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Lourdes : Mgr Vingt-Trois dénonce le projet de loi sur la bioéthique

Publiée le 05-11-2010

extraits du discours d'ouverture du Cardinal Vingt-Trois lors de l'Assemblée plénière des Evêques de France, à lourdes, le 4 novelmbre 2010

"La révision de la loi de « bioéthique » entre dans sa phase finale après l'élaboration du projet de loi du Gouvernement. Depuis près de trois ans, notre pays a investi beaucoup de réflexion et produit des travaux de bonne qualité sur un sujet difficile. Tant à travers les États Généraux du printemps 2009 que par les rapports successifs du Conseil d'État et de la Mission d'information parlementaire, les questions décisives ont été abordées et sérieusement. Notre propre Conférence a fourni un travail important qui est généralement reconnu et pris en considération.

 

Au point où nous en sommes, avant le débat parlementaire, qui peut encore infléchir l'état actuel du projet, nous pouvons nous féliciter que l'intérêt de l'enfant soit d'abord pris en considération. Cela évite à la France de s'aventurer sur des chemins particulièrement nocifs et dangereux. De même la prise en considération des cellules souches adultes et de celles provenant du sang du cordon ombilical peut être prometteuse. Nous ne pouvons que nous réjouir du travail des scientifiques qui cherchent avec patience et ténacité de nouvelles thérapies. Car, tous nous voulons que les malades soient guéris ! Les chrétiens se sont toujours engagés pour soigner les malades et les accompagner.

Cependant, certaines dispositions du projet de loi appellent encore un débat sérieux qui doit être mené en toute clarté, sinon il est à craindre qu'elles demeurent dans une indétermination qui sera difficile à gérer dans les années qui viennent.

Parmi les questions les plus cruciales, celle du respect de l'embryon humain reste préoccupante. Le régime d'interdiction de son utilisation à des fins de recherche est cohérent avec l'ensemble de notre droit. Il est certes heureux que cette cohérence soit maintenue car il y va du respect de la dignité humaine. Mais ce régime d'interdiction reste très fragilisé par le renoncement à la visée explicitement thérapeutique et il est à craindre que les instances d'arbitrage et de décision qui autorisent de telles recherches ne soient soumises à de fortes pressions économiques.

Notre combat pour le respect de l'embryon humain ne relève pas d'une sorte d'attachement magique, mais d'une réflexion argumentée sur les risques que court l'humanité quand elle cède sur la défense du plus vulnérable. Ne nous y trompons pas, dans la manière de traiter l'embryon humain est engagée une approche de l'humanité dans son ensemble et du respect de chaque être humain, et d'abord de celui qui est sans défense et sans pouvoir. Comment notre société aux techniques toujours plus performantes saura-t-elle accueillir et défendre la vulnérabilité la plus extrême et donner la priorité absolue à cet accueil ?

Par ailleurs, les débats sur l'accès à la connaissance des origines pour les enfants nés de Procréation Médicalement Assistée avec tiers donneur mettent en lumière l'impasse dans laquelle nous sommes engagés par cette pratique. Vouloir satisfaire à tous prix le soit disant « désir d'enfant » entraîne à des conflits insolubles de droits. Il est légitime que des enfants aient accès à leurs origines comme un moyen d'établir leur filiation et leur insertion dans la chaine des générations. Ce désir bien compréhensif entre en contradiction avec les exigences de l'anonymat dont on comprend aussi le bien-fondé tant pour les donneurs que pour les parents. Cette contradiction n'est pas seulement une contradiction formelle et juridique. Elle résulte d'une erreur objective : la manipulation délibérée de la filiation, qui n'est ni dans l'intérêt de l'enfant ni dans celui de la société.

La réflexion sur la loi de bioéthique conduit à prendre mieux conscience de la responsabilité humaine dans la gestion de l'univers qui nous est confié. La responsabilité éthique ne se divise pas : le respect de notre propre dignité va de pair avec le respect de la création. C'est aussi à quoi nous travaillerons avec le groupe sur l'environnement et l'écologie.

Sur ces sujets importants, comme sur d'autres questions de la vie de notre société, nous exprimons sereinement nos convictions. Nous disons ce que nous estimons le meilleur pour nos contemporains. Nous le faisons sans courir après la publicité immédiate. Nous sommes plus attentifs à la réalité des questions posées qu'à leur exploitation politicienne. Comme l'a fait encore une fois Benoît XVI à Westminster, nous voulons communiquer notre conviction que la gestion de la cité exige un engagement de la raison humaine fondé sur une éthique de la vie sociale à laquelle la foi chrétienne doit apporter une lumière nécessaire.

« Chaque génération, en cherchant à faire progresser le bien commun, doit à nouveau se poser la question : quelles sont les exigences que des gouvernements peuvent raisonnablement imposer aux citoyens, et jusqu'où cela peut-il aller ? En faisant appel à quelle autorité les dilemmes moraux peuvent-ils être résolus ? et le bien commun promu ? Ces questions nous mènent directement aux fondements éthiques du discours civil. Si les principes moraux sous-jacents au processus démocratique ne sont eux-mêmes déterminés par rien de plus solide qu'un consensus social, alors la fragilité du processus ne devient que trop évidente - là est le véritable défi pour la démocratie. » (Benoît XVI. Discours aux membres du Parlement et de la British Society. 17 septembre 2010.)"

 

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