Benoît XVI de A à Z

Bien commun

2005

 

 

16 juin 2005 - au nouvel Ambassadeur de Nouvelle Zélande

     Le désir de promouvoir le bien commun est fondé sur la croyance selon laquelle l'homme vient au monde en tant que don du Créateur. C'est de Dieu que chaque homme et chaque femme - faits à son image - reçoivent leur dignité inviolable commune et leur appel à la responsabilité. Aujourd'hui, lorsque les personnes oublient leurs origines, comme c'est souvent le cas, et perdent ainsi de vue leur objectif, elles deviennent facilement la proie de tendances sociales fantaisistes, de la déformation de la vérité par des groupes d'intérêt particulier, et d'un individualisme exacerbé. Face à cette "crise du sens" (cf. Lettre encyclique Fides et ratio, n. 81), les autorités civiles et religieuses sont appelées à travailler ensemble, en encourageant chacun, y compris les jeunes, afin de "diriger leurs pas vers une vérité qui les transcende" (ibid., n. 5). Détachés de cette vérité universelle, qui est la seule garantie de liberté et de bonheur, les personnes sont à la merci de leurs caprices et perdent progressivement la capacité de découvrir la signification profondément satisfaisante de la vie humaine.

     Les Néo-zélandais reconnaissent et accordent depuis toujours une place importante au mariage et à la vie familiale stable au sein de leur société et ils continuent même d'attendre de la part des forces politiques et sociales un soutien aux familles et une protection de la dignité des femmes, en particulier les plus vulnérables. Ils reconnaissent que les déformations séculières du mariage ne peuvent jamais offusquer la splendeur de l'alliance de toute une vie fondée sur le don généreux de soi et sur l'amour inconditionnel. La raison leur dit que "l'avenir de l'humanité passe par la famille" (Exhortation apostolique Familiaris Consortio, n. 86), qui offre à la société une base sûre pour ses aspirations. J'encourage donc le peuple … à continuer de relever le défi de construire un programme de vie, tant sur le plan individuel que communautaire, qui soit en relation avec le dessein de Dieu pour toute l'humanité.

     Un processus de sécularisation inquiétant a lieu dans de nombreuses parties du monde. Là où les fondements chrétiens de la société risquent d'être oubliés, la tâche de préserver la dimension transcendante présente dans chaque culture et de renforcer l'exercice authentique de la liberté individuelle contre le relativisme devient toujours plus difficile. Un tel problème exige que l'Eglise et les responsables civils garantissent à la question de la moralité une large place dans le débat public. A cet égard, il existe un profond besoin aujourd'hui de retrouver une vision de la relation réciproque entre le droit civil et le droit moral, qui, en plus d'être proposée par la tradition chrétienne, est également une partie du patrimoine des grandes traditions juridiques de l'humanité (cf. Lettre encyclique Evangelium Vitae, n. 71). Ce n'est que de cette façon que les exigences multiples découlant des "droits" peuvent être reliées à la vérité et que la nature de la liberté authentique peut être correctement comprise dans le cadre de la vérité, qui fixe ses limites et révèle ses objectifs.

 

 

16 juin 2005 - Au premier Ambassadeur d’Azerbaïdjan près le Saint-Siège

     Les relations diplomatiques de l'Eglise constituent une partie de sa mission de service à la Communauté internationale. Son engagement à l'égard de la société civile est enraciné dans la conviction selon laquelle la tâche d'édifier un monde plus juste doit reconnaître et tenir compte de la vocation surnaturelle de l'homme. Le Saint-Siège s'efforce donc de promouvoir une compréhen-sion de la personne humaine qui "reçoit de Dieu sa dignité essentielle et, avec elle, la capacité de transcender toute organisation de la société dans le sens de la vérité et du bien" (Lettre encyclique Centesimus annus, n. 38). C'est sur cette base que l'Eglise applique les valeurs universelles qui sauvegardent la dignité de chaque personne et servent le bien commun représenté par une vaste gamme de cultures et de nations qui constituent notre monde. ..

    C'est vers les communautés de foi que les autorités politiques et civiles peuvent se tourner pour un engagement déterminé en vue de la formation d'un ordre social en accord avec le bien commun. Un tel engagement exige que la liberté religieuse, qui protège le caractère distinctif de chaque communauté de foi, soit reconnue comme un droit civil fondamental, et soit protégée par un cadre solide de principes juridiques qui respectent les droits et les devoirs propres aux communautés religieuses (cf. Concile oecuménique Vatican II, Déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis Humanae, n. 2). Un tel soutien concret de la liberté religieuse par les responsables politiques devient un instrument efficace pour l'authentique progrès social et la paix.

 

16 juin 2005 – Au nouvel Ambassadeur du Zimbabwe

     Le noble objectif d'atteindre le bien commun à travers l'ordre dans la vie sociale ne peut être obtenu que  si  les  responsables politiques se consacrent à garantir le bien-être des personnes et des groupes dans un esprit d'intégrité et d'équité…

     … L'Eglise se place au service des peuples de toutes les religions. Elle s'efforce d'offrir une contribution spécifique à l'avenir de la nation,  en éduquant les personnes à acquérir les aptitudes pratiques et les valeurs spirituelles qui serviront de base pour le renouveau de la société. Pour sa part, l'Eglise ne demande que la liberté de pouvoir accomplir la mission qui lui est propre, au service de l'avènement du Royaume de Dieu à travers son témoignage prophétique de l'Evangile et la transmission de son enseignement  moral.  L'Eglise oeuvre ainsi à l'édification d'une société harmonieuse  et  juste,  tout en respectant et en encourageant dans le même temps la  liberté  et  la  responsabilité des  citoyens à participer au processus politique  et  à la poursuite du bien commun.  

 

24 juin 2005 - Au Président de la République d’Italie

     Le Christ est le Sauveur de tout l'homme, de son esprit et de son corps, de son destin spirituel et éternel et de sa  vie temporelle et terrestre. Ainsi, lorsque son message est accueilli, la communauté civile devient également plus responsable, plus attentive aux exigences du bien commun et plus solidaire avec les personnes pauvres, abandonnées et exclues…

     … Je m'associe à vous, Monsieur le Président,  pour  exhorter  tous  les  citoyens et toutes les composantes de la société à vivre et à agir toujours dans un esprit de concorde authentique, dans un contexte de dialogue ouvert et de confiance mutuelle, dans l'engagement de servir et de promouvoir le bien commun et la dignité de chaque personne…

     Monsieur le Président, comme vous pouvez bien le comprendre, de nombreuses préoccupations accompagnent le début de mon service pastoral sur la Chaire de Pierre. Parmi celles-ci, je voudrais en signaler certaines qui, en raison de leur caractère universellement humain, ne peuvent qu'intéresser également ceux qui ont la responsabilité du bien public. J'entends faire allusion au problème de la protection de la famille fondée sur le mariage, telle qu'elle est également reconnue par la Constitution italienne (art. 29), au problème de la défense de la vie humaine, de sa conception jusqu'à son terme naturel, et enfin, au problème de l'éducation et donc de l'école, terrain d'entraînement indispensable pour la formation des nouvelles générations. L'Eglise, habituée à sonder la volonté de Dieu inscrite dans la nature même de la créature humaine, voit dans la famille une valeur très importante qui doit être défendue de toute attaque visant à en miner la solidité et à remettre en question son existence elle-même. De plus, l'Eglise reconnaît dans la vie humaine un bien primordial, présupposé de tous les autres biens, et elle demande donc que celle-ci soit respectée, à son début comme à son terme, tout en soulignant le devoir de soins palliatifs adaptés rendant la mort plus humaine. Quant à l'école, sa fonction est liée à la famille comme expansion naturelle de la tâche de formation de cette dernière. A ce propos, tout en reconnaissant la compétence de l'Etat à dicter les normes générales de l'instruction, je ne peux qu'exprimer le voeu que soit respecté concrètement le droit des parents à un libre choix éducatif, sans devoir supporter pour cela le poids supplémentaire de nouveaux frais. J'ai l'assurance que les législateurs italiens, dans leur sagesse, sauront apporter aux problèmes qui viennent d'être évoqués des solutions "humaines", c'est-à-dire respectueuses des valeurs inviolables qui sont en jeu.  

 

7 septembre 2005 – Aux Parlementaires français au cours de l’Audience Générale

     Je salue particulièrement les membres du Groupe de spiritualité des Assemblées parlementaires de France. Puisse votre foi inspirer vos engagements au service du bien commun et vous inciter à promouvoir les valeurs évangéliques dans la société.

 

 

2006

 

1er janvier 2006 – Message pour la Journée Mondiale de la Paix

     La paix apparaît comme un don céleste et une grâce divine ; à tous les niveaux, elle demande l'exercice de la plus grande responsabilité, à savoir de conformer dans la vérité, dans la justice, dans la liberté et dans l'amour, l'histoire humaine à l'ordre divin. Quand n'existe plus l'adhésion à l'ordre transcendant des choses, ni le respect de la « grammaire » du dialogue qu'est la loi morale universelle, écrite dans le cœur de l'homme,( Cf. Jean-Paul II, Discours à la cinquantième Assemblée générale des Nations unies, 5 octobre 1995, n. 3: La Documentation catholique 92 (1995), p. 918.) quand sont entravés et empêchés le développement intégral de la personne et la sauvegarde de ses droits fondamentaux, quand de nombreux peuples sont contraints à subir des injustices et des inégalités intolérables, comment peut-on espérer en la réalisation du bien de la paix ? En effet, manquent alors les éléments essentiels qui donnent forme à la vérité de ce bien. Saint Augustin a décrit la paix comme « tranquillitas ordinis »,( La cité de Dieu, 19, 13 : La Pléiade, Paris (2000), p. 869) la tranquillité de l'ordre, c'est-à-dire la situation qui permet, en définitive, de respecter et de réaliser pleinement la vérité de l'homme…

 

      Devant les risques que l'humanité vit à notre époque, il est du devoir de tous les catholiques d'intensifier, dans toutes les parties du monde, l'annonce et le témoignage de « l'Évangile de la paix », proclamant que la reconnaissance de la pleine vérité de Dieu est la condition préalable et indispensable pour la consolidation de la vérité de la paix. Dieu est Amour qui sauve, Père aimant qui désire voir ses enfants se reconnaître entre eux comme des frères cherchant de manière responsable à mettre leurs différents talents au service du bien commun de la famille humaine. Dieu est source inépuisable de l'espérance qui donne sens à la vie personnelle et collective. Dieu, Dieu seul, rend efficace toute œuvre de bien et de paix. L'histoire a amplement démontré que faire la guerre à Dieu pour l'extirper du cœur des hommes conduit l'humanité, effrayée et appauvrie, vers des choix qui n'ont pas d'avenir.

 

1er janvier 2006 – Message pour la Journée Mondiale de la Paix

     La paix est une aspiration profonde et irrépressible, présente dans le cœur de toute personne, au-delà des identités culturelles spécifiques. C'est précisément pourquoi chacun doit se sentir engagé au service d'un bien si précieux, en travaillant pour qu'aucune forme de fausseté ne s'insinue et ne vienne perturber les relations. Tous les hommes appartiennent à une unique et même famille. La mise en avant exagérée de leurs différences contraste avec cette vérité fondamentale. Il faut retrouver la conscience d'avoir en commun une même destinée, en dernier ressort transcendante, pour pouvoir mettre en valeur au mieux les différences historiques et culturelles, sans s'opposer, mais en se concertant avec les personnes qui appartiennent aux autres cultures. Telles sont les simples vérités qui rendent la paix possible; elles deviennent facilement compréhensibles lorsqu'on écoute son cœur, avec une pureté d'intention. La paix apparaît alors sous un jour nouveau: non comme une simple absence de guerre, mais comme la convivialité des citoyens dans une société gouvernée par la justice, société dans laquelle se réalise aussi le bien pour chacun d'entre eux, autant que faire se peut. La vérité de la paix appelle tous les hommes à entretenir des relations fécondes et sincères; elle les encourage à rechercher et à parcourir les voies du pardon et de la réconciliation, à être transparents dans les discussions et fidèles à la parole donnée

 

19 mars 2006 – Homélie de la Messe

     Le travail revêt une importance primordiale pour la réalisation de l'homme et pour le développement de la société, et c'est pourquoi il faut qu'il soit toujours organisé et accompli dans le plein respect de la dignité humaine et au service du bien commun. Dans le même temps, il est indispensable que l'homme ne se laisse pas asservir par le travail, qu'il ne l'idolâtre pas, en prétendant trouver en celui-ci le sens ultime et définitif de la vie.

 

     L'activité professionnelle doit servir au vrai bien de l'humanité, en permettant "à l'homme, considéré comme individu ou comme membre de la société, de s'épanouir selon la plénitude de sa vocation" (Gaudium et spes, n. 35). Pour que cela advienne, la qualification technique et professionnelle, même si elle est nécessaire, ne suffit pas; la création d'un ordre social juste et attentif au bien de tous n'est pas non plus suffisante. Il faut vivre une spiritualité qui aide les chrétiens à se sanctifier à travers le travail, en imitant saint Joseph qui, chaque jour, a dû pourvoir aux besoins de la Sainte Famille de ses propres mains et que, pour cette raison, l'Eglise indique comme Patron des travailleurs. Son témoignage montre que l'homme est le sujet et l'acteur du travail. Je voudrais lui confier les jeunes qui parviennent avec difficulté à s'insérer dans le monde du travail, les chômeurs et ceux qui souffrent des problèmes dus à l'importante crise de l'emploi. Qu'avec Marie, son Epouse, saint Joseph veille sur tous les travailleurs et obtienne pour les familles et pour toute l'humanité, sérénité et paix. Qu'en tournant le regard vers ce grand saint, les chrétiens apprennent à témoigner dans tous les milieux professionnels de l'amour du Christ, source de solidarité véritable et de paix stable.

 

6 avril 2006 -  Rencontre avec les jeunes du diocèse de Rome, Place Saint Pierre

     Il me semble que le grand défi de notre temps  soit la sécularisation:  c'est-à-dire une façon de vivre et de présenter le monde comme "si Deus non daretur", c'est-à-dire comme si Dieu n'existait pas. On veut réduire Dieu à la sphère du privé, à un sentiment, comme s'Il n'était pas une réalité objective et ainsi, chacun forme son propre projet de vie. Mais cette vision qui se présente comme si elle était scientifique, n'accepte comme valable que ce qui peut être vérifié par l'expérience. Avec un Dieu qui ne se prête pas à l'expérience immédiate, cette vision finit par déchirer également la société:  il en découle en effet que chacun forme son projet et à la fin, chacun s'oppose à l'autre. Une situation, comme on le voit, clairement invivable. Nous devons rendre Dieu à nouveau présent dans nos sociétés. Cela me semble être la première nécessité:  que Dieu soit à nouveau présent dans notre vie, que nous ne vivions pas comme si nous étions autonomes, autorisés à inventer ce que sont la liberté et la vie. Nous devons prendre acte du fait que nous sommes des créatures, constater qu'il y a un Dieu qui nous a créés et que demeurer dans sa volonté n'est pas une dépendance, mais un don d'amour qui nous fait vivre.

      Connaître Dieu, reconnaître que Dieu est présent dans ma vie, et que Dieu joue un rôle. Si nous reconnaissons que Dieu est présent, que notre liberté est une liberté partagée avec les autres et qu'il doit donc y avoir un paramètre commun pour construire une réalité commune, cela soulève la question : quel Dieu ? Il existe en effet tant de fausses images de Dieu, d'un Dieu violent, etc.

     Il nous faut reconnaître le Dieu qui nous a montré son Visage en Jésus, qui a souffert pour nous, qui nous a aimés jusqu'à la mort et ainsi, a vaincu la violence. Il faut rendre présent, avant tout dans notre "propre vie", le Dieu vivant, le Dieu qui n'est pas un inconnu, un Dieu inventé, un Dieu uniquement pensant, mais un Dieu qui s'est montré, qui s'est révélé, et qui a révélé son Visage. Ce n'est qu'ainsi que notre vie devient véritable, authentiquement humaine et ainsi également, les critères du véritable humanisme deviennent présents dans la société.

 

 

 

28 septembre 2006 – Au nouvel Ambassadeur d’Allemagne près le Saint-Siège

     Lorsque la société croît et que les personnes se renforcent dans le bien, grâce au message de la foi, la coexistence sociale en bénéficie et les citoyens renforcent leur disponibilité à assumer leur responsabilité pour le bien commun.

 

 

 

19 octobre 2006 – Discours au Congrès de l’Eglise en Italie, à Verona

     Le Christ en effet est venu pour sauver l'homme réel et concret, qui vit dans l'histoire et dans la communauté, et c'est pourquoi le christianisme et l'Eglise, dès les origines, ont également eu une dimension et une vertu publiques. Comme je l'ai écrit dans l'Encyclique Deus Caritas Est (cf. 28-29), sur les relations entre religion et politique, Jésus Christ a apporté une nouveauté substantielle, qui a ouvert la voie à un monde plus humain et plus libre, à travers la distinction et l'autonomie réciproque entre l'Etat et l'Eglise, entre ce qui est à César et ce qui est à Dieu (cf. Mt 22, 21). La liberté religieuse elle-même, que nous percevons comme une valeur universelle, particulièrement nécessaire dans le monde d'aujourd'hui, trouve ici sa racine historique. L'Eglise, par conséquent, n'est pas et n'entend pas être un agent politique. Dans le même temps, elle a un intérêt profond pour le bien de la communauté politique, dont l'âme est la justice, et elle lui offre à un double niveau sa contribution spécifique. La foi chrétienne, en effet, purifie la raison et l'aide à mieux être elle-même : à travers sa doctrine sociale par conséquent, argumentée à partir de ce qui est conforme à la nature de tout être humain, l'Eglise contribue à faire en sorte que ce qui est juste puisse être efficacement reconnu puis également réalisé. Dans ce but, il y a clairement un besoin indispensable des énergies morales et spirituelles qui consentent de placer les exigences de la justice avant les intérêts personnels, ou ceux d'une catégorie sociale, ou même d'un Etat : ici, à nouveau, il y a pour l'Eglise un espace très large, pour enraciner ces énergies dans les consciences, les alimenter et les renforcer. Le devoir immédiat d'agir dans le domaine politique pour construire un ordre juste dans la société n'est donc pas celui de l'Eglise en tant que telle, mais celui des fidèles laïcs qui œuvrent en tant que citoyens sous leur propre responsabilité : il s'agit d'un devoir de la plus grande importance, auquel les chrétiens laïcs italiens sont appelés à se consacrer avec générosité et avec courage, éclairés par la foi et par le magistère de l'Eglise et animés par la charité du Christ.

 

 

26 octobre 2006 – Au nouvel Ambassadeur de Belgique près le Saint-Siège

     L'unité d'un pays, toujours à parfaire, nous le savons bien, requiert de la part de tous la volonté de servir l'intérêt commun et de se connaître toujours mieux grâce au dialogue et à l'enrichissement mutuel.

 

14 décembre 2006 – A de nouveaux Ambassadeurs près le Saint-Siège

     Il est en effet du devoir des Responsables de la société de ne pas créer ni d'entretenir dans un pays ou dans une région des situations d'insatisfactions graves, sur le plan politique, économique ou social, qui laisseraient penser aux personnes qu'elles sont mises à l'écart de la société, des lieux de décision et de gestion, et qu'elles n'ont pas le droit de bénéficier des fruits du produit national. De telles injustices ne peuvent qu'être source de désordres et engendrer une sorte d'escalade de la violence. La recherche de la paix, de la justice et de la bonne entente entre tous doit être un des objectifs prioritaires, exigeant des personnes qui exercent des responsabilités d'être attentif aux réalités concrètes du pays, s'attachant à supprimer tout ce qui s'oppose à l'équité et à la solidarité, notamment la corruption et le manque de partage des ressources.
 

     Cela suppose donc que les personnes qui détiennent une autorité dans la Nation aient le souci constant de considérer leur engagement politique et social comme un service des personnes et non comme la recherche de bénéfices pour un petit nombre, au détriment du bien commun. Je sais qu'il faut un certain courage pour maintenir le cap au milieu des difficultés, en ayant comme objectif le bien des individus et de la communauté nationale. Cependant, dans la vie publique, le courage est une vertu indispensable pour ne pas se laisser guider par des idéologies partisanes, ni par des groupes de pression, ni encore par le désir du pouvoir. Comme le rappelle la Doctrine sociale de l'Église, le bien des personnes et des peuples doit toujours rester le critère primordial des décisions dans la vie sociale.

 

 

 

14 décembre 2006 - Au nouvel Ambassadeur du Kirghiastan
     Les relations diplomatiques de l'Eglise constituent une partie de sa mission au service de la Communauté internationale. Son engagement au sein de la société civile est fondé sur la conviction que la tâche d'édifier un monde plus juste doit reconnaître et prendre en compte la vocation surnaturelle de l'homme. Le Saint-Siège s'efforce donc de promouvoir une conception de la personne humaine qui "reçoit de Dieu sa dignité essentielle et, avec elle, la capacité de transcender toute organisation de la société dans le sens de la vérité et du bien" (Centesimus annus, n. 38). A partir de cette conception, l'Eglise aide la vaste gamme des cultures et des nations qui composent notre monde à organiser et protéger les valeurs universelles qui préservent la dignité de chaque personne et servent le bien commun.

     Il faut garder à l'esprit que le facteur important du développement économique comporte un aspect moral d'une importance cruciale pour le bien-être et le progrès pacifique d'une nation. C'est là que l'exigence de justice est satisfaite (cf. Sollicitudo rei socialis, n. 10). Le droit à un travail raisonnable, et à un niveau de vie acceptable, l'assurance d'une juste distribution des biens et des richesses, et l'utilisation responsable des ressources naturelles dépendent tous d'un concept de croissance qui ne se limite pas à satisfaire simplement les nécessités matérielles. Au contraire, une telle notion doit également souligner la dignité de toute personne humaine - le sujet propre de tout progrès - et donc promouvoir le bien commun de toute l'humanité….

 

     Les aspirations légitimes du développement économique sont intrinsèquement liées aux principes et aux pratiques qui favorisent la stabilité civile nécessaire à la prospérité

 

14 décembre 2006 - Au nouvel Ambassadeur du Danemark
    Ce service (du Saint-Siège) à la paix est enraciné dans la ferme conviction, inspirée par la foi, de l'unité de la famille humaine et de la dignité et des droits de chaque personne, conférés par Dieu. La paix, dans les paroles du prophète Isaïe (32, 17), est le fruit de la justice, mais elle est aussi le fruit de l'amour qui dépasse ce que la justice seule ne peut garantir (cf. Gaudium et spes, n. 78). Dans sa proclamation de l'Evangile, et dans son service à la charité, l'Eglise désire coopérer avec tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté dans l'édification d'une communauté mondiale dans laquelle la haine et l'intolérance, l'injustice et la violence puissent laisser la place à la compréhension, la réconciliation et la généreuse coopération réciproques, dans la poursuite du bien commun. Seule, une telle coopération, capable de transcender les frontières nationales, ethniques et religieuses, peut prévaloir en définitive sur les nombreuses menaces actuelles contre la paix, y compris le fléau du terrorisme international et les idéologies qui l'inspirent.
 

 

2007

 

8 janvier 2007 – Au Corps Diplomatique

     Un autre élément important dans l'effort commun pour l'éradication de la misère requiert non seulement une assistance, dont on ne peut que souhaiter l'expansion, mais aussi la prise de conscience de l'importance de la lutte contre la corruption et la promotion de la bonne gouvernance…

 

     Dans son engagement au service de l'homme et de la construction de la paix, l'Église est aux côtés de toutes les personnes de bonne volonté et elle offre une collaboration désintéressée. Qu'ensemble, chacun à sa place et avec ses propres talents, nous sachions travailler à la construction d'un humanisme intégral qui peut seul assurer un monde pacifique, juste et solidaire

 

 

19 janvier 2007 - Au nouvel Ambassadeur de Turquie près le Saint-Siège

     Lors de mes différentes rencontres avec les Autorités politiques, j'ai voulu réaffirmer l'enracinement de l'Église catholique dans la société turque, grâce à l'héritage prestigieux des premières communautés chrétiennes d'Asie mineure et à la contribution irremplaçable à la vie de l'Église universelle des premiers conciles œcuméniques, mais aussi en raison de l'existence des communautés chrétiennes d'aujourd'hui, certes minoritaires, mais attachées à leur pays et au bien commun de toute la société, désirant apporter leur contribution à l'édification de la Nation…

 

    Les religions peuvent aussi unir leurs efforts pour agir en faveur du respect de l'homme, créé à l'image du Tout-Puissant, et pour faire reconnaître les valeurs fondamentales qui régissent la vie des personnes et des sociétés. Le dialogue, nécessaire entre les Autorités religieuses à tous les niveaux, commence dans la vie de tous les jours par l'estime et le respect mutuels que se portent les croyants de chaque religion, partageant la même vie et œuvrant ensemble pour le bien commun…

 

     Permettez-moi, Monsieur l'Ambassadeur, de saluer par votre intermédiaire les communautés catholiques de Turquie que j'ai eu la joie de visiter, en particulier à Éphèse et à Istanbul. Aux évêques, aux prêtres et à tous les fidèles, je redis l'affection du Successeur de Pierre et ses encouragements pour que l'Église catholique qui est en Turquie continue de témoigner humblement et fidèlement de l'amour de Dieu à travers le dialogue avec tous, particulièrement les croyants musulmans, et à travers son engagement au service du bien commun.

 

 

10 février 2007 – A l’Académie des Sciences morales et politiques

    La réflexion et l'action des Autorités et des citoyens doivent être centrées autour de deux éléments: le respect de tout être humain et la recherche du bien commun. Dans le monde actuel, il est plus que jamais urgent d'inviter nos contemporains à une attention renouvelée à ces deux éléments. En effet, le développement du subjectivisme, qui fait que chacun a tendance à se prendre comme seule référence et à considérer que ce qu'il pense a le caractère de la vérité, nous incite à former les consciences sur les valeurs fondamentales, qui ne peuvent être bafouées sans mettre en danger l'homme et la société elle-même, et sur les critères objectifs d'une décision, qui supposent un acte de raison.
 

     La personne humaine est «un être constitutivement en relation», appelé à se sentir chaque jour davantage responsable de ses frères et sœurs en humanité. La question posée par Dieu, dès le premier texte de l'Écriture, doit sans cesse résonner dans le cœur de chacun: «Qu'as-tu fait de ton frère ?» Le sens de la fraternité et de la solidarité, et le sens du bien commun reposent sur une vigilance par rapport à ses frères et par rapport à l'organisation de la société, donnant une place à chacun, afin qu'il puisse vivre dans la dignité, avoir un toit et le nécessaire pour son existence et pour celle de la famille dont il a la charge. C'est dans cet esprit qu'il faut comprendre la motion que vous avez votée, au mois d'octobre dernier, concernant les droits de l'homme et la liberté d'expression, qui fait partie des droits fondamentaux, ayant toujours à cœur de ne pas bafouer la dignité fondamentale des personnes et des groupes humains, et de respecter leurs croyances religieuses.

 

     Qu'il me soit permis d'évoquer …devant vous la figure d'Andreï Dimitrijevitch Sakharov, auquel j'ai succédé à l'Académie. Cette haute personnalité nous rappelle qu'il est nécessaire, dans la vie personnelle comme dans la vie publique, d'avoir le courage de dire la vérité et de la suivre, d'être libre par rapport au monde ambiant qui a souvent tendance à imposer ses façons de voir et les comportements à adopter. La véritable liberté consiste à marcher dans la voie de la vérité, selon sa vocation propre, sachant que chacun aura à rendre compte de sa vie à son Créateur et Sauveur. Il importe que nous sachions proposer aux jeunes un tel chemin, leur rappelant que le véritable épanouissement n'est pas à n'importe quel prix et les invitant à ne pas se contenter de suivre toutes les modes qui se présentent. Ainsi, ils sauront avec courage et ténacité discerner le chemin de la liberté et du bonheur, qui suppose de vivre un certain nombre d'exigences et de réaliser les efforts, les sacrifices et les renoncements nécessaires pour agir bien.

     Un des défis pour nos contemporains, et particulièrement pour la jeunesse, consiste à accepter de ne pas vivre simplement dans l'extériorité, dans le paraître, mais à développer la vie intérieure, lieu unificateur de l'être et de l'agir, lieu de la reconnaissance de notre dignité d'enfants de Dieu appelés à la liberté, non pas en se séparant de la source de la vie, mais en y demeurant relié. Ce qui réjouit le cœur de l'homme, c'est de se reconnaître fils et filles de Dieu, c'est une vie belle et bonne sous le regard de Dieu, ainsi que les victoires réalisées sur le mal et contre le mensonge. En permettant à chacun de découvrir que sa vie a un sens et qu'il en est responsable, nous ouvrons la voie à une maturation des personnes et à une humanité réconciliée, soucieuse du bien commun.
 

     Le savant russe Sakharov en est un exemple; alors que, sous la période communiste, sa liberté extérieure était entravée, sa liberté intérieure, que nul ne pouvait lui enlever, l'autorisait à prendre la parole pour défendre avec fermeté ses compatriotes, au nom même du bien commun. Aujourd'hui encore, il importe que l'homme ne se laisse pas entraver par des chaînes extérieures, telles que le relativisme, la recherche du pouvoir et du profit à tout prix, la drogue, des relations affectives désordonnées, la confusion au niveau du mariage, la non-reconnaissance de l'être humain dans toutes les étapes de son existence, de sa conception à sa fin naturelle, laissant penser qu'il y a des périodes où l'être humain n'existerait pas vraiment. Nous devons avoir le courage de rappeler à nos contemporains ce qu'est l'homme et

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