Culture

cinéma : Bureaux de Dieu - Réaction de l'ADV


Bureaux de Dieu : un Planning familial orienté vers le tout-avortement. Nous avons assisté à la projection du long métrage « Les Bureaux de Dieu » de Claire Simon sorti le 5 novembre. Le film affirme retracer les entretiens qui ont lieu dans les locaux du Planning familial. Voici l'analyse de personnes engagées dans l'écoute des femmes et des couples en difficulté à l'Alliance pour les Droits de la Vie.

1/ Fiction ou réalité ?

Il est difficile de se situer par rapport à la notion ambigüe de « docu-fiction » revendiquée par la réalisatrice. Une brochette de stars, figurant les conseillères du Planning familial, et des actrices débutantes, figurant les demandeuses, rejouent des scènes d'entretiens. On dit les avoir enregistrées dans différents bureaux du Planning de 2000 à 2007.

Le choix des scènes est-il « objectif » ? Les situations exposées ressemblent, par leur nature et leur diversité, à celles que nous rencontrons dans nos services d'aide : angoisse consécutive à une rupture de préservatif ou à un oubli de pilule, accident d'un soir trop arrosé, doute sur l'identité d'un père (le mari ou l'amant ?), peur de violences ou du harcèlement conjugal, questions sur la possibilité d'être enceinte sans rapport sexuel complet, femme demandant une troisième IVG parce qu'elle « ne prend pas ses précautions »...

Le jeu des acteurs est-il réaliste ? Claire Simon ne cache pas son admiration éperdue pour le travail du Planning familial. Elle veut le faire aimer, sans aucune critique.

Certains de ceux qui iront jusqu'au bout du long métrage pourraient en sortir avec l'idée que ces « confesseuses » font tout pour adoucir l'existence des femmes ou des couples qui frappent à leur porte, avec ce qu'il faut d'empathie, ressentant avec émotion les peines qui leur sont confiées. Mais cette émotion est-elle gage de vérité ?

2/ Tout avortement

Toutes les situations de femmes enceintes rencontrées ou évoquées, ont comme issue l'avortement, quel que soit le délai de la grossesse. C'est révélateur. Rien ou presque rien n'est révélé de la réalité de l'acte et de ses conséquences. Au Planning, on «enlève la grossesse» comme si les femmes devaient ignorer ou oublier qu'une autre vie est en jeu. « Ça se passera bien », leur dit-on. Méthode Coué. Déni de la réalité d'un acte. Comme si les femmes devaient ignorer ses conséquences douloureuses, notamment psychologiques. Pourtant le traumatisme de l'avortement est désormais reconnu partout. Sauf au Planning.

Derrière sa légitime bienveillance, l'écoute n'est-elle pas finalement très superficielle ? La réalité de la grossesse n'est pas vraiment écoutée dans ses causes (au-delà du constat « froid » d'une relation sexuelle non protégée par un moyen contraceptif), ni dans ses conséquences, autrement que par la solution expéditive de l'IVG. Du coup, les conseillères dégainent leur panoplie de solutions toutes faites : selon les cas contraception, pilule d'urgence (du lendemain), RU 486 (l'avortement médicamenteux), avortement chirurgical. Ce dernier sans aucun respect pour le délai légal fixé pour la France. Le Planning n'aime la loi que lorsqu'elle va dans son sens. Il revendique ainsi l'organisation des voyages à Barcelone pour des femmes enceintes jusqu'à 16 voire 24 semaines ! Comment un tel film peut-il être soutenu par le ministère des Affaires sociales ?

Il y a dans ce féminisme quelque chose de profondément désabusé. L'avortement est désormais présenté comme l'issue évidente, une fatalité, même lorsqu'il y a eu hésitation. Sur les femmes pèsent un joug lancinant : celui d'avoir à choisir, à maîtriser. Les hommes sont largement tenus à l'écart. Le sexe n'est que compulsif, impossible à maîtriser. La dissociation entre le sexe et l'affectivité, entre la relation sexuelle et la perspective d'une naissance rend la présentation de la sexualité tristement hygiéniste.

3/ Dogmatisme

Aride, le long métrage permet au Planning de délivrer, précepte par précepte, son catéchisme. D'abord toutes les techniques et procédures chères au Planning sont présentées au fil des séquences, y compris, donc, celles qui permettent de transgresser les limitations posées par la loi actuelle sur l'avortement (or, on voudra certainement transformer le long métrage en DVD pédagogique à usage scolaire...). Ensuite, de multiples messages sous-jacents sont significatifs de l'idéologie du Planning et de ses dogmes : les parents, dépassés, doivent être dépossédés de toute responsabilité ; sans eux, les mineures doivent être à la fois autonomes et assistées dans les domaines de leur vie intime. Le Planning entérine et encourage l'anonymat et la gratuité de tous ses services, sans aucun égard pour la responsabilité parentale. La sexualité précoce est un fait qui n'est en rien interrogé mais simplement cautionné, voire encouragé. On combat la violence conjugale, mais sans pointer la forme de violence que peut constituer des rapports sexuels trop précoces.

4/ Propagande

En plus de son message « pédagogique » et de son autopromotion, le Planning promeut implicitement ses revendications habituelles :

- Il faut que se lève une nouvelle génération militante pour prendre le relais de celles qui arrivent à l'âge de la retraite.

- Il faut étendre le délai légal imposé par la loi française car il oblige les femmes à de longs, pénibles et coûteux voyages en car, pour subir des IVG tardives.

- Il faut lutter contre le retour de l'obscurantisme, manifesté par des mots comme « virginité » ou « religion », notamment dans les cultures des populations issues de l'immigration.

- Il faut écarter tout autre mode d'écoute ou d'accueil des femmes enceintes en difficulté, leurs discours étant taxés de mensongers.

Au total, le film n'est pas dénué de finesse, voire de sincérité, du moins si le jeu des actrices retrace fidèlement la réalité de ce qui se joue dans les Bureaux du Planning. Mais que donnent à celles qui viennent frapper à sa porte les bonnes-âmes qui entendent les secourir ? Le tout-avortement, comme solution miracle. Pour cela, on entretient un aveuglement collectif sur son sens et son poids. Des téléspectateurs non avertis se laisseront leurrer. Mais d'autres, notamment, les professionnels au service des femmes enceintes en difficulté, verront que cette écoute-là est terriblement orientée.

Sommaire documents

t>