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Euthanasie : il faut maintenir l'interdit - Marie de Hennezel

Publiée le 02-09-2011

     Membre du comité de pilotage de l'Observatoire national de la fin de vie et  psychologue clinicienne, Marie de Hennezel a travaillé pendant dix ans dans la première unité de soins palliatifs créée en France, en 1987. Elle est interrogée dans Valeurs actuelles

     Je suis très surprise que les partisans de l'euthanasie se soient saisis de cette affaire [de Bayonne] pour reprendre l'offensive. Sans préjuger des résultats de l'enquête, les victimes étaient des personnes âgées, accueillies aux urgences, et dont aucune n'avait apparemment demandé à mourir… Si nous autorisions de telles pratiques, le risque serait grand que des milliers de personnes âgées subissent le même sort. Cette sombre affaire prouve qu'il faut maintenir l'interdit. La loi ne doit reconnaître à personne le droit d'administrer la mort.

Les Français paraissent pourtant favorables à l'euthanasie, selon les sondages…

     Ces sondages sont commandés dans un contexte d'émotion qui ne favorise pas une réflexion sereine. Il y a tant de confusion sur les termes et sur les pratiques qu'il faut se garder d'en tirer des conclusions définitives. Ceux qui se disent favorables à l'euthanasie se prononcent surtout contre l'acharnement thérapeutique, pour une “mort douce”, en clair pour une fin de vie apaisée et sans souffrance. [...]

     Accorder aux soignants le droit de donner la mort serait d'autant plus dangereux qu'il est très difficile d'interpréter une demande d'euthanasie formulée par un malade en fin de vie. [...] Dans la plupart des cas, ces demandes expriment tout autre chose : un besoin d'être soulagé, d'être rassuré sur les circonstances dans lesquelles se déroulera la mort, un besoin d'entendre les mots justes, de recevoir les gestes de tendresse qui apaisent, bref le besoin de sentir que l'on ne sera pas abandonné. [...]

     Ne soyons pas naïfs : le risque de dérive est d'autant plus grand que le contexte économique est difficile. Certains soulignent que c'est pendant les six derniers mois de sa vie qu'un assuré coûte le plus cher à la Sécurité sociale. Que deviendraient les personnes âgées qui n'ont pas les moyens de financer leur dépendance et leur fin de vie ? J'ai été frappée que le Sénat examine en janvier une proposition de loi sur “l'assistance médicalisée pour mourir” – heureusement rejetée – au moment même où débutaient les premières consultations sur le financement de la dépendance…"

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