Benoît XVI de A à Z

Europe

Europe

 

2005

 

13 mai 2005 - Avec les prêtres de Rome
      Un de nos confrères a parlé de notre responsabilité envers l'Afrique. Nous avons vu comment l'Afrique est présente à Rome, de même que l'Inde et le monde entier. Et cette présence de nos frères nous oblige non seulement à penser à nous, mais à sentir précisément en ce moment historique, en toutes ces circonstances que nous connaissons, la présence des autres continents. Il me semble qu'en ce moment, nous avons une responsabilité particulière envers l'Afrique, envers l'Amérique latine et envers l'Asie, où le christianisme — exception faite des Philippines — est encore en très grande minorité, même s'il grandit en Inde et se présente comme une force d'avenir. Nous pensons donc aussi précisément à cette responsabilité. L'Afrique est un continent aux très grandes potentialités, dont les populations témoignent d'une très grande générosité, avec une foi vivante qui impressionne. Mais nous devons confesser que l'Europe a exporté non seulement la foi dans le Christ, mais également tous les vices du vieux continent. Elle a exporté le sens de la corruption, elle a exporté la violence qui dévaste à présent l'Afrique. Et nous devons reconnaître notre responsabilité dans ce qui peut permettre que l'exportation de la foi, qui répond à l'attente profonde de chaque homme, soit plus forte que l'exportation des vices de l'Europe. Il me semble qu'il s'agit d'une grande responsabilité. Le commerce des armes a encore lieu. On exploite les trésors de cette terre. Et nous, chrétiens, devons faire toujours de notre mieux pour que la foi y arrive et, avec la foi, la force de résister à ces vices et de reconstruire une Afrique chrétienne, qui sera une Afrique heureuse, un grand continent de l'humanisme nouveau.

 

19 Mai 2005 - Au nouvel Ambassadeur de Macédoine 19.5.2005

      De même que Cyrille et Méthode reconnurent le besoin urgent de traduire correctement les notions bibliques et les concepts théologiques grecs dans un cadre très différent de pensée et d'expérience historique, aujourd'hui, la tâche principale à laquelle les chrétiens d'Europe doivent faire face consiste à apporter la noble lumière de la Révélation sur tout ce qui est bon, vrai et beau. De cette façon, tous les peuples et nations seront attirés vers la paix et la liberté que Dieu le Créateur désire pour tous…

     … Monsieur l'Ambassadeur, vous avez mentionné que le but de l'intégration sociale que votre gouvernement poursuit courageusement vous rapproche de façon légitime du reste de l'Europe. En effet, vos traditions et votre culture y trouvent un écho naturel et appartiennent à l'esprit qui imprègne ce continent. Comme l'a dit mon bien-aimé prédécesseur en de nombreuses occasions:  L'Europe a besoin des nations des Balkans et celles-ci ont besoin de l'Europe! L'entrée dans la Communauté européenne, ne devrait pas, toutefois, être perçue uniquement comme une panacée pour surmonter les difficultés économiques. Dans le processus d'élargissement de l'Union européenne, il est "capital" de rappeler que l'Union "n'aurait pas de consistance si elle était réduite à ses seules composantes géographiques et économiques". Au contraire, elle doit "avant tout consister en une harmonisation des valeurs appelées à s'exprimer dans le droit et dans la vie" (Ecclesia in Europa, n. 110). Cela exige à juste titre de chaque Etat une organisation correcte de la société, qui retrouve de façon créative l'âme de l'Europe, acquise à travers la contribution décisive du christianisme, en affirmant la dignité de la personne humaine et les valeurs de la raison, de la liberté, de la démocratie et de l'Etat de droit (cf. ibid., n. 109).  

 

 

23 mai 2005 – Au Premier Ministre de Macédoine

      Les saints frères Cyrille et Méthode, Apôtres des peuples slaves, ont contribué de façon significative à la formation de l’Europe. Leur activité humaine et chrétienne a laissé des traces indélébiles dans l'histoire de votre pays. … Cyrille et Méthode, originaires de Salonique, envoyés en mission parmi les peuples slaves par l'Eglise de Byzance, ont jeté les bases d'une authentique culture chrétienne et, dans le même temps, ont créé de façon concrète les conditions de la paix parmi les différentes populations. Ces valeurs de paix et de fraternité, que ces saints patrons de l'Europe, avec saint Benoît, ont inlassablement défendues, demeurent des éléments indispensables pour construire des communautés de solidarité, ouvertes au progrès humain intégral, respectant la dignité de chaque être humain et de tout l'être humain.

    Je suis convaincu que la façon de donner vie à une société véritablement attentive au bien commun est de rechercher dans l'Evangile les racines de valeurs communes, comme le montre l'expérience des saints Cyrille et Méthode. Tel est le désir ardent de l'Eglise catholique, dont l'unique intérêt est de diffuser et de témoigner du message d'espérance et d'amour de Jésus Christ, du message de vie qui, au fil des siècles, a inspiré de nombreux martyrs et confesseurs de la foi.

 

 

23 mai 2005 – Audience au Président de la République de Bulgarie

       Saints Cyrille et Méthode, co-patrons de l’Europe, ont forgé dans une perspective chrétienne les valeurs humaines et culturelles des Bulgares et d’autres nations slaves. On peut dire également que, par leur action évangélisatrice, c’est l’Europe qui a été formée, cette Europe dont la Bulgarie se sent partie prenante. La Bulgarie réalise même qu’elle a vis-à-vis des autres peuples un devoir particulier, à savoir d’être l’un des ponts entre l’Occident et l’Orient. En m’adressant à vous, je veux exprimer mes encouragements à tous vos concitoyens, afin qu’ils poursuivent avec confiance cette mission politique et sociale spécifique.
     Je voudrais formuler le souhait fervent que votre nation sache continuellement promouvoir en Europe les valeurs culturelles et spirituelles qui constituent son identité.

 

 

 

 

30 mai 2005 - Aux Evêques d’Italie

      Il est vrai que la forme de culture fondée sur une rationalité purement fonctionnelle, qui contredit et tend à exclure le christianisme et en général les traditions religieuses et morales de l'humanité, est présente et active en Italie comme un peu partout en Europe. Ici, cependant, son hégémonie n'est pas du tout absolue et encore moins indiscutée:  en effet, nombreuses sont les personnes qui, même parmi ceux qui ne partagent pas ou ne pratiquent pas notre foi, ressentent combien une telle forme de culture constitue en réalité une dangereuse mutilation de l'homme et de sa raison.

 

 

 

16 juin 2005 - Au premier Ambassadeur d’Azerbaïdjan près le Saint-Siège

     …Si la dimension spirituelle des personnes est réprimée ou même niée, c'est l'âme de la nation qui est anéantie. Au cours de la tragique époque d'intimidation dans l'histoire de l'Europe de l'Est, alors que prévalait la suprématie de la force, les communautés de foi monothéiste présentes depuis des siècles dans votre pays ont conservé l'espérance de la justice et de la liberté, et d'un avenir dans lequel la suprématie de la vérité l'emporterait. Aujourd'hui, elles proposent à nouveau cela...

     … Ce n'est qu'en respectant la dignité inviolable de la personne humaine et en promouvant les libertés individuelles qui en découlent que l'on peut édifier une société civile qui contribue au bien-être de tous ses citoyens. – au premier Ambassadeur d’Azerbaïdjan près le Saint-Siège 16.6.2005

 

 

16 juin 2005 -  Au nouvel Ambassadeur de Malte

      Je connais bien la fidélité à l'Evangile et à l'Eglise qui caractérise, Monsieur l'Ambassadeur, les chrétiens du pays que vous représentez. Cohérents avec leurs racines chrétiennes, ils comprennent l'importance de leur mission également en cette phase délicate de l'histoire européenne et mondiale. Le peuple de Malte sait qu'il est une partie intégrante du grand espace appelé Europe et en harmonie avec les nobles traditions spirituelles et culturelles qui l'ont toujours caractérisé au cours des siècles. Il veut se prodiguer afin que la communauté européenne du troisième millénaire ne perde pas le patrimoine de valeurs culturelles  et  religieuses de son passé. En effet, ce n'est qu'à ces conditions que l'on pourra construire avec une solide espérance un avenir de solidarité et de paix.

     Donner vie à une Europe unie et solidaire représente un engagement de tous les peuples qui la composent. En effet, l'Europe doit savoir conjuguer les intérêts légitimes de chaque nation avec les exigences du bien commun du continent tout entier. Je vous suis reconnaissant, Monsieur l'Ambassadeur, d'avoir exprimé la volonté renouvelée de votre pays de jouer un rôle actif en cette nouvelle période historique du Continent, contribuant à consolider ses capacités de dialogue, de défense et de promotion de la famille fondée sur le mariage, les traditions chrétiennes, l'ouverture et la rencontre avec des cultures et des religions différentes.

 

 

 

24 juin 2005 - Au Président de la République d’Italie

     … J'ai à coeur de vous assurer, Monsieur le Président, ainsi qu'à tout le Peuple italien, que l'Eglise désire conserver et promouvoir un esprit de collaboration et d'entente cordial au service de la croissance spirituelle et morale du pays, auquel elle est liée par des liens très particuliers, qu'il serait gravement nuisible, non seulement pour elle mais également pour l'Italie, de tenter d'affaiblir et de briser. La culture italienne est une culture profondément imprégnée de valeurs chrétiennes, comme il ressort des splendides chefs-d'oeuvre que la nation a produits dans tous les domaines de la pensée et de l'art. Mon souhait est que non seulement le Peuple italien ne renie pas l'héritage chrétien qui appartient à son histoire, mais qu'il le conserve jalousement et l'amène à porter encore des fruits dignes du passé. Je suis assuré que l'Italie, sous la direction sage et exemplaire de ceux qui sont appelés à la gouverner, continuera à accomplir dans le monde la mission civilisatrice dans laquelle elle s'est profondément distinguée au cours des siècles. En vertu de son histoire et de sa culture, l'Italie peut apporter une contribution très précieuse en particulier à l'Europe, en l'aidant à redécouvrir les racines chrétiennes qui lui ont conféré sa grandeur par le passé et qui peuvent aujourd'hui encore favoriser l'unité profonde du continent.

 

10 juillet 2005. – Angelus

       C’est demain la fête de saint Benoît, Abbé, patron de l’Europe, un saint qui m’est particulièrement cher, comme le suggère le choix que j’ai fait de son nom. Né à Nursie en 480, Benoît fit ses premières études à Rome, mais, déçu par la vie de la ville, il se retira à Subiaco, où il resta pendant environ trois ans, dans une grotte, le célèbre « Sacro Speco », en se dédiant entièrement à Dieu. A Subiaco, se servant des ruines d’une villa cyclopéenne de l’empereur Néron, il construisit, avec ses disciples, plusieurs monastères et donna ainsi la vie à la communauté fraternelle fondée sur le primat de l’amour du Christ, dans laquelle la prière et le travail s’alternaient harmonieusement avec la louange de Dieu. Quelques années plus tard, au Mont-Cassin, il donna une forme accomplie à ce projet, et il mit par écrit la « Règle », seule œuvre de lui qui nous soit parvenue. Parmi les cendres de l’Empire romain, Benoît, cherchant avant tout le Royaume de Dieu, jeta, peut-être sans s’en rendre compte, la semence d’une nouvelle civilisation qui allait se développer en intégrant les valeurs chrétiennes à l’héritage classique, d’une part, et les cultures germanique et slave d’autre part.

     Il y a un aspect typique de sa spiritualité que je voudrais souligner particulièrement aujourd'hui. Benoît n’a pas fondé une institution monastique avec pour fin principale l’évangélisation des peuples barbares, comme d’autres grands missionnaires de l’époque, mais il a indiqué à ses disciples comme but fondamental, et même unique, de l’existence, la recherche de Dieu : "Quaerere Deum". Mais il savait que lorsque le croyant entre en relation profonde avec Dieu, il ne peut se contenter de vivre de façon médiocre à l’enseigne d’une éthique minimaliste et d’une religiosité superficielle. Sous cette lumière, on comprend alors mieux l’expression que Benoît a tirée de saint Cyprien et qui synthétise dans sa Règle (IV, 21) le programme de vie des moines: "Nihil amori Christi praeponere", « Ne rien placer avant l’amour du Christ ». C’est en cela que consiste la sainteté, proposition valide pour tout chrétien et devenue une véritable urgence pastorale à notre époque où l’on ressent le besoin d’ancrer la vie et l’histoire sur de solides références spirituelles.
 
     La très sainte Vierge Marie est un modèle sublime et parfait de sainteté, elle qui a vécu en communion constante et profonde avec le Christ. Nous invoquons son intercession, avec celle de saint Benoît, afin que le Seigneur multiplie aussi à notre époque des hommes et des femmes qui, à travers une foi éclairée, témoignée dans la vie, soient en ce nouveau millénaire sel de la terre et lumière du monde.

 

 

24 juillet 2005 – Angelus
      L'apôtre saint Jacques, frère de Jean, qui a été le premier martyr parmi les apôtres. Il était l'un des trois plus proches disciples du Seigneur et il a participé à la fois à la Transfiguration sur le Mont Thabor – avec sa beauté où apparaissait la splendeur de la divinité du Seigneur –, et à l'inquiétude, à l'angoisse du Seigneur sur le Mont des Oliviers. Il a ainsi également appris que le Fils de Dieu, pour porter le poids du monde, a fait l'expérience de toute notre souffrance et qu'il est solidaire avec nous. Vous savez que les reliques de saint Jacques sont vénérées dans le célèbre sanctuaire de Compostelle, en Galicie, en Espagne, but d'innombrables pèlerins provenant de toutes les régions d'Europe. Hier, nous avons commémoré sainte Brigitte de Suède, patronne de l'Europe. Le 11 juillet dernier, nous avons célébré saint Benoît, autre grand patron du « vieux continent » et, comme vous le savez, mon patron depuis que j'ai été élu au ministère de Pierre. En contemplant ces saints, il est naturel de s'arrêter pour réfléchir, précisément en ce moment historique, avec tous ses problèmes, sur la contribution que le christianisme a offerte et continue d'offrir à la construction de l'Europe.

     Je voudrais le faire en retournant par la pensée au pèlerinage que mon bien-aimé prédécesseur, le serviteur de Dieu Jean-Paul II fit, en 1982, à Saint-Jacques-de-Compostelle, où il accomplit un « acte européen » solennel au cours duquel il prononça ces paroles mémorables d'une grande actualité, que je répète à présent: « Moi, évêque de Rome et pasteur de l'Eglise universelle, de Saint-Jacques je te lance, ô vieille Europe, un cri plein d'amour : Rencontre-toi de nouveau. Sois toi-même. Découvre tes origines. Ravive tes racines. Revis ces valeurs authentiques qui firent glorieuse ton histoire et bienfaisant ta présence dans les autres continents » (Insegnamenti, vol. V/3, 1982, p. 1260). Jean-Paul II lança alors le projet d'une Europe consciente de son unité spirituelle qui s'appuie sur le fondement des valeurs chrétiennes. Il revint sur ce thème à l'occasion de la Journée mondiale de la Jeunesse en 1989, qui se déroula précisément à Saint-Jacques de Compostelle. Il souhaita une Europe sans frontières, qui ne renie pas les racines chrétiennes qui l'ont fait naître et ne renonce pas à l'humanisme authentique de l'Evangile du Christ ! (Homélie lors de la Messe dans la Basilique de Covadonga, cf. Insegnamenti, vol. XII/2, 1989, p. 328). Son appel est particulièrement actuel à la lumière des événements récents du continent européen !

     Dans moins d'un mois, je me rendrai moi aussi en tant que pèlerin dans une cathédrale européenne historique, celle de Cologne, où les jeunes se sont donnés rendez-vous pour leur XXe Journée mondiale. Prions afin que les nouvelles générations, en puisant leur sève vitale dans le Christ, sachent être dans les sociétés européennes un ferment d'humanisme renouvelé, dans lequel la foi et la raison coopèrent, à travers un dialogue fécond, à la promotion de l'homme et à l'édification de la paix authentique. Nous le demandons à Dieu par l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie, qui veille comme Mère et Reine sur le chemin de toutes les nations.

 

18 août 2005 – JMJ Cologne - Discours d’accueil des jeunes

    Laissons monter de notre coeur un hymne de louange et d'action de grâce au Père pour tant de bienfaits qu'il nous a accordés et pour le don de la foi que nous célébrerons ensemble, le manifestant au monde à partir de cette terre située au centre de l'Europe, d'une Europe qui doit beaucoup à l'Evangile et à ses témoins au cours des siècles.

 

 

 

 

2006

 

 

1er janvier 2006 – Message pour la Journée Mondiale de la Paix

     Le nom… de Benoît, que j'ai choisi le jour de mon élection au Siège de Pierre, indique mon engagement déterminé en faveur de la paix. J'ai ainsi voulu me référer à la fois au Saint Patron de l'Europe, inspirateur d'une civilisation pacificatrice dans le continent tout entier, et au Pape Benoît XV, qui condamna la Première Guerre mondiale comme « un massacre inutile »  et qui a tout mis en œuvre pour que les raisons supérieures de la paix soient reconnues par tous.
 

 

 

8 janvier 2006 – Homélie Messe Baptêmes – Chapelle Sixtine

    Dans le Baptême chaque enfant est introduit dans une compagnie d'amis qui ne l'abandonnera jamais dans la vie ni dans la mort, parce que cette compagnie d'amis est la famille de Dieu, qui porte en elle la promesse de l'éternité. Cette compagnie d'amis, cette famille de Dieu, dans laquelle à présent l'enfant est introduit, l'accompagnera toujours même aux jours de la souffrance, dans les nuits obscures de la vie ; elle lui donnera consolation, réconfort, lumière. Cette compagnie, cette famille lui donnera la parole de vie éternelle. Paroles de lumière qui répondent aux grands défis de la vie et donnent l'indication juste sur la route à prendre. Cette compagnie offre à l'enfant consolation et réconfort, l'amour de Dieu même au seuil de la mort, dans la vallée obscure de la mort. Elle lui donnera l'amitié, elle lui donnera la vie. Et cette compagnie, absolument fiable, ne disparaîtra jamais. Personne d'entre nous ne sait ce qui adviendra sur notre planète, dans notre Europe, dans les cinquante, soixante, soixante-dix années à venir. Mais nous sommes sûrs d'une chose : la famille de Dieu sera toujours présente et celui qui appartient à cette famille ne sera jamais seul, il aura toujours l'amitié sûre de Celui qui est la vie.

      Cette famille de Dieu, cette compagnie d'amis est éternelle, parce qu'elle est communion avec Celui qui a vaincu la mort, qui a entre les mains les clés de la vie. Etre dans la compagnie, dans la famille de Dieu, signifie être en communion avec le Christ, qui est vie et donne l'amour éternel au-delà de la mort. Et si nous pouvons dire qu'amour et vérité sont source de vie, qu'ils sont la vie - et une vie sans amour n'est pas la vie - nous pouvons dire que cette compagnie avec Celui qui est réellement la vie, avec Celui qui est le Sacrement de la vie, répondra à votre attente, à votre espérance.
 

 

 

 

2 mars 2006 – Avec les prêtres du Diocèse de Rome

     En Europe, c'est précisément par l'intermédiaire du christianisme que, au-delà des ethnies qui existaient, se sont formés les grands corps des nations, les grandes langues, et ainsi des communions de cultures et des espaces de paix. Même si, ensuite, ces grands espaces de paix se sont opposés entre eux et ont aussi créé une nouvelle espèce de guerre qui n'existait pas auparavant….

 

   L'Europe a importé ses idéologies, ses intérêts, mais elle a également importé, avec la mission, le facteur de la guérison. Aujourd'hui, nous avons encore davantage la responsabilité d'avoir nous aussi une foi zélée, qui puisse être communiquée, qui veut aider les autres, qui est bien consciente que donner la foi ne signifie pas introduire une force d'aliénation, mais apporter le don véritable dont l'homme a besoin, précisément pour être aussi une créature de l'amour.
 

 

2 septembre 2006 - Message du pape Benoît XVI à l'occasion du XXème anniversaire de la Rencontre Interreligieuse de prière pour la paix  - (Assise 27 octobre 1986)
     «Cette année, on célèbre le vingtième anniversaire de la rencontre interreligieuse de prière pour la paix, voulue par mon vénéré prédécesseur, Jean-Paul II, le 27 octobre 1986, dans cette cité d'Assise. À une telle rencontre, on le sait, il convia non seulement les chrétiens de diverses confessions, mais aussi des représentants des différentes religions. L'initiative eut un large écho dans l'opinion publique : elle constitua un message vibrant en faveur de la paix et se révéla un événement destiné à laisser un signe dans l'histoire de notre temps. Il est alors compréhensible que le souvenir d'un tel événement continue de susciter des initiatives de réflexion et d'engagement. Plusieurs sont déjà prévus justement à Assise, à l'occasion du vingtième anniversaire de cet événement…. Ces initiatives, chacune avec sa dimension propre, mettent en évidence la valeur de l'intuition qu'a eue Jean-Paul II et en montrent l'actualité à la lumière des événements qui ont eu lieu ces vingt dernières années, et de la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui l'humanité. Le fait le plus significatif dans cette période fut, sans aucun doute, la chute, dans l'Est européen, des régimes d'inspiration communiste. Et, avec elle, la fin de la guerre froide, qui avait généré une sorte de partition du monde en sphères d'influence opposées, suscitant la préparation d'arsenaux militaires terrifiants et d'armées prêtes à une guerre totale. Ce fut, à l'époque, un moment d'espérance générale de paix, qui a conduit beaucoup à rêver d'un monde différent, dans lequel les relations entre les peuples se développeraient à l'abri du cauchemar de la guerre, et où le processus de « mondialisation » se serait placé sous le signe d'une confrontation pacifique entre les peuples et la culture, dans le cadre d'un droit international partagé, inspiré par le respect de l'exigence de la vérité, de la justice, de la solidarité. Malheureusement, ce rêve de paix ne s'est pas réalisé.
 

 

 

 

28 septembre 2006 – Au nouvel Ambassadeur d’Allemagne près le Saint-Siège

     L'interruption de grossesse, qui est absolument injustifiable et qui coûte la vie, comme cela a toujours été le cas, à de nombreux enfants innocents, demeure une préoccupation douloureuse pour le Saint-Siège et pour toute l'Eglise. Sans doute le débat actuel des responsables politiques sur les interruptions de grossesse à un stade avancé peut renforcer la conscience du fait que le diagnostic d'handicap chez l'enfant ne peut être un motif pour avorter, car la vie avec un handicap est elle aussi voulue et appréciée par Dieu et parce que personne sur cette terre ne peut jamais avoir la certitude de vivre sans limites physiques ou spirituelles. C'est pourquoi l'Eglise ne se lassera jamais d'indiquer aux Institutions européennes spécialisées et aux nations les problèmes éthiques contenus dans le cadre de la recherche sur les cellules-souches embryonnaires et ce que l'on appelle les "nouvelles thérapies"…

 

       La transmission de la culture aux générations successives représente l'un des devoirs importants de l'Etat. Toutefois, le savoir doit aller de pair avec les valeurs, afin que la formation soit authentique. Dans la majorité des Länder allemands, l'Etat partage ce grand défi avec l'Eglise, qui est présente dans les écoles à travers le cours de religion, en tant que matière appartenant au cursus scolaire. Dans de nombreux endroits, les étudiants qui n'appartiennent à aucune confession religieuse suivent une leçon d'éthique "neutre du point de vue religieux". Cette leçon d'éthique ne peut et ne doit en aucun cas être "neutre du point de vue des valeurs". Elle doit permettre aux étudiants de se familiariser avec la grande tradition de l'esprit occidental qui a façonné l'histoire et la culture de l'Europe et qui continue à les inspirer.
     L'Eglise considère qu'il est important que cette leçon d'éthique soit donnée parallèlement à celle de la religion d'appartenance, sans toutefois la remplacer sous aucune forme.

 

 

19 octobre 2006 – Discours au Congrès de l’Eglise d’Italie, à Verone

     On ressent avec une clarté croissante l'insuffisance d'une rationalité refermée sur elle-même et d'une éthique trop individualiste : concrètement, on ressent la gravité du risque de se couper des racines chrétiennes de notre civilisation. Cette sensation, qui est diffuse au sein du peuple italien, est formulée expressément et avec force par un grand nombre d'hommes de culture importants, même parmi ceux qui ne partagent pas, ou tout au moins ne pratiquent pas notre foi. L'Eglise et les catholiques italiens sont donc appelés à saisir cette grande opportunité, et tout d'abord à en être conscients. Notre attitude ne devra donc jamais être celle d'un repliement sur nous-mêmes, signe de renoncement : il faut, au contraire, conserver vivant et si possible accroître notre dynamisme, il faut s'ouvrir avec confiance aux nouvelles relations, ne négliger aucune des énergies qui peuvent contribuer à la croissance culturelle et morale de l'Italie. C'est en effet à nous qu'il revient - pas avec nos pauvres ressources, mais avec la force qui vient de l'Esprit Saint - de donner des réponses positives et convaincantes aux attentes et aux interrogations de notre peuple : si nous savons le faire, l'Eglise qui est en Italie rendra un grand service non seulement à cette nation, mais également à l'Europe et au monde, car la menace du sécularisme est partout présente et la nécessité d'une foi vécue en relation avec les défis de notre temps est tout aussi universelle…

 

     Dans l'union avec le Christ, la Vierge Marie, …nous précède et nous guide. En Elle, nous rencontrons, pure et sans déformation, la véritable essence de l'Eglise et ainsi, à travers Elle, nous apprenons à connaître et à aimer le mystère de l'Eglise qui vit dans l'histoire, nous sentons plus profondément que nous en faisons partie, nous devenons à notre tour des «âmes ecclésiales», nous apprenons à résister à cette «sécularisation intérieure» qui menace l'Eglise de notre temps, conséquence de processus de sécularisation qui ont profondément marqué la civilisation européenne

 

 

 

21 octobre 2006 – Message pour les 90 ans de la Bataille de Verdun

     Il nous faut rendre grâce pour le chemin parcouru depuis les grands conflits mondiaux qui ont ensanglanté l'Europe, faisant de nombreuses victimes. Il nous appartient aujourd'hui de faire en sorte que le sacrifice des hommes tombés sur les champs de bataille par amour pour leur patrie ne soit pas vain

      Verdun, moment sombre de l'histoire du Continent, doit rester dans la mémoire des peuples comme un événement à ne jamais oublier ni à ne jamais revivre, invitant Français et Allemands, et plus largement tous les Européens, à se tourner vers l'avenir et à fonder leurs relations sur la fraternité, la solidarité et l'amitié entre les peuples. Puissent nos contemporains, en particulier les jeunes générations, tirer tous les enseignements de l'histoire et, en s'appuyant sur les racines et les valeurs chrétiennes qui ont largement contribué à façonner l'Europe des nations et l'Europe des peuples, s'attacher à créer des liens de fraternité et de charité entre eux, pour le bien de tous et le développement des pays, prenant soin des plus pauvres et des plus petits.

 

     Verdun est aussi un des symboles de la réconciliation entre deux grandes nations européennes jadis ennemies, appelant tous les pays en guerre à une telle démarche qui fait la joie des personnes, car seule la réconciliation permet de construire l'avenir et de consentir à l'espérance. Seuls la réconciliation et le pardon réciproque peuvent ouvrir à une paix véritable. Provenant d'un esprit chrétien, ils appartiennent aussi aux critères de l'action politique. Telle est aujourd'hui la responsabilité des Dirigeants, des peuples d'Europe et de toutes les nations.

 

 

 

26 octobre 2006 – Au nouvel Ambassadeur de Belgique près le Saint-Siège

     Cinquante ans après le lancement du grand projet de la construction européenne, qui provient de l'esprit chrétien et dont la Belgique était partie prenante dès le début, les avancées sont considérables, même si de nouvelles difficultés sont apparues récemment : le continent européen retrouve peu à peu son unité dans la paix, et l'Union européenne est devenue, dans le monde, une force économique de premier plan, ainsi qu'un signe d'espérance pour beaucoup. Devant les exigences de la mondialisation des échanges et de la solidarité entre les hommes, l'Europe doit continuer de s'ouvrir et de s'engager dans les grands chantiers de la planète. Au premier rang de ces défis, se trouve la question de la paix et de la sécurité. …Il importe au plus haut point que la communauté internationale et tout spécialement l'Union européenne se mobilisent avec détermination en faveur de la paix, du dialogue entre les nations et du développement. …Pour ma part, je peux vous assurer de l'engagement résolu du Saint-Siège à œuvrer de toutes ses forces en faveur de la paix et du développement.

 

7 novembre 2006 – Homélie de la Messe avec les Evêques de Suisse- Chapelle Redemptoris Mater, au Vatican

     Précisément à notre époque, nous connaissons très bien le "non" prononcé par ceux qui ont été invités en premier (lc 14,15-24). En effet, les chrétiens d'Occident, c'est-à-dire les nouveaux "premiers invités", se dérobent aujourd'hui en grand nombre, ils n'ont pas le temps d'aller vers le Seigneur. Nous connaissons bien les Eglises qui se vident toujours plus, les séminaires qui continuent de se vider, les maisons religieuses qui se vident toujours plus; nous connaissons toutes les formes sous lesquelles se présente ce "non, j'ai d'autres choses importantes à faire". Et cela nous fait peur et nous bouleverse d'être témoins de ces invités qui s'excusent et se dérobent, et qui en réalité, devraient comprendre la grandeur de l'invitation et devraient se presser dans cette direction. Mais que devons-nous faire ?

 

          Nous devons avant tout nous poser une question : pourquoi cela a-t-il précisément lieu ? Dans sa parabole, le Seigneur cite deux raisons : la possession et les relations humaines, qui absorbent tellement les personnes qu'elles considèrent qu'elles n'ont plus besoin de rien d'autre pour remplir totalement leur temps et donc leur existence intérieure. Saint Grégoire le Grand, dans sa présentation de ce texte, a tenté d'aller plus loin et s'est demandé: mais comment est-il possible qu'un homme dise "non" à ce qu'il y a de plus grand; qu'il n'ait pas de temps pour ce qui est plus important, qui contient en soi sa propre existence ? Et il répond : En réalité, les hommes n'ont jamais fait l'expérience de Dieu ; ils n'ont jamais "goûté" à Dieu, ils n'ont jamais ressenti combien il est délicieux d'être "touché" par Dieu ! Il leur manque ce "contact" et, à travers cela, le "goût de Dieu". Ce n'est que si, pour ainsi dire, nous le goûtons que nous venons alors au banquet. Saint Grégoire cite le Psaume, … : goûtez et dégustez, et voyez ; goûtez, et alors, vous verrez et vous serez illuminés ! Notre devoir est d'aider les personnes à pouvoir goûter, afin qu'elles puissent sentir à nouveau le goût de Dieu. Dans une autre homélie, saint Grégoire le Grand a approfondi plus encore la même question, et s'est demandé : Comment se fait-il que l'homme ne veuille pas même "goûter" Dieu ? Et il répond : lorsque l'homme est occupé entièrement par son monde, par les choses matérielles, par ce qu'il peut faire, par tout ce qu'il peut réaliser pour connaître le succès, par tout ce qu'il peut produire ou comprendre, alors, sa capacité de perception à l'égard de Dieu s'affaiblit, l'organe qui perçoit Dieu dépérit, devient incapable de percevoir et insensible. Il ne perçoit plus le Divin, car l'organe correspondant en lui s'est desséché, il ne n'est plus développé. Lorsqu'il utilise trop les autres organes, ceux empiriques, alors, il peut advenir que précisément le sens de Dieu s'affaiblisse ; que cet organe meure ; et que l'homme, comme le dit saint Grégoire, ne perçoive plus le regard de Dieu, le fait d'être regardé par Lui - cette chose précieuse qu'est son regard qui se pose sur moi !

 

     Je pense que saint Grégoire le grand a décrit exactement la situation de notre époque - en effet, il s'agissait d'une époque très semblable à la nôtre. Et la question se pose encore : que devons-nous faire ? Je pense que la première chose est …: "Ayez en vous les mêmes sentiments qui sont dans Jésus Christ ! - Touto phroneite en hymin ho kai en Christo Iesou". Apprenez à penser comme a pensé le Christ, apprenez à penser avec Lui ! Et cette façon de penser n'est pas seulement celle de l'esprit, mais également une pensée du cœur. Nous apprenons les sentiments de Jésus Christ lorsque nous apprenons à penser avec Lui et donc, lorsque nous apprenons à penser également à son échec et à sa façon de traverser l'échec, à l'accroissement de son amour dans l'échec. Si nous entrons dans ses sentiments, si nous commençons à nous exercer à penser comme Lui et avec Lui, alors se réveille en nous la joie à l'égard de Dieu, la certitude qu'Il est de toute façon le plus fort ; oui, nous pouvons le dire, l'amour pour Lui se réveille en nous. Nous ressentons combien il est beau qu'Il soit là et que nous puissions Le connaître - que nous le connaissions dans le Visage de Jésus Christ, qui a souffert pour nous. Je pense que c'est la première chose : que nous entrions nous-mêmes dans un contact vivant avec Dieu, avec le Seigneur Jésus, le Dieu vivant ; que se renforce en nous l'organe qui perçoit Dieu; que nous portions en nous la perception de son "goût exquis". Cela encourage également notre action ; car nous aussi, nous courons un risque : on peut faire beaucoup, tant de choses, dans le domaine ecclésial, tout pour Dieu... et ce faisant, se tenir totalement à l'écart, sans jamais rencontrer Dieu. L'engagement se substitue à la foi, mais ensuite, se vide de l'intérieur. Je pense donc que nous devrions nous engager surtout dans l'écoute du Seigneur, dans la prière, dans la participation intime aux sacrements, dans l'apprentissage des sentiments de Dieu sur le visage et dans les souffrances des hommes, pour être ainsi contaminés par sa joie, par son zèle, par son amour, et pour regarder avec Lui, et à partir de Lui, le monde. Si nous réussissons à faire cela, alors même au milieu de tant de "non", nous trouverons à nouveau les hommes qui L'attendent et qui sont souvent peut-être insolites - la parabole le dit clairement - mais qui sont tout de même appelés à entrer dans sa salle.

 

     Une fois de plus, en d'autres termes: il s'agit de la place centrale de Dieu, et précisément non pas d'un dieu quelconque, mais du Dieu qui a le visage de Jésus Christ. Cela est important aujourd'hui. Il y a tant de problèmes que l'on pourrait énumérer mais qui - tous - ne peuvent être résolus si Dieu n'est pas placé au centre, si Dieu ne devient pas à nouveau visible dans le monde, s'il ne devient pas déterminant dans notre vie et s'il n'entre pas également à travers nous de façon déterminante dans le monde. C'est en cela, je pense, que se décide aujourd'hui le destin du monde dans cette situation dramatique : si Dieu - le Dieu de Jésus Christ - existe et est reconnu comme tel, ou s'il disparaît. Nous faisons en sorte qu'il soit présent. Que devrions-nous faire ? En ultime analyse ? Nous nous adressons à Lui ! Nous célébrons cette Messe votive de l'Esprit Saint, en L'invoquant : … afin qu'il irrigue, réchauffe, redresse, afin qu'il nous entoure de la force de sa flamme sacrée et qu'il renouvelle la terre

 

 

 

 

25 décembre 2006 – Message Urbi et Orbi de Noel

     Que l'Enfant divin, Prince de la paix, permette que s'éteignent les foyers de tension qui rendent incertain l'avenir d'autres parties du monde, en Europe comme en Amérique latine.
 

 

 

2007

 

 

 

6 janvier 2007 - Homélie Messe Epiphanie

      En vérité, tout le Concile Vatican II fut inspiré par la volonté d'annoncer le Christ, lumière du monde, à l'humanité contemporaine. Au cœur de l'Eglise, à partir du sommet de sa hiérarchie, apparut de manière impérieuse, suscité par l'Esprit Saint, le désir d'une nouvelle épiphanie du Christ au monde, un monde que l'époque moderne avait profondément transformé et qui, pour la première fois dans l'histoire, se trouvait face au défi d'une civilisation mondiale, où le centre ne pouvait plus être l'Europe, pas plus que ce nous appelons l'Occident et le Nord du monde. Apparaissait l'exigence d'élaborer un nouvel ordre mondial politique et économique, mais, dans le même temps et surtout, spirituel et culturel ; c'est-à-dire un humanisme renouvelé. Cette constatation s'imposait avec une évidence croissante. Un nouvel ordre mondial économique et politique ne fonctionne pas s'il n'y a pas de renouveau spirituel, si nous ne pouvons pas nous approcher à nouveau de Dieu et trouver Dieu parmi nous.

 

 

8 janvier 2007 – Au Corps Diplomatique

     De nouveaux pays, la Bulgarie et la Roumanie, nations de longue tradition chrétienne, ont fait leur entrée dans l'Union européenne. Alors que l'on s'apprête à célébrer le cinquantième anniversaire des Traités de Rome, une réflexion s'impose sur le Traité constitutionnel. Je souhaite que les valeurs fondamentales qui sont à la base de la dignité humaine soient pleinement protégées, en particulier la liberté religieuse dans toutes ses dimensions et les droits institutionnels des Églises. De même, on ne peut faire abstraction de l'indéniable patrimoine chrétien de ce continent, qui a largement contribué à modeler l'Europe des Nations et l'Europe des peuples. Le cinquantième anniversaire de l'insurrection de Budapest, fêté au mois d'octobre dernier, nous a rappelé les événements dramatiques du vingtième siècle qui incitent tous les Européens à construire un avenir libre de toute oppression et de tout conditionnement idéologique, à tisser des liens d'amitié et de fraternité, et à manifester sollicitude et solidarité envers les plus pauvres et les plus petits; de même, il importe de purifier les tensions du passé, en promouvant la réconciliation à tous les niveaux, car c'est elle seule qui permet de construire l'avenir et de consentir à l'espérance. J'appelle aussi tous ceux qui, dans le continent européen, sont tentés par le terrorisme, à cesser toute activité de ce genre, car de tels comportements, qui font prévaloir la violence et qui engendrent la peur chez les populations, constituent une voie sans issue. Je pense aussi aux divers «conflits gelés», souhaitant qu'ils trouvent rapidement une solution définitive, et aux tensions récurrentes liées aujourd'hui surtout aux ressources énergétiques.

     Je souhaite que la région des Balkans parvienne à la stabilisation que tous espèrent, en particulier grâce à l'intégration des nations qui la composent dans les structures continentales et au soutien de la communauté internationale. L'établissement de relations diplomatiques avec la République du Monténégro, qui vient d'entrer pacifiquement dans le concert des nations, et l'Accord de Base signé avec la Bosnie Herzégovine sont des marques de l'attention constante du Saint-Siège pour la région des Balkans. Alors qu'approche le moment où sera défini le statut du Kosovo, le Saint-Siège demande à tous ceux qui sont concernés un effort de sagesse clairvoyante, de flexibilité et de modération, afin que soit trouvée une solution qui respecte les droits et les attentes légitimes de tous.

 

19 janvier 2007 - Au nouvel Ambassadeur de Turquie près le Saint-Siège

      Comme je l'ai rappelé récemment à Ankara, le Saint-Siège reconnaît la place spécifique de la Turquie et sa situation géographique et historique de pont entre les continents asiatique et européen et de carrefour entre les cultures et les religions.

 

 

20 janvier 2007 – Au nouvel Ambassadeur de Roumanie près le Saint-Siège

      Au début de cette année, …votre pays s'est légitimement réjoui d'être admis officiellement, après de longues années d'efforts, dans l'Union européenne. Le Saint-Siège, qui entretient depuis longtemps des rapports étroits et fructueux avec la Roumanie, comme vous l'avez vous-même souligné, a accueilli cette nouvelle situation avec satisfaction, car elle consacre chaque jour davantage l'unité retrouvée du continent européen, après la longue et triste période de la séparation de la guerre froide. Votre pays a une longue tradition chrétienne, vivante et féconde dans sa culture ainsi que dans le dynamisme des différentes Églises et communautés ecclésiales, et dans leur participation active à la vie sociale. Je me réjouis donc que la Roumanie, riche de cet «indéniable patrimoine chrétien, qui a largement contribué à modeler l'Europe des Nations et l'Europe des peuples» (Discours au Corps diplomatique, 8 janvier 2007), puisse apporter sa contribution originale à l'édifice européen, afin de permettre qu'il ne soit pas seulement une force économique et un grand marché de biens de consommation, mais qu'il puisse trouver un nouvel élan politique, culturel et spirituel, capable de construire un avenir prometteur pour les nouvelles générations.

 

 

 

22 janvier 2007 - Au nouvel Ambassadeur du Montenegro
    
Au cours des événements qui se sont succédé au fil des siècles, les peuples qui ont vécu dans l'actuel Crna Gora ont toujours entretenu des relations dynamiques et cordiales avec les autres nations voisines, au point d'offrir des contributions intéressantes à la vie des nations européennes, et en particulier à l'Italie à laquelle, au siècle dernier, ils donnèrent même une reine…

    Je suis certain que, dans le cadre européen, le Monténégro ne manquera pas d'apporter sa contribution active autant dans le domaine civil que politique, social, culturel et religieux.

 

      Le Monténégro appartient à la famille des nations européennes, auxquelles, malgré ses dimensions réduites, il a donné et entend continuer à offrir sa contribution généreuse. ..

   

     Comme par le pass

publié le : 04 novembre 2014

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