarita, Pierina Morosini, Teresa Braco, etc. Voir mon article dans : L'Homme nouveau : " Le martyre de Santa Scorese ".

22. Des prêtres ou pasteurs mariés des pays de l'Est m'avouent comment les prêtres non-mariés (orthodoxes ou catholiques), sous la persécution, étaient plus libres de témoigner jusqu'à la prison et la mort. Eux ne pouvant prendre le risque de laisser veuve et orphelins. Encore que certains aient préféré Jésus jusque-là...

23. Saint-Sulpice, 4 janvier 1995. DC 2110/173.

24. " Ce n'est donc pas une fantaisie cruelle, c'est une avancée à maintenir coûte que coûte ! " André Manaranche, Vouloir et former des prêtres, Fayard 1994, p. 224.

25. " Prêtre, vous êtes donc moins célibataire que vous ne le paraissez, puisque, renonçant au signifiant du mariage, vous évoluez à longueur de messes dans les sphères lumineuses des noces mystiques. Chaque messe est un mariage, et vous êtes, mon père, quotidiennement à la noce... " J.-P. Nordmann. - Voir sur ce thème les textes patristiques cités dans mon : Les Noces de l'Agneau, Fayard-éd. du Jubilé/Sarment [réédition 1998].



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