Vie spirituelle

La fin du monde et le retour du Christ ne sont pas une « menace » - Père R.Cantalamessa


P. Cantalamessa : La fin du monde et le retour du Christ ne sont pas une « menace »
Méditation de l'Evangile du dimanche 19 novembre

ROME, Vendredi 17 novembre 2006 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous le commentaire de l'Evangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 13, 24-33




En ces temps-là...

L'Evangile de l'avant dernier dimanche de l'année liturgique est le texte classique sur la fin du monde. A toutes les époques quelqu'un s'est chargé d'agiter de façon menaçante cette page de l'Evangile devant ses contemporains, alimentant psychoses et angoisse. Mon conseil est de rester calmes et de ne laisser en rien ces prévisions catastrophiques nous troubler. Il suffit de lire la dernière phrase de ce même passage de l'Evangile : « Quant au jour et à l'heure, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père ». Si même les anges du Ciel et le Fils (en tant qu'homme, non pas en tant que Dieu) ne connaissent ni le jour ni l'heure de la fin, est-il possible que le dernier adepte d'une secte ou un fanatique religieux les connaissent et soit autorisé à les annoncer ? Dans l'Evangile, Jésus assure qu'il reviendra un jour et rassemblera ses élus des quatre coins du monde ; le « quand » et le « comment » il viendra (sur les nuées du ciel, après que le soleil se soit obscurci et que les astres soient tombés du ciel) appartient au langage figuré propre au genre littéraire de ces discours.

Une autre observation peut aider à expliquer certaines pages de l'Evangile. Lorsque nous parlons de la fin du monde, en nous basant sur l'idée que nous avons aujourd'hui du temps, nous pensons immédiatement à la fin du monde de manière absolue, après laquelle il ne peut y avoir que l'éternité. Mais la Bible raisonne davantage avec des catégories relatives et historiques, qu'avec des catégories absolues et métaphysiques. Lorsque l'Evangile parle donc de la fin du monde, il signifie très souvent le monde concret, celui qui existe de fait et qu'un groupe déterminé d'hommes connaît : leur monde. Il s'agit en définitive davantage de la fin d'un monde que de la fin du monde, même si les deux perspectives se mêlent parfois.

Jésus dit : « Cette génération ne passera pas avant que tout cela n'arrive ». S'est-il trompé ? Non, cette génération n'est pas passée, en effet, avant que le monde que ses auditeurs connaissaient, le monde juif, ne passe de manière tragique, avec la destruction de Jérusalem, en l'an 70 après Jésus-Christ. Lorsqu'en 410 Rome fut mise à sac par les vandales, de nombreux grands esprits de l'époque pensèrent que la fin du monde était arrivée. Ils ne s'étaient pas trompé de beaucoup ; un monde se terminait, celui que Rome avait créé avec son empire. En ce sens, ceux qui le 11 septembre 2001, devant l'effondrement des Tours jumelles, pensèrent à la fin de monde, ne se trompaient pas non plus...

Tout cela ne rend pas l'engagement chrétien moins sérieux, mais bien plus sérieux au contraire. Il serait bien sot de se consoler en disant que de toute façon personne ne sait quand viendra la fin du monde, en oubliant que celle-ci peut advenir, pour chacun de nous, cette nuit même. Jésus conclut pour cette raison l'Evangile de ce jour en faisant cette recommandation : « Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment ».

Je crois que nous devons changer complètement l'état d'âme avec lequel nous écoutons ces Evangiles qui parlent de la fin du monde et du retour du Christ. On a fini par considérer celle que les Ecritures appellent la « bienheureuse espérance » des chrétiens, c'est-à-dire la venue de notre Seigneur Jésus Christ (Tt 2, 13), comme un châtiment et une menace obscure. L'idée même que nous avons de Dieu est en jeu. Les discours récurrents sur la fin du monde, souvent l'oeuvre de personnes ayant un sentiment religieux déformé, ont un effet dévastateur sur de nombreuses personnes : celui de renforcer l'idée d'un Dieu éternellement courroucé, prêt à laisser éclater sa colère sur le monde. Mais il ne s'agit pas là du Dieu de la Bible, qu'un psaume décrit comme « tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour ; elle n'est pas jusqu'à la fin, sa querelle, elle n'est pas pour toujours sa rancune... il sait de quoi nous sommes pétris » (Ps 103, 8-14).
ZF06111705

Sommaire documents

t>