Benoît XVI de A à Z

Accueil de la vie - Accueil de l'enfant

2007



5 juillet 2007 - Aux Évêques de la République Dominicaine en Visite Ad Limina
L'Eglise souhaite que la famille soit véritablement le milieu dans lequel la personne naît, grandit et est éduquée à la vie, et dans lequel les parents, aimant tendrement leurs enfants, les préparent à établir de saines relations interpersonnelles qui incarnent les valeurs morales et humaines dans une société si marquée par l'hédonisme et par l'indifférence religieuse.



7 septembre 2007 - Rencontre avec les Diplomates, à Vienne, en Autriche
C'est en Europe qu'a été formulé, pour la première fois, le concept des droits humains. Le droit humain fondamental, le présupposé pour tous les autres droits, est le droit à la vie elle-même. Ceci vaut pour la vie, de la conception à sa fin naturelle. En conséquence, l'avortement ne peut être un droit humain - il est son contraire. C'est une « profonde blessure sociale », comme le soulignait sans se lasser notre confrère défunt, le Cardinal Franz König.

En disant cela, je n'exprime pas un intérêt spécifiquement ecclésial. Je voudrais plutôt me faire l'avocat d'une demande profondément humaine et le porte-parole des enfants qui vont naître et qui n'ont pas de voix. Le faisant, je ne ferme pas les yeux devant les problèmes et les conflits de nombreuses femmes et je me rends compte que la crédibilité de notre discours dépend aussi de ce que l'Église elle-même fait pour venir en aide aux femmes en difficulté.

J'en appelle dans ce contexte aux responsables de la politique, afin qu'ils ne permettent pas que les enfants soient considérés comme des cas de maladie ... Je le dis par souci profond des valeurs humaines. Mais ceci n'est qu'un aspect de ce qui nous préoccupe. L'autre aspect est de faire tout notre possible pour rendre les pays européens de nouveau plus ouverts à l'accueil des enfants. Je vous en prie, encouragez les jeunes qui, par le mariage fondent de nouvelles familles, à devenir mères et pères! Vous ferez ainsi du bien, non seulement à eux-mêmes, mais aussi à la société tout entière. Je vous encourage fermement dans vos efforts politiques pour favoriser des conditions qui permettent aux jeunes couples d'élever des enfants. Tout ceci, cependant, ne servira à rien, si nous ne réussissons pas à créer de nouveau dans nos pays un climat de joie et de confiance en la vie, dans lequel les enfants ne sont pas perçus comme un poids, mais comme un don pour tous.



15 septembre 2007 - au Nouvel Ambassadeur d'Irlande près le Saint-Siège
Curieusement, tandis que la majesté de l'ouvrage des doigts de Dieu dans la création (cf. Ps 8, 3) est facilement reconnue, la pleine reconnaissance de la gloire et de la splendeur dont il a couronné l'homme (cf. Ps 8, 5) est parfois plus difficilement comprise. Une sorte de moralité divisée s'ensuit. Les thèmes importants et vitaux de la paix, la non-violence, la justice et le respect de la création ne confèrent pas en eux-mêmes sa dignité à l'homme. La dimension primaire de la moralité découle de la dignité innée de la vie humaine - de sa conception à sa mort naturelle - une dignité conférée par Dieu lui-même. L'acte de la création plein d'amour de Dieu doit être compris comme un tout. Comme il est troublant de voir que souvent, les groupes politiques et sociaux qui, de façon admirable, sont le plus respectueux face la création de Dieu sont ceux-là mêmes qui portent bien peu d'attention à la merveille de la vie dans le sein maternel. Espérons que, en particulier parmi les jeunes, l'intérêt naissant pour l'environnement approfondira leur compréhension de l'ordre juste et de la magnificence de la création de Dieu, au centre et au sommet de laquelle se trouvent l'homme et la femme.



21 septembre 2007 - Aux membres du Comité exécutif de l'Internationale démocratique du Centre et démocrate chrétienne
Je voudrais vous encourager encore davantage à poursuivre dans l'effort de servir le bien commun, en œuvrant afin de faire en sorte que ne se diffusent, ni ne se renforcent des idéologies qui peuvent obscurcir ou égarer les consciences et véhiculer une vision illusoire de la vérité et du bien. Il existe par exemple dans le domaine économique une tendance qui confond le bien avec le profit et de cette manière, dissout la force de l'ethos de l'intérieur, en finissant par menacer le profit lui-même. Certains estiment que la raison humaine est incapable de saisir la vérité et, donc, de poursuivre le bien correspondant à la dignité de la personne. Il y a ensuite ceux qui trouvent légitime l'élimination de la vie humaine dans sa phase prénatale ou dans la phase terminale. La crise que connaît la famille, cellule fondamentale de la société fondée sur le mariage indissoluble d'un homme et d'une femme, est également préoccupante. L'expérience démontre que lorsque l'on porte atteinte à la vérité de l'homme, lorsque la famille est minée dans ses fondements, la paix même est menacée, le droit risque d'être compromis, entraînant comme conséquence logique d'aller à l'encontre d'injustices et de violences.

A tous ceux qui partagent la foi dans le Christ, l'Eglise demande d'en témoigner aujourd'hui, avec encore plus de courage et de générosité. La cohérence des chrétiens est en effet indispensable également dans la vie politique, pour que le "sel" de l'engagement apostolique ne perde pas sa "saveur" et que la "lumière" des idéaux évangéliques ne soit pas assombrie dans leur action quotidienne.



29 octobre 2007 - Aux membres du Congrès International des Pharmaciens Catholiques.
Je suis heureux de vous accueillir, vous les membres de Congrès international des Pharmaciens catholiques, à l'occasion de votre vingt-cinquième Congrès, qui a pour thème: «Les nouvelles frontières de l'acte pharmaceutique». Le développement actuel de l'arsenal médicamenteux et des possibilités thérapeutiques qui en découlent nécessite que les pharmaciens réfléchissent sur les fonctions de plus en plus larges qu'ils sont appelés à avoir, en particulier en tant qu'intermédiaires entre le médecin et le patient; ils ont un rôle éducatif auprès des patients pour un usage juste de la prise médicamenteuse et surtout pour faire connaître les implications éthiques de l'utilisation de certains médicaments. Dans ce domaine, il n'est pas possible d'anesthésier les consciences, par exemple sur les effets de molécules ayant pour but d'éviter la nidation d'un embryon ou d'abréger la vie d'une personne. Le pharmacien doit inviter chacun à un sursaut d'humanité, pour que tout être soit protégé depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle, et que les médicaments remplissent véritablement leur rôle thérapeutique. D'autre part, nulle personne ne peut être utilisée, de manière inconsidérée, comme un objet, pour réaliser des expérimentations thérapeutiques; celles-là doivent se dérouler selon des protocoles respectant les normes éthiques fondamentales. Toute démarche de soin ou d'expérimentation doit avoir pour perspective un éventuel mieux-être de la personne, et non seulement la recherche d'avancées scientifiques. La poursuite d'un bien pour l'humanité ne peut se faire au détriment du bien des personnes traitées. Dans le domaine moral, votre Fédération est invitée à affronter la question de l'objection de conscience, qui est un droit qui doit être reconnu à votre profession, vous permettant de ne pas collaborer, directement ou indirectement, à la fourniture de produits ayant pour but des choix clairement immoraux, comme par exemple l'avortement et l'euthanasie.

Il convient aussi que les différentes structures pharmaceutiques, des laboratoires aux centres hospitaliers et aux officines, ainsi que l'ensemble de nos contemporains, aient le souci de la solidarité dans le domaine thérapeutique, pour permettre un accès aux soins et aux médicaments de première nécessité de toutes les couches de la population et dans tous les pays, notamment pour les personnes les plus pauvres.

En tant que pharmaciens catholiques, puissiez-vous, sous la conduite de l'Esprit saint, puiser dans la vie de foi et dans l'enseignement de l'église les éléments qui vous guideront dans votre démarche professionnelle auprès des malades, qui ont besoin d'un soutien humain et moral pour vivre dans l'espérance et pour trouver des ressorts intérieurs qui les aideront au long des jours. Il vous revient aussi d'aider les jeunes qui rentrent dans les différentes professions pharmaceutiques à réfléchir sur les implications éthiques toujours plus délicates de leurs activités et de leurs décisions. Pour une telle démarche, il importe que se mobilisent et se rassemble l'ensemble des professionnels catholiques de la santé et les personnes de bonne volonté, pour approfondir leur formation non seulement sur le plan technique, mais aussi en ce qui concerne les questions de bioéthique, ainsi que pour proposer de telles formations à l'ensemble de la profession. L'être humain, parce qu'il est image de Dieu, doit toujours être au centre des recherches et des choix en matière biomédicale. De même, le principe naturel du devoir d'apporter des soins au malade est fondamental. Les sciences biomédicales sont au service de l'homme; si tel n'était pas le cas, elles n'auraient qu'un caractère froid et inhumain. Tout savoir scientifique dans le domaine de la santé et toute démarche thérapeutique sont au service de l'homme malade, considéré dans son être intégral, qui doit être un partenaire actif de ses soins et respecté dans son autonomie.



2008



28 janvier 2008 - Aux participants d'un Congrès sur « L'identité changeante de l'individu ».
L'homme est toujours au-delà de ce que l'on en voit ou de ce que l'on en perçoit par l'expérience. Négliger le questionnement sur l'être de l'homme conduit inévitablement à refuser de rechercher la vérité objective sur l'être dans son intégralité et, de ce fait, à ne plus être capable de reconnaître le fondement sur lequel repose la dignité de l'homme, de tout homme, depuis la période embryonnaire jusqu'à sa mort naturelle.



31 janvier 2008, lors de l'Assemblée Plénière de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi
Je vous invite en outre à suivre avec une attention particulière les problèmes difficiles et complexes de la bioéthique. En effet, les nouvelles technologies biomédicales concernent non seulement certains médecins et chercheurs spécialisés, mais elles sont divulguées à travers les moyens de communication sociale modernes, suscitant des attentes et des interrogations dans des secteurs toujours plus vastes de la société. Le Magistère de l'Eglise ne peut certainement pas et ne doit pas intervenir sur chaque nouveauté de la science, mais il a pour tâche de réaffirmer les grandes valeurs en jeu et de proposer aux fidèles et à tous les hommes de bonne volonté des principes et des orientations éthiques et moraux au sujet des nouvelles questions importantes. Les deux critères fondamentaux pour le discernement moral dans ce domaine sont a) le respect inconditionné de l'être humain comme personne, de sa conception jusqu'à sa mort naturelle, b) le respect de l'originalité de la transmission de la vie humaine à travers les actes des conjoints eux-mêmes. Après la publication en 1987 de l'Instruction Donum vitae, qui avait énoncé ces critères, de nombreuses personnes ont critiqué le Magistère de l'Eglise, le dénonçant comme s'il constituait un obstacle à la science et au véritable progrès de l'humanité. Mais les nouveaux problèmes qui apparaissent avec, par exemple, la congélation des embryons humains, la réduction embryonnaire, le diagnostic pré-implantatoire, les recherches sur les cellules souches embryonnaires et les tentatives de clonage humain, montrent clairement que, avec la fécondation artificielle extra-corporelle, on a brisé la barrière élevée pour protéger la dignité humaine. Lorsque des êtres humains, au stade le plus faible et le plus fragile de leur existence, sont sélectionnés, abandonnés, tués ou utilisés comme un simple "matériel biologique", comment nier qu'ils ne sont plus traités comme "quelqu'un", mais comme "quelque chose", remettant ainsi en question le concept même de dignité de l'homme ?

L'Eglise apprécie et encourage bien évidemment le progrès des sciences biomédicales qui ouvrent des perspectives thérapeutiques jusqu'à présents inconnues, à travers, par exemple, l'utilisation de cellules souches somatiques ou bien à travers des thérapies en vue de rendre la fertilité ou de soigner les maladies génétiques. Dans le même temps, elle ressent le devoir d'éclairer les consciences de tous, afin que le progrès scientifique soit véritablement respectueux de chaque être humain, à qui doit être reconnue la dignité de personne, étant créé à l'image de Dieu, sinon il ne s'agit pas de véritable progrès. L'étude de ces thèmes, qui de manière particulière a été au centre du travail de votre Assemblée au cours de ces journées, contribuera certainement à promouvoir la formation de la conscience de tant de nos frères, selon ce qu'affirme le Concile Vatican II dans la Déclaration Dignitatis humanae: "Mais les fidèles du Christ, pour se former la conscience, doivent prendre en sérieuse considération la doctrine sainte et certaine de l'Eglise. De par la volonté du Christ, en effet, l'Eglise catholique est maîtresse de vérité; sa fonction est d'exprimer et d'enseigner authentiquement la vérité qui est le Christ, en même temps que de déclarer et de confirmer, en vertu de son autorité, les principes de l'ordre moral découlant de la nature même de l'homme" (n. 14).



5 avril 2008 - Au Congrès "De l'huile sur les blessures de l'avortement et du divorce"
C'est avec une grande joie que je vous rencontre à l'occasion du congrès international « L'huile sur les blessures : une réponse aux blessures de l'avortement et du divorce », organisé par l'Institut pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille, en collaboration avec les Chevaliers de Colomb. Je me réjouis avec vous du sujet qui fait l'objet de vos réflexions durant ces journées, tant il est actuel et complexe, et en particulier pour la référence à la parabole du bon samaritain (Lc 10, 25-37), que vous avez choisi comme clé pour aborder les blessures de l'avortement et du divorce, qui comportent tant de souffrances dans la vie des personnes, des familles et de la société. Oui, de nos jours les hommes et les femmes se trouvent parfois réellement dépouillés et blessés, aux marges des chemins que nous parcourons, souvent sans que personne n'écoute leur appel à l'aide et ne s'approche de leur peine, pour la soulager et la guérir. Dans le débat, souvent purement idéologique, une espèce de conjuration du silence se crée à leur égard. Ce n'est que dans l'attitude de l'amour miséricordieux que l'on peut se rapprocher des victimes pour leur porter secours et leur permettre de se relever et de reprendre le chemin de l'existence.

Dans un contexte culturel marqué par un individualisme grandissant, par l'hédonisme et, trop souvent également, par un manque de solidarité et de soutien social approprié, la liberté humaine, face aux difficultés de la vie, est amenée dans sa fragilité à prendre des décisions contraires à l'indissolubilité du pacte conjugal et au respect dû à la vie humaine à peine conçue et encore protégée dans le sein maternel. Le divorce et l'avortement sont des choix de nature certes différentes, parfois faits dans des circonstances difficiles et dramatiques, qui comportent souvent des traumatismes et qui sont à l'origine de souffrances profondes pour ceux qui les font. Ils font aussi des victimes innocentes : l'enfant à peine conçu et pas encore né, les enfants impliqués dans la rupture des liens familiaux. Tous gardent des blessures qui marquent leur vie de façon indélébile. Le jugement éthique de l'Eglise à l'égard du divorce et de l'avortement est clair et connu de tous : il s'agit de fautes graves qui, dans une mesure différente et exception faite de l'évaluation des responsabilités subjectives, lèsent la dignité de la personne humaine, entraînent une profonde injustice dans les rapports humains et sociaux et offensent Dieu lui-même, garant du pacte conjugal et auteur de la vie. Et cependant l'Eglise, sur l'exemple de son Maître Divin, a toujours face à elle les personnes concrètes, surtout les plus faibles et les plus innocentes, qui sont victimes des injustices et des péchés, et également ces autres hommes et femmes qui, ayant commis ces actes, sont entachés de leurs fautes et en portent les blessures intérieures, cherchant la paix et la possibilité d'une reprise.

L'Eglise a comme premier devoir de se rapprocher de ces personnes avec amour et délicatesse, avec égard et attention maternelle, pour annoncer la proximité miséricordieuse de Dieu en Jésus Christ. C'est en effet lui, comme nous l'enseignent les Pères, le véritable bon samaritain, qui s'est fait notre prochain, qui verse l'huile et le vin sur nos blessures et qui nous conduit à l'auberge, l'Eglise, dans laquelle il nous fait soigner, en nous confiant à ses ministres et en payant en personne à l'avance pour notre guérison. Oui, l'Evangile de l'amour et de la vie est toujours également l'Evangile de la Miséricorde, qui s'adresse à l'homme concret et pécheur que nous sommes, pour le relever après toutes ses chutes, pour le guérir de toutes ses plaies. Mon bien-aimé prédécesseur, le serviteur de Dieu Jean-PauI Il, dont nous venons de célébrer le troisième anniversaire de la mort, dit à l'occasion de l'inauguration du nouveau sanctuaire de la divine miséricorde à Cracovie : «Il n'existe pas pour l'homme d'autre source d'espérance en dehors de la miséricorde de Dieu » (17 août 2002). A partir de cette miséricorde l'Eglise nourrit une confiance énorme dans l'homme et dans sa capacité à se relever. Elle sait que, avec l'aide de la grâce, la liberté humaine est capable du don de soi définitif et fidèle, qui rend possible le mariage d'un homme et d'une femme comme pacte indissoluble, que la liberté humaine, même dans les circonstances les plus difficiles, est capable de gestes extraordinaires de sacrifice et de solidarité pour accueillir la vie d'un nouvel être humain. On peut ainsi voir que les « non » que l'Eglise prononce dans ses indications morales et sur lesquels l'attention de l'opinion publique s'arrête de façon unilatérale, sont en réalité des grands « oui » à la dignité de la personne humaine, à sa vie et à sa capacité d'aimer. Ils sont l'expression de la confiance constante que, malgré leur faiblesse, les êtres humains sont en mesure de répondre à la vocation la plus haute pour laquelle ils ont été créés : celle d'aimer.

A cette même occasion, Jean-Paul II poursuivait : « Il faut transmettre au monde ce feu de la miséricorde. Dans la miséricorde de Dieu, le monde trouvera la paix » (ibid.). Ici se greffe la grande tâche des disciples du Seigneur Jésus, qui se trouvent des compagnons de route dans les nombreux frères, hommes et femmes de bonne volonté. Leur programme, le programme du bon samaritain, est « un coeur qui voit. Ce coeur voit où l'amour est nécessaire et il agit en conséquence » (Encyclique Deus caritas est, 31). En ces jours de réflexion et de dialogue, vous vous êtes penchés sur les victimes touchées par les blessures du divorce et de l'avortement. Vous avez avant tout constaté les souffrances, parfois traumatisantes, qui touchent les « enfants du divorce », marquant leur vie jusqu'à rendre beaucoup plus difficile leur chemin. Quand se rompt le pacte conjugal, ceux qui en souffrent par dessus tout sont inévitablement les enfants, qui sont le signe vivant de son indissolubilité. L'attention solidaire et pastorale devra donc faire en sorte que les enfants ne soient pas les victimes innocentes des conflits des parents qui divorcent, et que soit assurée dans la mesure du possible la continuité du lien avec leurs parents et aussi ce rapport avec leurs origines familiales et sociales indispensable à une croissance équilibrée, psychologique autant qu'humaine.

Vous avez aussi porté votre attention sur le drame de l'avortement, qui laisse des marques profondes, parfois indélébiles sur la femme qui l'accomplit et sur les personnes qui l'entourent, et qui provoque des conséquences dévastatrices dans la famille et dans la société, notamment par la mentalité matérialiste de mépris de la vie qu'il entretient. Combien de complicités égoïstes sont souvent à la racine d'une décision douloureuse que tant de femmes ont dû affronter seules et dont elles gardent une blessure dans l'âme jamais cicatrisée ! Bien que ce qui s'est produit demeure une grave injustice et ne soit pas en soi remédiable, je fais mienne l'exhortation adressée dans l'Encyclique Evangelium vitae aux femmes qui ont eu recours à l'avortement : « Ne vous laissez pas aller au découragement et ne renoncez pas à l'espérance. Sachez plutôt comprendre ce qui s'est passé et interprétez-le en vérité. Si vous ne l'avez pas encore fait, ouvrez-vous avec humilité et avec confiance au repentir : le Père de toute miséricorde vous attend pour vous offrir son pardon et sa paix dans le sacrement de la réconciliation. [Vous pouvez confier avec espérance votre enfant à ce même Père et à sa miséricorde] » (n.99).

J'exprime ma profonde appréciation pour toutes les initiatives sociales et pastorales qui visent à la réconciliation et au soin des personnes blessées par le drame de l'avortement et du divorce. Elles constituent, avec tant d'autres formes d'engagement, des éléments essentiels pour la construction de cette civilisation de l'amour, dont l'humanité n'a jamais eu autant besoin qu'aujourd'hui.

En implorant le Seigneur Dieu miséricordieux, qu'Il vous invite toujours plus à imiter Jésus, bon samaritain, pour que son Esprit vous enseigne à regarder avec un regard neuf la réalité de nos frères qui souffrent, qu'Il vous aide à réfléchir avec de nouveaux critères et vous pousse à agir dans un élan généreux dans la perspective d'une authentique civilisation de l'amour et de la vie.



17 juillet 2008 - Accueil des jeunes à Sydney
Sommes-nous attentifs aux avertissements qui nous sont lancés parce que nous avons tournés le dos à la structure morale dont Dieu a doté l'humanité (cf. Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2007, 8) ? Savons-nous reconnaître que la dignité innée de tout individu s'appuie sur son identité la plus profonde, étant image du Créateur, et que, par conséquent, les droits humains sont universels et se basent sur la loi naturelle, et qu'ils ne dépendent ni des négociations ni de la condescendance, et bien moins encore des compromis ? C'est ainsi que nous sommes amenés à réfléchir sur la place qu'occupent dans nos sociétés les indigents, les personnes âgées, les immigrés, les sans-voix. Comment se fait-il que la violence domestique tourmente tant de mères et d'enfants ? Comment se fait-il que l'espace humain, le plus beau et le plus sacré qu'est le sein maternel, soit devenu un lieu de violence indicible ?



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