Benoît XVI de A à Z

Amitié avec le Christ

Amitié avec le Christ

dans l'enseignement de Benoit XVI

 

 

 

2005

 

24 avril 2005 – Homélie Messe Intronisation

     La parabole de la brebis perdue que le berger cherche dans le désert était pour les Pères de l’Église une image du mystère du Christ et de l’Église. L’humanité – nous tous – est la brebis perdue qui, dans le désert, ne trouve plus son chemin. Le Fils de Dieu ne peut pas admettre cela; il ne peut pas abandonner l’humanité à une telle condition misérable. Il se met debout, il abandonne la gloire du ciel, pour retrouver la brebis et pour la suivre, jusque sur la croix. Il la charge sur ses épaules, il porte notre humanité, il nous porte nous-mêmes. Il est le bon pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis. Le Pallium exprime avant tout que nous sommes portés par le Christ. Mais, en même temps, le Christ nous invite à nous porter les uns les autres. Ainsi, le Pallium devient le symbole de la mission du pasteur, dont parle la deuxième lecture et l’Évangile. La sainte inquiétude du Christ doit animer tout pasteur: il n’est pas indifférent pour lui que tant de personnes vivent dans le désert. Et il y a de nombreuses formes de désert. Il y a le désert de la pauvreté, le désert de la faim et de la soif; il y a le désert de l’abandon, de la solitude, de l’amour détruit. Il y a le désert de l’obscurité de Dieu, du vide des âmes sans aucune conscience de leur dignité ni du chemin de l’homme. Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands. C’est pourquoi, les trésors de la terre ne sont plus au service de l’édification du jardin de Dieu, dans lequel tous peuvent vivre, mais sont asservis par les puissances de l’exploitation et de la destruction. L’Église dans son ensemble, et les Pasteurs en son sein, doivent, comme le Christ, se mettre en route, pour conduire les hommes hors du désert, vers le lieu de la vie, vers l’amitié avec le Fils de Dieu, vers Celui qui nous donne la vie, la vie en plénitude

 

     …C'est précisément ainsi qu'il se révèle comme le vrai pasteur: «Je suis le bon pasteur... et je donne ma vie pour mes brebis» (Jn 10, 14 ss.). Ce n'est pas le pouvoir qui rachète, mais l'amour ! C'est là le signe de Dieu: Il est lui-même amour. Combien de fois désirerions-nous que Dieu se montre plus fort! Qu'il frappe durement, qu'il terrasse le mal et qu'il crée un monde meilleur! Toutes les idéologies du pouvoir se justifient ainsi, justifient la destruction de ce qui s'oppose au progrès et à la libération de l'humanité. Nous souffrons pour la patience de Dieu. Et nous avons néanmoins tous besoin de sa patience. Le Dieu qui est devenu agneau nous dit que le monde est sauvé par le Crucifié et non par ceux qui ont crucifié. Le monde est racheté par la patience de Dieu et détruit par
l'impatience des hommes…

 

     … après une nuit au cours de laquelle ils avaient jeté les filets sans succès, les disciples voient sur le rivage le Seigneur ressuscité. Il leur enjoint de retourner pêcher une nouvelle fois et voici que le filet devient si plein qu'ils ne réussirent plus à le ramener. 153 gros poissons: «Et, malgré cette quantité, le filet ne s'était pas déchiré» (Jn 21,11). Cet événement, qui a lieu au terme du parcours terrestre de Jésus avec ses disciples, correspond à un récit des commencements: les disciples n'avaient alors rien pêché durant toute la nuit; Jésus avait alors invité Simon à avancer une nouvelle fois au large. Et Simon, qui ne s'appelait pas encore Pierre, donna cette réponse admirable: Maître, sur ton ordre, je vais jeter les filets ! Et voici la confirmation de la mission: «Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras» (Lc 5,1-11). Aujourd'hui encore, l'Église et les
successeurs des Apôtres sont invités à prendre le large sur l'océan de l'histoire et à jeter les filets, pour conquérir les hommes au Christ – à Dieu, au Christ, à la vraie vie. Les Pères ont aussi dédié un commentaire très particulier à cette tâche singulière. Ils disent ceci: pour le poisson, créé pour l'eau, être sorti de l'eau entraîne la mort. Il est soustrait à son élément vital pour servir de nourriture à l'homme. Mais dans la mission du pêcheur d'hommes, c'est le contraire qui survient. Nous, les hommes, nous vivons aliénés, dans les eaux salées de la souffrance et de la mort; dans un
océan d'obscurité, sans lumière. Le filet de l'Évangile nous tire hors des eaux de la mort et nous introduit dans la splendeur de la lumière de Dieu, dans la vraie vie. Il en va ainsi - dans la mission de pêcheur d'hommes, à la suite du Christ, il faut tirer les hommes hors de l'océan salé de toutes
les aliénations vers la terre de la vie, vers la lumière de Dieu. Il en va ainsi: nous existons pour montrer Dieu aux hommes. Seulement là où on voit Dieu commence véritablement la vie. Seulement lorsque nous rencontrons dans le Christ le Dieu vivant, nous connaissons ce qu'est la vie. Nous ne sommes pas le produit accidentel et dépourvu de sens de l'évolution. Chacun de nous
est le fruit d'une pensée de Dieu. Chacun de nous est voulu, chacun est aimé, chacun est nécessaire. Il n'y a rien de plus beau que d'être rejoints, surpris par l'Évangile, par le Christ. Il n'y a rien de plus beau que de le connaître et de communiquer aux autres l'amitié avec lui.

     … N'avons-nous pas tous peur - si nous laissons entrer le Christ totalement en nous, si nous nous ouvrons totalement à lui - peur qu'il puisse nous déposséder d'une part de notre vie? N'avons-nous pas peur de renoncer à quelque chose de grand, d'unique, qui rend la vie si belle? Ne risquons-nous pas de nous trouver ensuite dans l'angoisse et privés de liberté? Et encore une fois Jean Paul II voulait dire : Non! Celui qui fait entrer le Christ ne perd rien, rien - absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non! Dans cette amitié seulement s'ouvrent tout grand les portes de la vie. Dans cette amitié seulement se dévoilent réellement les grandes potentialités de la condition humaine. Dans cette amitié seulement nous faisons l'expérience de ce qui est beau et de ce qui libère. Ainsi, aujourd'hui, je voudrais, avec une grande force et une grande conviction, à partir d'une longue expérience de vie personnelle, vous dire, à vous les jeunes: n'ayez pas peur du Christ! Il n'enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez
tout grand les portes au Christ - et vous trouverez la vraie vie.

 

2 – Le Christ ne s'est pas éloigné de nous, mais grâce à Sa présence auprès du Père, il est proche de chacun de nous, pour toujours. Chacun de nous peut le tutoyer; chacun peut l'appeler. Le Seigneur se trouve toujours à portée de voix. Nous pouvons nous éloigner de Lui intérieurement. Nous pouvons Lui tourner le dos. Mais Il nous attend toujours, et Il est toujours proche de nous…

     … Le Christ ressuscité a besoin de témoins qui l'ont rencontré, d'hommes qui l'ont connu intimement à travers la force de l'Esprit Saint. D'hommes qui l'ayant, pour ainsi dire, touché du doigt, peuvent en témoigner – Homélie Saint Jean de Latran 7.5.2005
 

3 –  Le Seigneur nous appelle amis, ils fait de nous ses amis, il s'en remet à nous, il nous confie son corps dans l'Eucharistie, il nous confie son Eglise. Et alors nous devons véritablement être ses amis, n'avoir avec Lui qu'une seule façon de percevoir, vouloir ce qu'Il veut et ne pas vouloir ce qu'Il ne veut pas. Jésus lui-même nous dit: «Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande» (Jn 15, 14). Que cela soit notre intention commune: faire, tous ensemble, sa sainte volonté, dans laquelle se trouve notre liberté et notre joie. – Aux prêtres romains à Saint Jean de Latran 13.5.2005
 

4 – Je voudrais encore une fois vous remercier pour la contribution exprimée ici à propos du christocentrisme, de la nécessité que notre foi soit toujours nourrie par la rencontre personnelle avec le Christ, par une amitié personnelle avec Jésus. Romano Guardini, il y a soixante ans, a dit à juste titre que l'essence du christianisme n'est pas une idée mais une Personne. – Avec les prêtres de Rome 13.5.2005

 

5 -    En indiquant clairement "Tout ce qu'il vous dira, faites-le" (Jn 2, 5), l’Immaculée nous invite à nous approcher du Christ et, dans cette proximité, à faire l'expérience, à éprouver et à voir "combien le Seigneur est bon". De cette expérience naît dans le coeur humain une plus grande clairvoyance pour apprécier ce qui est bon, beau et vrai. – Aux Evêques d’Espagne 19.5.2005

 

6 -  Lors de la procession du Jeudi Saint, l'Eglise accompagne Jésus au mont des Oliviers: l'Eglise orante éprouve le vif désir de veiller avec Jésus, de ne pas le laisser seul dans la nuit du monde, dans la nuit de la trahison, dans la nuit de l'indifférence d'un grand nombre de personnes …

 

    … On ne peut pas «manger» le Ressuscité, présent dans la figure du pain, comme un simple morceau de pain. Manger ce pain signifie communier, signifie entrer dans la communion avec la personne du Seigneur vivant. Cette communion, cet acte de «manger», est réellement une rencontre entre deux personnes, une façon de se laisser pénétrer par la vie de Celui qui est le Seigneur, de Celui qui est mon Créateur et mon Rédempteur. Le but de cette communion, de cet acte de manger, est l'assimilation de ma vie à la sienne, ma transformation et ma conformation à Celui qui est Amour vivant. – Homélie Corpus Domini, Rome 26.5.2005

 

 

7 -  Jésus dans l’Evangile, il dit: « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » (Jn 6, 56). Comment ne pas nous réjouir d’une telle promesse? Nous avons entendu cependant, qu’à cette première annonce les gens, au lieu de se réjouir, ont commencé à discuter et à protester: « Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger? (Jn 6, 52). En vérité, cette attitude s’est répétée souvent au cours de l’histoire. On dirait qu’au fond les gens ne veulent pas avoir Dieu si proche, si à portée de main, si participant de leur histoire. Les gens le veulent grand, et en définitive, plutôt loin d’eux. On soulève alors des questions voulant démonter qu’une telle chose est finalement impossible. Mais les paroles que le Christ a prononcées justement en cette circonstance demeurent dans leur clarté vigoureuse: « En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’Homme, et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous » (Jn 6,53). Face au murmure de protestation, Jésus aurait pu se replier sur des paroles rassurantes: « mes amis, aurait-il pu dire, ne vous inquiétez pas! J’ai parlé de chair, mais il s’agit seulement d’un symbole. Ce que j’entends est seulement une communion profonde de sentiments ». Mais Jésus n’a pas eu recours à de tels adoucissements. Il a maintenu fermement son affirmation, même face à la défection de nombreux de ses disciples (cf. Jn 6, 52). Au contraire, il s’est montré disposé à accepter jusqu’à la défection de ses apôtres mêmes pour ne rien changer du caractère concret de son discours: « Peut-être voulez-vous vous aussi vous en aller? » (Jn 6, 67), a-t-il demandé. Mais grâce à Dieu, Pierre a donné une réponse que nous faisons nôtre nous aussi, aujourd’hui, en pleine conscience: « Seigneur à qui irions nous? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68).  – Homélie Corpus Domini, Bari – 29.5.2005

 

8 - C'est surtout dans le mystère de l'Eucharistie que nous-mêmes, nos prêtres et tous nos fidèles pouvons vivre en plénitude ce rapport avec le Christ :  dans ce mystère, il devient tangible parmi nous, se donne toujours à nouveau, devient nôtre afin que nous devenions siens et apprenions son amour. …

     …   l'Esprit Saint vient en effet en nous, par le Christ et le Père, précisément pour nous introduire dans le mystère de la vie et de l'amour de Dieu, au-delà de toute force et de toute attente humaine…

     … Les jeunes…doivent se sentir aimés par l'Eglise, aimés concrètement par nous, Evêques et prêtres. Ils pourront ainsi faire l'expérience, dans l'Eglise, de l'amitié et de l'amour que le Seigneur a pour eux, ils comprendront que dans le Christ, la vérité coïncide avec  – Aux Evêques d’Italie 30.5.2005

9 – A la base de la formation de la personne chrétienne et de la transmission de la foi se trouvent nécessairement la prière, l'amitié personnelle avec le Christ et la contemplation en Lui du visage du Père. – Au Congrès diocésain de Rome sur la famille 6.6.2005

10 – La communion avec le Christ est la source intarissable de tout élément de vie ecclésiale. – A des Evêques d’Afrique en Visite Ad Limina 10.6.2005

 

11 -   - conduisez les fidèles vers l’amitié avec le Christ,…

     … Notre ministère épiscopal exige que nous aidions les fidèles dont nous avons la charge à acquérir une foi éclairée, enracinée dans la rencontre intime avec le Christ. - Aux Evêques du Madagascar, en visite Ad Limina 18.6.2005

12 - Je salue enfin les jeunes, les malades et les jeunes époux. Je souhaite à tous de trouver dans l’amitié avec Jésus la force et l’enthousiasme nécessaires pour être ses témoins, partout. – Audience Générale 22.6.2005

 

13 –  Je désire vous confirmer dans votre désir d'accueillir l'appel au témoignage et à l'évangélisation qui naissent de la rencontre avec le Christ, toujours intensifiée et approfondie dans l'Eucharistie (cf. Mane nobiscum Domine, n. 24). Unis dans votre proclamation de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, allez remplis d'espérance. Aux Evêques de Papouasie en Visite Ad Limina 25.6.2005

 

14 – Vous avez été envoyés comme témoins de l'espérance soutenue par l'Evangile de Jésus Christ (cf. Pastores gregis, n. 5). Une fois de retour dans votre terre natale, renforcés dans la foi et dans le lien de communion ecclésiale, je vous demande de coopérer généreusement au service de l'Evangile afin que la lumière de la Parole de Dieu resplendisse toujours plus dans l'esprit et dans le coeur des catholiques  faisant naître en eux un amour plus profond pour le Christ et un engagement plus résolu pour la diffusion de son Royaume de sainteté, de justice et de vérité. - Aux Evêques du Zimbabwe en Visite Ad Limina 2.7.2005

 

 

15 -  L’Esprit nous exhorte à faire parvenir à chaque homme et à chaque femme l'Amour que Dieu le Père a montré en Jésus Christ. Cet amour est vif, généreux, inconditionné, et il s'offre non seulement à ceux qui écoutent le messager, mais également à ceux qui l'ignorent ou le refusent. Chaque fidèle doit se sentir appelé à aller, en tant qu'envoyé du Christ, à la recherche de ceux qui se sont éloignés de la communauté, comme ces disciples d'Emmaüs qui avaient cédé au découragement (cf. Lc 24, 13-35). Il faut aller jusqu'aux extrémités de la société pour apporter à tous la lumière du message du Christ sur la signification de la vie, de la famille et de la société, en rejoignant les personnes qui vivent dans le désert de l'abandon et de la pauvreté, et en les aimant avec l'Amour du Christ ressuscité. Dans chaque apostolat, et dans l'annonce de l'Evangile, comme le dit saint Paul, si "je n'ai pas la charité je ne suis rien" (1 Co 13, 2). – aux pèlerins de Madrid venus à Rome 4.7.2005

 

 

16 -   C’est demain la fête de saint Benoît, Abbé, patron de l’Europe, un saint qui m’est particulièrement cher, comme le suggère le choix que j’ai fait de son nom. Né à Nursie en 480, Benoît fit ses premières études à Rome, mais, déçu par la vie de la ville, il se retira à Subiaco, où il resta pendant environ trois ans, dans une grotte, le célèbre « Sacro Speco », en se dédiant entièrement à Dieu. A Subiaco, se servant des ruines d’une villa cyclopéenne de l’empereur Néron, il construisit, avec ses disciples, plusieurs monastères et donna ainsi la vie à la communauté fraternelle fondée sur le primat de l’amour du Christ, dans laquelle la prière et le travail s’alternaient harmonieusement avec la louange de Dieu. Quelques années plus tard, au Mont-Cassin, il donna une forme accomplie à ce projet, et il mit par écrit la « Règle », seule œuvre de lui qui nous soit parvenue. Parmi les cendres de l’Empire romain, Benoît, cherchant avant tout le Royaume de Dieu, jeta, peut-être sans s’en rendre compte, la semence d’une nouvelle civilisation qui allait se développer en intégrant les valeurs chrétiennes à l’héritage classique, d’une part, et les cultures germanique et slave d’autre part.

Il y a un aspect typique de sa spiritualité que je voudrais souligner particulièrement aujourd'hui. Benoît n’a pas fondé une institution monastique avec pour fin principale l’évangélisation des peuples barbares, comme d’autres grands missionnaires de l’époque, mais il a indiqué à ses disciples comme but fondamental, et même unique, de l’existence, la recherche de Dieu : "Quaerere Deum". Mais il savait que lorsque le croyant entre en relation profonde avec Dieu, il ne peut se contenter de vivre de façon médiocre à l’enseigne d’une éthique minimaliste et d’une religiosité superficielle. Sous cette lumière, on comprend alors mieux l’expression que Benoît a tirée de saint Cyprien et qui synthétise dans sa Règle (IV, 21) le programme de vie des moines: "Nihil amori Christi praeponere", « Ne rien placer avant l’amour du Christ ». C’est en cela que consiste la sainteté, proposition valide pour tout chrétien et devenue une véritable urgence pastorale à notre époque où l’on ressent le besoin d’ancrer la vie et l’histoire sur de solides références spirituelles…

 

    … Chers pèlerins de langue française; puisse l’Eucharistie dominicale affermir en chacun de vous la foi, la relation d’intimité avec le Christ et le désir d’annoncer l’Évangile.  – Angelus 10.7.2005
 

 

17 - Selon l'heureuse intuition du bien-aimé pape Jean-Paul II, la Journée mondiale de la Jeunesse constitue une rencontre privilégiée avec le Christ, dans la solide conscience que Lui seul offre aux êtres humains la plénitude de vie, de joie et d'amour. Chaque chrétien est appelé à entrer dans une communion profonde avec le Seigneur crucifié et ressuscité, à l'adorer dans la prière, dans la méditation, et surtout dans la pieuse participation à l'Eucharistie, au moins le dimanche, petite « Pâque hebdomadaire ». – Angelus 31.7.2005

21 novembre 2005 – Message aux jeunes de Hollande
     Chers amis, Jésus est votre véritable ami et Seigneur, instaurez une relation de véritable amitié avec Lui ! Il vous attend et ce n'est qu'en Lui que vous trouverez le bonheur. Comme il est facile de se contenter des plaisirs superflus que nous offre l'existence quotidienne; comme il est facile de ne vivre que pour soi, en profitant en apparence de la vie! Mais tôt ou tard, on se rend compte qu'il ne s'agit pas du véritable bonheur, car celui-ci se trouve bien plus en profondeur: nous ne le trouvons qu'en Jésus

 

2006

 

 

8 janvier 2006 – Homélie Messe Baptêmes – Chapelle Sixtine

    Dans le Baptême chaque enfant est introduit dans une compagnie d'amis qui ne l'abandonnera jamais dans la vie ni dans la mort, parce que cette compagnie d'amis est la famille de Dieu, qui porte en elle la promesse de l'éternité. Cette compagnie d'amis, cette famille de Dieu, dans laquelle à présent l'enfant est introduit, l'accompagnera toujours même aux jours de la souffrance, dans les nuits obscures de la vie ; elle lui donnera consolation, réconfort, lumière. Cette compagnie, cette famille lui donnera la parole de vie éternelle. Paroles de lumière qui répondent aux grands défis de la vie et donnent l'indication juste sur la route à prendre. Cette compagnie offre à l'enfant consolation et réconfort, l'amour de Dieu même au seuil de la mort, dans la vallée obscure de la mort. Elle lui donnera l'amitié, elle lui donnera la vie. Et cette compagnie, absolument fiable, ne disparaîtra jamais. Personne d'entre nous ne sait ce qui adviendra sur notre planète, dans notre Europe, dans les cinquante, soixante, soixante-dix années à venir. Mais nous sommes sûrs d'une chose : la famille de Dieu sera toujours présente et celui qui appartient à cette famille ne sera jamais seul, il aura toujours l'amitié sûre de Celui qui est la vie.

      Cette famille de Dieu, cette compagnie d'amis est éternelle, parce qu'elle est communion avec Celui qui a vaincu la mort, qui a entre les mains les clés de la vie. Etre dans la compagnie, dans la famille de Dieu, signifie être en communion avec le Christ, qui est vie et donne l'amour éternel au-delà de la mort. Et si nous pouvons dire qu'amour et vérité sont source de vie, qu'ils sont la vie - et une vie sans amour n'est pas la vie - nous pouvons dire que cette compagnie avec Celui qui est réellement la vie, avec Celui qui est le Sacrement de la vie, répondra à votre attente, à votre espérance.
 

     Le Baptême - comme nous l'avons vu - est un don ; le don de la vie. Mais un don doit être accueilli, doit être vécu. Un don d'amitié implique un « oui » à l'ami et implique un « non » à ce qui n'est pas compatible avec cette amitié, à ce qui est incompatible avec la vie de la famille de Dieu, avec la vraie vie dans le Christ. Et ainsi, dans ce second dialogue, sont prononcés trois « non » et trois « oui ». On dit « non » et on renonce aux tentations, au péché, au diable. Ces choses, nous les connaissons bien, mais peut-être justement pour les avoir entendues trop souvent, ces paroles ne nous disent pas grand chose. Alors, nous devons un peu approfondir les contenus de ces « non ». A quoi disons-nous « non » ? C'est le seul moyen de comprendre à quoi nous voulons dire « oui ».

     Dans l'Eglise antique, ces « non» étaient résumés en une parole qui pour les hommes de ce temps était bien compréhensible : on renonce - disait-on - à la « pompa diabuli », c'est-à-dire à la promesse de vie en abondance, à cette apparence de vie qui semblait venir du monde païen, de ses libertés, de sa manière de vivre uniquement selon son bon plaisir. C'était donc un « non » à une culture apparemment d'abondance de la vie, mais qui en réalité était une « anticulture » de la mort. C'était un « non » à ces spectacles où la mort, la cruauté, la violence étaient devenus divertissement. Pensons à ce qui était organisé au Colisée ou ici, dans les jardins de Néron, où les hommes étaient brûlés comme des torches vivantes. La cruauté et la violence étaient devenues un motif de divertissement, une vraie perversion de la joie, du vrai sens de la vie. Cette « pompa diabuli », cette « anticulture » de la mort était une perversion de la joie, était amour du mensonge, de la tromperie, était un abus du corps comme marchandise et comme commerce.

     Et si nous réfléchissons à présent, nous pouvons dire qu'à notre époque aussi il est nécessaire de dire « non » à la culture largement dominante de la mort. Une « anticulture » qui se manifeste, par exemple, dans la drogue, dans la fuite de la réalité au profit de l'illusion, dans un bonheur faux qui s'exprime dans le mensonge, dans la tromperie, dans l'injustice, dans le mépris de l'autre, de la solidarité, de la responsabilité envers les pauvres et les personnes qui souffrent; qui s'exprime dans une sexualité qui devient un pur divertissement sans responsabilité, qui devient une « chosification » - pour ainsi dire - de l'homme, qui n'est plus considéré comme une personne, digne d'un amour personnel qui exige fidélité, mais devient une marchandise, un simple objet. A cette promesse de bonheur apparent, à cette « pompa » d'une vie apparente qui en réalité est seulement un instrument de mort, à cette « anticulture », nous disons « non », pour cultiver la culture de la vie. C'est pourquoi le « oui » chrétien, des temps antiques jusqu'à aujourd'hui, est un grand « oui » à la vie. C'est notre « oui » au Christ, le « oui » au vainqueur de la mort et le « oui » à la vie dans le temps et dans l'éternité.
 

     Comme dans ce dialogue baptismal, le « non » est articulé autour de trois renonciations, de même le « oui » s'articule autour de trois adhésions: « oui » au Dieu vivant, c'est-à-dire au Dieu créateur, à une raison créatrice qui donne sens au cosmos et à notre vie; « oui » au Christ, c'est-à-dire à un Dieu qui n'est pas resté caché mais qui a un nom, qui a des paroles, qui est fait de corps et de sang; à un Dieu concret qui nous donne la vie et nous montre le chemin de la vie; « oui » à la communion de l'Eglise, dans laquelle le Christ est le Dieu vivant, qui entre dans notre temps, entre dans notre profession, entre dans la vie de chaque jour.

 

     Le visage de Dieu, le contenu de cette culture de la vie, le contenu de notre grand « oui », s'exprime dans les dix commandements, qui ne sont pas un ensemble d'interdits, de « non », mais qui représentent en réalité une grande vision de vie. Ils sont un « oui » à un Dieu qui donne sens à l'existence (les trois premiers commandements); « oui » à la famille (quatrième commandement); « oui » à la vie (cinquième commandement); « oui » à l'amour responsable (sixième commandement); « oui » à la solidarité, à la responsabilité sociale, à la justice (septième commandement); « oui » à la vérité (huitième commandement); « oui » au respect de l'autre et de ce qui lui est propre (neuvième et dixième commandements). Telle est la philosophie de la vie, telle est la culture de la vie, qui devient concrète, praticable et belle dans la communion avec le Christ, le Dieu vivant, qui marche avec nous dans la compagnie de ses amis, dans la grande famille de l'Eglise. Le Baptême est don de vie. C'est un « oui » au défi de vivre vraiment la vie, en disant « non » à l'attachement de la mort qui se présente sous le masque de la vie; et c'est un « oui » au grand don de la vraie vie qui est présente dans le visage du Christ, qui se donne à nous dans le Baptême, puis dans l'Eucharistie.

 


5 février 2006 – Homélie Messe

    Jésus dort dans la maison de Pierre, mais au petit matin, alors qu'il fait encore nuit, il se lève, cherche un lieu désert et se met à prier. Et ici apparaît le centre véritable du mystère de Jésus. Jésus parle avec le Père et élève son âme humaine dans la communion avec la personne du Fils, si bien que l'humanité du Fils, unie à Lui, parle dans le dialogue trinitaire avec le Père; et ainsi, il rend possible également pour nous la véritable prière. Dans la liturgie, Jésus prie avec nous, nous prions avec Jésus et ainsi nous entrons en contact réel avec Dieu, nous entrons dans le mystère de l'amour éternel de la Très Sainte Trinité….

 

     … Là où est accomplie la volonté de Dieu le ciel est déjà présent, sur la terre commence aussi un peu du ciel; et là où est accomplie la volonté de Dieu le Royaume de Dieu est présent. Car le Royaume de Dieu n'est pas une série de choses, le Royaume de Dieu est la présence de Dieu, l'union de l'homme avec Dieu. C'est vers cet objectif que Jésus veut nous guider.


 

 

 

Message Carême 2006

     Les exemples des saints et les multiples expériences missionnaires qui caractérisent l'histoire de l'Église constituent des indications précieuses sur le meilleur moyen de soutenir le développement. Aujourd'hui encore, au temps de l'interdépendance globale, on peut constater qu'aucun projet économique, social ou politique ne remplace le don de soi à autrui, dans lequel s'exprime la charité. Celui qui agit selon cette logique évangélique vit la foi comme amitié avec le Dieu incarné et, comme Lui, se charge des besoins matériels et spirituels du prochain. Il le regarde comme un mystère incommensurable, digne d'une attention et d'un soin infinis. Il sait que celui qui ne donne pas Dieu donne trop peu, comme le disait la bienheureuse Teresa de Calcutta : «La première pauvreté des peuples est de ne pas connaître le Christ». Pour cela il faut faire découvrir Dieu dans le visage miséricordieux du Christ : hors de cette perspective, une civilisation ne se construit pas sur des bases solides.

 

 

2 mars 2006 – Avec les prêtres du Diocèse de Rome

     Le Carême devrait être un temps pour renouveler notre connaissance de Dieu, notre amitié avec Jésus.

 

     Mères de famille, le Pape vous remercie ! Il vous remercie, car vous avez donné la vie, car vous voulez aider cette vie qui croît et vous voulez ainsi construire un monde humain, contribuant à un avenir humain. Et vous le faites non seulement en donnant la vie biologique, mais en communiquant le centre de la vie, en voulant faire connaître Jésus, en introduisant vos enfants à la connaissance de Jésus, à l'amitié avec Jésus. Tel est le fondement de toute catéchèse. Il faut donc remercier les mères, surtout car elles ont eu le courage de donner la vie. Et il faut prier les mères de compléter ce don de la vie par le don de l'amitié avec Jésus.

6 avril 2006 -  Rencontre avec les jeunes du diocèse de Rome, Place Saint Pierre

      Je pense qu'il est important d'être attentifs aux gestes du Seigneur sur notre chemin. Il nous parle à travers des événements, à travers des personnes, à travers des rencontres:  il faut être attentifs à tout cela. Ensuite, entrer réellement dans une relation d'amitié avec Jésus, dans une relation personnelle avec Lui et ne pas savoir seulement par les autres ou par les livres qui est Jésus, mais vivre une relation toujours plus approfondie d'amitié personnelle avec Jésus, dans laquelle nous pouvons commencer à comprendre ce qu'Il nous demande. Et ensuite, l'attention à ce que je suis, à mes capacités:  d'une part du courage et de l'autre de l'humilité, de la confiance et l'ouverture, également avec l'aide des amis, de l'autorité de l'Eglise et aussi des prêtres, des familles:  qu'est-ce que le Seigneur veut de moi? Bien sûr, cela reste toujours une grande aventure, mais la vie ne peut réussir que si nous avons le courge de l'aventure, la confiance dans le fait que le Seigneur ne me laissera jamais seul, que le Seigneur m'accompagnera, m'aidera.

 

 

 

9 avril 2006 – Homélie Messe des Rameaux

      Si nous voulons aller à la rencontre de Jésus et marcher avec Lui sur sa route, nous devons toutefois nous demander : sur quel chemin souhaite-t-il nous conduire ? Qu'attendons-nous de Lui ? Qu'attend-il de nous ?

 

 

13 avril 2006 – Homélie Messe Chrismale

      Réfléchissons …sur les signes dans lesquels le Sacrement nous a été donné. Au centre, il y a le geste très antique de l'imposition des mains, à travers lequel Il a pris possession de moi en me disant: "Tu m'appartiens". Mais, à travers cela, il a également dit: "Tu es sous la protection de mes mains. Tu es sous la protection de mon cœur. Tu es préservé dans le creux de mes mains, et précisément ainsi, tu te trouves dans toute l'étendue de mon amour. Reste dans l'espace de mes mains et donne-moi les tiennes"…

 

     Un jour, comme les premiers disciples, nous avons rencontré le Seigneur et nous avons entendu sa parole: "Suis-moi!". Sans doute au début l'avons-nous suivi de façon quelque peu incertaine, en regardant en arrière et en nous demandant si cette voie était vraiment la nôtre. Et, à un certain moment du chemin, peut-être avons-nous fait l'expérience de Pierre, après la pêche miraculeuse, c'est-à-dire que nous avons été effrayés par sa grandeur, la grandeur du devoir et l'insuffisance de notre pauvre personne, au point de vouloir reculer: "Eloigne-toi de moi Seigneur, car je suis un homme pécheur!" (Lc 5, 8). Mais Lui, ensuite, avec une grande bonté, nous a alors pris par la main, nous a attirés à lui et nous a dit: "Sois sans crainte! Je suis avec toi. Je ne te quitte pas, et toi, ne me quitte pas!". Et, plus d'une fois, chacun de nous a sans doute vécu la même chose que Pierre lorsque, marchant sur les eaux à la rencontre du Seigneur, il s'est soudain aperçu que l'eau ne le soutenait pas et qu'il allait se noyer. Et, comme Pierre, nous avons crié: "Seigneur, sauve-moi!" (Mt 14, 30). En voyant les éléments se déchaîner, comment pouvions-nous franchir les eaux bruyantes et bouillonnantes du siècle dernier et du dernier millénaire? Mais alors, nous nous sommes tournés vers Lui... Et Lui nous a pris par la main et nous a donné un nouveau "poids spécifique": la légèreté qui découle de la foi et qui nous attire vers le haut. Puis, il nous donne la main qui soutient et porte. Il nous soutient. Fixons à nouveau notre regard vers Lui et tendons les mains vers Lui. Laissons-nous prendre par sa main et nous ne coulerons pas, mais nous servirons la vie qui est plus forte que la mort, et l'amour qui est plus fort que la haine. La foi en Jésus, Fils du Dieu vivant, est l'instrument grâce auquel nous prenons toujours à nouveau la main de Jésus et à travers lequel Il prend notre main et nous guide. ..

 

     Le Seigneur a placé sa main sur nous. Il a exprimé la signification de ce geste dans les paroles: "Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous appelle amis, parce que tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître" (Jn 15, 15). Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis: dans ces paroles, on pourrait même voir l'institution du sacerdoce. Le Seigneur fait de nous ses amis: il nous confie tout; il nous confie sa personne, afin que nous puissions parler en son nom - in persona Christi capitis. Quelle confiance! Il s'est véritablement remis entre nos mains. Les signes essentiels de l'Ordination sacerdotale sont au fond tous des manifestations de cette parole: l'imposition des mains; la remise du livre - de sa parole qu'il nous confie; la remise de la coupe à travers laquelle il nous transmet son mystère le plus profond et personnel. Le pouvoir d'absolution fait également partie de tout cela. Il nous fait participer également à sa conscience en ce qui concerne la misère du péché et toute l'obscurité du monde, et dépose la clé entre nos mains pour rouvrir la porte vers la maison du Père. Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis. Telle est la signification profonde de la condition de prêtre: devenir ami de Jésus Christ. Pour cette amitié, nous devons nous engager chaque jour à nouveau…

 

     Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis. Le cœur du sacerdoce est d'être amis de Jésus Christ. Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons véritablement parler in persona Christi, même si notre éloignement intérieur du Christ ne peut compromettre la validité du Sacrement. Etre ami de Jésus, être prêtre signifie être un homme de prière. Ainsi, nous le reconnaissons et nous sortons de l'ignorance des simples serviteurs. Ainsi, nous apprenons à vivre, à souffrir et agir avec Lui et pour Lui. L'amitié avec Jésus est, par antonomase, toujours une amitié avec les siens. Nous ne pouvons être amis de Jésus que dans la communion avec le Christ tout entier, avec la tête et le corps; dans la vigne abondante de l'Eglise animée par son Seigneur. Ce n'est qu'en elle que l'Ecriture Sainte est, grâce au Seigneur, une Parole vivante et actuelle. …

    … Etre prêtre signifie devenir l'ami de Jésus Christ, et cela toujours plus avec toute notre existence.  

 

 

14 avril 2006 – Méditation Via Crucis, au Colisée

     Sur la "voie de la Croix", Paul a trouvé le zèle de sa foi et a allumé la lumière de l'amour. Nous avons vu comment saint Augustin a trouvé sa route: de même que saint François d'Assise, saint Vincent de Paul, saint Maximilien Kolbe et Mère Teresa de Calcutta. Et, nous aussi, nous avons ainsi été invités à trouver notre place, à trouver, avec ces saints grands et courageux, la route avec Jésus et pour Jésus: la route de la bonté, de la vérité; le courage de l'amour.

 

5 juin 2006 – Au Congrès du Diocèse de Rome

     Nous avons tous besoin, et en particulier nos enfants, nos adolescents et nos jeunes ont besoin de vivre la foi comme une joie, de goûter la profonde sérénité qui naît de la rencontre avec le Seigneur.

 

 

 

 

23 septembre 2006 – Aux Évêques du Tchad en Visite Ad Limina  

     Dès leur formation, les prêtres seront donc incités à s'engager toujours plus intimement dans l'amitié que le Seigneur ne cesse de leur proposer. Pour assurer une telle formation dans les meilleures conditions, je vous invite à veiller attentivement sur vos séminaires, stimulant les formateurs dans leur tâche de discernement des vocations. L'amitié avec le Christ exige une recherche constante et joyeuse de communion de pensée, de volonté et d'action avec Lui, dans une obéissance humble et fidèle. Cette communion pourra se réaliser dans la mesure où le prêtre sera un authentique homme de prière

 

 

6 octobre 2006 –Homélie Messe Commission Théologique Internationale

     Silence et contemplation ont un but: ils servent à conserver, dans la dispersion de la vie quotidienne, une union permanente avec Dieu. Tel est le but: que dans notre âme soit toujours présente l'union avec Dieu et qu'elle transforme tout notre être…

 

     Silence et contemplation … servent à pouvoir trouver dans la dispersion de chaque jour cette union profonde, continuelle, avec Dieu. Silence et contemplation… : dans la logorée de notre époque, et d'autres époques, dans l'inflation des paroles, rendre présentes les paroles essentielles. Dans les paroles, rendre présente la Parole, la Parole qui vient de Dieu, la Parole qui est Dieu

 

 

 

1er novembre 2006 – Homélie Messe Toussaint

     "Nos saints, dit Saint Bernard, n'ont pas besoin de nos honneurs et ils ne reçoivent rien de notre culte. Pour ma part, je dois confesser que, lorsque je pense aux saints, je sens brûler en moi de grands désirs" (Disc. 2; Opera Omnia Cisterc. 5, 364sqq). Telle est donc la signification de la solennité d'aujourd'hui: en regardant l'exemple lumineux des saints, réveiller en nous le grand désir d'être comme les saints: heureux de vivre proches de Dieu, dans sa lumière, dans la grande famille des amis de Dieu. Etre saint signifie: vivre dans la proximité de Dieu, vivre dans sa famille. Et telle est notre vocation à tous, répétée avec vigueur par le Concile Vatican II, et reproposée aujourd'hui de façon solennelle à notre attention…

 

     "Voyez quelle manifestation d'amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes!" (1 Jn 3, 1). C'est donc Dieu qui nous a aimés en premier et qui, en Jésus, a fait de nous ses fils adoptifs. Dans notre vie, tout est don de son amour: comment demeurer indifférents face à un si grand mystère? Comment ne pas répondre à l'amour du Père céleste par une vie de fils reconnaissants? Dans le Christ, il nous a fait don de tout son être, et nous appelle à une relation personnelle et profonde avec Lui. C'est pourquoi, plus nous imitons Jésus et demeurons unis à Lui, plus nous entrons dans le mystère de la sainteté divine. Nous découvrons qu'Il nous aime de façon infinie, et cela nous pousse à notre tour à aimer nos frères. Aimer implique toujours un acte de renoncement à soi-même, de "se perdre soi-même" et, précisément ainsi, cela nous rend heureux. 

 

 

 

7 novembre 2006 – Homélie de la Messe avec les Evêques de Suisse- Chapelle Redemptoris Mater, au Vatican

     Dieu n'échoue pas. Ou, plus exactement : initialement, Dieu échoue toujours, il laisse exister la liberté de l'homme et celle-ci dit toujours "non". Mais l'imagination de Dieu, la force créatrice de son amour est plus grande que le "non" humain. A travers tout "non" humain, est donnée une nouvelle dimension de son amour, et Il trouve une voie nouvelle, plus grande, pour réaliser son oui à l'homme, à son histoire et à la création. Dans le grand hymne au Christ de la Lettre aux Philippiens …, nous entendons avant tout une allusion à l'histoire d'Adam, qui n'était pas satisfait de l'amitié avec Dieu ; c'était trop peu pour lui, car lui-même voulait être un dieu. Il considéra l'amitié comme une dépendance et se crut un dieu, comme s'il pouvait exister uniquement par lui-même. C'est pourquoi il dit "non" pour devenir lui-même un dieu, et, précisément de cette façon, se jeta lui-même de toute sa hauteur. Dieu "échoue" en Adam - et il en est ainsi apparemment au cours de toute l'histoire. Mais Dieu n'échoue pas, car à présent il devient lui-même homme et recommence ainsi une nouvelle humanité; il enracine la condition de Dieu dans la condition d'homme et descend dans les abîmes les plus profonds de la condition d'homme; il s'abaisse jusqu'à la Croix. Il vainc l'orgueil par l'humilité et par l'obéissance de la Croix…

 

 

     Dieu n'échoue pas. Il "échoue" continuellement, mais précisément pour cela, il n'échoue pas, car il en tire de nouvelles opportunités de Miséricorde plus grande, et son imagination est inépuisable. Il n'échoue pas car il trouve toujours de nouveaux moyens d'atteindre les hommes et d'ouvrir davantage sa grande maison, afin qu'elle se remplisse complètement. Il n'échoue pas car il ne se soustrait pas à la perspective de solliciter les hommes afin qu'ils viennent s'asseoir à sa table, à prendre la nourriture des pauvres, dans laquelle est offert le don précieux, Dieu lui-même. Dieu n'échoue pas, pas même aujourd'hui. Même si nous entendons de nombreux "non", nous pouvons en être certains. De toute cette histoire de Dieu, à partir d'Adam, nous pouvons conclure: Il n'échoue pas. Aujourd'hui aussi, il trouvera de nouvelles voies pour appeler les hommes et il veut que nous soyons à ses côtés comme ses messagers et ses serviteurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2007

 

3 janvier 2007 – Audience Générale

    L'amour que Jésus, en naissant à Bethléem, a apporté dans le monde, lie à lui ceux qui l'accueillent dans une relation durable d'amitié et de fraternité…

    Ravivons en nous l'engagement d'ouvrir notre esprit et notre cœur au Christ, en lui manifestant sincèrement la volonté de vivre en étant véritablement ses amis.

 

17 janvier 2007 – Audience Générale

     « Il fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7, 31-37). Il s'agit de paroles tirées de l'Evangile de Marc et elles se réfèrent à la guérison d'un sourd-muet par Jésus. Dans ce bref épisode, l'évangéliste rapporte que le Seigneur, après lui avoir mis les doigts dans les oreilles et après avoir touché la langue du sourd-muet avec de la salive, accomplit le miracle en disant : « Effatà », qui signifie « Ouvre-toi ! ». Ayant retrouvé l'ouïe et récupéré le don de la parole, cet homme suscita l'admiration des autres en racontant ce qui lui était arrivé. Chaque chrétien, spirituellement sourd et muet en raison du péché originel, reçoit avec le Baptême le don du Seigneur qui met ses doigts sur son visage, et ainsi, à travers la grâce du Baptême, devient capable d'écouter la parole de Dieu et de la proclamer à ses frères. Plus encore, à partir de ce moment, sa tâche est de grandir dans la connaissance et dans l'amour du Christ, de manière à annoncer l'Evangile et à en témoigner efficacement.
 

21 février 2007 – Homélie Messe Mercredi des Cendres

     N'hésitons pas à retrouver l'amitié de Dieu perdue avec le péché; en rencontrant le Seigneur, faisons l'expérience de la joie de son pardon.

 

 

Message pour le Carême 2007
     Seul l'amour dans lequel s'unissent le don désintéressé de soi et le désir passionné de réciprocité, donne une ivresse qui rend légers les sacrifices les plus lourds. Jésus a dit : « Quand je serai élevé de terre, j'attirerai à moi tous les hommes. » (Jn 12, 32). La réponse que le Seigneur désire ardemment de notre part est avant tout d'accueillir son amour et de se laisser attirer par lui. Accepter son amour, cependant, ne suffit pas. Il s'agit de correspondre à un tel amour pour ensuite s'engager à le communiquer aux autres : le Christ « m'attire à lui » pour s'unir à moi, pour que j'apprenne à aimer mes frères du même amour.
 

 

1er avril 2007 – Homélie Messe des Rameaux – XXIIème JMJ

    Dans la procession du Dimanche des Rameaux, nous nous associons à la foule des disciples qui, dans une joyeuse fête, accompagnent le Seigneur lors de son entrée à Jérusalem. Comme eux, nous louons le Seigneur à pleine voix pour tous les prodiges que nous avons vus. Oui, nous aussi nous avons vu et nous voyons encore les prodiges du Christ:  comment il conduit les hommes et les femmes à renoncer aux commodités de leur vie et à se mettre totalement au service des personnes qui souffrent; comment Il donne aux hommes et aux femmes le courage de s'opposer à la violence et au mensonge, pour laisser place à la vérité dans le monde; comment, dans le secret, Il incite les hommes et les femmes à faire du bien aux autres, à susciter la réconciliation là où régnait la haine, à édifier la paix là où régnait l'inimitié.

     La  procession  est  tout d'abord un joyeux témoignage que nous rendons à Jésus Christ, dans lequel le Visage de Dieu nous a été rendu visible et grâce auquel le cœur de Dieu nous est ouvert à tous. Dans l'Evangile de Luc, le récit du début du cortège près de Jérusalem est composé en partie littéralement sur le modèle du rite du couronnement avec lequel, selon le Premier Livre des Rois, Salomon fut institué comme héritier de la royauté de David (cf. 1 R 1, 33-35). Ainsi, la procession des Rameaux est également une procession du Christ Roi:  nous professons la royauté de Jésus Christ, nous reconnaissons Jésus comme le Fils de David, le véritable Salomon - le Roi de la paix et de la justice. Le reconnaître comme Roi signifie :  l'accepter comme Celui qui nous indique le Chemin, celui à qui nous faisons confiance et que nous suivons. Cela signifie accepter jour après jour sa parole comme critère valable pour notre vie. Cela signifie voir en Lui l'autorité à laquelle nous nous soumettons. Nous nous soumettons à Lui, car son autorité est l'autorité de la vérité.

     La procession des Rameaux est tout d'abord - comme elle le fut ce jour-là pour les disciples - une expression de joie, car nous pouvons connaître Jésus, parce qu'Il nous accorde d'être ses amis et parce qu'il nous a donné la clé de la vie. Cette joie, qui existe au début, est cependant également l'expression de notre "oui" à Jésus et de notre disponibilité à aller avec Lui partout où il nous conduit. L'exhortation qui se trouvait aujourd'hui au début de notre liturgie interprète donc, à juste titre, la procession également comme une représentation symbolique de ce que nous appelons "sequela Christi" :  "Nous demandons la grâce de le suivre", avons-nous dit. L'expression "sequela Christi" est une description de toute l'existence chrétienne en général. En quoi consiste-t-elle ? Que signifie concrètement "suivre le Christ" ?

     Au début, avec les premiers disciples, le sens était beaucoup plus simple et immédiat:  cela signifiait que ces personnes avaient décidé de quitter leur profession, leurs affaires, toute leur vie pour aller avec Jésus. Cela signifiait entreprendre  une  nouvelle profession:  celle de disciple. Le contenu fondamental de cette profession était d'aller avec le maître, de se confier totalement à sa direction. Ainsi, la "sequela" était quelque chose d'extérieur et, dans le même temps, très intérieure. L'aspect extérieur était le fait de marcher derrière Jésus dans ses pèlerinages à travers la Palestine; l'aspect intérieur était la nouvelle orientation de l'existence, qui n'avait plus ses points de référence dans les affaires, dans le métier qui permettait de vivre, dans la volonté personnelle, mais qui s'abandonnait totalement à la volonté d'un Autre. Etre à sa disposition était désormais devenu une raison de vivre. Quelques scènes de l'Evangile nous donnent une idée très claire du renoncement au propre bien et du détachement par rapport à soi-même que cela comporte.

     Mais avec cela se manifeste également ce que signifie pour nous la "sequela" et quelle est sa véritable essence pour nous:  il s'agit d'une mutation intérieure de l'existence. Cela exige que je ne sois plus enfermé dans mon moi, en considérant ma propre réalisation comme la raison principale de ma vie. Cela exige que je me donne librement à un Autre - pour la vérité, pour l'amour, pour Dieu qui, en Jésus Christ, me précède et m'indique le chemin. Il s'agit de la décision fondamentale de ne plus considérer l'utilité et le gain, la carrière et le succès comme les buts ultimes de ma propre vie, mais de reconnaître en revanche comme critères authentiques la vérité et l'amour. Il s'agit du choix entre vivre uniquement pour moi-même ou me donner - pour la chose la plus grande. Et il faut bien considérer que la vérité et l'amour ne sont pas des valeurs abstraites; en Jésus Christ, elles sont devenues personne. En Le suivant, j'entre au service de la vérité et de l'amour. En me perdant, je me retrouve.

     Revenons à la liturgie et à la procession des Rameaux. Dans celle-ci, la liturgie prévoit comme chant le Psaume 24 [23], qui était également en Israël un chant de procession utilisé lors de la montée sur le mont du temple. Le Psaume interprète la montée intérieure dont la montée extérieure est l'image et il nous explique ainsi encore une fois ce que signifie monter avec le Christ. "Qui peut gravir la montagne du Seigneur ?", demande le Psaume, qui indique deux conditions essentielles. Ceux qui montent et qui veulent vraiment atteindre les hauteurs, arriver jusqu'au véritable sommet, doivent être des personnes qui s'interrogent sur Dieu. Des personnes qui scrutent autour d'elles pour chercher Dieu, pour chercher son Visage. Chers jeunes amis - comme cela est important précisément aujourd'hui:  ne pas se laisser entraîner ici et là dans la vie; ne pas se contenter de ce que tout le monde pense, dit et fait. Scruter Dieu et chercher Dieu. Ne pas laisser que la question sur Dieu se dissolve dans nos âmes. Le désir de ce qui est le plus grand. Le désir de Le connaître - son Visage...

     L'autre condition très concrète pour la montée est la suivante:  celui qui "a les mains innocentes et le cœur pur" peut se tenir dans le lieu saint. Des mains innocentes - ce sont des mains qui ne sont pas utilisées pour des actes de violence. Ce sont des mains qui ne se sont pas salies par la corruption, les pots-de-vin. Un cœur pur - quand le cœur est-il pur? Un cœur est pur lors qu'il ne fait pas semblant, lorsqu'il ne se tache pas avec le mensonge et l'hypocrisie. C'est un cœur qui reste transparent comme l'eau d'une source, car il ne connait pas la duplicité. Un cœur est pur lorsqu'il ne se laisse pas troubler par l'ivresse du plaisir; c'est un cœur dont l'amour est véritable et pas seulement la passion d'un moment. Des mains innocentes et un cœur pur:  si nous marchons avec Jésus, nous montons et nous trouvons les purifications qui nous conduisent vraiment à cette hauteur à laquelle l'homme est destiné:  l'amitié avec Dieu lui-même.

     Le Psaume 24 [23] qui parle de la montée se termine par une liturgie d'entrée devant la porte du temple:  "Portes, levez vos frontons, levez-les, portes éternelles:  qu'il entre le roi de gloire". Dans l'ancienne liturgie du Dimanche des Rameaux, le prêtre, parvenu devant l'église, frappait puissamment avec un bras de la croix de la procession à la porte encore fermée, qui s'ouvrait alors. C'était une belle image du mystère de Jésus lui-même qui, avec le bois de sa croix, avec la force de son amour qui se donne, a frappé du côté du monde à la porte de Dieu; du côté d'un monde qui ne réussissait pas à trouver un accès à Dieu. Avec la croix, Jésus a ouvert toute grande la porte de Dieu, la porte entre Dieu et les hommes. A présent, celle-ci est ouverte. Mais de l'autre côté également, le Seigneur frappe avec sa croix:  il frappe aux portes du monde, aux portes de nos cœurs, qui si souvent et en si grand nombre sont fermées pour Dieu. Et il nous parle plus ou moins ainsi:  si les preuves que Dieu te donne de son existence dans la création ne réussissent pas à t'ouvrir à Lui; si la parole de l'Ecriture et le message de l'Eglise te laissent indifférent - alors regarde-moi, regarde le Dieu qui pour toi a souffert, qui souffre personnellement avec toi - vois que je souffre par amour pour toi ouvre-toi à moi, ton Seigneur et ton Dieu.

     Tel est l'appel, qu'en cette heure, nous laissons pénétrer dans notre cœur. Que le Seigneur nous aide à ouvrir la porte de notre cœur, la porte du monde, afin que Lui, le Dieu vivant, puisse à travers son Fils arriver dans notre temps, atteindre notre vie.

 

15 avril 2007 – Homélie Messe 80 ans du Saint-Père Benoit XVI

     Naissance et renaissance ; famille terrestre et famille de Dieu - tel est le grand don des multiples miséricordes de Dieu, la fondation sur laquelle nous nous appuyons. En poursuivant le chemin de la vie, un don nouveau et exigeant vint à ma rencontre : l'appel au ministère sacerdotal. En la fête des saints Pierre et Paul 1951, lorsque nous - il y avait plus de quarante compagnons - nous nous sommes trouvés dans la cathédrale de Freising, prostrés sur le pavement, et que l'on invoqua sur nous, tous les saints, la conscience de la pauvreté de mon existence devant cet engagement me pesait. Oui, c'était une consolation, le fait que la protection de tous les saints de Dieu, des vivants et des morts, fût invoquée sur nous. Je savais que je ne serais pas resté seul. Et quelle confiance répandait en moi les paroles de Jésus que nous avons pu entendre ensuite durant la liturgie de l'ordination, des lèvres de l'évêque : « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis ». J'ai pu en faire l'expérience profonde : Lui, le Seigneur n'est pas seulement Seigneur, mais aussi un ami. Il a posé sa main sur moi et il ne m'abandonnera pas. Ces paroles étaient alors prononcées dans le contexte de l'administration de la faculté de conférer le sacrement de la réconciliation et ainsi, au nom du Christ de pardonner les péchés. C'est la même chose que ce que nous avons entendu aujourd'hui dans l'Evangile : le Seigneur souffle sur ses disciples. Il leur accorde son Esprit - l'Esprit saint : « A qui vous remettrez les péchés, il leur seront remis... ». L'Esprit de Jésus Christ est puissance de pardon. Il est puissance de la Miséricorde divine. De là la possibilité de recommencer « da capo » - toujours de nouveau. L'amitié de Jésus Christ est l'amitié de Celui qui fait de nous des personnes qui pardonnent, de Celui qui nous pardonne aussi à nous, nous relève continuellement de notre faiblesse et nous éduque ainsi, répand en nous la conscience du devoir intérieur de l'amour, du devoir de correspondre à sa confiance par notre fidélité.

 

21 avril 2007 – Aux jeunes et aux Malades à Pavie, depuis le balcon de l’évêché.

     Chers jeunes, le Christ ressuscité renouvelle à chacun de vous son invitation à le suivre. N'hésitez pas à avoir confiance en Lui; rencontrez-le, écoutez-le, aimez-le de tout votre cœur; dans l'amitié avec Lui, ressentez la véritable joie qui donne un sens et une valeur à l'existence.


 

 

29 avril 2007 – Homélie Messe ordinations Sacerdotales à Saint Pierre de Rome

       Le Christ est le véritable Bon Pasteur, qui a donné sa vie pour ses brebis, pour nous, en s'immolant sur la Croix. Il connaît ses brebis et ses brebis le connaissent, comme le Père Le connaît et Lui connaît le Père (cf. Jn 10, 14-15). Il ne s'agit pas d'une pure connaissance intellectuelle, mais d'une relation personnelle profonde ; une connaissance du coeur, propre à celui qui aime et qui est aimé ; à celui qui est fidèle et qui sait à son tour pouvoir avoir confiance ; une connaissance d'amour en vertu de laquelle le Pasteur invite les siens à le suivre, et qui se manifeste pleinement dans le don qu'il leur fait de la vie éternelle (cf. Jn 10, 27-28).
 

      Le sacrement de l'ordre, que vous allez recevoir, vous fera participer à la même mission que le Christ ; vous serez appelés à répandre la semence de sa Parole, la semence qui contient en elle le Royaume de Dieu, à dispenser la divine miséricorde et à nourrir les fidèles à la table de son Corps et de son Sang. Pour être ses dignes ministres vous devrez vous nourrir sans cesse de l'Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne. En vous approchant de l'autel, votre école quotidienne de sainteté, de communion avec Jésus, de la façon d'entrer dans ses sentiments, pour renouveler le sacrifice de la Croix, vous découvrirez toujours plus la richesse et la tendresse de l'amour du divin Maître, qui vous appelle aujourd'hui à une amitié plus profonde avec Lui. Si vous l'écoutez docilement, si vous le suivez fidèlement, vous apprendrez à traduire dans la vie et dans le ministère pastoral son amour et sa passion pour le salut des âmes. Chers Ordinands, avec l'aide de Jésus, chacun de vous deviendra un bon pasteur, également prêt à donner, si nécessaire, sa vie pour Lui.
 

      En ce moment si solennel et important de votre existence, c'est encore à vous, chers ordinands, que je m'adresse avec affection. Jésus vous répète aujourd'hui : « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis ». Accueillez et cultivez cette amitié divine avec un « amour eucharistique »!

 

10 mai 2007 – Avec les jeunes, au Brésil

    Si nous réussissions à voir tout le bien qui existe dans le monde et, plus encore, à faire l'expérience du bien qui provient de Dieu lui-même, nous ne cesserions de nous approcher de Lui, de le louer et de lui rendre grâce. Il nous remplit sans cesse de joie et de biens. Sa joie est notre force.

 

 

11 mai 2007 – Homélie Messe Canonisation de Frère Antonio de Sant'Anna Galvão, au Brésil.

     Jésus  ouvre son cœur et il nous révèle le centre de tout son message rédempteur:  "Nul n'a de plus grand amour que celui-ci:  donner sa vie pour ses amis" (ibid., v. 13). Lui-même aima jusqu'à donner sa propre vie pour nous sur la Croix. L'action de l'Eglise et des chrétiens dans la société doit elle aussi posséder cette même inspiration. Les initiatives de pastorale sociale, si elles sont orientées vers le bien des pauvres et des malades, portent en elles ce sceau divin. Le Seigneur compte sur nous et nous appelle amis, car ce n'est qu'à ceux que nous aimons de cette façon que nous sommes capables de donner la vie offerte par Jésus à travers sa grâce.

        Nous rendons grâce à Dieu le Père, à Dieu le Fils, à Dieu l'Esprit Saint, dont nous parviennent, par l'intercession de la Vierge Marie, toutes les bénédictions du ciel; dont nous parvient ce don qui, avec la foi, est la plus grande grâce qui puisse être accordée à une créature:  le désir ferme d'atteindre la plénitude de la charité, dans la conviction que la sainteté non seulement est possible, mais également nécessaire à chacun dans son propre état de vie, pour révéler au monde le véritable visage du Christ, notre ami!

 

 

3 juin 2007 – Homélie de la Messe de canonisations

     Chaque saint participe de la richesse du Christ, reprise par le Père et communiquée au moment opportun. C'est toujours la même sainteté que celle de Jésus, c'est toujours Lui, le "Saint", que l'Esprit façonne dans les "âmes saintes", en formant des amis de Jésus et des témoins de sa sainteté. Et Jésus veut également faire de nous ses amis. Ouvrons notre cœur afin que, dans notre vie également, croisse l'amitié pour Jésus, afin que nous puissions témoigner de sa sainteté, de sa bonté et de sa vérité.

 

 

11 juin 2007, au congrès annuel du Diocèse de Rome, Basilique Saint Jean de Latran

      Pour l'éducation et la formation chrétienne, donc, la prière et notre amitié personnelle avec Jésus sont fondamentales: seul celui qui connaît et aime Jésus peut introduire ses frères dans une relation vitale avec Lui. Et c'est précisément soutenu par cette nécessité que j'ai pensé qu'il serait utile d'écrire un livre qui aide à connaître Jésus. N'oublions jamais la parole de Jésus: "Je vous appelle amis, parce que tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître. Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais c'est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure" (Jn 15, 15-16). C'est pourquoi nos communautés pourront travailler de manière fructueuse et éduquer à la foi et à suivre le Christ, en étant elles mêmes d'authentiques "écoles" de prière (cf. Novo millennio ineunte, n. 33), dans lesquelles se vit le primat de Dieu.

 

     De façon toujours délicate et respectueuse, mais également claire et courageuse, nous devons adresser une invitation particulière aux jeunes garçons et filles qui apparaissent le plus attirés et fascinés par l'amitié avec Jésus, à se placer à sa suite. …Nous savons bien que dans ce domaine, la prière et la qualité d'ensemble de notre témoignage chrétien, l'exemple de vie des prêtres et des âmes consacrées, la générosité des personnes appelées et des familles dont elles proviennent, sont décisifs.
 

      Que le Seigneur nous donne toujours la joie de croire en Lui, de croître dans son amitié, de le suivre sur le chemin de la vie, et d'en témoigner en chaque situation, afin que nous puissions transmettre à ceux qui viendront après nous l'immense richesse et beauté de la foi en Jésus Christ.

 

 

17 juin 2007, avec les jeunes, à Assise ; à l’occasion du 8ème centenaire de la conversion de Saint François.

     Chers jeunes, vous savez que le motif qui m'a conduit à Assise a été le désir de revivre le chemin intérieur de François, à l'occasion du VIII centenaire de sa conversion. Ce moment de mon pèlerinage revêt une signification particulière. J'ai voulu ce moment comme le point culminant de ma journée. Saint François parle à tous, mais je sais qu'il exerce précisément sur vous, chers jeunes, une attraction particulière. C'est ce que me confirme votre présence si nombreuse, ainsi que les questions que vous m'avez posées. Sa conversion eut lieu lorsqu'il était au plus fort de sa vitalité, de ses expériences, de ses rêves. Il avait passé vingt-cinq ans sans venir à bout du sens de la vie. Peu de mois avant de mourir, il se rappellera de cette période comme du temps où "il était dans le péché" (cf. 2 Test 1: FF 110).

     A quoi pensait François, en parlant de péchés? D'après les biographies, dont chacune possède un point de vue personnel, cela n'est pas facile à déterminer. L'on trouve un portrait évocateur de sa façon de vivre dans la Légende des trois compagnons, où l'on lit: "François était très gai et généreux, se consacrant aux jeux et aux chants, il errait dans les rues d'Assise jour et nuit, avec des amis de son espèce, si généreux à la dépense qu'il dissipa en repas et autres choses tout ce qu'il pouvait avoir ou gagner" (3 Comp 1, 2: FF 1396). De combien de jeunes pourrait-on dire la même chose de nos jours également? De plus, aujourd'hui, il y a la possibilité d'aller se divertir bien au-delà de sa propre ville. Les initiatives de divertissement au cours des week-ends rassemblent de nombreux jeunes. On peut "errer" également virtuellement en "naviguant" sur Internet, en recherchant des informations ou des contacts en tout genre. Malheureusement, ne manquent pas - et ils sont même hélas trop nombreux! -, les jeunes qui cherchent des paysages mentaux aussi vides que destructeurs dans les paradis artificiels de la drogue. Comment nier qu'il y a tant de jeunes et de moins jeunes qui sont tentés de suivre de près la vie du jeune François, avant sa conversion? Derrière cette façon de vivre, il y avait le désir de bonheur qui habite tout cœur humain. Mais cette vie pouvait-elle apporter la joie véritable? François ne la trouva certainement pas. Vous-mêmes, chers jeunes, vous pouvez vérifier cela à partir de votre propre expérience. La vérité est que les choses finies peuvent apporter des lueurs de joie, mais seul l'Infini peut remplir le cœur. C'est ce qu'a dit un autre grand converti, saint Augustin: "Tu nous as faits pour toi, ô Seigneur, et notre cœur sera agité tant qu'il ne repose pas en toi" (Confess. 1, 1).

     Le même texte biographique nous rapporte que François était assez vaniteux. Il aimait se faire confectionner des habits somptueux et il recherchait l'originalité (cf. 3 Comp 1, 2: FF 1396). Dans la vanité, dans la recherche de l'originalité, il y a quelque chose qui nous touche tous d'une certaine façon. Aujourd'hui, on a l'habitude de parler de "soin de l'image" ou de "recherche de l'image". Pour avoir un minimum de succès, il faut nous faire valoir aux yeux des autres avec quelque chose d'inédit, d'original. Dans une certaine mesure, cela peut exprimer un désir innocent d'être bien accueillis. Mais souvent s'insinuent l'orgueil, la recherche effrénée de nous-mêmes, l'égoïsme et le désir de domination. En réalité, concentrer sa vie sur soi-même est un piège mortel: nous ne pouvons être nous-mêmes que si nous nous ouvrons à l'amour, en aimant Dieu et nos frères.

     Un aspect qui impressionnait les contemporains de François était également son ambition, sa soif de gloire et d'aventure. Ce fut cela qui le conduisit sur les champs de bataille, avant d'être fait prisonnier pendant un an à Pérouse. La même soif de gloire, une fois libre, devait le conduire dans les Pouilles, dans une nouvelle expédition militaire, mais précisément dans cette circonstance, à Spolète, le Seigneur se présenta à son cœur, le poussa à revenir sur ses pas et à se placer sérieusement à l'écoute de sa Parole. Il est intéressant de noter que le Seigneur a su prendre François dans le sens qui était le sien, celui du désir de s'affirmer, pour lui montrer la voie d'une ambition sainte, projetée sur l'infini: "Qui peut t'être plus utile, le patron ou le serviteur?" (3 Comp 2, 6: FF 1401), fut la question qu'il entendit résonner dans son cœur. C'est-à-dire: pourquoi te contenter d'être dépendant des hommes, lorsqu'il y a un Dieu qui est prêt à t'accueillir dans sa maison, à son service royal?

    Chers jeunes, vous m'avez rappelé certains problèmes de la condition de jeunes, de votre difficulté à vous construire un avenir, et surtout, des difficultés à discerner la vérité. Dans le récit de la passion du Christ, nous trouvons la question de Ponce Pilate: "Qu'est-ce que la vérité?" (Jn 18, 38). C'est la question d'un sceptique qui dit: "Mais toi, tu dis être la vérité, mais qu'est-ce que la vérité?" Et ainsi, la vérité ne pouvant être reconnue, Pilate laisse entendre: faisons ce qui est le plus pratique, ce qui a le plus de succès sans chercher la vérité. Puis, il condamne Jésus à mort, car il suit le pragmatisme, le succès, son propre bonheur. Aujourd'hui aussi, de nombreuses personnes disent: "Mais qu'est-ce que la vérité? Nous pouvons en trouver des fragments, mais comment pourrions-nous trouver la vérité?". Il est réellement difficile de penser que cela est la vérité: Jésus Christ, la vraie Vie, la boussole de notre vie. Et toutefois, si nous commençons, comme nous en serions tentés, à vivre uniquement en fonction des possibilités du moment, sans vérité, nous perdons véritablement le critère et nous perdons également le fondement de la paix commune qui ne peut être que la vérité. Et cette vérité est le Christ. La vérité du Christ s'est vérifiée dans la vie des saints de tous les siècles. Les saints sont la grande trace de lumière dans l'histoire qui témoigne: voilà la vie, voilà le chemin, voilà la vérité. C'est pourquoi nous avons le courage de dire "oui" à Jésus Christ: "Ta vérité s'est vérifiée dans la vie de tous les saints! Nous te suivons!". Chers jeunes, en venant ici de la Basilique du Saint Couvent, j'ai pensé que parler presque une heure tout seul n'est peut-être pas une bonne chose. C'est pourquoi, je pense que le moment est venu de faire une pause, pour un chant. Je sais que vous avez composé de nombreux chants, peut-être pouvez-vous m'interpréter un chant à présent.

     Alors, nous avons entendu répéter dans le chant que saint François a entendu la voix. Il a entendu dans son cœur la voix du Christ et que se passe-t-il? Il se passe qu'il doit se mettre au service de ses frères, surtout de ceux qui souffrent le plus. Telle est la conséquence de cette première rencontre avec la voix du Christ. Ce matin, en passant par Rivortorto, j'ai regardé le lieu où, selon la tradition, étaient rassemblés les lépreux, les derniers, les marginalisés, à l'égard desquels François éprouvait un sentiment irrésistible de répulsion. Touché par la grâce, il leur ouvrit son cœur. Et il le fit non seulement à travers un geste d'aumône empli de charité, car cela était trop peu, mais également en les embrassant et en les servant. Lui-même confesse que ce qui lui était auparavant amer devint pour lui "douceur d'âme et de corps" (2 Test 3: FF 110).

     La grâce commençait donc à former François. Il devint toujours plus capable de fixer son regard sur le visage du Christ et d'écouter sa voix. Ce fut à ce moment-là que le Crucifié de saint Damien lui adressa la parole, en l'appelant à une mission audacieuse: "Va François, répare ma maison qui, comme tu le vois, tombe en ruine" (2 Cel I, 6, 10: FF 593). En m'arrêtant ce matin à Saint-Damien, puis dans la Basilique Sainte-Claire, où l'on conserve le Crucifix original qui parla à saint François, j'ai fixé moi aussi mon regard dans les yeux du Christ. C'est l'image du Christ Crucifié-Ressuscité, vie de l'Eglise, qui parle également en nous si nous sommes attentifs, tout comme il y a deux mille ans, il parla à ses apôtres, et il y a huit cents ans, il parla à François. L'Eglise vit continuellement de cette rencontre.

     Oui, chers jeunes: laissons le Christ venir à notre rencontre! Ayons confiance en Lui, écoutons sa Parole. En lui, il n'y a pas seulement un être humain fascinant. Certes, il est pleinement homme, et en tout semblable à nous, à l'exception du péché (cf. He 4, 15). Mais il est également bien davantage: Dieu s'est fait homme en Lui et il est donc l'unique Sauveur, comme le dit son nom lui-même: Jésus, c'est-à-dire "Dieu sauve". On vient à Assise pour apprendre de saint François le secret pour reconnaître Jésus Christ et en faire l'expérience. Voilà ce que ressentait François pour Jésus, si l'on en croit ce que rapporte son premier biographe: "Il portait toujours Jésus dans son coeur. Il portait Jésus sur ses lèvres, Jésus dans ses oreilles, Jésus dans ses yeux, Jésus dans ses mains, Jésus dans tous ses autres membres... Et même, se trouvant de nombreuses fois en voyage et méditant ou chantant Jésus, il oubliait qu'il était en voyage et il s'arrêtait pour inviter toutes les créatures à la louange de Jésus" (1 Cel II, 9, 115: FF 115). Nous voyons ainsi que la communion avec Jésus ouvre également le coeur et les yeux à la création.

    En somme, François était un véritable amoureux de Jésus. Il le rencontrait dans la Parole de Dieu, dans ses frères, dans la nature, mais surtout dans sa présence eucharistique. Il écrivait à ce propos dans le Testament: "Je ne vois rien d'autre en ce monde, corporellement, du même très haut Fils de Dieu, sinon son très saint corps et son très saint sang" (2 Test 10: FF 113). La crèche de Greccio exprime le besoin de le contempler dans sa tendre humanité d'enfant (cf. 1 Cel I, 30, 85-86: FF 469-470). L'expérience de La Verne, où il reçut les stigmates, montre à quel degré d'intimité il était arrivé dans sa relation avec le Christ crucifié. Il pouvait réellement dire avec Paul: "Pour moi, vivre, c'est le Christ" (Ph 1, 21). S'il se dépouille de tout et choisit la pauvreté, le motif de tout cela est le Christ, et seulement le Christ. Jésus est son tout: et cela lui suffit!


 

 

20 juin 2007 – Audience Générale

     Invoquez Saint Louis de Gonzague, pour qu’il vous aide à construire une amitié intime avec Jésus qui vous rende capable d’affronter votre vie avec sérieux.

 

 

 

 

24 juillet 2007 – Avec les prêtres du diocèse de Belluno

     Sans relation personnelle avec Dieu tout le reste ne peut pas fonctionner, car nous ne pouvons pas réellement apporter Dieu, la réalité divine et la vraie vie humaine aux personnes, si nous ne vivons pas nous-mêmes dans une relation profonde, véritable, d'amitié avec Dieu, en Jésus Christ.

       Etre un homme de Dieu, au sens d'un homme qui a une relation d'amitié avec le Christ et avec ses saints, est le premier impératif

 

9 août 2007 – Aux participants de la « Mission des Jeunes » promue par le diocèse de Madrid

      Je vous encourage à persévérer sur le chemin entrepris, en vous laissant guider par vos Pasteurs, en collaborant avec eux dans la tâche passionnante de communiquer aux jeunes de votre âge la joie indescriptible de se sentir aimés de Dieu, l'unique amour qui ne déçoit pas et qui ne prend jamais fin. Ne cessez pas de cultiver vous-mêmes la rencontre personnelle avec le Christ, de le garder toujours au centre de votre cœur, car ainsi, toute votre vie deviendra une mission et vous laisserez transparaître le Christ qui vit en vous.

 

 

 

5 septembre 2007 – Au terme de l’Audience Générale

     Chers jeunes, en reprenant, après les vacances, vos activités quotidiennes habituelles, intensifiez aussi le rythme de votre dialogue intérieur avec le Dieu, et engagez-vous à répandre sa lumière et sa paix autour de vous.

 

8 septembre 2007 – Homélie Messe au Sanctuaire Marial de Mariazell

      "Regarder vers le Christ!". Si nous le faisons, nous nous rendons compte que le christianisme est quelque chose de plus et de différent qu'un système moral, qu'une série de requêtes et de lois. Il est le don d'une amitié qui perdure dans la vie et dans la mort:  "Je ne vous appelle plus serviteur, mais amis" (cf. Jn 15, 15), dit le Seigneur aux siens. Nous nous confions à cette amitié. Mais précisément parce que le christianisme est plus qu'une morale, il est justement le don d'une amitié, c'est pour cela qu'il contient également en lui une grande force morale dont nous avons tant besoin face aux défis de notre temps. Si avec Jésus Christ et avec son Eglise nous relisons de manière toujours nouvelle le décalogue du Sinaï, en pénétrant dans ses profondeurs, alors il se révèle à nous comme un grand enseignement, valable et permanent. Le Décalogue est tout d'abord un "oui" à Dieu, à un Dieu qui nous aime et nous guide, qui nous conduit et qui, toutefois, nous laisse notre liberté, plus encore, en fait une liberté véritable (les trois premiers commandements). C'est un "oui" à la famille (quatrième commandement), un "oui" à la vie (cinquième commandement), un "oui" à un amour responsable (sixième commandement), un "oui" à la solidarité, à la responsabilité sociale et à la justice (septième commandement), un "oui" à la vérité (huitième commandement) et un "oui" au respect des autres personnes et de ce qui leur appartient (neuvième et dixième commandements). En vertu de la force de notre amitié avec le Dieu vivant, nous vivons ce multiple "oui" et, dans le même temps, nous le présentons comme indicateur de l'itinéraire à cette époque du monde.

 

 

16 septembre 2007 - Angélus
     C'est beau de penser que dans le monde entier, partout où la communauté chrétienne se rassemble pour célébrer l'Eucharistie du dimanche, résonne en ce jour cette Bonne Nouvelle de vérité et de salut : Dieu est Amour miséricordieux. L'évangéliste Luc a réuni dans ce chapitre trois paraboles sur la Miséricorde divine : les deux plus brèves, qu'il possède en commun avec Matthieu et Marc, sont celles de la brebis perdue et de la pièce de monnaie perdue ; la troisième, plus longue, plus développée et propre à lui seul, est la célèbre parabole du Père miséricordieux, dite habituellement du « fils prodigue ». Dans ce passage de l'Evangile, on a presque l'impression d'entendre la voix de Jésus qui nous révèle le Visage de son Père et de notre Père. Au fond, c'est pour cela qu'Il est venu dans le monde : pour nous parler du Père ; pour nous le faire connaître, à nous, enfants égarés, et ressusciter en nos cœurs la joie de lui appartenir, l'espérance d'être pardonnés et de retrouver notre pleine dignité, le désir d'habiter pour toujours dans sa maison, qui est également notre maison.



 

19 septembre 2007 – A l’issue de l’Audience Générale

     Que l’amitié de Jésus soit pour vous, chers jeunes, une source de joie, et un motif de choix exigeants. Qu’elle vous apporte, chers malades, le réconfort dans les moments difficiles, et qu’elle vous infuse le soulagement du corps et de l’esprit. Chers jeunes mariés, restez unis au Christ pour correspondre fidèlement à votre vocation à l’amour réciproque.

 

 

20 septembre 2007 – Aux Evêques du Bénin, en Visite Ad Limina.
     Je voudrais encourager chaleureusement chacun des prêtres à garder dans sa vie apostolique un équilibre donnant la place qui lui revient à une intense vie spirituelle, pour créer et pour renforcer une relation d'amitié avec le Christ, afin de servir généreusement la part du peuple de Dieu qui lui est confiée, ainsi que l'annonce du Royaume de Dieu à tous. C'est alors que sera rendu concrètement présent l'Évangile dans la société.

 

24 septembre 2007 – Aux Evêques d’Ukraine en visite Ad Limina (rite Latin et Gréco-Catholique)

      Le secret de l'efficacité de chacun de nos projets pastoraux et apostoliques est tout d'abord la fidélité au Christ. A nous, pasteurs, comme à tous les fidèles, il est  demandé  de  vivre  une intime et constante familiarité avec Lui dans la prière et dans l'écoute docile de sa parole:  telle est la seule route à parcourir pour devenir dans chaque milieu des signes de son amour et des instruments de sa paix et de sa concorde.

 

 

 

29 septembre 2007 – Homélie Messe Consécration de 6 nouveaux Evêques.

      "Demeurez dans mon amour", nous dit aujourd'hui le Seigneur dans l'Evangile (Jn 15, 9). A l'heure de l'ordination épiscopale, il vous le dit à vous de manière particulière, chers amis! Demeurez dans cette amitié avec Lui, pleine de l'amour qu'en cette heure, Il vous donne à nouveau! Alors, votre vie portera du fruit - un fruit qui demeure (Jn 15, 16).

 

 

 

2008

 

 

20 février 2008 – A l’issue de l’Audience Générale

      Que l'amitié pour Jésus soit pour vous, chers jeunes, une source de joie et un élan pour faire des choix exigeants.

      Chers jeunes mariés, à la lumière de l'amitié avec le Seigneur, engagez-vous à vivre votre vocation et votre mission avec un amour réciproque et fidèle.

 

 

23 février 2008 – Audience au Diocèse de Rome, sur l’éducation

    Chers prêtres, religieux et religieuses, catéchistes, animateurs et formateurs des paroisses, des groupes de jeunes, des associations et des mouvements ecclésiaux, des patronages, des activités sportives et récréatives, tentez d'avoir toujours, à l'égard des enfants et des jeunes que vous approchez, les sentiments qui furent ceux de Jésus Christ (cf. Ph 2, 5). Soyez donc des amis fiables chez qui ils puissent toucher du doigt l'amitié de Jésus à leur encontre, et dans le même temps soyez des témoins sincères et courageux de cette vérité qui rend libres (cf. Jn 8, 32) et qui indique aux nouvelles générations le chemin qui conduit à la vie.

 

 

20 juillet 2008 – Angélus à Sydney

     Nous aussi nous devons rester fidèles au « oui » par lequel nous avons accueilli l’offre d’amitié que le Seigneur nous a faite. Nous savons qu’Il ne nous abandonnera jamais. Nous savons qu’Il nous soutiendra toujours par les dons de l’Esprit. Marie a accueilli la « proposition » du Seigneur en notre nom. Tournons-nous alors vers elle et demandons-lui de nous guider dans les difficultés pour rester fidèles à cette relation vitale que Dieu a établie avec chacun de nous. Marie nous inspire, elle est notre modèle. Elle intercède pour nous auprès de son Fils et, avec son amour maternel, elle nous protège des dangers.

 

 

17 septembre 2008 – Au terme de l’Audience Générale

     Chers jeunes, que l'amitié avec Jésus soit pour vous une source de joie, et un motif qui inspire chaque choix de vos engagements 

 

 

 

 

 

2011

 

13 juin 2011 – Au Congrès du Diocèse de Rome

     Le bienheureux Jean-Paul II a parlé de la nécessité d’une nouvelle évangélisation adressée à ceux qui, tout en ayant déjà entendu parler de la foi, n’apprécient plus, ne connaissent plus la beauté du christianisme, et le considèrent même parfois comme un obstacle pour atteindre le bonheur. C’est pourquoi je souhaite aujourd’hui répéter ce que j’avais dit aux jeunes lors de la Journée mondiale de la jeunesse à Cologne: «Le bonheur que vous cherchez, le bonheur auquel vous avez le droit de goûter a un nom, un visage: celui de Jésus de Nazareth, caché dans l’Eucharistie»!

     Si les hommes oublient Dieu, c’est aussi parce que, souvent, on réduit la personne de Jésus à un homme sage et sa divinité s’en trouve diminuée, voire niée. Cette manière de penser empêche de saisir la nouveauté radicale du christianisme, parce que si Jésus n’est pas le Fils unique du Père, alors Dieu n’est pas non plus venu visiter l’histoire de l’homme, nous n’avons que des idées humaines de Dieu. L’incarnation, en revanche, appartient au cœur de l’Evangile! Que grandisse donc l’engagement pour une saison renouvelée d’évangélisation, qui n’est pas une tâche réservée à quelques-uns, mais qui est celle de tous les membres de l’Eglise. L’évangélisation nous fait savoir que Dieu est proche: Dieu nous est montré. En ce moment de l’histoire, n’est-ce pas là la mission que le Seigneur nous confie: annoncer la nouveauté permanente de l’Evangile, comme Pierre et Paul lorsqu’ils arrivèrent dans notre ville? Ne devons-nous pas nous aussi aujourd’hui montrer la beauté et le caractère raisonnable de la foi, apporter la lumière de Dieu à l’homme de notre temps, avec courage, avec conviction, avec joie? Nombreuses sont les personnes qui n’ont pas encore rencontré le Seigneur: il faut leur consacrer un soin pastoral particulier. A côté des enfants et des jeunes de familles chrétiennes qui demandent de parcourir les itinéraires de l’initiation chrétienne, il y a les adultes qui n’ont pas reçu le baptême, ou qui se sont éloignés de la foi et de l’Eglise. C’est une attention pastorale aujourd’hui plus que jamais urgente, qui exige de s’engager avec confiance, soutenus par la certitude que la grâce de Dieu œuvre toujours, aujourd’hui encore, dans le cœur de l’homme. Moi-même j’ai la joie de baptiser chaque année, au cours de la Veillée pascale, des jeunes et des adultes, et de les incorporer dans le Corps du Christ, dans la communion avec le Seigneur et ainsi, dans la communion avec l’amour de Dieu.

     Mais qui est le messager de cette bonne nouvelle? Le baptisé l’est certainement. Et par dessus tout, les parents, auxquels revient le devoir de demander le baptême pour leurs enfants. Combien est grand ce don que la liturgie appelle «porte de notre salut, début de la vie dans le Christ, source de l’humanité nouvelle» (Préface du Baptême)! Tous les pères et les mères sont appelés à coopérer avec Dieu à la transmission du don inestimable de la vie, mais également à faire connaître Celui qui est la Vie et la vie n’est pas réellement transmise si l’on ne connaît pas également le fondement et la source éternelle de la vie. Chers parents, l’Eglise, en tant que mère attentive, entend vous soutenir dans votre devoir fondamental. Depuis leur plus jeune âge, les enfants ont besoin de Dieu, car dès le début, l’homme a besoin de Dieu et ils ont la capacité de percevoir sa grandeur; ils savent apprécier la valeur de la prière — du dialogue avec ce Dieu — et des rites, de même que percevoir la différence entre le bien et le mal. Sachez, alors, les accompagner dans la foi, dans cette connaissance de Dieu, dans cette amitié avec Dieu, dans cette connaissance de la différence entre le bien et le mal. Accompagnez-les dans la foi dès leur plus jeune âge.

     De plus, comment cultiver le germe de la vie éternelle au fur et à mesure que l’enfant grandit? Saint Cyprien nous le rappelle: «Personne ne peut avoir Dieu pour Père, s’il n’a pas l’Eglise pour Mère». C’est pourquoi, nous ne disons pas mon Père, mais Notre Père, car ce n’est que dans le «nous» de l’Eglise, des frères et sœurs, que nous sommes des fils. Depuis toujours, la communauté chrétienne a accompagné la formation des enfants et des jeunes, en les aidant non seulement à comprendre à travers l’intelligence les vérités de la foi, mais également à vivre des expériences de prière, de charité et de fraternité. La parole de la foi risque de demeurer muette si elle ne trouve pas une communauté qui la met en pratique, en la rendant vivante et attirante, comme une expérience de la réalité de la vie véritable. Aujourd’hui encore, les aumôneries, les camps d’adolescents, les petites et grandes expériences de service sont une aide précieuse pour les adolescents qui parcourent le chemin de l’initiation chrétienne, en vue de développer un engagement cohérent de vie. J’encourage donc à parcourir cette voie qui fait découvrir l’Evangile non pas comme une utopie, mais comme la forme pleine et réelle de l’existence. Tout cela doit être proposé en particulier à ceux qui se préparent à recevoir le sacrement de la confirmation, afin que le don de l’Esprit Saint confirme la joie d’être engendrés comme fils de Dieu. Je vous invite donc à vous consacrer avec passion à la redécouverte de ce sacrement, afin que ceux qui sont déjà baptisés puissent recevoir comme don de Dieu le sceau de la foi et deviennent pleinement témoins du Christ.

     Afin que tout cela soit efficace et porte des fruits, il est nécessaire que la connaissance de Jésus s’approfondisse et se prolonge au delà de la célébration des sacrements. Tel est le devoir de la catéchèse, comme le rappelait le bienheureux Jean-Paul II, qui écrivait: «La spécificité de la catéchèse, distinguée de la première annonce de l'Evangile qui a suscité la conversion, poursuit le double objectif de faire mûrir la foi initiale et d'éduquer le vrai disciple du Christ par le moyen d'une connaissance plus approfondie et plus systématique de la personne et du message de Notre Seigneur Jésus Christ» (Catechesi tradendae, n. 19). La catéchèse est une action ecclésiale et il est donc nécessaire que les catéchistes enseignent et témoignent la foi de l’Eglise, et non leur propre interprétation de celle-ci. C’est précisément pour cela qu’a été réalisé le Catéchisme de l’Eglise catholique, que je vous remets idéalement à nouveau à tous, afin que l’Eglise de Rome puisse s’engager avec une joie renouvelée dans l’éducation à la foi. La structure du Catéchisme dérive de l’expérience du catéchuménat de l’Eglise des premiers siècles et reprend les éléments fondamentaux qui font d’une personne un chrétien: la foi, les Sacrements, les commandements, le Notre Père.

     Pour tout cela, il est nécessaire d’éduquer également au silence et à l’intériorité. Je forme le vœu que dans les paroisses de Rome, les itinéraires d’initiation chrétienne éduquent à la prière, afin que celle-ci imprègne la vie et aide à trouver la Vérité qui habite dans notre cœur. Et nous la trouvons réellement dans le dialogue personnel avec Dieu. La fidélité à la foi de l’Eglise doit également s’allier à une «créativité catéchétique» qui tienne compte du contexte, de la culture et de l’âge des destinataires.

    

 

 

 

 

 

 

 

2012

 

2 avril 2012 – Rencontre avec des jeunes espagnols, suite aux JMJ

     Chers amis, cette splendide rencontre n’a pu avoir lieu qu’à la lumière de la présence de l’Esprit Saint dans l’Eglise. Celui-ci ne cesse de diffuser le courage dans les cœurs, et nous conduit constamment sur la place publique de l’histoire, comme lors de la Pentecôte, pour témoigner des merveilles de Dieu. Vous êtes appelés à coopérer à ce devoir passionnant et il vaut la peine de s’y consacrer sans réserve. Le Christ a besoin de vous à ses côtés pour étendre et édifier son Royaume de charité. Cela ne sera possible que si vous le considérez comme le meilleur des amis et que vous témoignez de lui en menant une vie selon l’Evangile, avec courage et fidélité.

On pourrait supposer que cela n’a rien à voir avec lui ou qu’il s’agit d’une entreprise qui dépasse les capacités et les possibilités. Mais il n’en est pas ainsi. Dans cette aventure, personne n’est de trop. C’est pourquoi ne négligez pas de vous demander à quoi vous appelle le Seigneur et comment vous pouvez l’aider. Vous avez tous une vocation personnelle qu’Il a voulu vous proposer pour votre bonheur et sainteté. Lorsque quelqu’un est conquis par le feu de son regard, aucun sacrifice ne semble assez grand pour le suivre et lui donner le meilleur de soi. C’est ce qu’ont toujours fait les saints en diffusant la lumière du Seigneur et la puissance de son amour, en transformant le monde jusqu’à le convertir en un foyer accueillant pour tous, où Dieu est glorifié et ses fils bénis.

Chers jeunes, comme ces apôtres de la première heure, soyez vous aussi des missionnaires du Christ dans vos familles, amis et connaissances, dans vos milieux d’étude ou de travail, parmi les pauvres et les malades. Parlez de son amour et de sa bonté avec simplicité, sans complexe, ni crainte. Le Christ lui-même vous donnera la force pour cela. Pour votre part, écoutez-le et ayez une relation fréquente et sincère avec Lui. Racontez-lui avec confiance vos désirs et vos aspirations, également vos peines et celles des personnes qui ont besoin de réconfort et d’espérance.

 

 

13 mai 2012 – Visite au sanctuaire de La Verna, en Italie

     Contempler la Croix du Christ! Nous sommes montés en pèlerinage sur le Sasso Spicco de La Verna, où «deux années avant sa mort» (Celano, Vita Prima, III, 94: ff, 484) saint François reçut imprimées dans son corps les plaies de la passion glorieuse du Christ. Son chemin de disciple l’avait conduit à une union si profonde avec le Seigneur qu’il en partageait également les signes extérieurs de l’acte suprême d’amour de la Croix. Un chemin commencé à Saint-Damien, devant le Crucifix contemplé avec l’esprit et avec le cœur. La méditation permanente de la Croix, en ce lieu saint, a été la voie de sanctification pour de nombreux chrétiens, qui, pendant huit siècles, se sont agenouillés ici pour prier, dans le silence et dans le recueillement.

La Croix glorieuse du Christ résume les souffrances du monde, mais elle est surtout le signe tangible de l’amour, mesure de la bonté de Dieu envers l’homme. Dans ce lieu, nous sommes nous aussi appelés a retrouver la dimension surnaturelle de la vie, à lever les yeux de ce qui est contingent, pour recommencer à nous confier complètement au Seigneur, avec le cœur libre et dans une joie parfaite, en contemplant le Crucifié pour qu’il nous blesse par son amour.

«Très haut, tout puissant et bon Seigneur, à toi louange, gloire, honneur, et toute bénédiction» (Cantique de Frère Soleil: FF, 263). Ce n’est qu’en se laissant illuminer par la lumière de l’amour de Dieu, que l’homme et la nature entière peuvent être rachetés, que la beauté peut finalement refléter la splendeur du visage du Christ, comme la lune reflète le soleil. En jaillissant de la Croix glorieuse, le Sang du Crucifié recommence à vivifier les os desséchés de l’Adam qui est en nous, pour que chacun retrouve la joie de se mettre en marche vers la sainteté, de monter vers le haut, vers Dieu. De ce lieu béni, je m’unis à la prière de tous les franciscains et les franciscaines de la terre: «Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons ici et dans toutes les églises qui sont dans le monde, car par ta sainte croix tu as racheté le monde».

Ravis par l’amour du Christ! On ne monte pas à La Verna sans se laisser guider par la prière de saint François de l’absorbeat, qui récite: «Seigneur que la brûlante et douce force de ton amour prenne possession de mon âme et l’arrache de tout ce qui est sous le ciel, afin que je meure par amour de ton amour, comme toi-même daignas mourir par amour de mon amour» (Prière de l’«absorbeat», 1: FF, 277). La contemplation du crucifix est l’œuvre de l’esprit, mais elle ne réussit pas à s’élever vers le haut sans le soutien, sans la force de l’amour. Dans ce même lieu, frère Bonaventure de Bagnoregio, digne fils de saint François, projeta son Itinerarium mentis in Deum en nous indiquant la voie à parcourir pour nous diriger vers les sommets où rencontrer Dieu. Ce grand docteur de l’Eglise nous transmet son expérience, en nous invitant à la prière. L’esprit doit tout d’abord se tourner vers la Passion du Seigneur, car c’est le sacrifice de la Croix qui efface notre péché, un manquement qui ne peut être comblé que par l’amour de Dieu: «J’exhorte le lecteur — écrit-il —, avant tout au gémissement de la prière pour le Christ crucifié, dont le sang lave les taches de nos fautes» (Itinerarium mentis in Deum, Prol. 4). Mais, pour être efficace, notre prière a besoin des larmes, c’est-à-dire de la participation intérieure, de notre amour qui répond à l’amour de Dieu. Ensuite est nécessaire cette admiratio, que saint Bonaventure voit chez les humbles de l’Evangile, capables d’émerveillement devant l’œuvre salvifique du Christ. Et c’est précisément l’humilité qui est la porte de toute vertu. En effet, ce n’est pas avec l’orgueil intellectuel de la recherche refermée sur elle-même qu’il est possible d’atteindre Dieu, mais avec l’humilité, selon une célèbre expression de saint Bonaventure: «[l’homme] ne doit pas croire que lui suffise la lecture sans l’onction, la spéculation sans la dévotion, la recherche sans l’admiration, la considération sans l’exultation, l’activité sans la piété, la science sans la charité, l’intelligence sans l’humilité, l’étude sans la grâce divine, le miroir sans la sagesse divinement inspirée» (ibid.).

La contemplation du Crucifix possède une efficacité extraordinaire, parce qu’elle nous fait passer des choses pensées à l’expérience vécue; du salut espéré, à la patrie bienheureuse. Saint Bonaventure affirme: «Celui qui regarde avec attention [le Crucifix] ... accomplit avec lui la Pâque, c’est-à-dire le passage» (ibid., VII, 2). Tel est le cœur de l’expérience de La Verna, de l’expérience que vécut ici le Poverello d’Assise. Sur ce Mont sacré, saint François vit en lui-même la profonde unité entre sequela, imitatio et conformatio Christi. Et ainsi, il nous dit à nous aussi qu’il ne suffit pas de se déclarer chrétiens pour être chrétiens, pas plus que de chercher à accomplir les œuvres de bien. Il faut se configurer à Jésus, à travers un effort lent et progressif de transformation de son propre être, à l’image du Seigneur, pour que, par la grâce divine, chaque membre de son Corps, à Lui qui est l’Eglise, montre la ressemblance nécessaire avec le Chef, le Christ Seigneur. Et sur ce chemin aussi, il faut partir — comme nous l’enseignent les maîtres médiévaux dans le sillage du grand Augustin — de la connaissance de soi-même, de l’humilité du regard sincère au plus profond de soi.

 

 

 

23 mai 2012 – Audience Générale

      Apprenons à goûter dans notre prière la beauté d’être des amis, ou plutôt des fils de Dieu, de pouvoir l’invoquer avec la familiarité et la confiance qu’un enfant éprouve envers ses parents qui l’aiment.

 

2 juin 2012 – Méditation lors de la prière du Milieu du Jour, à Milan

       Si le Christ, pour édifier son Eglise, se remet entre les mains du prêtre, celui-ci doit à son tour se confier à Lui sans réserve: l’amour pour le Seigneur Jésus est l’âme et la raison du ministère sacerdotal, de même qu’il fut la condition pour qu’il donne à Pierre la mission de paître son troupeau: «Simon... m’aimes-tu plus que ceux-ci?... Sois le berger de mes agneaux» (Jn 21, 15). Le Concile Vatican ii a rappelé que le Christ «demeure toujours la source et le principe d’unité de leur vie. Les prêtres réaliseront cette unité de vie en s’unissant au Christ dans la découverte de la volonté du Père, et dans le don d’eux-mêmes pour le troupeau qui leur est confié. Assumant ainsi le rôle du Bon Pasteur, ils trouveront dans l’exercice de la charité pastorale le lien de la perfection sacerdotale qui assure l’unité de leur vie et de leur action» (Décr. Presbyterorum ordinis, n. 14). Il s’est précisément exprimé sur cette question: pendant les diverses activités, heure après heure, comment trouver l’unité de la vie, l’unité de l’état de prêtre, précisément de cette source de l’amitié profonde avec Jésus, être avec Lui de l’intérieur. Et il n’y pas d’opposition entre le bien de la personne du prêtre et sa mission; au contraire, la charité pastorale est l’élément unifiant de la vie qui part d’une relation toujours plus intime avec le Christ dans la prière pour vivre le don total de soi pour le troupeau, de manière à ce que le peuple de Dieu croisse dans la communion avec Dieu et soit la manifestation de la communion avec la Très Sainte Trinité. Chacune de nos actions, en effet, a pour but de conduire les fidèles à l’union avec le Seigneur et à faire ainsi croître la communion ecclésiale pour le salut du monde. Ces trois choses: union personnelle avec Dieu, bien de l’Eglise, bien de l’humanité dans sa totalité, ne sont pas des choses distinctes ou opposées, mais une symphonie de la foi vécue.

 

 

Benoit XVI, in L’Enfance de Jésus – Ed Flammarion 2012

     Plus une personne se rapproche de Jésus, plus elle est entraînée dans le Mystère de sa Passion, page 177

 

publié le : 25 mai 2017

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