Accueil > Evénements > Actualité > Dr. Patrick Leblanc : Appel pour sauver la médecine prénatale

Actualité

Dr. Patrick Leblanc : Appel pour sauver la médecine prénatale

Publiée le 09-12-2010

Dans un tribune du Quotidien du Médecin, le Dr. Patrick Leblanc, gynécologue-obstétricien au centre hospitalier de Béziers, lance un appel "pour sauver la médecine prénatale" * et insiste sur "l'urgence d'un débat" au sein de la profession des gynécologues obstétriciens. Comme coordinateur du Comité pour sauver la médecine prénatale, récemment créé et regroupant des professionnels de la grossesse, le Dr. Leblanc explique que l'information accrue des femmes enceintes concernant le dépistage prénatal, telle qu'elle est prévue par le projet de loi de bioéthique, est insuffisante et soumet les professionnels à des contraintes toujours plus grandes en leur demandant de "dépister plus et plus tôt". Alors que s'ouvrent aujourd'hui, mercredi 8 décembre 2010, les journées nationales du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), ces professionnels de la grossesse souhaitent poser "le problème de la liberté de choix".

 

Ceux-ci sont soumis à des contraintes importantes fait remarquer le Dr. Patrick Leblanc, évoquant les nouvelles modalités de dépistage de la trisomie 21, rappelées par Le Quotidien du Médecin du 29 novembre 2010 (Cf. Synthèse de presse du 29/11/10). L'injonction d'une efficacité toujours plus grande du dépistage avive "des questions cruciales, touchant l'essence de nos métiers, qu'il faut impérativement soulever avant le très prochain débat sur la bioéthique" explique le Dr. Leblanc. Via la méthode combinée du 1er trimestre de grossesse, la nouvelle stratégie de dépistage vise à atteindre une "efficacité de 85% avec une réduction aux environs de 5% des prélèvements invasifs". Désormais, les échographistes qui remplissent rigoureusement les critères exigés se voient décerner "un "label qualité trisomie 21" avec numéro d'agrément et code-barres figurant sous [leur] nom au sein d'un réseau de périnatalité". Alors que ces techniques de dépistage seront vite dépassées avec l'arrivée annoncée, pour les années qui viennent, d'un dépistage par simple prise du sang maternel permettant de réaliser le séquençage du génome foetal (Cf. Synthèse de presse du 17/09/10), il est urgent de s'interroger : "ces techniques et leur accélération sont-elles synonymes de progrès médical ?"

Il existe actuellement une "relation inéluctable entre dépistage et élimination de foetus dont l'anomalie chromosomique n'est pourtant pas létale" : la France détient à ce sujet un record mondial avec 96% d'élimination des foetus détectés porteurs de trisomie 21.

"En nous demandant de dépister plus et plus tôt pour éliminer plus, nous sommes devenus les agents d'un nouvel eugénisme organisé par l'Etat [...] captifs d'un système de dépistage aux lourdes implications médico-légales et éthiques qui engagent sérieusement l'avenir de nos professions et de notre société". L'actuel projet de révision de la loi de bioéthique semble préoccupé de la seule "qualité de l'information délivrée aux femmes enceintes" et ne prévoit aucune autre disposition susceptible d'empêcher la dérive eugénique croissante aujourd'hui visible. Les constats inquiets des Prs Mattei, Sicard, Sureau, Testart et Nisand, entre autres, témoignent d'une prise de conscience de cette dérive. Pérenniser le dispositif actuel, dans un contexte où l'Etat ne soutient aucune politique de recherche thérapeutique pour le handicap mental, consiste à ne proposer que l'interruption médicale de grossesse, "solution de détresse dont on peut s'interroger sur le coût réel au fil des générations". Cela revient aussi à nous rendre prisonniers d'un "juteux marché économique" puisque la réalisation de 800 000 tests sériques par an est "une véritable manne pour des firmes de génie génétique".

Devant le discours dominant, favorable à la montée en puissance d'un dépistage généralisé, les 150 professionnels de santé engagés dans le Comité pour sauver la médecine prénatale veulent ouvrir un débat au sein de leurs spécialités comme avec le grand public et donner au législateur une vision différente de l'actuel consensus sur l'éradication du handicap.

* Cf. sauverlamedecineprenatale.org

----------------------------------------------

Le Quotidien du Médecin 08/12/10 - Genethique.org 8.12.2010

 

< Voir toutes les actualités

Archives

t>