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Avortement : « C'est toute la société qui devrait se révolter »

Publiée le 13-01-2017

Vous avez été le premier évêque à participer à la Marche pour la Vie en 2010, pourquoi est-ce important que les évêques soient présents à ce rendez-vous ?

Pour moi, l'avortement est une question cruciale. Il est important que les évêques soient présents pour toutes les personnes en difficulté, en particulier les plus précaires ou les plus loin de Dieu. Cette année, le jour de la Marche pour la vie, je célébrerai les 10 ans de la mort de l'abbé Pierre à Esteville où il s'était retiré. L'abbé Pierre est emblématique du cri lancé pour les plus démunis. Or, y a-t-il plus démuni que l'embryon menacé, l'enfant à naître dont on peut décider qu'il ne naîtra pas ? « Tout est lié » dit le Pape François : « Un chemin éducatif pour accueillir les personnes faibles de notre entourage, qui parfois dérangent et sont inopportunes, ne semble pas praticable si l'on ne protège pas l'embryon humain, même si sa venue cause de la gêne et des difficultés » (Laudato si' n° 120).

 

Que vous inspire la situation de la vie en France, en particulier avec le délit d'entrave numérique ?

Nous sommes dans un paradoxe incroyable. De grands progrès sont effectués en direction des personnes faibles ou en précarité. Je pense aux personnes handicapées. Évêques et fidèles catholiques, nous pourrions faire notre autocritique sur notre retard à les prendre en considération concrètement comme le font magnifiquement des associations comme l'Arche, À bras ouverts et tant d'autres. Je pense aux églises construites avec des volées de marches, et donc inaccessibles à bien des personnes. Comment cela se fait-il que nous ne prenions pas plus soin des petits d'homme ? Après douze semaines et un jour de vie, les soignants font des miracles pour sauver les embryons. À douze semaines moins un jour, leur vie est mise en danger : les mêmes soignants peuvent être sommés de les éliminer. Je ne comprends pas le blocage. Il ne faut pas faire des acteurs politiques ni des soignants des boucs émissaires, même s'ils ont leur part de responsabilité. C'est toute la société qui devrait se révolter. Le projet de loi sur le délit d'entrave est grave. Est-ce une tentative pour étouffer une révolte dont je pense qu'elle viendra tôt ou tard ?

Quel rôle peut jouer l'Église dans un meilleur accueil de la vie ?

Parmi les causes, il y a évidemment la détresse de femmes sans oublier la responsabilité des hommes. Beaucoup de personnes retroussent heureusement leur manche pour proposer des aides alors que la société privilégie comme « solution » la disparition de l'enfant conçu. Nous devons nous engager plus fermement dans cette voie.

Il y a parfois une sorte de gêne ou de tabou dans nos communautés. C'est le signe de la gravité de la question et, peut-être, de notre culpabilité collective. Dans un grand amour et respect pour les femmes qui ont subi un avortement, je souhaite que nous puissions davantage en parler, non pour condamner mais pour sauver, à la suite de Jésus. Dans nos écoles catholiques, nous devons faire un effort pour l'éducation à la vie, et au respect de la vie.

Et, surtout, ne cessons pas de nous émerveiller : « Pensons à ce que vaut cet embryon dès l'instant où il est conçu ! Il faut le regarder de ces yeux d'amour du Père, qui voit au-delà de toute apparence », écrit le Pape François (Amoris laetitia n° 168).

 

 

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