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De la miséricorde en famille, à la compassion pour toute la création - Congrès mondial sur la miséricorde - 4 avril 2008


De la miséricorde en famille, à la compassion pour toute la création

Congrès mondial sur la miséricorde


ROME, Vendredi 4 avril 2008 (ZENIT.org) - « Lorsque tu reviens vers ton père, cours ! et serre-le dans tes bras en comptant intérieurement jusqu'à sept » : la troisième journée du premier congrès mondial et apostolique sur la miséricorde divine, héritage spirituel de Jean-Paul II, a été marquée par le témoignage d'une religieuse italienne, Sr Elvira, qui a fondé, depuis 1983, plus d'une cinquantaine de communautés du Cénacle, présentes en Italie et en Bosnie, mais aussi en France, dans le diocèse de Tarbes-Lourdes. Un évêque orthodoxe russe a ensuite témoigné de la mystique de saint Isaac de Ninive qui éprouvait de la compassion pour toute la création.

La communauté a présenté hier soir un spectacle représentant des scènes de l'Evangile, en plein air, Piazza Navona, au coeur de la Rome historique, devant l'église Sainte-Agnès dédiée à la pastorale des jeunes et à l'adoration eucharistique.

Cette association chrétienne accueille des jeunes victimes de la drogue, de l'alcool, de la dépression, qui désirent se retrouver eux-mêmes et retrouver la joie et le sens de la vie. Elle leur propose un style de vie simple, familial, par la redécouverte du travail, dans l'amitié et la prière.

Mais ce matin, avec la joie éclatante qui l'anime, sr Elvira a confié que la vie en famille, chez elle n'était pas facile, avec une maman qui était « une sainte », mais très exigeante, et un papa qui se retrouvait souvent sans travail et se comportait souvent avec violence. Il a fallu l'exercice de la miséricorde pour que les enfants cessent d'en vouloir à leur père.

Mais cette expérience de la miséricorde, sr Elvira la propose en famille. Aux jeunes qui reviennent chez eux après un séjour en communauté, elle recommande de ne pas arriver à la maison en disant un simple « salut papa ». Elle leur dit de « courir » littéralement vers leur père et de l'embrasser, « de l'étreindre fortement, en comptant intérieurement jusqu'à sept » : un remède qui inévitablement bouleverse le père et l'enfant et fait passer la réconciliation, au-delà des paroles, mieux que des mots. Il faut le faire courageusement, sans attendre, disait-elle. Sinon, après, l'occasion est manquée.

La matinée avait commencé, comme chaque jour du congrès par le chant des laudes, animées, comme la messe, présidée par Mgr Lori, évêque de Bridgeport, aux Etats-Unis, par la communauté des frères et des soeurs de l'Agneau.

La conférence principale a été donnée par le cardinal Francis Arinze, nigérian, préfet de la congrégation romaine pour le Culte divin et la Discipline des sacrements. Le cardinal Arinze, qui a ensuite rencontré les quelque 50 délégués venus de son pays, a montré comment la liturgie de l'Eglise, liturgie eucharistique ou liturgie des heures est pour le chrétien un lieu de rencontre privilégiée avec le Christ vivant et où chacun est invité à venir puiser à la source de la miséricorde divine.

Le second témoignage de la matinée a été donné par un hôte exceptionnel, l'évêque orthodoxe russe représentant du patriarcat de Moscou à Vienne et auprès de la Communauté européenne, Hilarion Alfeyev. L'évêque est un brillant théologien, professeur à Fribourg, mais aussi un musicien d'envergure, auteur notamment d'une Passion selon saint Matthieu donnée pour la première fois l'an dernier à Moscou puis à Rome, grâce au Conseil pontifical de la culture alors sous la houlette du cardinal Paul Poupard.

L'évêque Hilarion a évoqué de façon approfondie la spiritualité d'Isaac le Syrien ou « de Ninive » (VIIe s.), grand mystique, et « l'un de plus grands théologiens de la tradition orthodoxe » à partir du thème « de l'amour et de la miséricorde ».

Né dans le Qatar actuel, saint Isaac mourut au monastère de Rabban Shabour, aujourd'hui au nord du Kurdistan. Il avait été pendant quelque temps évêque de Ninive. Ermite dans le désert de Syrie et s'était rendu à Constantinople et il y avait joué un rôle important auprès de l'empereur, à une époque où la crise arienne avait laissé la ville sans monastères. Saint Isaac en restaura un grand nombre, ce qui lui valut d'être honoré comme un père des moines.

Dans un exposé dense, de plus de 15 pages, en anglais, on trouvait même quelques accents modernes, quasi « écologiques » mais d'une écologie théologique fondée sur une théologie de la Création, quasi une mystique. En effet, expliquait l'évêque, saint Isaac s'interroge sur ce qu'est un « coeur miséricordieux ». Et Isaac répond en substance que c'est un coeur à l'image et la ressemblance de la miséricorde de Dieu qui embrasse la totalité de la création. Chez Dieu, il n'y a de haine pour personne, mais seulement un amour qui embrasse tout, car chaque être crée est précieux aux yeux de Dieu qui prend soin de chaque créature, et chacun trouve en lui un Père plein d'amour.

« C'est un coeur, explique en effet saint Isaac, qui brûle pour toute la création, les hommes, les oiseaux, les animaux, les démons et pour toute chose crée. Et pour leur restauration, les yeux d'un homme de miséricorde verse des larmes abondantes. Du fait de sa miséricorde forte et véhémente, qui saisit son coeur et de sa grande compassion, son coeur s'humilie et il ne peut pas supporter d'entendre ou de voir des blessures ou la moindre tristesse dans la création. C'est pourquoi il offre continuellement des prières accompagnées de larmes même pour des bêtes sans raison, pour les ennemis de la vérité, et pour ceux qui le blessent, afin qu'ils soient protégés et obtiennent miséricorde. Et de même, il prie aussi pour la famille des reptiles, en raison de la grande compassion qui brûle démesurément dans son coeur fait à l'image de Dieu ».

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